Secrets | By : KatsYaoi Category: French > Anime Views: 1691 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. |
Secrets
Par Kats
Disclaimers : les
personnages de Saint Seiya ainsi que la trame scénaristique appartiennent à
Masami Kurumada ainsi qu’aux différentes compagnies chargées de la production
et de la distribution du manga, de l’animé, des films et autres produits
dérivés. Je n’en tire aucun bénéfice matériel ou immatériel, et cette histoire
n’a été écrite que pour le plaisir des fans de la série, et le mien !
Genre et rating : Sérieux,
Romance, Yaoi, Lemon.
Couple(s) : Je vous
laisse la surprise des couples, car il y en a plusieurs.
Notes : C’est une
suite de ma toute première fic « Une Boite de Chocolat » (donc, vous
connaissez au moins un couple !). Je n’ai pas l’impression qu’il faille
absolument la lire pour comprendre celle-ci, mais pour certains détails, ça
peut aider !
Remerciements : à mon
couple fétiche, pour se laisser faire si docilement et à ma bêta lectrice, Ka,
pour son patient travail de titan !
Une douce matinée de mars se
levait sur le sanctuaire d’Athéna. Un homme s’éveillait au cœur de la troisième
maison, les faibles rayons de soleil caressant son visage au seuil du réveil.
Il battit des paupières et sourit
en réalisant où il se trouvait. Redressant la tête sur son oreiller, il
contempla un instant le plafond, heureux. Puis, il s’étira comme un chat,
lentement, réveillant un à un ses muscles puissants, tout en s’asseyant sur son
lit. Sa longue chevelure bleue profond, presque marine, cascadait sur ses
épaules et son dos, malgré le fait qu’elle fut en désordre, elle n’en était pas
moins majestueuse.
Il se leva enfin, s’enroula dans
son drap et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Kanon soupira d’aise, il
était de retour chez lui. Poséidon lui avait accordé une permission illimitée
pour visiter son frère et ses amis, récemment ressuscités, tout comme lui.
Il était arrivé la veille, assez
tard et avait longuement discuté avec Saga, prenant de ses nouvelles et de
celles des autres.
Tous les chevaliers d’or étaient
actuellement au sanctuaire, seuls manquaient cinq chevaliers et Athéna. Saori
avait emmené Seiya, Shun, Hyoga, Shiryu et Ikki au Japon quelques jours plus
tôt, sans vraiment dire pourquoi, ni quand ils reviendraient.
Dommage, il aurait aimé les
revoir, mais ce n’était que partie remise. Il aurait déjà fort à faire avec les
chevaliers restant !!!
Mais le plus important maintenant
était son frère, Saga. Le passé était le passé, tous deux avaient une nouvelle
chance et comptaient bien en profiter.
Un large sourire s’étala sur le
visage de Kanon. Et pourquoi ne pas renouer avec de vieilles traditions
familiales ?
Il laissa tomber le drap
protégeant sa nudité parfaite à ses pieds, enfila rapidement un boxer et un
t-shirt et se faufila à pas de loup jusqu’à la chambre de son double.
Il entrouvrit délicatement la
porte, guettant le moindre signe d’activité. En jetant un œil à l’intérieur, il
constata que son frère, allongé sur le ventre, dormait comme un bien heureux,
la tête calée dans l’oreiller prisonnier de ses bras, souriant aux anges.
Il pénétra lentement dans la
pièce, veillant à ne pas faire le moindre bruit et se glissa jusqu’au lit,
comme une ombre.
Une mèche de cheveux barrait la
joue de Saga, lui donnant un air encore plus enfantin. Kanon s’en saisit et la
ramena délicatement dans le dos de son frère, l’œil brillant.
Comment un si redoutable guerrier
pouvait l’attendrir à ce point ?
« Mon petit Kanon, tu ne va
pas te laisser piéger par cette gueule d’ange ! » se morigéna t il.
Le Dragon des mers fléchit
légèrement les genoux et, dans une féline détente, bondit sur le dos de son
frère, comme un fauve sur sa proie. Il planta sans ménagement ses doigts dans
les côtes de Saga et entreprit la plus terrible des tortures, celle qui terrorisait
son frère lorsqu’ils étaient enfants : les chatouilles !!!
« Allez debout là
dedans ! Debout la crevette, la marée monte !!! » hurla Kanon à
l’oreille du chevalier des Gémeaux.
Celui-ci avait d’abord sursauté
et comprenant enfin dans quel « horrible piège » il venait de tomber,
tentait de se protéger des mains « cruelles » de son frère, entre
deux éclat de rires.
Il parvint après de nombreux
effort à se trouver face à Kanon, toujours accroupi sur lui, redoublant
l’intensité des ses chatouilles.
« NON !! …. Arrêtes,
mais NON !!! » suppliait-il, hors d’haleine, se tordant de rire.
Peine perdue…
« Tu l’auras voulu
Kanon ! » menaça le Gemini.
Oeil pour œil, dent pour dent,
Saga contre attaqua par de vicieuses chatouilles sous le t-shirt de son frère,
qui se tortillait d’hilarité, tant et si bien qu’il se retrouva projeté du lit
et atterrit lourdement sur le dos, avec un Saga triomphant assis sur son
ventre.
« Vengeance !!! »…
hurla Saga dans un fou rire.
Arroseur arrosé, Kanon
s’esclaffait, sous les attaques vengeresses du chevalier d’or. Ils faisaient
assez de remue ménage tous les deux pour réveiller tout le sanctuaire.
Kanon manquait d’air et se dit
que pour une fois, il pouvait laisser gagner son jumeau. Ne pouvant rien dire
pour se rendre, il se contenta de frapper le sol à plusieurs reprises de sa
main, signifiant ainsi à Saga qu’il le reconnaissait comme grand vainqueur de
ce combat de chatouilles.
Les attaques cessèrent, mais pas
les rires. Il leur fallut plusieurs minutes pour se calmer et reprendre une
respiration normale. Saga essuya ses larmes d’un revers de main. Kanon relevait
son buste et se maintenait avec ses mains, posées à plat sur le sol. Il frôlait
presque le visage de son frère. Ils se souriaient tendrement à présent, les yeux
brillants d’affection pour leur reflet respectif. Saga passa sa main gauche
dans les mèches de son frère et lui lança, taquin : « Allez le
crapoteux ! À la douche, tu commences à sentir la marrée basse ! »
Anticipant une réaction
excessive, il s’était vivement levé et rapproché du lit.
« Hé !!! Dis tout de suite que je sens le pétrole
pendant que tu y es !!! » cracha Kanon, faussement furieux.
« Naann, pas le pétrole,
mais le Poisson qui n’a pas vu la mer depuis lonnnnnnnngtemps !!! »
Et Kanon reçu l’oreiller de Saga
en pleine figure !
« Non mais tu vas voir,
Monsieur Boite de conserve dorée !!! »
Kanon relança l’oreiller qui
atterrit dans le dos de son frère, sans produire l’effet escompté. Saga était
occupé à farfouiller dans son armoire, dont il sortit deux piles de serviettes
et gants de toilettes.
Il lança une des piles à son
frère en souriant. Non, Kanon n’abandonnerait pas si facilement, il se devait
de laver l’affront et mourrait d’envie de prolonger cette complicité enfantine.
Profitant que Saga s’était retourné encore une fois, l’imprudent, pour chercher
son gel douche, Kanon déplia vivement une grande serviette et la fit s’enrouler
sur elle-même dans un mouvement circulaire de sa main droite. Lorsque la
cravache d’éponge fut prête, il s’approchât subrepticement de son double et la
fit claquer bruyamment sur les fesses nues de Saga.
Ce dernier cria de surprise et
persifla « ouuuu, toi, tu vas voir ! ».
Il se saisit à son tour d’une
serviette et partit à la poursuite de son agresseur, qui fuyait la pièce.
S’ensuivit une furieuse bataille à travers tout le temple, où cavalcades, fous
rires et tissus claquant sur des parties charnues de l’anatomie de nos deux
jumeaux, se mêlaient joyeusement. La journée commençait vraiment bien.
Ils avaient enfin réussi à se
doucher (ensemble) et déjeunaient dans la cuisine de la maison des Gémeaux. Les
cheveux encore humides, ils se délectaient de deux grands bols de chocolat et
de tartines beurrées. Les chatouilles et autres joyeusetés, ça creuse !!!
