Libre | By : Cocagne Category: French > Anime Views: 1240 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. |
LIBRE
Auteur : Annette
Disclaimer : les personnages d’Ai no Kusabi ne m’appartiennent malheureusement pas. Tous les autres seront ma création exclusive, en particulier, ce cher docteur Linas, Nathan Toledano, Kiro Aroga, Lucius Riinga et les pets Lyobée, Alexandre et Milo.
Couple : IasonxRiki bien sûr, s’il y en a d’autres ce sera une surprise
Genre : euh angst, yaoi bien sûr, violence par précaution pour les prochains chapitres
Béta : Andarta, ma fidèle et patiente correctrice. (Message personnel : non tu n’est pas encore une sainte c’est Merlin qui me l’a dit)
Note : Cette fiction est basée principalement sur la traduction de la nouvelle Ai no Kusabi par Rieko Yoshiara dont la traduction en espagnol se trouve sur le site suivant : http://geocities.ws/ai_no_kusabi_2000/anktrans.html.
Note spéciale : Les dernières années ont été extrêmement difficiles pour moi sur le plan personnel et cela explique mon retard dans la suite de cette fic, j’espère ne plus vous laisser attendre aussi longtemps dans le futur et vous remercie de votre patience.
Chapitre 7 :
Encore une fois réveillé tôt, il avait patiemment attendu que le soleil apparaisse tout en contemplant son pet dans ses bras. Riki était lové contre lui, la tête sur son épaule. Une mèche brune s’était échappée pendant la nuit pour effleurer son nez sans le réveiller. Les cils délicats laissaient une ombre légère sur les pommettes parfaitement dessinées. Il ne se lassait pas d’admirer la finesse de ses traits, ses lèvres sensuelles. Le corps relâché, les jambes collées contre les siennes, dans la profondeur du sommeil, son pet aimait à le recouvrir autant qu’il le pouvait et cela plaisait à Iason. Il le regarda encore et la question qui le hantait depuis que Riki était entré dans sa vie lui revint : comment ses pairs pouvaient être hermétiques à tant de beauté ? Comment avait-il pu, lui même, mettre autant de temps à comprendre ? Il soupira, le chemin qu’il avait emprunté ce jour-là était périlleux, surtout pour lui, le préféré de Jupiter, mais c’était de l’orgueil et de l’arrogance de ne pas vouloir voir la beauté du brun. Non pas que cela… certains d’entre eux, comme Raoul le lui avait laissé sous entendre, avaient bien compris que la présence de Riki à Eos remettait en cause beaucoup plus de choses profondes sur Amoi, il en était conscient, mais c’était encore trop tôt et trop dangereux de se poser toutes ces questions.
Il préféra repenser à la soirée d’hier. Globalement, elle s’était bien passée avec Riki, son comportement avait été exemplaire de discrétion. Il avait pu l’emmener au milieu de ses condisciples sans scandale et c’était un grand soulagement. Désormais, en cas de nécessité, il pourrait assister à des événements officiels avec lui. Il se repassa dans son esprit le reste de la soirée. L’hommage à Raoul avait été un succès mérité. Son ami était bien trop discret, il avait besoin d’être un peu plus mis en avant. Les discussions qu’il avait eu avaient bien montré que peu de ses frères avait une idée des compétences réelles en biologie et en génétique de son second et de ce que Amoi lui devait. Les attaques de Nathan et l’attitude de Kiro ne l’avaient pas surpris, ni le fait que Raoul le soutienne, mais Lucius ? Pourquoi s’était-il exprimé de la sorte ? Même s’il avait placé son intervention sur le plan purement scientifique, il ne pouvait ignorer l’impact de ces mots qui allaient être analysés et décortiqués par tous. Iason avait beau réfléchir à ce qu’il savait de ce Blondie, il ne voyait pas de raison à son comportement et cela l’ennuyait. Il manquait d’informations et allait devoir surveiller Lucius Riinga. Un de plus… un de plus parmi les Blondies dont il allait lui falloir prendre en compte les réactions et le poids politique… Riki bougea un peu et Iason le regarda de nouveau. La lumière mettait en valeur la ligne d’une pommette tandis que le nez si fin et droit malgré la vie que son pet avait du mener à Cérès se détachait parfaitement.
