Fascination | By : Cocagne Category: French > Anime Views: 688 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
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Fascination
Piège
Il frissonna dans l’air vif du matin, le printemps commençait juste. Depuis une semaine, il venait tôt le matin visiter la Pagode Kojoji avant la foule des touristes. Il allait ensuite se promener sur le port, sur les quais les plus éloignés, pour laisser son esprit vagabonder, bercé par la mer de Seto. Ce rituel n’avait rien à voir avec la foi, mais plutôt avec une lassitude profonde dont il n’arrivait pas à se débarrasser.
Bientôt six mois depuis l’explosion de son laboratoire et la destruction de son rêve, les Shinigamis avaient tout détruit, mais il ne pouvait en vouloir à Tsuzuki. Il ne tuerait jamais son demi-frère, comme il l’avait rêvé si longtemps, mais son sens de l’esthétique se rebellait finalement face à ce qu’il avait failli faire au Shinigami aux yeux d’améthyste.
Il prit le chemin qui le ramenait au port, perdu dans ses souvenirs. Il ne s’était jamais senti coupable de sa vie, mais les derniers événements l’avait troublé. Quand Tsuzuki l’avait poignardé, il avait perdu connaissance. Il était revenu à lui dans une fournaise inconcevable dominée par la figure imposante de Touda qui déchaînait les chaleurs de l’enfer, et il avait épuisé le peu d’énergie qui lui restait dans un transfert quasiment inconscient de son corps blessé. Il s’était réveillé trois mois après à l’hôpital d’Hiroshima, il avait appris qu’il avait été trouvé près d’un temple baignant dans son sang. Il avait déjoué les enquêtes éventuelles en se prétendant muet sous le choc d’une agression, évitant ainsi de répondre aux questions trop précises, et depuis un peu plus de quinze jours, il s’était réfugié ici, à Setoda. Il n’avait pas encore repris contact avec Oriya et toutes les personnes pouvant le connaître, il avait surtout besoin de solitude.
Sans s’en rendre compte, il était arrivé au bout du quai et il contempla l’île d’Innoshima. La beauté de la nature environnante ne le touchait toujours pas, seul le bruit des vagues se brisant contre le béton le berçait un peu, son esprit, vide de Saki, ne réagissait plus. Il soupira et décida de reprendre le chemin de la ville et du petit dispensaire où il avait repris une consultation, plus par habitude que par envie de soigner cette race humaine qu’il méprisait toujours autant. Il dépassait enfin les derniers entrepôts lorsqu’une voix derrière lui retentit :
- Docteur ! Docteur ! Attendez s’il vous plaît.
Muraki se retourna pour voir un des agents de sécurité du port lui courir après.
- Oui ? Que me voulez-vous ?
- Venez avec moi, dépêchez-vous, on vient de retirer un corps de l’eau, docteur, on a besoin de vous.
- Bien, bien, montrez-moi le chemin, répondit-il sans enthousiasme.
Son guide courait sans raison. Un corps sorti de l’eau si tôt le matin indiquait sans nul doute une noyade. Il ne pourrait que constater le décès. Trois employés et deux autres agents de sécurité entouraient un homme plutôt grand, allongé au bord du quai.
Muraki eut sa première surprise en constatant que l’homme était un gaijin. Setoda n’était pas particulièrement un port international et les occidentaux étaient plus souvent des touristes venus pour les vieux quartiers ou les temples, ils ne venaient pas souvent dans cette partie de la ville. Le noyé était décédé depuis plusieurs heures sans aucun doute, il portait des vêtements de travail et, malgré une peau de roux, était bien halé, un marin certainement.
Muraki retrouva ses réflexes de médecin pour palper, rapidement le corps à la recherche de traces suspectes, sans en trouver. Mais derrière le cou, prise dans les mailles de la veste en laine, il sentit une chaîne et une sorte de pendentif. Habilement, il la dégagea mais ne vit pas de traces de strangulation. Il se redressa et donna son diagnostic.
- Cet homme est mort noyé depuis au moins quatre heures selon toutes les apparences. Il ne semble pas y avoir d’autres causes à son décès mais il faudrait une autopsie plus précise, en particulier pour la recherche d’alcool et de toxiques. Vous avez trouvé ses papiers ?
- Oui docteur, mais nous ne savons pas les lire.
- Montrez-les-moi.
Muraki se vit remettre un passeport qui se révéla être français. Il lut le nom de Yann Druadh et un lieu de naissance marqué à Brest. Il le rendit à ses interlocuteurs en leur disant bien de prévenir les autorités quant à l’origine française du marin. Coupant court aux remerciements, il s’éloigna aussi calmement qu’il le put. Quand il fut sûr d’être seul, il sortit le bijou de sa poche et l’examina rapidement. Dès qu’il l’avait touché, il avait senti ses doigts le piquer et sa colonne frissonner, ce pendentif recelait un mystère magique qui avait réveillé son intérêt. Il était en forme de poisson et d’un coté montrait une forme de symbole à trois branches tandis que l’autre face semblait porter de curieux hiéroglyphes. Sa curiosité piquée par ce mystère et le potentiel pouvoir qu’il recelait, Muraki décida de rentrer chez lui pour faire quelques recherches avant d’aller à sa consultation au dispensaire.