« Kanon, il va falloir nettoyer,
ce n’est plus une salle de bain, c’est la marre des canards !!! »
Saga venait de lever la tête de
son bol et deux magnifiques moustaches brunes ornaient ses lèvres supérieures.
Kanon, pouffa.
« Qu’est ce qui te fais
rire, Dragon ? » demanda Saga.
« Tes moustaches,
Zorro ! ».
Saga « Don Diego » rit
à son tour, lécha ses moustaches cacao et redevint ainsi plus présentable.
« Oh, dommage ! ça
t’allait bien, » regretta Kanon « mais tu as raison pour la salle de bain,
ça vire au lac des cygnes : j’ai même cru voir Hyoga piquer une tête entre
les savonnettes. »
Les jumeaux rirent en cœur.
Saga redevint sérieux.
« Bon, alors on a juste le
temps de remettre de l’ordre dans ce temple et ensuite je devrai les
rejoindre ».
Saga avait expliqué à Kanon
qu’aujourd’hui, il était de garde. Lui et d’autres chevaliers d’or devaient
chaperonner les apprentis en ville. Une autre nouveauté au sanctuaire. Une fois
par mois, tous les chevaliers (en dehors des chevaliers d’or, qui étaient
libres de circuler à leur guise) et apprentis étaient autorisés à quitter le
sanctuaire pour la journée, s’ils le souhaitaient. Aujourd’hui, Saga,
Aphrodite, Aldébaran et Mu s’occupaient des plus petits, les 4 / 8 ans, qui ne
pouvaient être laissé seuls sans surveillance. Shaka, Dhoko, Aiola et Milo
profitait de l’après midi pour faire des courses en ville pour le sanctuaire.
Les autres avaient quartier libre.
« Si tu veux, je peux
demander à Camus ou Aiolos de me remplacer ? Notre roulement est établi, mais
on peut s’arranger, nous l’avons déjà fait »
« Pourquoi seulement ces
deux là ? Masque…euh, Angelo et Shura, ne peuvent pas ? ».
Saga eut un sourire narquois.
« Hum, hum, ces deux là, je
les soupçonne de fricoter à l’extérieur ! Depuis plusieurs semaines, ils
disparaissent des après midi entiers et découchent régulièrement de leurs
temples. Ça leur réussi plutôt bien d’ailleurs, ils ont une mine superbe et
sont d’une humeur charmante. A mon avis, ils doivent fréquenter quelques filles
de la même famille, ou des copines. Ils se couvrent l’un l’autre, se font des
clins d’œil quand on veut les faire parler et éclatent de rire, on ne sait
pourquoi, au même moment. C’est leur journée de libre et s’ils veulent faire
une sortie à quatre, je ne vais pas les en priver. »
« Ils pourraient
fréquenter deux frères également ! »
Kanon se rembrunit en pensées.
« Pourquoi devraient-ils
obligatoirement ne fréquenter que des filles ! Chacun est libre de sa
sexualité ! ».
Lui-même, ne pensait bien qu’à un
seul homme, comme jamais il ne penserait à aucune femme. Mais ce n’était pas le
moment de laisser son esprit vagabonder. Pour ce qu’il connaissait d’eux, le Capricorne
et le Cancer semblaient bien trop « mâles » pour se laisser tenter
pas l’homosexualité, en dehors d’une expérience sexuelle sans lendemain,
motivée par quelques curiosités ou perversions.
« Ça doit faire les gorges
chaudes du sanctuaire non ? » demanda Kanon.
« Hum, en fait, ce qui
excite le plus les commères, c’est de ne pas connaître les heureuses élues.
Aphrodite est vert ! Le seul à savoir et à les couvrir en
conséquence, c’est Sion. Je me demande d’ailleurs comment le pope est au
courant. Se confier au pope, plutôt qu’à nous, leurs frères d’armes, après tout
ce que nous avons traversé ! »
Saga réfléchissait, le fait de ne
pas savoir le contrariait également.
« À moins qu’il ne les ai
surpris en compromettante situation ? »
Les yeux de Saga brillaient
d’excitation à présent.
« Bah, rassure-toi, tu seras
sûrement invité aux mariages !!! » plaisanta Kanon.
« Alors, je contacte
Camus ? »
« Non, ça va aller. Je vais
fureter à droite à gauche. Avoir le sanctuaire pour moi, pour une fois,
l’occasion est trop belle. Ça me rappellera notre enfance »
« Tu es sûr ? »
« Mais oui, ne t’inquiètes
pas, j’irai aux termes, voir si Hyoga s’y sent mieux que dans notre salle de
bain !!! ça me reposera de notre matinée agitée !»
Pour toute réponse, Saga
replongea dans son bol de chocolat en souriant.
L’après midi arriva rapidement.
Après le ménage complet du temple, les jumeaux étaient allés déjeuner chez le
pope, avec tous les chevaliers d’or. Ils devisaient gaiement autour d’un café,
lorsque Aphrodite se leva et vint prendre Saga par les épaules.
« Il est temps d’y aller,
les petits monstres ne vont pas attendre ! » ironisa le Poisson en
claquant amicalement le dos de Saga.
« Aaaaaah, tu as raison. Mon
frère, souhaite-moi bonne chance ! » dit ce dernier, lançant un
regard faussement effrayé à Kanon, provoquant l’hilarité générale.
Ils se séparèrent rapidement.
Kanon regagnait le troisième temple, tandis que les chaperons rassemblaient
leurs troupes et se dirigeaient vers la ville.
Le Dragon des mers flâna un
moment aux arènes, puis, prit son temps pour gravir le chemin menant aux
thermes. Il allait passer un petit moment là bas, puis il irait au cap Sunion.
Il se déshabilla rapidement dans
l’ambiance moite des vestiaires et se dirigea d’un pas décidé vers les bains
chauds. Il allait ouvrir la dernière porte lorsqu’il constata qu’elle était
entrebâillée et que des soupirs et autres gémissements de contentement
provenaient du bassin.
Contrarié, il se pencha et jeta
un œil par l’ouverture, pour espionner le chanceux qui avait l’air de bien
s’amuser, seul dans la piscine.
Quelle ne fut pas sa surprise de
découvrir Shura, de profil, adossé au muret du bassin, son bras droit posé sur
le bord, onduler dans l’eau, ne laissant aucun doute sur la source de ses
gémissements.
« Oh, le … ! il est
en train de se faire « du bien » dans l’eau !» pensa Kanon,
mi contrarié à l’idée de l’eau « souillée », mi émoustillé par les
(bons) souvenirs que cela évoquait en lui.
Un petit cri de plaisir le tira
de sa rêverie et il constata une chose qui le ramena totalement à la réalité.
Shura avait les DEUX bras posés sur le bord du bassin. Cela voulait dire qu’il
n’était pas seul dans l’eau et que la naïade qui lui prodiguait ses bons soins
était totalement immergée. La curiosité et l’excitation submergèrent ses
réticences et il s’installa plus confortablement pour jouer les voyeurs. Il
faudrait tôt ou tard que cette créature revienne à la surface, à moins que
Shura n’ait rencontré une sirène… ou un marina…
Kanon secoua mentalement la tête
pour chasser cette idée, il était le seul marina hors du sanctuaire marin et la
seule sirène qu’il connaissait s’appelait Sorrente. Ses pensées l’avaient
entraîné sur des raisonnements absurdes.
Un léger clapotis lui fit
comprendre qu’il allait bientôt savoir. Une tête bleue émergeât d’entre les
eaux et fut bientôt suivie d’un torse et d’épaules d’airain, ne laissant aucun
doute sur la virilité de son possesseur. Kanon crut que sa mâchoire allait se
décrocher lorsqu’il vit Angelo, l’ex Masque de Mort, présentement Chevalier
d’or du Cancer, lécher amoureusement de minuscules gouttes d’eau sur le torse
de Shura !
Ce dernier guida rapidement la
bouche de son amant jusqu’à ses lèvres et le baiser passionné qu’ils
échangèrent les laissa pantelants tous les deux. Il ne subsistait plus aucun
doute sur la nature de leur relation dans la tête de Kanon.
Le Capricorne et le Cancer
étaient amants et vu la virtuosité avec laquelle ils se caressaient, leur
liaison n’était pas récente. Ils semblaient connaître parfaitement le corps de
l’autre et les moyens d’en tirer ou de lui donner du plaisir.
Ils continuaient à s’embrasser
avec affection, cependant, la passion gagnait en intensité. Angelo réajusta sa
position, s’immisceant entre les cuisses de Shura.