Un coup d’œil au réveil pour vérifier l’assura qu’il avait le temps, il pouvait laisser dormir un peu plus l’homme dans ses bras mais il sentait le désir monter en lui. Il avait laissé Riki en paix la veille mais ce matin, il ne partirait pas au travail sans avoir goûté à ce corps souple collé contre le sien. Il laissa son esprit parcourir les tâches qui l’attendaient aujourd’hui. La conférence commerciale annuelle approchait. Pour la préparer de nombreuses réunions en vue de la renégociation des accords avec la Fédération étaient prévues dans son emploi du temps des prochains jours. Il se remémora rapidement les points importants, pets, matières premières, transferts de technologie… ainsi que la marge de manœuvre qu’il avait évalué sur chacun de ces dossiers. Tout était prêt. Mais il ne lui faudrait pas oublier, non plus, les pets spécialement formés pour satisfaire les goûts douteux d’Hazell et de son entourage. Cette addition lui laissait un sentiment de mépris pour le négociateur qu’il avait en face de lui : hypocrite, méprisant envers les Blondies de retour sur sa planète, mais le premier à profiter de ce que Iason lui offrait. Il soupira et pensa à Raoul, il lui faudrait aussi évaluer avec lui les conséquences de la soirée précédente… un bon repas avec son ami et second dans le syndicat lui apporterait certainement beaucoup. Cela le ramena au pet de Lucius et aux vagues souvenirs que sa grâce avait réveillé chez lui. Il lui faudrait demander à Katze un rapport sur Lyobée et son maître. Il saurait trouver comment ce pet était arrivé sur Amoi et pourquoi chez ce Blondie. Il se figea soudainement en réalisant aussi qu’il serait certainement convoqué par Jupiter… Il serait bien occupé comme d’habitude…
Un mouvement contre lui le tira de ses réflexions, Riki se réveillait doucement sous l’effet du soleil qui les réchauffait tous les deux. Quand deux yeux noirs s’entrouvrirent pour le regarder, d’abord encore brumeux de sommeil, puis interrogateurs en se fixant sur lui, il sentit son cœur s’accélérer légèrement. Doucement son bras, qui entourait le corps de son pet pour le tenir contre lui pendant la nuit, descendit le long du dos sur des reins détendus, sa main se fixa sur la hanche qu’il commença à caresser doucement. Un soupir léger s’échappa des fines lèvres. Contre lui, il sentait la preuve du désir matinal de son pet qui faisait écho au sien. Il continua à le caresser ainsi un moment, appréciant la vue qui lui était offerte. Riki ne bougeait pas, mais il voyait bien à ses réactions combien lui aussi trouvait ces instants agréables.
Finalement il attrapa son pet pour le remonter contre lui et l’embrasser délicatement d’abord, de plus en plus passionnément au fur et à mesure que son cœur battait plus vite sous l’effet de la passion qui montait en lui. Ses mains parcouraient le corps contre le sien, refaisant encore une fois la carte de toutes les zones sensibles jusqu’à ce que l’une d’elles se concentre avec attention entre les fesses du brun. Au bout d’un long moment, il roula dans le lit pour se retrouver au dessus de son pet, dont il commença à dévorer le cou pendant qu’il attrapait le lubrifiant. Sa main se glissa entre les jambes de Riki que celui-ci écarta rapidement, tremblant d’anticipation, les mains déjà accrochées au drap, le dos cambré, il ne résisterait pas longtemps. Il bloqua l’anneau voulant faire un peu durer le plaisir ce matin. Il admira encore la vue un instant, ce corps si souple où les muscles saillaient sous la peau par instant, ce corps si incroyablement naturellement harmonieux pendant que ses doigts effleuraient la peau qui s’offrait à lui entre deux fesses fermes.