*****
Au même instant, dans les bureaux de l’Enma-Cho, la matinée démarrait comme d’habitude par les récriminations de Tatsumi sur les dépenses immodérées de son employé préféré. Tsuzuki n’était pas guéri de son goût pour les sucreries et de son manque total de respect envers ses supérieurs. Mais l’attention du secrétaire fut attirée par un des nouveaux dossiers arrivés dans la nuit : le décès d’un gaijin dans le port de Setoda. Le rapport faisait mention de l’origine étrangère du marin ainsi que de la disparition d’un bijou curieux. Un des correspondants du Juo-Cho avait photographié le pendentif la veille au soir lors d’une soirée de beuverie à laquelle il avait participé avec l’étranger. L’homme était mort de façon accidentelle mais les photos du bijou semblaient bien mystérieuses. Avant de classer le dossier, Tatsumi décida de transmettre les documents à Watari et aux Gushoshins pour qu’ils enquêtent.
Deux heures plus tard, il manqua se brûler avec son café quand une tornade blonde le fit sursauter en faisant irruption dans son bureau sans frapper à la porte. Tatsumi fut très vite noyé sous un flot de mots dont il ne comprit pas le quart. A bout de patience, il hurla :
- ASSEZ !
- Mais ce n’est pas seulement cela qui est fascinant, continuait Watari sans se démonter.
- ASSEZ ! TU VAS TE CALMER, JE NE COMPRENDS RIEN !
- Oups désolé, chef.
- Watari, peux-tu reprendre tes explications plus clairement ?
- Je vais essayer, chef.
- Je t’écoute mais plus lentement cette fois, répondit Tatsumi.
- Alors ce bijou est bien français et très ancien, chef, il semble originaire d’une partie de ce pays qui s’appelle maintenant la Bretagne. Le symbole à trois branches est bien connu, il s’appelle un triskel mais j’ai eu plus de mal pour les symboles sur l’autre face. Les Gushoshins ont trouvé dans la bibliothèque un ouvrage faisant mention de l’écriture oghamique et après recherche, il pourrait s’agir du nom « Myrdhyn », c’est un personnage plus connu actuellement sous le nom de Merlin l’Enchanteur mais le mythe qui se cache derrière est passionnant. Il aurait eu des pouvoirs magiques très importants et aurait été aussi chaman.
- Mais il est mort actuellement ?
- En fait, on n’en sait rien réellement, Tatsumi, les chroniques le concernant ne font pas mention des conditions de son décès.
- Hum, dans ce cas il nous faut transmettre ce dossier à nos homologues français, ils seront plus à même de juger de l’intérêt des informations que nous avons obtenues, je vais le faire immédiatement.
- Tu me préviendras s’ils font quelque chose, Tatsumi, hein, tu me préviendras ? Je veux savoir ce qui se cache derrière ce bijou, répéta le blond Shinigami avec insistance.
- Watariiiiiiiiiii, commença à crier le secrétaire, si tu m’énerves trop, tu ne sauras rien du tout ! Alors sors de mon bureau et laisse-moi travailler.
*****
Il n’était même pas trois heures du matin lorsque le dossier s’abattit avec fracas juste devant le nez de l’endormi dont les deux bras croisés sur le bureau servaient d’oreiller. Il sursauta violemment, manquant de dégringoler de sa chaise et se redressa, prêt à attaquer l’assaillant. Il ne vit personne. Le coursier s’était visiblement enfui à toutes jambes. Il était vrai qu’il était réputé pour son mauvais caractère et ses terribles vengeances, mais tout de même…
Il se réajusta lentement en bâillant à se décrocher la mâchoire et maudit tout bas cet apprenti Ankou qui lui avait collé une frousse bleue plus tôt dans la soirée. On n’avait pas idée d’aller se faire remarquer dans un petit village perdu au fin fond de la campagne où tous les gens y étaient particulièrement superstitieux ! Il avait dû gérer la panique que le jeune Passeur des morts avait semé chez les vivants simplement pour se faire remarquer… d’une fille ! ! Il avait failli en pleurer. Et il s’était écroulé sur son bureau dès qu’il était rentré. Ce n’était plus de son âge, ces idioties. D’ailleurs, il ne voulait plus s’occuper de ces blancs-becs qui débarquaient toujours dans son bureau pour y semer la zizanie. Cela, il savait très bien le faire tout seul. Il en dirait deux mots à son supérieur dès que possible. Les cas de magie et autres phénomènes étranges étaient devenus rares, mais cela lui suffisait largement ! Inutile de se coltiner les novices…
Alors qu’il était en pleines récriminations mentales, son regard tomba sur la chemise échouée sur la surface en bois de son bureau. Allons bon, il allait devoir décider à qui il allait confier ce truc-là… Il s’appuya contre le dossier de son siège et commença par lire le rapport. Tiens, c’était bizarre, ça… Que venait faire une affaire traitée par les Japonais sur son bureau ? Il se gratta le crâne avec perplexité et tourna les pages jusqu’à tomber sur la photographie d’un bijou ancien. Il devint blême et s’exclama, n’arrivant pas à en croire ses yeux exorbités :
- Par Lleu ! ! ! Mais que fait-il là-bas ? ? Il ne devrait pas ! ! ! C’est impossible ! !