Kanon retenait son souffle, une
étrange chaleur au creux des reins, tout en se mordant la lèvre inférieure,
camouflant du mieux qu’il pouvait son cosmos. Les vapeurs des termes et leurs
soupirs mêlés aux légers bruits d’eau rendaient cette apparition chimérique, à
la frontière entre mirage et féerie des sens.
Shura rejeta la tête en arrière et
se mordit les lèvres lui aussi, gémissant : le Cancer était en lui. Les
corps des deux amants, répondant à un signal perceptible d’eux seul, se mirent
à ondoyer lentement au même instant, faisant gronder de contentement Shura et
Angelo. Le Capricorne avait refermé ses bras autour du cou et des épaules de
son bel italien, tandis que le Cancer, soutenait et caressaient les hanches de
l’espagnol, se maintenant prisonnier des cuisses pâles et fuselées.
Leurs lèvres ne se quittaient que
rarement, uniquement pour contempler le visage de l’autre et y vérifier que le
plaisir y était présent. Ils se dévoraient des yeux avec passion et leur soif
inextinguible de l’autre les poussait à s’embrasser passionnément, encore et
encore, tentant vainement de les sevrer de leurs nectars entêtants.
Kanon restait pétrifié, hypnotisé
par un tel spectacle, il voyait pour la première fois deux hommes faire l’amour
et le fait de les connaître le fascinait d’autant plus.
Combien de temps les
espionna-t-il ainsi ? Le général de Poséidon avait perdu toutes notions du
temps.
Alors se produisit un phénomène
aussi étrange que furtif.
Les cosmos des deux chevaliers
d’or se mirent à brûler ensemble, puissants, majestueux, au même instant. Puis
les deux auras, se frôlèrent, se caressèrent, pour se fondre enfin l’une dans
l’autre, en une explosion dorée phénoménale.
Au même moment, les deux
chevaliers atteignaient bruyamment l’orgasme.
Les flammes d’or s’estompèrent.
Shura se dégagea légèrement de l’étreinte de son amant à la peau de bronze et
lui murmura un émouvant « Te quiero* » en lui caressant la nuque.
Angelo, chuchota à son tour,
d’une voix touchante « Ti amo* … je t’aime » (*ndla : « je
t’aime » en espagnol et italien).
Le Capricorne resserra son
étreinte, appuyant sa tête sur le sommet du crâne d’Angelo, y déposant de
tendres baisers, laissant ses doigts se noyer dans l’onde bleue de sa
chevelure.
Le Cancer l’imita, serrant plus
fort le torse d’albâtre, nichant son visage au creux de l’épaule, caressant de
ses lèvres la peau soyeuse de son amour.
Kanon déglutit avec difficulté,
les larmes aux yeux. Des foules de sentiments contradictoires se bousculaient
dans sa tête. Son cœur battait si fort que chaque pulsation lui déchirait la
poitrine. Et son bas ventre lui rappelait cruellement qu’il n’était qu’un
homme, soumis à sa chair et ses instincts.
Il se leva sans discrétion et
traversa en courrant le couloir qui le menait au vestiaire. Là, il se rhabilla
à la hâte et s’enfuit, la vue brouillée par les larmes. Il courut, courut sans
s’arrêter jusqu’au cap Sunion.
Pendant ce temps, Angelo s’était
adossé au bord du bassin, le dos de Shura posé sur sa poitrine. Il respirait
les effluves sensuelles des cheveux humides de l’espagnol, plantant ça et là un
baiser, tantôt sur une joue, une tempe, une oreille ou une épaule. Ce dernier
caressait rêveusement la main de l’italien, reposée nonchalamment le long du
muret. Ils gardaient les yeux fermés tous les deux et souriaient de
ravissement, se laissant aller à la douce caresse vaporeuse des termes, qui
effaçait peu à peu la fatigue de leur étreinte passionnée.
« On devrait faire ça plus
souvent » susurra Shura, occupé à embrasser la main libre d’Angelo, jouant
à emmêler ses doigts au sien.
« Quoi ? Épouvanter
Kanon ? Tu as vu à quelle vitesse il a filé ? » plaisanta le bel
italien dans un demi sourire, tout en continuant ses baisers.
« Je ne parlais pas
exactement de ça, je pensais plutôt à nos… jeux aquatiques » assura le
ténébreux Capricorne, un large sourire aux lèvres.
« Oh ! À
ça ! » lança Angelo, taquin.
« Sérieusement, le pauvre,
je l’ai senti très mal »
Le ton de l’espagnol était chargé
d’inquiétude.
« Ça lui apprendra à
espionner les gens, c’est très impoli jouer les voyeurs » trancha
fermement l’italien.
« Tu as senti son
aura ? je t’assure que ça allait mal dans sa tête… et dans son
cœur… »
« Je sais, tu as raison, je
l’ai ressenti moi aussi » soupira Angelo gagné par l’inquiétude à son
tour.
« Nous lui parlerons
ensemble, si tu veux, plus tard. Là j’ai d’autres activités en tête. »
Les caresses d’Angelo devenaient
plus pressantes.
« Ah oui ? Quelles
activités ? » lança Shura, le plus innocemment qu’il pu.
« Hum… je me demande combien
de temps tu peux tenir sous l’eau sans respirer. »
Cette voix sensuelle et
rocailleuse le faisait chavirer à chaque fois.
Shura se retourna lentement,
saisit Angelo par le bras et l’entraîna au milieu du bassin. Il s’allongea
complètement dans l’eau, s’immergeant totalement. D’un geste de la main, il
invita l’italien à venir s’allonger sur lui.
Le Cancer disparu à son tour dans
l’eau. Shura réapparut brusquement à la place laissée libre par Angelo. Il
rejeta sa chevelure en arrière dans un gracieux mouvement de buste, projetant à
travers les termes des milliers de diamants multicolores. A cet instant, il
était d’une beauté à damner les anges, à la fois virile et sensuelle. Mais le
seul Ange qu’il voulait pervertir se trouvait déjà à sa merci. Ce dernier, le
suppliant de rompre sa solitude, sortait ses mains de l’onde bleue et les
envoyaient à la rencontre de celles de Shura.
Les doigts se frôlèrent un
instant, puis s’emmêlèrent, soudant fermement les deux mains, l’une pale,
l’autre bronze, en une seule entité. Ils se regardaient, chacun d’un coté du
miroir des flots. Shura était à l’air libre, mais c’est lui qui manquait
d’oxygène. Il plongea doucement goûter au doux calice sucré qui l’attendait et
repris enfin possession du corps et de l’âme de son ange d’airain.
Kanon était arrivé au cap, mais
il n’arrêta pas de courir. Il stoppa sa course lorsque l’eau de mer lui mordit
durement les cuisses de ses vagues gelées. Le général de Poséidon hoqueta,
cherchant à faire entrer de l’air dans ses poumons vides. La course, les larmes
et le froid lui déchiraient sa poitrine sauvagement. Peu à peu, il se calma et
se laissa tomber à genoux dans l’eau sombre. Une sourde colère l’envahissait et
le Dragon commença à frapper la surface de l’eau, ou plus exactement le visage
en larme qu’elle lui renvoyait.
A cet instant, il détestait la
terre entière : Angelo et Shura, parce qu’ils s’aimaient, Saga, parce
qu’il ne voyait pas son tourment, mais surtout lui-même, parce qu’il avait
laissé son cœur lui dicter sa loi.
Ses poings redoublaient de
fureur, creusant à chaque fois un peu plus la surface de l’eau, son cosmos
furieux gagnant en intensité. Sa rage décuplait encore et encore, car il
n’arrivait pas à le détester, Lui, ce monstre d’indifférence qui lui avait volé
son cœur et son âme.
Kanon lança un dernier coup,
hurlant sa rage et vaporisa l’eau de mer sur plusieurs mètres autour de lui,
fabriquant un espace vide au milieu de l’onde, se mettant au sec
provisoirement.
Le calme revint. L’eau sombre
retourna planter ses crocs acérés dans la chair du marina. Il n’en avait que
faire.
« Alors, tu te sens
mieux, imbécile ! » se dit Kanon. Ça ne pouvait plus durer. Il
avait fait de gros effort pour se contrôler jusqu'à présent, ne pas se laisser
submerger par ses sentiments.
Mais l’étreinte passionnée des
deux chevaliers avait fait voler en éclat le mur des ses résolutions. Il
s’était dit que l’amour n’était pas pour lui, ni pour ceux de son engeance, ils
étaient des combattants, qui devaient chasser tout sentiments de leurs cœurs.