Il se pencha pour embrasser son pet, langoureusement, pendant qu’il réchauffait le gel. Sa bouche descendit le long de la nuque de Riki, s’attardant sur toutes les zones qui le faisaient frissonner le plus pendant qu’il touchait une fesse musclée. Lentement, très lentement, il caressa le corps de son pet de sa langue et de ses lèvres, buvant ses gémissements étouffés, ses frissons incontrôlés. Le brun essayait toujours de masquer ses réactions mais il avait appris à le connaître et il savait bien à quel point il aimait que son maître lui fasse l’amour. Il glissa enfin un doigt à l’intérieur du corps de son pet. Toujours aussi doucement, il commença à le préparer, appuyant doucement sur les muscles pour les détendre en évitant encore le point du plaisir... Un gémissement plus profond de Riki lui fit relever la tête et observer ses réactions, il était perdu dans le plaisir qui le submergeait déjà…
Il rajouta un deuxième doigt et se baissa pour déposer des baisers sur son torse, la peau douce commençait à se couvrir de transpiration, sa langue réveillait des frissons faisant haleter l’homme contre lui. Il s’arrêta un instant pour coller son oreille et écouter la musique du cœur affolé de plaisir. Il se redressa pour embrasser encore une fois Riki avant de retirer ses doigts, il était prêt.
Il ramena deux oreillers pour caler son pet, lui prit fermement les hanches pour le soulever et commença à le pénétrer lentement, très doucement. Il voulait certes laisser à Riki le temps de s’habituer à cette présence massive en lui, mais, il voulait aussi l’empêcher de se montrer si impatient en s’empalant violemment, comme la force qu’il déployait semblait montrer qu’il le souhaitait. Les jambes du brun étaient venues, d’elles-mêmes, se nouer autour de sa taille et elles tentaient de le serrer contre lui, mais il imposa le rythme, dégustant chaque sensation que ce fourreau de chair dans lequel il entrait lui procurait.
Quand il fut suffisamment avancé, il respira profondément pour se détendre et admirer un instant son pet. Les yeux fermés celui-ci cherchait manifestement à se détendre. Il laissa une de ses mains effleurer un instant son torse pendant un moment. Un soupir de contentement s’échappa enfin des lèvres sensuelles et il sentit les muscles autour de lui se détendre, il commença alors à bouger sans cesser d’observer attentivement les réactions de Riki. Les mains crispées, il torturait les draps, le corps parcouru par des spasmes de plaisir, sa respiration s’accélérait progressivement. Il débloqua l’anneau et se saisit de la virilité dressée qui n’attendait que ses attentions pour la caresser au même rythme que son bassin se mouvait. La délicieuse friction, le spectacle qu’il avait devant lui, calé contre les oreillers, faisait monter les sensations qu’il avait appris à nommer plaisir et dont il ne se lassait plus. Soudain, son pet se redressa et lui attrapa les épaules, le regard perdu, tremblant de transpiration. Il comprit qu’il ne pouvait même plus lui demander et accéléra donc pour les libérer tous les deux, non sans goutter la peau de la nuque qui s’offrait en remerciement inconscient. La volupté montait en lui, il sentait son cœur s’emballer progressivement curieusement dissocié, son esprit analysant tout, son pet semblait lui au bord du gouffre. Quand il sentit l’ultime vague s’approcher, il la provoqua chez Riki avant de se laisser emporter lui aussi, silencieusement comme à son habitude.
Il reprit ses esprits toujours aussi péniblement. Il était appuyé sur ses coudes sur son lit, dominant son pet, détendu par l’instant de communion physique qu’il venait de vivre. Il se retira et se rallongea un instant, ramenant le brun contre lui. Quand sa respiration fut plus calme, il ramassa l’homme dans ses bras et l’emmena avec lui se doucher. Il dut le soutenir sous l’eau au début, il semblait épuisé, mais le jet le ranima. La toilette fut rapide et sage, mais quand ils revinrent dans la chambre et que Riki voulut se recoucher, il lui donna l’ordre de s’habiller aussi. S’il avait à lui parler de la soirée précédente ,il fallait qu’il prenne son petit-déjeuner avec lui..