Il bondit sur ses pieds, envoyant sa chaise valdinguer contre le mur, enfila sa veste de cuir rapidement, griffonna une note destinée à son subalterne pour prévenir de son départ, s’empara du dossier à la volée et se mit à courir à travers les couloirs sombres du grand bâtiment. Il avait oublié le jeune Ankou, sa rancune contre les novices en général et ses reproches sur la hiérarchie… Seul l’intéressait ce rapport pour lequel il allait directement se rendre au Japon… sans demander l’avis de son supérieur. Mais qui pouvait seulement le contredire en ce monde ? Pour une fois, sa filiation lui servirait à quelque chose d’autre qu’à être une source de jalousie ou de moqueries idiotes.
Il ne lui fallut guère de temps pour débarquer à l’Enma-Cho, échevelé, son humeur oscillant entre la très grande excitation et une colère noire. Il se retrouva dans le grand hall, tournant sur lui-même pour essayer de se repérer, grondant devant ce retard intolérable. Il remonta d’un geste sec une mèche de sa chevelure poivre et sel et avança d’un pas décidé droit devant lui. Il s’arrêta quelques instants pour choisir au hasard une direction, lorsqu’une espèce de machin gesticulant se planta devant lui en lui tendant sous le nez un plateau de sucreries et de gâteaux variés. Surpris, l’Ankou recula d’un pas, hésitant sur la conduite à tenir : l’évincer vertement ou lui demander le chemin ? ? La seconde solution étant la plus adéquate, il se décida après avoir pris une petite pâtisserie pour faire plaisir à cet exalté et visiblement bouche à sucre aux yeux… euh… d’améthyste, oui, c’était la couleur appropriée…
- Excusez-moi, je voudrais me rendre au bureau de votre secrétaire. C’est urgent.
- Suivez-moi, je vous y conduis… Vous venez pour quoi ?
- Cela ne vous regarde pas.
Le ton avait été sec et froid, sans appel. D’ailleurs son guide se tut immédiatement, douché dans son enthousiasme. Cet étranger était franchement désagréable, lui qui avait voulu être poli… Déçu par ce comportement, il le guida à travers les interminables couloirs et ils arrivèrent enfin devant le bureau dudit secrétaire, où l’étranger frappa à la porte et fit l’immense effort d’attendre d’être invité à entrer, pour enfin pénétrer dans l’antre de son homologue japonais. Ce qu’il fit d’un pas vif, affichant l’expression dure et ironique qu’avaient appris à redouter tous ceux qui avaient été placés sous ses ordres. Et il se heurta de plein fouet à un regard bleu aussi glacial que la banquise, ce qui lui déplut fortement.
- Bonjour, je suis Tatsumi Seiichirou, secrétaire de l’Enma-Cho, fit le Japonais en tendant la main d’un geste poli.
- Euh… Enchanté… Quel votre prénom ? fit-il en répondant à la poignée de main.
- Appelez-moi Tatsumi et vous, vous êtes ?
- Emrys Kentigern, du département de Brocéliande, France.
Ils se toisèrent durant une bonne minute en silence, s’évaluant l’un l’autre sans pitié. Puis Tatsumi reprit la conversation sans quitter des yeux son visiteur :
- Puis-je connaître la raison de votre présence ici, Kentigern ?
- Emrys, je vous prie. Voilà la raison de ma venue.
Et il posa le dossier sur le bureau du Japonais, sans en dire plus. Ce dernier le prit et l’ouvrit. Il reconnut immédiatement le rapport sur le marin étranger et il releva la tête pour détailler de nouveau son interlocuteur, qui sembla s’en amuser :
- Vous avez été rapides à réagir… Je ne pensais voir quelqu’un que plus tardivement…
- Disons que c’est un coup de chance, surtout vu l’heure, rétorqua le visiteur. Au fait, Merlin l’Enchanteur n’était pas chaman, il était druide… Ce n’est pas la même chose.
Il y eut encore un bref silence et Tatsumi hocha la tête d’un air entendu :
- Il me semble que nous avons des choses à apprendre l’un de l’autre, Emrys. Vous êtes donc un spécialiste des légendes de votre culture ?
- Si on peut dire… Ce qui m’interpelle dans ce dossier, c’est ceci, fit-il en montrant la photo du bijou.
- Très joli artefact… Vous savez de quoi il s’agit exactement ?
- Ceci est un objet qui n’aurait jamais dû réapparaître. Je dois le récupérer pour le mettre en lieu sûr dans les plus brefs délais. Où est-il ?
Tatsumi fut surpris devant l’urgence que laissait transparaître la voix de Kentigern. Pourquoi un tel empressement ? En quoi ce bijou pouvait-il être aussi important aux yeux des Français ? Et surtout, pourquoi avait-il la vague impression que son homologue lui cachait quelque chose ? Il répondit tout en observant ses réactions :
- Nous ne l’avons pas retrouvé.
Emrys pâlit brusquement alors que ses poings se serraient, mais il fit un effort appréciable pour ne pas sauter à la gorge du Japonais. Il parvint à demander, la voix légèrement assourdie de colère devant tant d’incompétence :
- Où sont le corps et les effets personnels du marin ?