L’amour pour un seul être leur était interdit. C’était se battre pour le genre
humain ou mourir, un point c’est tout.
Mais maintenant, maintenant, tout
était possible. Il en avait eu la preuve quelques minutes plus tôt. La digue
qu’il avait mis des années à bâtir autour de son cœur avait cédé en quelques
instants. A présent, les flots des passions empoisonnées coulaient dans ses
veines.
Kanon revit les images qu’il
tentait vainement de chasser de sa mémoire. Leurs mains qui se frôlaient, leurs
lèvres gourmandes, leurs corps avides de plaisirs interdits, leurs cœurs… unis.
Tout deux, ils avaient été
capables d’aller au delà des principes et des conventions, de briser leurs
conditionnements. Ils avaient récupérés la part d’humanité dont on les avait
privés dès la naissance.
« Te quiero… Ti amo… je
t’aime… » Ces mots valsaient dans sa tête.
Aimer un autre était possible,
aimer un homme était possible, s’aimer entre chevaliers était possible. Et cela
avait toujours été ainsi.
Kanon se maudissait de sa
faiblesse. Il s’était retranché derrière tout un tas de « bonnes »
raisons pour ne pas avoir à subir un refus de sa part à LUI.
Il avait été lâche, se
dissimulant derrière les conventions, la « norme », le devoir de sa
charge, de leurs charges, pour ne pas lui avouer son amour. Il avait laissé le
champ libre à d’autres, estimant que lui n’était pas digne de l’approcher. Tout
n’était que mensonges.
Rien ne l’empêchait d’aimer et
d’être aimé, il n’y avait que lui, Kanon, pour s’en détourner.
Le Dragon enviait furieusement
les deux chevaliers d’or. Sa décision était prise. Il devait être fixé une
bonne fois pour toute. Tant pis s’il essuyait un refus, au moins, il saurait
pourquoi souffrir. D’ici quelques jours, il lui dirait tout sur l’amour qu’il
lui portait depuis des années, depuis que son cœur d’adolescent s’était éveillé
à ses charmes. La tâche n’allait pas être facile. D’autant plus qu’un autre
prétendait au titre, il en était sûr et certain.
Non, il ferait ce qu’il faut pour
remporter ce cœur qu’on dit de glace.
Le cœur de Camus, son prince des
neiges, son étoile de Sibérie…
Lorsque Saga revint au temple,
après le coucher du soleil, il trouva son jumeau étrangement calme, presque
serein. Au lieu de l’apaiser, ceci ne fit qu’augmenter son inquiétude.
Quelque chose perturbait Kanon,
assez profondément pour qu’il n’en parle même pas à son propre frère. Ce calme
apparent était un signe : Kanon venait de prendre une décision irrévocable
et se préparait à l’appliquer. Et manifestement, cela l’emplissait de
tristesse.
L’ancien pope vint s’asseoir sur
le bras du fauteuil où reposait son frère et lui saisi le menton, le forçant à
le regarder.
« Vas-tu enfin me dire ce
qui ne va pas ? »
« Tout va bien » mentit
le Dragon des mers.
« Oh, je t’en prie, je te
connais mieux que moi-même, quelque chose ne va pas et ce depuis longtemps,
mais maintenant, j’ai peur. Peur que tu fasses une bêtise. Je sens que tu vas
faire quelque chose d’insensé. »
Kanon sourit devant la tendresse
de son frère.
« Ne t’inquiètes pas. C’est
avant que je faisais une bêtise. Mais, en un certain sens, tu as raison,
je vais faire quelque chose « d’insensé ». Promets moi une
chose : quoi que je fasse, m’aimeras-tu encore ? »
Saga restait interloqué devant
cette question, lourde de sens. Est-ce qu’il allaient encore être
séparés ? Devraient-ils encore se battre ? Kanon allait-il
partir ? Il tenta le tout pour le tout, la gorge serrée.
« Sans savoir ce que tu te
prépares à faire, il est difficile pour moi de te répondre ».
Kanon ne répondit pas, la gorge
trop serrée pour formuler le moindre mot.
Saga ne pouvait pas laisser
encore planer ce doute affreux qui blessait l’être qu’il aimait le plus au
monde.
« Mais oui, quoi que tu
fasses, tu resteras toujours mon frère bien aimé ».
Kanon sourit en embrassant la
main de son double, Saga avait manqué son but, il ne lui dirait rien de se
qu’il préparait.
Cependant, le Dragon des mers ne
pu s’empêcher de douter de son frère. Serait-il encore aussi affectueux, aussi
tendre et aimant, aussi protecteur, si Saga apprenait que son jumeau était
homosexuel ?
Il priait intérieurement pour que
rien ne change, mais les choses allaient bientôt être très différentes, au sein
du sanctuaire.
« Saga, je peux dormir avec
toi cette nuit ? »
« … euh, oui, bien sûr… mais… »
« Je t’en prie, plus de
questions… ».
Une dernière nuit avant que tout
ne change, c’était tout ce que Kanon souhaitait. Qui sait si demain son frère
l’autoriserait encore à l’approcher.
Les jumeaux se levèrent de bonne
heure, évitant soigneusement de parler de la veille, faisant comme si de rien n’était
et attaquèrent la journée par une bataille de polochon, histoire de se
détendre.
Ce matin, entraînement pour
tous !!! Les chevaliers d’or s’étaient donnés rendez-vous aux arènes, pour
se dégourdir les jambes et les poings.
Après un rapide petit déjeuné et
des ablutions séparées (!), Saga tendit un sac de toile à Kanon, qui ne pu
s’empêcher de sourire en découvrant son contenu.
« Tu as gardé ma tenue
d’entraînement ? »
« Eh oui… Mais ne le
répète pas, où je vais passer pour un grand sentimental !!! »
Kanon faillit changer d’avis,
tout laisser tomber. Mais cela aurait été lâche de sa part. Perdre son frère,
ou se perdre soi même, cruel dilemme…
Les jumeaux s’habillèrent
rapidement et filèrent aux arènes, gagnés par l’excitation.
Aphrodite, Mu et Aldébaran
étaient déjà sur place lorsque les habitants du troisième temple arrivèrent. Puis
Aiola et Aiolos, Shaka, Milo et Camus les rejoignirent.
« Bon, ben, il ne manque
plus que les trois mêmes ! » plaisanta Aphrodite l’œil coquin.
« Dhoko a encore une réunion
avec le grand pope, il est donc inutile de l’attendre, » ajouta le
Sagittaire.
« Ok pour lui, mais nos deux
cavaleurs ? On en fait quoi ? » Renchérit Aphrodite.
« Ah, ah, ah. Les voilà qui
arrivent, ensemble comme d’habitude… ils ne se quittent plus depuis
l’anniversaire de Shura, » rajouta Mu dubitatif, fixant deux points en
haut de la colline.
« J’aurais aimé être une
mouche pour les suivre dans leur virée en ville, ce soir là. Ils ont du bien
s’amuser, » compléta Aiola.
« Ça tu peux le dire, ils
avaient plutôt bonne mine, pour avoir veillé tard » dit Shaka.
« Non mais c’est pas bientôt
fini oui, Radio Sanctuaire ! On dirait une congrégation de
concierges ! Que va penser notre invité ! »
C’était Camus, faussement
indigné, prenant sans le savoir la défense des amants, mêlant son rire à celui
de ses compagnons.
« Bla, bla, bla, comme s’il
n’y avait pas de ragots chez Poséidon. Au fait Kanon, tu n’as pas d’histoires
croustillantes à nous raconter ? » l’interrogea Milo.
« Chut, les voila ! »
coupa Saga.
En effet, les deux compères se
chahutaient joyeusement en descendant dans les arènes. Kanon ne pu s’empêcher
de rougir lorsqu’il distinguât leur visage. Ils avaient l’air si heureux.
« Alors, encore à la
traîne ? On a eu du mal à se lever ce matin ? Vous vous entraînez
trop les garçons. Vous allez finir par tomber malades !» dit Aphrodite, ne
masquant pas les sous entendus ironiques.
« Jaloux ! » lui
lança Angelo entrant dans le jeu, « mais je t’assures mon beau bleu, tu es
le seul chevalier avec qui j’aime vraiment m’entraîner ! »
Il déposa un gros baiser sonore
sur la joue du chevalier des Poissons, le maintenant par les épaules.