Quand ils arrivèrent dans le petit salon dominant Tanagura, la table était prête et Kyaru apparut, empressé pour les servir. Il laissa son pet commencer de manger et reprendre des forces, réfléchissant encore aux évènements de la veille. Il se décida enfin à poser les questions qu’il avait à l’esprit :
- Riki, au cours de la soirée, j’ai remarqué ta réaction en voyant ce pet si différent. Tu as fait sa connaissance? demanda-t-il.
- Euh oui, je lui ai un peu parlé, répondit, étonné, le brun entre deux gorgées de café fort bien nécessaires.
- Peux-tu me dire ce qu’il t’a dit et ce que tu penses de lui… C’est important, ajouta Iason en voyant ses hésitations.
- Il ne m’a pas dit grand-chose, juste que les marchands d’esclaves qui l’ont vendu sur Amoi l’appelaient le Kyrélien mais qu’il se nomme Lyobée, d’après lui, et qu’il apprenait la musique sur sa planète… Il a plutôt l’air doux et gentil, il n’a pas l’air du tout à sa place ici, continua Riki.
- Le Kyrélien tu dis….
Et Iason repartit dans ses pensées. Il ne s’était donc pas trompé, il lui faudrait parler à Jupiter… s’il n’était pas convoqué en premier…
Il remarqua soudain que son pet avait cessé de manger et l’observait sans un mot.
- Qu’y a-t-il Riki ?
- Tu sais d’où il vient ?
- Sa planète est connue effectivement.
Il attendit une réaction mais après un instant sans bouger, son pet se remit à manger et lui aussi finalement.
Il finit rapidement sa collation matinale et passa dans son bureau surveiller les mails et les informations de la nuit. Il nota évidemment les allusions à peine voilées à un pet particulièrement gracieux. Malheureusement pour lui, ça ne pouvait pas être Riki cette fois l’objet des attentions, quoique… Les commentaires qui l’évoquaient ne traduisaient pas le même mépris sous-jacent qu’il sentait plus d’un an auparavant, la discrétion de son pet avait donc été appréciée par ses pairs. Il se leva soulagé : aucune mauvaise surprise par rapport à ce qu’il avait anticipé ne l’attendait ce matin. Il fit un détour pour observer Riki qui se levait juste de table et, l’ayant senti, se retournait. Il semblait encore endormi ou fatigué… Iason ne savait pas mais il en prit note et il s’approcha de lui pour lui dévorer encore une fois les lèvres et de lui glisser à l’oreille qu’il avait intérêt à être aussi sage que la veille au soir avant de quitter enfin son penthouse pour la journée.
Iason l’avait enfin laissé en paix pour la journée. Comment voulait-il qu’il fasse autre chose que se reposer après une soirée aussi épuisante et un réveil qui ne l’était pas moins ? Riki poussa un soupir exaspéré, le Blondie était vraiment increvable, lui. Ses cigarettes lui firent de l’œil et il attrapa le paquet pour aller fumer sur le balcon. Il se cala pour admirer la cité en train de s’éveiller, Iason avait encore été matinal, et il alluma son premier poison et sa seule liberté de la journée. Il fuma un moment, l’esprit dans le vague des volutes grises, se laissant bercer par les mouvements d’air.
Un éclair un peu plus métallique dans le soleil levant le ramena à Lyobée et aux questions de son maître. Il avait bien remarqué la veille au soir l’intérêt particulier des Blondies pour ce pet. Qui n’aurait pas été attiré par lui ? C’est vrai que par certains côtés il faisait penser à un argenté, l’image du docteur Linas lui revint et il ne put réprimer un frisson… par certains côtés seulement… mais quelle maturité malgré son jeune âge transparaissait de son regard attentif. Riki espérait qu’il apprendrait vite les règles d’Eos pour survivre, même si son maître semblait assez spécial. En tout cas, il était assez heureux que ce Lucius se soit opposé à Nathan.