- A la morgue et au commissariat du port où votre marin est décédé. Pourquoi vous montrez-vous aussi tendu ? Nous pouvons très bien nous charger de ce dossier, si vous nous donnez les éléments nécessaires…
- Yann Druadh est Breton et je suis l’Ankou de sa région natale. Il est donc à moi, puisqu’il entre dans le cadre de mes attributions. Surtout avec ce bijou…
- D’accord, je n’insiste pas. Inutile de vous énerver pour si peu.
Une lueur fugitive passa dans le regard vert d’Emrys qui rétorqua aussi sec :
- Oh… Mais je suis d’un calme olympien en ce moment… Aussi calme que je peux l’être après avoir été réveillé à trois heures du matin, à cause d’un bijou légendaire que vous n’avez pas été capables de retrouver ! Je n’ai guère de temps à perdre en mondanité obséquieuse, j’ai un pendentif à récupérer au plus vite avant qu’il ne tombe entre de mauvaises mains.
- Il est donc si important ?
- Oh oui, il l’est ! Il appartient au monde magique celtique… Il a été la propriété de Merlin, il ne peut être qu’important !
- Mais Merlin n’est qu’une légende… On ne sait pas ce qu’il est devenu, ni s’il a vraiment existé… Tout cela n’est peut-être qu’un canular…
Emrys éclata de rire, froissant involontairement son homologue japonais :
- Merlin a vraiment existé et ce qu’il est devenu… Je préfère ne rien dire à ce sujet, vous seriez très étonné. Bon, inutile de nous attarder davantage là-dessus. Rendez-vous utile, Tatsumi. Donnez-moi l’adresse de ce commissariat, que j’y aille sans plus attendre. Et puis, aussi l’endroit exact où le corps a été repêché, tant qu’on y est…
Décidément, le secrétaire de l’Enma-Cho avait une patience à toute épreuve. Ce type était pire que Tzusuki… et certainement plus imprévisible, également. Il donnait vraiment l’impression de ne respecter aucune règle, aucune bienséance, aucun savoir-vivre… Il était un gaijin de la pire espèce, une vraie plaie ! Finalement, plus vite il retrouverait son satané bijou, plus vite il débarrasserait le plancher… Du coup, autant l’aider dans son enquête, n’est-ce pas ? C’était un gain de temps à ne pas négliger… Et puisque Tzusuki n’avait rien à faire d’autre que s’empiffrer, eh bien ! Il lui servirait de guide !
- Très bien… Je vais vous adjoindre quelqu’un pour vous y conduire Le Japon n’a rien à voir avec l’Occident.
Emrys venait à peine d’acquiescer, que Tatsumi appela le Shinigami aux yeux améthyste, qui déboula un peu trop rapidement pour être honnête, et lui signifia qu’il devait mener l’étranger jusqu’au commissariat. D’abord interloqué, le jeune homme finit par faire signe à Kentigern de le suivre, non sans jeter un regard envieux sur le plateau de pâtisseries qu’il était obligé d’abandonner là. Après un salut du Français, ils s’éclipsèrent tous deux, se téléportant directement sur les lieux. Alors que Tzusuki allait l’attendre bien sagement à la sortie, Emrys lui indiqua qu’il n’avait plus besoin de ses services et qu’il allait se débrouiller tout seul.
Ce fut donc une fois débarrassé de l’encombrant surexcité, qu’Emrys entra dans le commissariat, l’expression inquiète et semblant totalement perdu. Il se dirigea vers l’accueil, tout en regardant les policiers en uniforme strict s’affairer dans les bureaux, dossiers en main ou devant leurs écrans d’ordinateur. Bon sang, ce qu’il ne fallait pas faire, tout de même ! Il passa une main nerveuse dans sa chevelure et adressa un sourire embarrassé à l’agent qui le détaillait sommairement. Oh, il devait le voir comme une espèce de touriste étrange, avec sa veste et son pantalon en cuir, alors que sa chemise boutonnée jusqu’au col lui redonnait plus de sérieux… enfin, tout était relatif, étant donné l’âge apparent qu’il affichait… Un Européen refusant d’aborder la cinquantaine et voulant rester éternellement jeune, voilà ce que devait penser en le regardant l’agent de l’accueil… Tout à fait l’effet voulu, même si sa tenue vestimentaire n’avait pas été prévue à cet effet à l’origine.
- Excusez-moi… Je viens d’apprendre que… que mon ami, M. Yann Druadh, est décédé accidentellement cette nuit… D’après ce qu’on m’a dit, c’est ce commissariat qui s’occupe de l’enquête à son sujet… Est-ce que… que je pourrais voir l’inspecteur qui s’occupe de lui, s’il vous plaît ? demanda Emrys dans un anglais impeccable.