Les autres chevaliers se mirent à
siffler, huer et protester avec véhémence
« Et nous
alors ? »…
« Pas de problème, je suis
là pour combler vos désirs barbares, mes agneaux !!! » lança gaiement
Shura en sautant dans les bras d’un Shaka médusé, ébouriffant sa crinière
blonde.
Hilarité générale. Une bande
d’ados attardés pensa Kanon…
« Alors, on se la fait,
cette petite sauterie ? » coupa Aphrodite, pressé d’en découdre.
« Bon, ben, puisque tu as
l’air en forme, tu commences, je te rejoins après. » lança Angelo,
s’écroulant sur un gradin, au coté de Kanon.
« Lâcheur ! Shura, mon
ange, tu n’as pas envie de tâter du Poisson ? »
Aphrodite s’était campé les
poings sur les hanches, séducteur, devant un Shura hilare.
« Non, pas tout de suite, ma
puce, j’ai la migraine. Mais regarde moi ça ! »
Il lança un regard de défi à Saga,
assis aux cotés de son frère.
« Un chevalier aux cheveux
bleus, c’est parfait pour toi ça, mon grand. »
Tout en disant cela, il avait
projeté Saga dans les bras d’Aphrodite, libérant la place pour s’asseoir à coté
de Kanon, le prenant ainsi en étau entre son amant et lui.
Kanon comprit vite le manège et
se dit que ça aller chauffer pour lui d’ici peu. Il tenta de
« fuir », mais en vain. Deux mains puissantes, l’une claire, l’autre
sombre, s’étaient collées à ses épaules et le forçait à se rasseoir.
« Hep là, mon général,
tu restes ici ! » taquina Shura.
« Nous avons à te
parler » projeta t il mentalement dans la conscience du Dragon.
« Aie, je vais me prendre
un savon ! » se maudit Kanon, se mordant les lèvres.
Les rires ne cessaient pas aux
alentours, mais Kanon riait jaune.
Saga fit la révérence devant
Aphrodite
« M’accordez vous cette
danse, chevalier des Poissons ? »
« Pff, au moins un qui sait
y mettre les formes » constata le suédois. Ce dernier lui rendit sa
révérence.
« Avec plaisir
Saga ! ».
Ils se mirent en position et les
rires cessèrent instantanément. Ces petites joutes verbales leurs permettaient
de se détendre avant de passer aux choses sérieuses.
Ils pouvaient parfaitement se
blesser ou même se tuer s’ils n’y prêtaient pas attention. Aussi, lors de ces
entraînements informels, ils avaient décidé, d’un commun accord, de ne pas
utiliser leurs attaques respectives. Ils se « contentaient » de
porter les coups standards, réservant leurs démonstrations de force pour la
formation de leurs propres apprentis.
Ceci leur permettait d’être plus
« inventifs » et les apprentis aimaient assister à ces affrontements
rituels, s’inspirant de leurs aînés pour se perfectionner.
Le bruit d’un entraînement commun
des chevaliers d’or s’était vite répandu à travers le sanctuaire. De nombreux
apprentis s’étaient installés dans les gradins de l’arène, impatients de
connaître le spectacle qui allait s’offrir à eux. Les cours pratiques
s’interrompaient facilement, car voir l’élite du sanctuaire se mesurer en
combat singulier était un spectacle riche en enseignements.
Aphrodite et Saga se tournaient
autour, les yeux rivés l’un à l’autre, cherchant la faille, le moment
d’inattention, qui leur permettrait de prendre l’avantage.
Le combat s’annonçait
passionnant.
Ils s’élancèrent l’un contre
l’autre au même instant. Aphrodite enchaînait les coups de poings, alternant
droits et gauches avec une rapidité ahurissante, Saga esquivait en reculant à
présent, n’ayant pas le temps de porter un coup, surpris par la vivacité de son
adversaire.
Il finit par stopper la main
gauche et frappa de la sienne la main libre du Poisson, lui bloquant ainsi la
possibilité de porter un autre coup. Le Gémeau sentit trop tard la jambe lui
faucher son équilibre et tomba lourdement sur le dos. Il repoussa cependant
Aphrodite, vif comme l’éclair, frappant violemment la poitrine de ses deux
pieds. Aphrodite voltigea dans les airs et fit un acrobatique roulé-boulé au
sol.
Le maître de la 12eme maison se
releva par un élégant jeu de jambes circulaire, rétablissant ainsi son
équilibre, bientôt imité par Saga.
Retour au point de départ, les
deux combattants se tournaient encore une fois autour.
Cette fois ci, Saga prit
l’initiative, il lança une série de coup de pieds retournés furieux dans
la poitrine, la tête et les épaules du Poisson.
Ce dernier parvint cependant à
bloquer un coup et déséquilibra son adversaire, le projetant au loin.
C’est à se moment qu’il commit
une erreur, voulant maintenir Saga au sol, il n’avait pas anticipé la contre
attaque de celui-ci.
Ils étaient maintenant debout, le
Gémeaux bloquant d’une clé de bras la gorge et la partie supérieure du corps du
suédois, son dos contre sa propre poitrine. L’étreinte se resserrant, l’homme
aux cheveux cyan commençait à manquer d’air.
« Maté* ? »
l’interrogea Saga (*ndla : si ma mémoire est bonne, ce terme signifie
l’arrêt d’un combat, par l’abandon d’un des deux adversaires).
« Il n’en n’est pas
question !» cracha Aphrodite hors d’haleine.
Dans un ultime sursaut, ce
dernier projeta ses jambes en avant et écrasa ses talons dans les genoux de
Saga, lui faisant lâcher prise. Puis, il propulsa son corps vers le haut,
s’éleva dans les airs et après une splendide série de pirouettes, atterrit
derrière un Saga à genoux.
Milo siffla d’admiration.
Il avait réussi à se dégager mais
avait utilisé toutes ses forces pour cela et se retrouva très vite dans la même
position. Cette fois ci, Saga força Aphrodite à s’agenouiller avec lui, lui
coupant ainsi toute possibilité de fuite.
« Bon, je disais :
Maté ? » susurra d’une voix douce Saga à l’oreille de son adversaire,
émoustillé par sa domination.
« ..n.. ..non... »
« Comme tu veux ! »
Et il resserra encore la
pression. Aphrodite était au bord de l’évanouissement.
« Ils vont finir par se
faire mal ! » protesta Shaka, entre humour et inquiétude.
Admettant enfin sa défaite,
Aphrodite lâcha « maté ! », ce qui eut pour effet de faire
s’engouffrer un flot d’air pur dans ses poumons. Il était maintenant à quatre
pattes, toussant et crachant, tout en massant sa gorge douloureuse.
« Ça va aller, Monsieur tête
de mule ? » s’inquiéta Saga, à genoux à ses cotés.
« T’inquiètes, je tiens la
grande forme ma puce ! » taquina Aphrodite dans un clin d’œil. Il rajouta
plus bas.
« Je vois que le pouvoir
t’excite toujours autant… ».
Saga lui souri et l’aida à se
relever.
« Idiot, j’aurais pu te
massacrer. »
« Qu’est ce que tu
veux ? J’aime faire plaisir et tu adores qu’on te résiste ! »
« Et toi, tu adores avoir le
mot de la fin, hein ? »
Les deux amis s’étaient assis
l’un à coté de l’autre, un peu plus loin que le groupe, sous les félicitations
du public. Les discutions allaient bon train, pour désigner les deux prochains
combattants. Le moment idéal pour une « petite explication »…
Shura repris contact mentalement
avec Kanon.
« Alors, le spectacle
t’as plus ? »
Malgré la question équivoque,
Kanon décida de jouer franc jeu.
« Je te demande pardon,
ainsi qu’à Angelo, je n’avais nullement l’intention de jouer les
voyeurs… »
«… mais la curiosité a
été la plus forte. Pas vrai ? » compléta Angelo, venant se
joindre à la conversation télépathique.
Kanon : « Pardon à
tous deux, je n’ai aucune excuse »
Shura : « N’en
parlons plus… »
Angelo : « …c’est
oublié. »
Shura : « Nous
comptons sur ta discrétion… »
Angelo : « …nous
tenons à garder notre secret encore quelques temps… »
Shura : « …et faire
mariner ces commères est assez amusant, tu verras. »
Kanon : « c’est
entendu, vous pouvez compter sur moi. Au fait, toutes mes félicitations. ».
Kanon n’en revenait pas de s’en
tirer aussi facilement, décidément, l’amour faisait des miracles !
Angelo : « Merci.