Même au fond de cette prison dorée, il fallait qu’il rencontre ce genre de personnages dangereux, même au sein des Blondies… Son instinct lui disait bien que celui-là était parfaitement capable de ne pas suivre les règles de manière peut-être encore plus perverse que Iason. Il lui faudrait faire attention à celui-là ainsi qu’à son pet. Un pur produit de l’Académie, sans aucun doute, arrogant comme ses clones de frères, tous éduqués de la même manière, si sûrs de leurs pouvoirs et de leur beauté, persuadés que le monde leur appartenait…. Oh il les connaissait si bien, ils lui avaient gâché son précédent séjour à Eos, mais maintenant qu’il avait compris à quel point leur supériorité était vide de sens, il lui faudrait juste les éviter ou ne pas répondre à leurs provocations. Ce serait dur pour ses nerfs et sa patience mais maintenant que Iason avait commencé à sortir avec lui, il était sûr qu’il serait encore confronté à ces deux pets.
Riki sentit une grande fatigue et une grande tristesse l’envahir. Le caractère si possessif de Iason l’avait tenu à l’écart de tout ce qu’il haïssait le plus dans son statut de pet, mais il était rattrapé par la réalité et il avait promis de bien se tenir. Il ne pouvait plus se permettre, de toutes façons, de les choquer comme il l’avait fait avant. Désabusé, il regarda sa cigarette se consumer avant de la jeter dans le vide et de retourner se coucher. Il était fatigué mais le sommeil lui permettait aussi d’oublier le piège de sa vie durant quelques heures.
En arrivant à son bureau, Iason salua son assistant qui se tenait prêt, la pile habituelle de rapports et de courriers nécessitant son attention dans ses bras. Il fit un tri rapide pour parcourir les plus urgents en premier. Dès qu’il les eut fini, son regard fut attiré par la lumière sur son écran signalant un appel de Jupiter. L’heure était venue ! Malgré son apparence extérieure toujours aussi impassible, il sentit la tension familière l’envahir. Même s’il s’acquittait toujours aussi parfaitement de sa tâche, la communion avec l’intelligence artificielle n’était jamais une sensation agréable. Il déposa les dossiers dans les mains de Lancos. Le saphir discret et fidèle ne manifesta rien mais il avait compris et il lui répondit juste qu’il tenait le reste prêt pour son retour. Iason inclina la tête et se leva pour prendre la direction du toit où une navette devait déjà l’attendre pour l’amener à la tour de Jupiter. Pendant le court trajet, il se concentra sur l’entretien à venir, ses performances étaient impeccables en tant que leader d’Amoi, Riki avait été parfait hier soir et depuis son retour à Eos, il repassa dans son esprit les différents points qu’il avait analysés à son réveil : les accords, Nathan, Kiro, Lyobée, Lucius, Riki… Tout était clair dans son esprit.
A son arrivée, Iason suivit sans s’en rendre compte le même rituel, parcourant les couloirs du même pas serein, admirant les mêmes points de la cité par les mêmes fenêtres. Dans l’antichambre, il se versa un verre de son vin préféré et en dégusta une gorgée avant de pénétrer enfin dans le sanctuaire et de s’incliner respectueusement puis de s’asseoir. Son esprit était prêt pour le contact mental qui ne tarda pas dès que Jupiter apparut en face de lui dans sa forme hiératique et translucide.
- Iason, je vois que tu attendais et pensais cet entretien nécessaire, ton esprit reste concentré sur ce qu’il faut mon fils, j’en suis satisfaite.
Le Blondie inclina la tête en signe d’assentiment.
- La soirée d’hier a été un succès mais a indéniablement soulevé beaucoup de questions.
Un frémissement sembla parcourir la salle et la voix métallique reprit dans son esprit :
- Les talents de biologiste de Raoul méritaient effectivement cette reconnaissance. Il est bon de le remettre à cette place dans l’esprit de tous.