Le policier le regarda avec l’air niais de celui qui ne saisit rien au discours. Il secoua la tête doucement et répondit avec un accent à couper au couteau :
– Désolé… Nous parler anglais non… Comprendre non…
L’Ankou fronça les sourcils, quelque peu déconcerté. Là, ça se compliquait franchement… Peut-être que l’autre machin surexcité aurait pu lui servir à quelque chose, finalement… Il se passa une main lasse sur la figure et reprit, en parlant doucement :
– Yann Druadh… Marin français… Mon ami…
Le policier secoua une nouvelle fois la tête. Emrys sentit l’agacement monter en flèche. Il n’était pas d’une patience exemplaire, surtout lorsqu’il était fatigué et de mauvaise humeur. Il répéta le nom du marin en insistant lourdement sur les syllabes et montra son cœur en le tapotant légèrement. L’air complètement ahuri du policier le renseigna immédiatement sur l’échec de sa nouvelle tentative. Mais ce n’était pas vrai ! ! Comment allait-il faire pour regarder dans les affaires du marin, si personne ne daignait faire l’effort de le comprendre ? Un nouvel échec plus tard, et il commença à faire les cents pas sous l’œil méfiant et vigilant de l’agent. Emrys se retenait pour ne pas exploser et tout envoyer balader… Pourquoi ne parlaient-ils pas anglais, ces zozos-là ? Tout le monde parlait anglais ! ! C’était indispensable de nos jours ! Rhaa ! ! ! Il devait faire quelque chose… Tant pis pour la réglementation sur la magie… Et de toute façon, qui le saurait, hein ?
Il s’immobilisa d’un seul coup et fit semblant de se souvenir de quelque chose. Il fouilla fébrilement dans ses poches avant de sortir son portefeuille et de l’ouvrir. Il finit par y prendre une feuille de papier pliée en quatre et la caressa un bref instant du pouce, comme s’il cherchait à en estimer le grain du papier. Personne ne vit l’éclat argenté qui sembla couler de sa main et parcourut la feuille dans son entier, alors qu’Emrys sollicitait un bref moment sa puissance dans ses doigts. Cela n’avait pris qu’une ou deux secondes, mais il savait que le sortilège avait été intense pendant ce temps… Surtout qu’il ne connaissait rien de ce pays, il avait dû puiser dans ses ressources pour parvenir à un résultat probant.
Il déplia la feuille et y vit avec satisfaction ce qui ressemblait à un formulaire local rempli comme il le fallait. Il repêcha également sa carte d’identité perdue au milieu d’autres papiers plus ou moins officiels et revint près du bureau, le visage plus triste que jamais et la larme à l’œil. Il tendit la feuille trafiquée au policier qui la parcourut et vérifia son identité, avant de s’éclipser pour aller discuter avec l’un de ses collègues. Emrys détourna la tête en se mordant les lèvres, devenant l’image même du désespoir devant les regards soupçonneux de l’inspecteur. Les larmes coulaient sur ses joues, désormais, et il les essuya d’un geste fébrile.
Ce spectacle affligeant, ou plutôt la lettre officielle soi-disant émise par l’ambassade, eut raison du barrage policier, et Emrys vit atterrir sous son nez une caisse où se trouvait méticuleusement rangé tout ce qui appartenait au marin français. Il remercia d’un signe de tête, renifla avant de sortir un kleenex et se moucha le plus discrètement possible. Empoignant la caisse, il s’installa dans un coin à l’écart pour y faire son inspection, tout en se retenant pour ne pas rire de sa comédie. Décidément, il ne perdait vraiment pas la main à ce genre de jeu. Le policier devait le croire perdu dans son deuil. Tant mieux, on lui ficherait la paix ainsi. Il reprit sa feuille qu’il replia pour la remettre dans sa poche, rangea sa carte d’identité et commença l’inventaire des effets personnels de Druadh. Une montre, un portefeuille, des vêtements, une gourmette en argent, un vieux billet de loto, une photo d’enfant…
… mais pas ce qu’il cherchait…
De rage, il faillit balancer la caisse à travers la pièce. Il passa ses mains sur son visage en cherchant à se calmer. Bon sang ! ! Il devait retrouver ce pendentif ! Il appartenait à… Il inspira profondément et commença à réciter ses triades sacrées pour se détendre et faire le vide dans ses pensées. Bon, il devait aller chercher ailleurs… mais il était aussi obligé d’embarquer tout ce fatras inutile, sinon il allait paraître louche aux yeux des policiers, et comme il risquait de les revoir au cours de sa propre enquête… Il prit les affaires du marin, qu’il fourra dans un sac qui lui appartenait aussi. Il rendit la caisse à l’agent de l’accueil et sortit rapidement.
Il regarda autour de lui. Il fallait qu’il trouve un lieu discret pour se débarrasser de ce paquet encombrant. Il avisa une ruelle plutôt sombre et isolée où il ne vit personne. Il s’y rendit vivement, pressé d’en finir avec ce contretemps, portant sur son visage sa très grande nervosité. Emrys était à deux doigts de se mettre en colère et tout l’énervait au plus haut point. Ne pas retrouver ce pendentif si important à ses yeux était ce qu’il y avait de pire pour lui en ce moment. Il s’enfonça dans un coin sombre, posa le sac à terre et s’accroupit devant aussitôt. Il tendit les mains pour les mettre en contact avec le ballot et se concentra un bref instant. Il devait envoyer tout ça au Département de Brocéliande qui s’occuperait de les rendre à la famille du malheureux noyé. Une fois qu’il se sentit prêt, il fit enfin appel à ses enchantements. Ses mains s’illuminèrent une nouvelle fois pour y laisser glisser son énergie, qui entoura le sac d’un éclat laiteux presque aveuglant. Emrys retira l’une de ses mains alors que l’autre se plaçait au sommet du sac et il ferma un instant les yeux pour accentuer sa puissance. Au bout d’un moment qui lui sembla trop long, le bagage finit par disparaître sans laisser de trace, au grand soulagement de l’Ankou, même s’il n’était guère satisfait de lui. La mine plus sombre et coléreuse que jamais, il se redressa sans même faire attention à ce qui l’entourait et sortit du coin où il s’était réfugié. Il se sentait rouillé, cela avait pris trop de temps à son goût. Décidément, rester coincé derrière un bureau ne lui réussissait pas. Il allait devoir reprendre son entraînement et affiner ses dons.