Maintenant, si tu nous disais quel est l’heureux élu parmi tous ces beaux
jeunes gens ? »
Kanon faillit s’étrangler, pris
de panique.
« Que… quoi ? »
Angelo : « Je t’en
prie, depuis quelques temps, nous devenons plutôt sensible à ce genre de chose,
en tout cas plus qu’avant. »
Shura : « Nous
détectons clairement les sentiments amoureux dans les cosmos et crois moi, le
tient ne murmure pas, il hurle ! »
Angelo : « De toutes
manières, il est inutile de nous le cacher, préfères tu que nous te disions son
prénom ? Ou alors le tendre surnom que tu lui donnes…»
Shura : «… Ton
« prince des neiges »… »
Ils savaient, ils savaient !
La première réaction de panique s’évacua avec difficulté, malgré le constat
suivant : Kanon connaissait aussi leur secret et ils lui demandaient sa
discrétion. Ce n’était sûrement pas pour claironner le sien sur tous les toits.
Shura : « Calme toi.
Nous sommes de ton côté. »
Angelo : « Nous
sommes passés par les mêmes interrogations, les mêmes inquiétudes que toi,
chacun de notre côté, puis ensemble. »
Kanon : « Quelles
interrogations ? » Il mentait mal.
Shura : « Ton frère
t’aime et tes préférences sexuelles n’y changeront rien. »
Angelo : « Il sera
surpris, bien entendu. Mais après tout ce que vous avez traversé, vos disputes,
vos affrontements…
Shura : « … crois tu
réellement que tes « penchants » le fasse fuir ? »
Ils avaient raison… mille fois
raison.
Angelo : « Tu te
fiches bien de ce que penseront les autres… mais tu ne veux pas faire honte à
ton frère… »
Shura : « …et ça
n’arrivera jamais, quoi que tu fasses. »
Si le général avait pu, il les
aurait embrassé tous les deux. Kanon était ému aux larmes et essayait de se
contrôler. Les trois auras se frôlèrent discrètement, mais amicalement, deux
d’entre elles essayant de prodiguer un peu d’affection à Kanon.
Shura : « Maintenant,
en ce qui concerne Camus… »
Angelo : « … tu es
le seul à pouvoir faire quelque chose. »
Shura : « Le seul
conseil que nous pouvons te donner, c’est… »
Angelo : « … tente
ta chance. Au point où tu en es… »
Shura : « … tu n’as
rien à perdre. A toi de prendre ta décision. »
Kanon : «…je… je vais
essayer de lui parler. »
Angelo : « Bon, nous
t’avons assez « malmené » comme ça…
Shura : « … ceci,
est un petit cadeau... »
Angelo et Shura : « …
notre cadeau. »
Les chevaliers n’arrivaient pas à
se mettre d’accord sur le combat suivant et se chahutaient encore lorsque Shura
se leva, sans un mot. Il se téléporta « ailleurs » et revint une
fraction de seconde plus tard, un long coffret dans les mains, qu’il déposa sur
les gradins.
Les chevaliers s’étaient tu et
l’observaient avec attention, certains ayant déjà compris ce qui allait se
passer.
Shura sorti une magnifique épée à
double tranchant de son étui, la fit virevolter au soleil, tout en s’approchant
du groupe de chevalier.
Il posa l’épée sur son bras,
garde vers l’avant et la présenta respectueusement devant Camus.
Shura proposait simplement un
combat à l’épée au meilleur escrimeur qu’il connaissait. Pendant une fraction
de seconde, les yeux du Verseau brillèrent d’excitation, puis revinrent à leur
aspect glacé.
« Avec grand plaisir… »
murmura Camus en saisissant lentement la garde de l’épée.
« Tout l’honneur est pour
moi, Saint du Verseau » lui répondit Shura, ravi de le voir accepter.
Le Capricorne revint saisir la
jumelle de l’épée de Camus, qui dormait paisiblement dans son étui.
L’ensemble des spectateurs fit
silence. Les deux meilleures lames du sanctuaire allaient s’affronter dans un
duel hors du temps et en public pour une fois. Une journée exceptionnelle.
Les chevaliers regagnèrent sans
bruit les gradins, s’installant confortablement pour assister à un combat
mémorable, les yeux flamboyants d’impatience.
Les deux hommes, déjà nobles dans
leurs postures naturelles, n’en étaient que plus magnifiques une épée à la
main. Ils se positionnèrent au centre de l’arène et se saluèrent lentement,
lames perpendiculaires au sol, au niveau du visage, puis tranchant l’air sur
leur coté droit.
Kanon sentit une légère
appréhension traverser l’aura d’Angelo. Il posa son regard sur lui. Shura
connaissait-il sa chance ? Aimer et être aimé, aussi fort, aussi
profondément. Il étendit la sienne, rassurante, jusqu’au Cancer, qui lui sourit
timidement, appréciant son geste.
Kanon se sentit curieusement
satisfait, heureux même, de nouer de nouvelles alliances, avec les chevaliers
amoureux.
Shura plongea en avant, portant
une série d’attaques rapides, facilement stoppées par Camus, qui riposta,
forçant le Capricorne à reculer légèrement. Le bruit des lames s’entrechoquant,
la lumière du matin nimbant les adversaires, le silence total les entourant,
rendaient la scène d’une majesté fabuleuse.
Les deux hommes se séparèrent un
instant, faisant tournoyer leurs épées autour d’eux en de savantes arabesques,
par de gracieux mouvements de poignet, projetant les éclats du soleil autour
d’eux. La beauté du geste… le chant des lames… deux épicuriens de l’escrime.
Ils se dévisageaient avec respect
et admiration, se tournant autour, recherchant non seulement le bon moment pour
attaquer, mais aussi la botte qui rendrait honneurs à un tel adversaire.
Cette fois ci, Camus attaqua le
premier, coup à droite, à gauche, d’estoque et de taille. Shura contra, puis
tournoya sur lui même en s’affaissant, tentant de faucher les jambes du Verseau
avec la sienne. Camus bondit par-dessus l’obstacle vivant et une fois groupé au
sol, tenta la même manœuvre sur Shura. Ce dernier d’un coup de rein, se projeta
en arrière et retomba, félin, quelques mètres plus loin. Il fit tournoyer
encore une fois son épée, moulinet à droite, puis à gauche et pris une posture
offensive.
Camus l’imita, moulinets, puis
posture.
Un simple échauffement…
Leurs yeux brillaient. Une prise
de contact sommaire, maintenant commençaient les choses sérieuses. Ils
fondirent l’un sur l’autre au même instant, le fracas des épées se mêlant aux
cris d’effort.
L’échange était beaucoup plus
long et rapide, obligeant tantôt l’un, tantôt l’autre à reculer pour de nouveau
s’élancer.
Ils se bloquèrent un instant,
croisant le fer au niveau de leurs visages déterminés, deux archanges guerriers
en plein combat.
S’ils n’en n’avaient pas déjà été
amoureux, Angelo et Kanon auraient succombé à leurs charmes sur le champ. Et
d’autres dans l’assistance, sentaient leurs cœurs bondir au rythme de la
bataille, soit pour l’un, soit pour l’autre des combattants.
Kanon…
Depuis le début du duel, il
voyait la scène au ralenti.
Son visage d’ange contrastait
avec son attitude guerrière, mais Camus n’était que contradictions pour lui.
Son ami de toujours et l’ennemi de son âme. Lumière de ses nuits blanches et
ténèbres dans son cœur meurtri. Ange d’Athéna, démon d’Hadès. Un être froid qui
déchaînait les passions brûlantes.
Le général voulait être le vent
qui caressait ses cheveux bleu vert, la chemise qui épousait sa poitrine
robuste, les mèches émeraudes qui frôlaient son visage, la ceinture qui
étreignait ses reins, l’épée docile, soumise à ses mains. Dieux qu’il l’aimait…
Les deux statues de chair
abandonnèrent leur pose, pour de nouveau chercher à s’affronter. Aucun des deux
ne semblait prendre l’avantage, presque comme s’ils voulaient prolonger
l’instant. Soudain, un bruit sourd, une épée virevoltante dans les airs, seule,
sans son maître pour lui donner vie. Un murmure parcourus l’assistance.
L’épée retomba, comme morte, au
pied de Shura qui tenait toujours la sienne. Camus le regardait, attendant sa
sentence, le souffle court.
La douce voix du Capricorne
retentit dans le cerveau de Kanon.
« Tu veux que je prolonge
le spectacle ? »
« Oui ! »
Il avait répondu à voix haute,
sans s’en rendre compte.