- Il est une part importante du développement économique d’Amoi grâce à ses travaux. Il ne faut pas que ses autres talents fassent oublier cela.
La voix se fit plus douce dans son esprit :
- C’est une tâche ingrate mais nécessaire, il le sait et l’assume Iason. Elle le met à part tout comme toi parmi mes enfants. Je vois que tu t’inquiètes pour lui comme depuis votre première rencontre, mais il est fort, je ne l’aurais pas voulu autrement. Tu en es conscient puisque tu l’as choisi comme ton second.
Jupiter se transforma pour s’approcher de lui et lui prendre le visage au creux de deux mains transparentes.
- Ne renie pas tes sentiments pour Raoul, l’amitié et le respect envers lui que tu éprouves sont des émotions que, même moi, je peux comprendre.
La forme se rétracta laissant une douleur dans la poitrine de Iason, ses sentiments envers Raoul étaient respectables mais pas son attachement envers Riki… La voix reprit dans son esprit plus ferme :
- Iason ! Ne compare pas Raoul avec ce bâtard auquel tu accordes bien trop !
Apres un instant pendant lequel le Blondie se referma sous l’admonestation, Jupiter continua :
- Même si son comportement a été fort discret hier… il semble que tu sois enfin sur le chemin de le dresser… jusqu’à quand ? Je me le demande…
- Iason ferma quelques instants complètement son esprit, il n’avait pas changé d’avis, il ne voulait pas discuter de Riki avec l’intelligence artificielle. Pour éviter ce sujet, il repensa à Raoul et aux derniers progrès en matière de génétique dont celui-ci lui avait parlé.
- Tu as tord mon fils de te refermer ainsi, je commence juste à entrevoir une utilité à ton pet… mais je patienterai pour t’en parler encore un peu. Quant à Raoul, je suis ses recherches et je suis sûre que vous saurez en tirer le meilleur parti pour l’économie d’Amoi, ses talents de biologiste couplés à tes talents d’administrateur et de politique vont améliorer encore la rentabilité du commerce des pets. Vous vous complétez parfaitement pour faire fructifier absolument tous les échantillons qui sortent de ses laboratoires.
Iason prit son verre et le leva en un toast silencieux à Jupiter avant d’en boire une gorgée. Elle était bien sûr au courant de ses accords avec Katze et de ce que celui-ci devait faire parfois. Elle approuvait manifestement le système mis en place par le Blondie pour contrôler le marché noir et l’utiliser au mieux de ses intérêts. Il reprit la parole pour enfin passer au sujet suivant :
- Vous avez noté la présence de Lyobée à la soirée. Savez-vous comment il a quitté Kyrelis pour se retrouver pet sur Amoi ?
- Non Iason, j’ai vérifié dans les archives pendant la nuit, aucune trace n’existe de lui avant sa vente par Nathan, il n’a pas dû l’obtenir par des canaux légaux.
- Il va donc falloir que je demande à Katze d’essayer de retrouver sa trace mais en attendant, il vaudrait mieux que Lucius, son maître ne le montre plus en public. Kyrelis est normalement intouchable et si on apprend sa présence sur Amoi, cela risque de poser quelques problèmes diplomatiques.
- Excellente idée, murmura la voix dans son esprit, cette planète est sous protection internationale, autant ne pas donner d’armes à nos ennemis au sein de la Fédération qui veulent attaquer notre indépendance en interdisant le commerce des pets. Je rajouterais que vu ce qu’il a dit à Riki, il était destiné à devenir un de leurs musiciens. Il est donc primordial de le cacher mais, d’autre part, il pourrait continuer cet apprentissage discrètement, Lucius pourrait lui fournir des professeurs au sein de son appartement. Il ne faut en tout cas surtout pas qu’il l’envoie à Apatia
Iason réfléchit quelques instants à la meilleure manière de procéder : pour être discret le plus simple serait de passer par l’intermédiaire de Raoul. Les deux biologistes avaient plus d’occasions de se parler discrètement que lui, qui ne connaissait pas personnellement Lucius… Mais vu la situation, il devrait sans doute remédier à cela dans le futur.