Totalement dépité, la rage au ventre et sentant la fatigue avoir raison de lui, Emrys se décida qu’une visite au port serait tout aussi bien. Après tout, on ne savait jamais, autant commencer par le début. Le pendentif était peut-être tombé au sol et personne ne l’avait remarqué… Il se mit en marche lentement pour réfléchir et se calmer, regardant autour de lui ce cadre exotique où les ruelles étaient vraiment étroites, grimaçant devant les escaliers sans fin, admirant les temples et maisons, les quelques vitrines où s’étalaient les kanjis tous aussi étranges les uns que les autres… Il ne se guidait que par l’odeur iodée de la mer, sans plus faire attention à ce qui l’entourait, se disant qu’il devrait penser à ramener un souvenir… Quelques jours de vacances ici lui feraient le plus grand bien, après avoir retrouvé le bijou… A cette pensée, la colère, momentanément apaisée, flamba de nouveau et il grommela entre ses dents en gaélique ancien, tic qui le prenait dès qu’il s’oubliait :
- Par Lleu ! Comment ce foutu bijou a pu atterrir au Japon ? ? Hein ! ? Ras-le-bol de réparer les bourdes des autres à chaque fois qu’ils déc(bip) ! ! ! P(bip) de b(bip) de m(bip) ! ! ! Vont m’entendre g(bip) dans ce trou à rats local ! ! Vais leur botter le train à ma façon s’ils n’ont pas les c(bip) de reconnaître leur c(bip) ! ! !
Il inspira profondément et se força au calme. Il devait se reprendre, sinon il allait commettre des bêtises. Il se concentra de nouveau sur le paysage. Il fallait qu’il profite de l’occasion. Ce n’était pas tous les jours qu’un Ankou pouvait se promener au Japon… même si sa visite n’était pas…euh, tout à fait officielle… Il eut une grimace en songeant à ce qui allait l’attendre en rentrant. Son chef allait lui tomber dessus, sans parler de son géniteur… Un frisson le parcourut tout le long de la colonne vertébrale. Les colères de son père étaient pires que les siennes, c’était tout dire, et il avait tout à craindre… Même si ces mêmes colères ne changeaient strictement rien à son comportement pour le moins cavalier… Et puis, il savait comment l’amadouer… plus ou moins… Confiant en ses propres talents, il se laissa une nouvelle fois emporter par le décor extraordinaire qui se déployait sous ses yeux. C’était si loin de la frénésie des grandes villes et de l’anarchie architecturale qui avait tendance à tout bétonner depuis cent ans… Tout était si différent et si harmonieux… Si apaisant… Si… ? !
Ahuri, Emrys s’immobilisa en ouvrant des yeux comme des soucoupes devant ce qui venait d’apparaître au-dessus d’une porte. C’était invraisemblable, totalement surréaliste, impossible ! ! Et pourtant… Il y avait bel et bien un triskel qui lui faisait de l’œil au-dessus de cette porte. S’il avait été sur son territoire, il n’aurait guère été surpris, mais là… ici… C’était anormal… La première pensée qui lui vint, teintée de panique, il fallait l’avouer, c’était que son père adoré venait de le retrouver et allait l’embarquer de force pour le punir comme il se devait. Emrys recula d’un pas, réprimant difficilement un tremblement nerveux… mais il ne pouvait quitter ce symbole du regard, comme s’il était hypnotisé. Comment… comment son père avait-il fait pour le retrouver aussi vite alors qu’il avait été de la plus grande prudence ? ? Puis, il chercha à se raisonner… à surmonter son angoisse… Non, il était trop tôt. Ils dormaient encore, là-bas… Alors… Qui ? Qui connaissait ce symbole ? Surtout qu’il s’agissait ni plus ni moins de celui qui était représenté sur le bijou recherché… Pourquoi le faire apparaître maintenant ? Et pourquoi ici, juste devant lui ? Immobile, comme statufié sur place, il n’avait même pas fait attention à son entourage, encore moins aux ondes surnaturelles… Il ne comprit absolument rien à ce qui lui arriva par la suite… Trop préoccupé par ce triskel apparu de nulle part, il ne sentit par approcher le danger…
*****
Après ces recherches matinales, il avait dû se rendre au dispensaire mais n’avait pu s’ôter ce mystérieux pendentif de son esprit. La sensation avait été discrète mais revigorante. Pour la première fois depuis plusieurs mois, il avait perçu de la magie et son intérêt s’était réveillé. Il n’avait pas pu trouver beaucoup d’informations en aussi peu de temps, mais les origines celtes de cet objet ne faisaient aucun doute. Muraki l’avait donc laissé dans un coffret de bois protégé par un kekkai pour rendre sa magie indétectable : il ne voulait pas se le faire voler avant d’avoir pu l’étudier plus en détail. Et maintenant que son travail de médecin était terminé, il se demandait comment trouver plus de renseignements. Il s’installa dans un restaurant pour prendre une soupe rapide et un bol de riz, tout en réfléchissant à son problème. Il était éloigné de sa bibliothèque personnelle et n’avait pu que faire quelques recherches sur internet, en se basant sur le lieu de naissance du marin qu’il avait pu mémoriser. Les Celtes étaient manifestement des gens de grand savoir, en particulier leurs druides, mais ces derniers avaient disparu depuis longtemps. Leur magie était puissante pour qu’il ait encore pu la sentir après tant de temps en touchant le bijou. Peut-être que ce gaijin, qui était venu mourir dans ce port du Japon si éloigné de sa ville d’origine, leur était apparenté. Il devait en savoir plus sur le mort. La police avait dû transmettre les informations aux autorités françaises au Japon, il fallait qu’il aille au commissariat pour voir où ils en étaient de leur enquête. Ils pourraient peut-être faire avancer un peu ses propres recherches.