D’un geste captivant, Shura
projeta l’épée orpheline avec sa propre lame, vers son maître stupéfait, en lui
déclarant, pour toute explication « c’est mon jour de bonté… ».
Camus saisi l’épée au vol, sourit
de façon énigmatique et repris une posture d’attaque. Etrange clémence…
Deux fauves ténébreux
s’élancèrent encore, magnifiés par les gerbes d’étincelles qu’ils créaient de
leurs armes. Cette fois, Camus, dans un mouvement tournant, déséquilibra Shura,
tout en lui arrachant des mains son épée. Le Capricorne, étendu sur le sol,
esquissa un geste pour se remettre debout, mais la lame acérée qui dardait sur
sa gorge l’en dissuada.
« Maintenant,
regarde-le ! » l’avertit mentalement Angelo.
Kanon intensifia sa
concentration.
Dieux, ses yeux… Disparus les
deux iris froid, sans vie. Des flammes brûlantes, rouges et or, occupaient ses
orbites. Son visage… Camus rayonnait intensément. Pas de cette aura froide et
piquante qui le caractérisait. Non, il n’était que passions en cet instant
éphémère.
Son sang coulait comme la lave,
son corps brûlait littéralement, plus vivant que jamais. Mais Seigneur, ses
yeux… des joyaux irisés aux reflets chatoyants. Son prince des neiges, si
froid, si dur, se consumait de passions humaines ! L’ivresse du combat, la
jouissance de la victoire…
Mais que cet instant fut bref !
Si bref que Kanon eut l’impression d’avoir tout imaginé.
« Regarde ce que tu
pourrais obtenir de lui, si tu sais te faire aimer… »
Shura venait encore une fois
d’entrer dans son esprit, chuchotant cette phrase, chargée de sens.
Camus, redevenu maître de
lui-même (mais avait il seulement perdu le contrôle ?), lui tendait la
main.
« Ton jour de bonté ne t’as
pas porté chance, mon ami ».
« C’est ce que tu
crois » lui répondit le Capricorne souriant, décidément bien étrange
aujourd’hui. L’aurait il laissé gagné ? Non sûrement pas, Shura ne lui
aurait pas fait cet affront. Il voulait que Camus le batte, loyalement. Mais
pourquoi ?
Lorsque Shura et Kanon se
croisèrent, le général de Poséidon lui murmura, « merci pour ton cadeau,
pour votre cadeau, mes amis ».
« Fais-en bon usage »
La main d’Angelo sur son épaule
était si chaude, comme celle de Saga.
Aphrodite donna un coup de coude
à Shaka.
« Tu as vu ça ? Les
maisons du Cancer et du Capricorne opèrent un rapprochement stratégique avec le
sanctuaire marin on dirait… »
« Tu n’as plus qu’à faire
chanter la sirène pour tout savoir… » lui rétorqua Shaka, amusé par la
curiosité de son camarade.
La journée fila comme un rêve.
Après de magnifiques joutes, physiques et verbales, chacun retourna à son
temple, pour se reposer. Ils avaient convenu de se retrouver le soir, après
dîner, pour prendre un café chez Aphrodite.
Les jumeaux arrivèrent bons
derniers, ayant encore une fois mis leur temple (et la salle de bains) sens
dessus dessous. Là encore, Dhoko manquait, préférant laisser « les
jeunes » entre eux.
Aphrodite avait bien fait les
choses, après le café et les petits fours, pousse café, ou alcools forts pour
les plus téméraires.
Kanon goutta un liquide au nom
imprononçable que lui tendit Aphrodite.
« Raaaaaaaa, argh… bon sang,
mais c’est du pétrole ce truc !!! »
Aphrodite, vérifiant le contenu
de la bouteille, dubitatif.
« Ça ? C’est une petite
liqueur locale du « village » de Camus et Hyoga, c’est Hyoga
d’ailleurs qui me l’a amené la dernière fois qu’il est passé à la
maison. »
Camus affirma, pince sans rire.
« Chochotte, chez nous, on
met ça dans les biberons des enfants, pour ne pas que le lait gèle. Ça fait des
hommes robustes… ».
Milo s’esclaffa.
« Mouais et des Saints complètement
givrés. Tu as été élevé à ça ? Ça ne m’étonne pas que toi et ton disciple
vous ayez des cases de vides… ».
Tous riaient de bons cœurs.
La soirée touchait à sa fin.
Aphrodite bailla à s’en décrocher
les mâchoires. La journée avait été fatigante.
« Désolé les garçons, j’ai
une petite baisse de forme là ».
« On va te laisser, ouuu…
mais c’est qu’il n’est pas loin d’une heure… » s’étonna Mu.
« On t’aide à
ranger ? » demanda poliment Aldébaran.
« Non, mon frère et moi,
nous allons le faire. Il faut bien que je me fasse pardonner mes manières de
sauvages, pas vrai Aphro ? Rentrez vous autres, nous maîtrisons la
situation » poursuivi Saga, donnant de grands coups de coude à son frère.
« Oye ! Je crains le
pire, vu le chantier qu’est devenu le temple des Gémeaux… » termina
Aphrodite, dans les rires.
« Zut » pensa Kanon.
Il n’avait pas trouvé le moment
propice pour lui parler et maintenant Camus allait se coucher. Son frère lui
compliquait la tache.
Après un ménage sommaire, les
trois amis se séparèrent à la porte du temple des Poissons.Aphrodite pris
congés des jumeaux.
Saga s’étira longuement en
baillant.
« Hum… je sens l’appel de
l’oreiller… je vais me coucher et toi ? Tu n’as pas l’air d’avoir
sommeil… »
« Hum, je vais marcher jusqu’en
bas, ça va peut être me détendre. »
« Ok, moi je me téléporte,
bonne nuit »
« Bonne nuit »
Saga déposa un baiser sonore sur
le front de son frère avant de disparaître dans un nuage doré.
Kanon voulait passer à travers
l’oikos du Verseau, ressentir sa présence pour lui seul, avant d’aller dormir.
Il se dirigea lentement vers les marches et les descendit posément.
Le général s’apprêtait à
traverser le temple, quand il ressentit la présence de Camus, un peu plus loin,
dans les colonnades. Le Dragon ralenti encore son pas, intimidé, comme une
adolescente à son premier rendez vous.
Le majestueux Verseau s’était
adossé à une colonne et semblait fixer rêveusement un point invisible, en contrebas.
« Tu ne dors pas
encore Camus ? »
Celui-ci ne bougea pas, lui
présentant toujours son profil.
« Non, je n’ai pas vraiment
sommeil. »
« Moi, non plus. Ça te
dérange si je te tiens compagnie un instant ? »
Kanon s’attendait à une réponse
négative, qui ne vint pas.
« Si tu veux ».
Il s’était lentement retourné
vers lui, le fixant enfin.
Ils restèrent un instant
silencieux, Kanon rivant ses yeux à ceux de son homologue.
Camus pencha la tête sur le coté,
fronçant les sourcils, ressentant la muette interrogation du Dragon.
« Tu veux me parler, c’est
ça ? ».
Inutile d’attendre plus longtemps
et le gardien du 11eme temple lui tendait la perche.
« En effet, j’ai quelque
chose à te dire… c’est important… enfin, c’est important pour moi ».
Camus se détacha de la colonne,
fit quelques pas en avant, tout en croisant les bras sur sa poitrine,
canalisant son attention sur son interlocuteur.
« Vas-y, je t’écoute ».
Kanon se passait nerveusement les
mains dans les cheveux.
« Et bien voilà… il y a…
longtemps, longtemps que j’aurais du t’en parler, mais… mais je n’ai
jamais eu le courage, jusqu’à présent. »
« Oui… » L’encouragea
le Verseau, intrigué.
« … je te respecte, je
t’admire beaucoup Camus… »
« Euh… Moi aussi
Kanon… ».
Où voulait-il en venir ?
Kanon baissa les yeux vers le
sol, incapable de soutenir son regard en cet instant.
« … mais ça va plus loin que
ça, beaucoup plus loin, je… je… je suis tombé amoureux de toi… »
Camus décroisa ses bras sous
l’effet de la surprise et resta un moment silencieux. Un léger sourire s’étira
sur ses lèvres, pour devenir de plus en plus franc, puis, il se mit à rire
franchement, posant ses mais sur ses hanches.
Kanon, qui avait relevé la tête,
le regardait sans comprendre. Son rire était le plus infect des mépris, la
colère montait en lui insidieuse, violente. Il serait les poings, prêt à
l’explosion.