Sans perdre une minute, Muraki se leva tout de suite pour prendre la direction du poste de police. Il ne s’était pas senti aussi vivant que depuis sa première rencontre avec Tsuzuki. Une nouvelle source de savoir magique… Une nouvelle source de pouvoir pour enfin piéger le Shinigami aux yeux d’améthyste… Sentir cette peau si douce, allumer une lumière de plaisir dans ces prunelles si tristes par moment… Pour la première fois depuis Tokyo, Muraki avait un nouveau but et ce pendentif bizarre allait peut-être lui donner de nouveaux moyens pour prendre en défaut les Shinigamis.
A deux ou trois rues du commissariat, le docteur ressentit de nouveau un frisson le long de sa colonne. Le même que ce matin au contact du bijou… Mentalement, il vérifia rapidement que son kekkai n’avait pas bougé. Non, la source de cette magie venait d’ailleurs, de bien plus près de lui. Y aurait-il eu un autre objet important dans les vêtements du mort qu’il n’avait pas détecté ? Muraki accéléra le pas, il fallait qu’il examine ces affaires le plus vite possible avant d’éveiller l’attention de l’Enma-Cho.
Une longue silhouette brune, revêtue d’un imperméable noir mettant en valeur des épaules parfaites et des hanches fines attira son attention dans une rue adjacente. Tsuzuki ? Que faisait-il ici ? A Setoda ? Cette ville ne faisait pas partie de sa zone de responsabilité, c’était pour cela qu’il était resté dans cette région, il espérait ne pas attirer son attention avant d’avoir récupéré des forces. Et en plus, il semblait venir du poste de police… Sa présence avait-elle un rapport avec le pendentif ? Le Shinigami n’était pas un des plus intéressés par la magie, malgré sa puissance, alors pourquoi se trouvait-il ici ? Tsuzuki ne semblait pas sur ses gardes mais Muraki se méfiait. Lorsqu’il le vit rentrer dans un salon de thé, il ne put s’empêcher de sourire : il allait y passer l’après-midi et dévaliser leurs meilleures pâtisseries. Il pouvait reprendre la direction du commissariat mais décida de rester sur ses gardes, il ne sentait pas Hisoka mais Tsuzuki n’était peut-être pas seul.
Il arrivait à son but lorsqu’il vit un étranger, portant un sac, sortir rapidement de chez les policiers. L’homme était grand, vêtu d’une veste de cuir, les tempes grisonnantes… enfin en apparence. A la grande surprise du docteur, le gaijin utilisait un sort créant une illusion lui permettant de masquer son physique réel, et ce qu’il voyait derrière le masque donnait envie à Muraki de mieux le connaître. Il décida de le suivre en réalisant que la magie ressentie précédemment venait de cet homme, ou de ce qu’il portait. L’inconnu était très énervé et cela rendait la filature aisée, même si celui-ci pensait prendre des précautions. Il le vit, après des coups d’œil à droite et à gauche, disparaître dans une ruelle sans issue où Muraki le suivit discrètement. L’homme s’agenouilla devant le sac et, avant que le docteur ne réagisse, il vit ce dernier l’entourer de ses mains en faisant appel à sa magie. Dans un grand éclair, le sac disparut. Le docteur appela rapidement un bouclier de protection. Décidément, cet inconnu semblait avoir de grandes capacités et il voulait pouvoir le questionner tranquillement. Il ne fallait pas que d’autres personnes le repèrent. Il se recula dans l’ombre d’une porte et continua son observation.