« Oh, non, oh, non. Je t’en
prie Kanon, pas toi… » articula Camus entre deux rires mauvais.
« J’ai déjà assez de Milo
qui me suis comme un caniche en chaleur, sans avoir en plus un Dragon collé à
mes basques. »
Il se tordait de rire.
Cette… Camus se moquait de lui,
son attitude, le ton de sa voix, il était abject et méprisant. Il allait voir.
Kanon serrant les poings et les dents, gronda :
« De quel droit ? De
quel droit te moques tu de mes sentiments ? De ceux de Milo ? Pour
qui te prends tu, Monseigneur des Glaces ? Toi qui ne sait rien de
l’amour !!! »
« TES sentiments ?!
L’amour ?! Allons, je t’en prie ! Qu’est ce que tu connais de
l’amour ? Hein ? Qu’est ce que le Sanctuaire ou Poséidon ont pu
t’apprendre de l’amour ? Hypocrite ! » Il s’était arrêté de rire
et s’approchait, l’œil mauvais.
« Tu es comme Milo, comme
les autres. Tu rêves de ce que tu ne peux atteindre. Tu ne recherches que la
gloire, la domination et l’admiration des autres. Crois tu que tu
m’aimes ? Tu ne fais, VOUS ne faites que me désirer… parce que je suis
inaccessible, parce que le fait de me posséder nourrirait votre orgueil
démesuré et vous ferais admirer de tous, parce que ce vous auriez soumis Camus,
le Saint de Glace, qui n’a jamais eu ni attache, ni maître, celui qui n’as pas
de cœur et donc ne peut être dominé… »
Le Verseau cracha son venin au
visage de Kanon, le défiant du regard.
C’en était trop. Kanon le frappa violemment
au visage, le projetant sur une colonne qu’il ébranla.
« La vérité fait mal on
dirait » persifla Camus.
Le Verseau n’était pas calmé,
Kanon non plus. Ce dernier lui sauta à la gorge. Il frappait et recevait des
coups violents, écumant de rage contre cette chose, cet infâme bouffon qui
avait remplacé le français.
Camus était froid, certes, mais
jamais méprisant avec lui. Un nouveau pan de la personnalité du Saint des
Glaces se dévoilait, au grand dam de Kanon, blessé à mort dans ses émotions.
Sa douleur et sa colère décuplait
ses forces et il finit pas bloquer Camus au sol, sous lui, serrant violemment
ses poignets, les maintenant fermement le long de son corps de givre.
Leurs visages se frôlaient et
leurs haleines se mêlaient.
Kanon perdit le contrôle,
écrasant durement sa bouche sur celle de son adversaire. Voulait-il
l’humilier ? Ou se faire plaisir ? Il n’en avait aucune idée.
Camus se débattait et lorsque
Kanon arrêta son « baiser », il lui cracha à la figure,
ironique :
« Qu’est ce que je te disais ? C’est ça l’amour selon toi ? Hein
Kanon ? Ça, ça s’appelle le désir, le sexe, la soif de dominer !
Rien à voir avec l’amour !»
Kanon, déstabilisé par cette
remarque, laissa échapper Camus, qui se releva et envoya son adversaire contre
une paroi du temple. Camus se jeta sur lui, le maintenant prisonnier contre le
mur. Kanon ne voulait plus se battre, écoeuré.
« Alors ? Tu n’as plus
envie ? je ne te fais plus envie ? »
Il l’embrassa à son tour brutalement,
l’humiliant encore, pas ses grondements et par sa façon obscène de se frotter à
lui.
« Alors Kanon, on ne dit
plus rien ? Tu n’as plus envie de moi, hein ? Pourtant, il me semble
que si… »
Le Verseau glissa de force sa
jambe droite entre celles de Kanon, remonta sa cuisse et caressa l’entrejambe
du Dragon avec, en amplifiant ses propres va et vient abjects contre le bassin
du Dragon. Le corps de Kanon réagit contre sa volonté. Se faisant, Camus
léchait le cou et l’oreille du Dragon, son souffle faisant frissonner le
général.
« Arrêtes ça tout de suite ! »
murmura Kanon la voix rauque.
« Pourquoi, c’est ce que tu
voulais non ? Tu as gagné, ce soir, tu m’as ! Compris ? Tu peux
me prendre sous toutes les coutures si tu veux, je serais un gentil petit
garçon. Ce n’est pas ce que tu veux ? »
« NON !»
Kanon sanglotait et en même temps
repoussa Camus contre une colonne.
« Non… je t’aime »
Il se laissa glisser le long du
mur, en pleurs.
« Je t’aime… »
Camus, dégrisé, murmura,
« va-t-en » la gorge serrée.
« Non ».
Tout cela était si loin de Camus,
son Camus.
« Vas t en te dis-je !
»
Le Verseau s’appuyait contre la
colonne, les épaules voûtées, troublé.
« Non, pas avant que tu me
dises pourquoi tu as fait ça !!! »
En disant cela, Kanon s’était
levé. Il ne croyait pas à ce Camus. Il mentait, avec son corps, avec ses mots…
« Que veux tu que je te
dise ? Que l’alcool m’est monté à la tête ? Hum ? Je suis un
Saint de Glace, pas un humain ! Je fais ça parce que je suis un
monstre ! Et je détruis ce qu’il me plait de détruire… par pur
plaisir…»
« C’est faux ».
« Idiot, après ce que je
t’ai fait, tu me cherches encore des excuses ? Je t’ai traité plus mal
encore qu’une … ».
Il ne finit pas sa phrase. Le
masque était tombé…
« Tu me joues la comédie
depuis que je suis arrivé à ce temple, j’ignore pourquoi, mais je sais que tu
me mens, ce n’est pas toi ! »
« Et que sais-tu encore de
moi ? »
« Je sais que tu es noble et
fier ! Que tu es un homme de principe ! Tu es sans doute le chevalier
le plus fort, le plus respecté, craint et admiré de tout le sanctuaire. Je sais
que l’homme qui m’a « embrassé » tout à l’heure n’est pas le Camus
que je connais et que j’aime… »
Il rajouta, presque pour lui-même
« et que tu es capable d’aimer… d’aimer follement même…»
« … »
Camus lui tourna le dos,
silencieux, troublé ?
Ce point invisible qu’il fixait
tout à l’heure était le temple du Scorpion, Kanon en était presque sur à
présent.
« Tu aimes Milo, n’est ce
pas ? »
Il fallait qu’il le sache.
« … » « Quelle
importance ? »
Le français avait l’art et la
manière de riposter à une question par une autre, évitant ainsi d’avoir à
répondre franchement.
« Ça aurait été tellement
plus facile si tu m’avais traîné dans ma chambre et donné une bonne leçon, je
ne me serais pas défendu… je suis sur que tu dois être une affaire entre les
draps ! » lâcha t il avec un petit rire cynique.
« Pourquoi est ce que tu
fais ça ? Pourquoi tu te fais du mal ? »
« C’est tout ce que je
mérite ».
« Suis-je donc si
transparent ? » se maudit intérieurement Camus.
Camus ne se retournait pas,
s’enveloppant de ses bras, son aura dégageait tant de tristesse, autant que sa
voix.
« Je regrette, pardonne
moi… »
Kanon s’avança jusqu’à lui et
l’enlaça par derrière, alors inconscient de la portée de son geste, regrettant
trop tard sa familiarité.
Malgré ces quelques minutes
horribles, Kanon poursuivait inexorablement son chemin vers celui qu’il aimait,
envers et contre tout. Le papillon se brûlant perpétuellement à la flamme de
glace.
Camus se laissa faire, allant même
jusqu’à s’appuyer contre lui, écrasé par ses émotions. Il n’aimait pas
particulièrement les contacts physiques imposés pourtant. Il se laissa aller,
vaincu.
« Oh, Kanon, pourquoi n’est
ce pas toi que j’aime ? »
Il avouait à moitié, mais
avouait, enfin. Il était épuisé de mentir. Manifestement, le Verseau était
mauvais comédien, en tout cas ce soir.
« Si l’on pouvait diriger
son cœur, où serait le charme de l’amour ? Pas de doutes, de refus, de
passions, pas de douleurs… ni de plaisirs…»
Ces mots, Kanon les disait autant
pour réconforter Camus que pour lui-même.
Kanon relâcha son ami et
s’éloigna de quelques pas.
Ils se moquèrent d’eux-mêmes un
instant, se souriants faiblement.
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