L’inconnu s’était redressé et avait repris la rue principale. Il était moins énervé, plutôt perdu dans ses pensées. Que se passait-il ? Il semblait marcher sans but au milieu des vieux quartiers, sans réaliser l’attention qu’il suscitait. Après l’explosion de colère et de magie précédente, Muraki se serait attendu à une autre réaction, il se comportait maintenant comme un touriste anonyme. Mais, petit à petit, le docteur comprit que l’inconnu se rapprochait du port. Après le commissariat, il rejoignait le lieu où avait été trouvé le corps ? C’était le plus logique, mais cet homme était-il logique ? Muraki n’en était pas sûr, vu ses changements de comportement précédents. Il en eut une autre preuve quand il s’énerva tout seul, dans une langue inconnue du Japonais. Le docteur écouta attentivement ce qu’il disait. Il ne comprenait pas, mais les sonorités bizarres lui évoquaient des souvenirs. Lors de ses voyages dans sa vie précédente, quand il était encore un docteur soignant son prochain, il avait été en contact avec des Irlandais, et la langue qu’ils parlaient entre eux, avait des points communs avec celle utilisée par cet inconnu.
Plus Muraki regroupait ses souvenirs et ses recherches matinales, plus cet homme lui semblait bien venir de France, et peut-être même de la région de naissance du marin de ce matin. Les Européens avaient aussi des Shinigamis ? Il ne pouvait s’agir que de cela. Ce qu’il voyait de l’apparence réelle de l’inconnu lui disait qu’il n’avait pas affaire à un autre marin, mais à un sportif, un cavalier, vu sa démarche ? Un combattant, s’il était devenu Shinigami à une époque plus ancienne ?
Le docteur se rapprocha de lui, en profitant de l’attention qu’il portait de nouveau au paysage, et sentit dans son corps la magie se réveiller. Cet homme était un magicien et était lié au pendentif qu’il avait découvert, Muraki pouvait le sentir. Il ne devait pas le laisser atteindre le quai où il s’était tenu ce matin, il ne pouvait pas prendre le risque que cet inconnu ait le pouvoir de détecter sa présence là-bas et de le suivre à la trace.
Dans une ruelle étroite et plus discrète, le docteur passa à l’action. Il fit appel à sa mémoire et se concentra rapidement pour faire apparaître le symbole, qu’il avait étudié ce matin sur le bijou, au-dessus de la porte d’une maison très ancienne qui était devant eux. Dès qu’il le vit, l’inconnu s’arrêta, comme paralysé par le choc. Devant cette réaction, Muraki ne douta plus et se rapprocha rapidement. Quand l’inconnu recula, le docteur était prêt et il entoura la tête de l’homme avec ses mains, son œil artificiel sembla percer à travers sa chevelure pendant quelques brèves secondes et le gaijin s’écroula en arrière inconscient, endormi dans ses bras.
- Vous avez besoin d’aide messieurs ? demanda une voix douce derrière Muraki.
Il se retourna après avoir affermi sa prise sur l’inconnu, dont l’apparence ne bougeait pas malgré le sort qu’il lui avait jeté pour lui faire perdre conscience. Un couple âgé et discret regardait avec inquiétude sa proie.
- Ce n’est rien, le gaijin a fait un malaise devant moi. Je suis le médecin du dispensaire près du temple Senkoji. Je vais l’y amener pour l’examiner. Il a dû beaucoup marcher pour visiter la ville sans penser à boire assez, comme beaucoup de touristes que je dois soigner.
- Vous avez besoin d’aide, docteur ? Il n’est pas trop lourd à porter ?
- Non, ça va, je vous remercie. Ces étrangers ne sont pas aussi lourds qu’ils y paraissent avec leurs vêtements.
Muraki les salua aussi respectueusement que son fardeau le lui permettait et prit la direction du temple. Une fois hors de leur vue, il changea de direction pour aller chez lui. Il voulait confronter son inconnu au pendentif. Mais en arrivant, il se rendit compte des difficultés de son projet. Contrairement à ses appartements précédents, il était entouré cette fois de beaucoup de témoins potentiels. Il posa l’homme sur un fauteuil, près de son bureau, et rouvrit le coffret où était caché le bijou. Dès que le kekkai disparut, le gaijin se mit à gémir, comme s’il sentait sa présence. Inquiet, le docteur lui posa la main sur son front et comprit tout de suite qu’il luttait contre la compulsion l’obligeant à dormir. Il recacha le bijou derrière sa barrière magique la plus puissante et, aussitôt, l’inconnu se rendormit. Le problème lui parut insoluble lorsque le souvenir d’une visite précédente lui revint. Sur l’îlot de Hyotanjima, il avait visité une ancienne maison de maître de plain-pied, à l’écart des routes maritimes, protégée par suffisamment d’arbres pour qu’un kekkai soit suffisant pour lui donner l’intimité qu’il recherchait.
Il fouilla dans ses tiroirs où il trouva plusieurs cordelettes qu’il avait ensorcelées il y a longtemps en l’honneur de Tsuzuki et les mit dans une sacoche avec le coffret contenant le pendentif et diverses autres provisions. Il lui faudrait hypnotiser un pêcheur et peut-être le gardien de la maison pour qu’ils les laissent tranquilles, mais c’était la meilleure idée qu’il pouvait avoir aussi rapidement. Il reprit dans ses bras son bel inconnu, dont il n’avait même pas pu voir la couleur des yeux, et se dirigea vers le port.
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