- Mais son arrivée met malheureusement en avant un autre problème : les activités illégales de Nathan Toledano, reprit Jupiter. Ses connections vont bien au-delà d’Amoi, Iason, il a développé un réseau commercial puissant et il semble prêt a rentrer en rivalité avec toi.
- Je pensais que c’était dû au fait que j’avais cessé de me fournir en pets chez lui il y a longtemps mais vous avez raison, ses intérêts le motivent certainement plus, répondit le Blondie, mais son comportement d’hier soir m’a alerté, je serais désormais attentif à ses actions.
- J’espérais en vous créant, mes fils, faire disparaître l’avidité pour l’argent et le pouvoir politique. En cela, Nathan est donc imparfait et j’ai encore à travailler à moins qu’il ne faille que je me résigne à accepter que cette tâche soit impossible. Même un être aussi évolué qu’un Blondie placé face à la tentation ne résiste pas… mais son alliance avec Kiro Aroga est surprenante, ce dernier ne me semblait pas mu par l’avidité.
Iason avait lui aussi remarqué la concordance de réactions entre ses deux pairs hier soir. Les deux personnalités étaient aussi dissemblables que deux Blondies pouvaient l’être et leur complicité l’avait franchement surpris. Autant Nathan était flamboyant, autant Kiro était austère, appliquant les règles de leur société à la lettre. Ces deux êtres ne semblaient pas faits pour s’entendre et pourtant hier, ils étaient d’accord. Iason se souvint alors que Kiro, un peu plus âgé que lui, avait été pressenti par certains pour prendre la tête du syndicat avant que Jupiter ne l’impose lui à cette place. Se pouvait-il qu’il y ait un reste de jalousie ? Se pouvait-il que Kiro n’ait pas vu plus loin que les rumeurs le concernant et le traitant de déviant ?
Il regarda en direction de Jupiter, troublé. Les pensées qui lui venaient n’étaient pas de celles qui apaisent. Sans en avoir la preuve, il savait que la menace sous-jacente était réelle et que ses deux pairs avaient certainement un but caché le concernant. Il était habitué aux menaces venant de l’extérieur mais celle-là était nouvelle. Il lui faudrait surveiller attentivement ces deux Blondies désormais.
L’intelligence artificielle se transforma de nouveau pour se rapprocher de lui et coller son front virtuel au sien. La voix dans son esprit devint caressante :
- Iason, tu es le plus abouti de tous mes fils que j’ai créés depuis que ma conscience s’est éveillée. Ton sens du devoir me satisfait remarquablement et explique aussi ce que certains prennent pour de la faiblesse envers tes transgressions. Mais il est normal, si je peux accepter que Nathan deviennent avide de plus d’argent que certains de ses frères se pensent plus capables que toi d’assumer le pouvoir suprême, je me dois d’accepter cela, même si en tant que votre créatrice, c’est aussi une preuve de mon imperfection à éliminer complètement les émotions en vous mes enfants. Ne sois pas triste ni troublé, Iason, Kiro aurait sans doute juste voulu que je t’enlève ton pet dès le début car tu as raison son sens de la morale est très élevé. Tes doutes sont quand même un signe qu’il ne te faudra plus seulement surveiller la Fédération et ses menaces récurrentes. La prochaine menace viendra peut-être du cœur d’Eos mais je sais que tu seras prêt, mon fils. Comme je sais que tu as parfaitement rédigé les accords commerciaux, les projets que j’ai analysé sont comme toujours les meilleurs qui soient pour nos intérêts. Va mon fils, retourne vers ton travail, il n’est que temps, nous parlerons de ton pet si intéressant une autre fois…
La forme disparut subitement, laissant Iason interloqué et crispé. Cette allusion à Riki ne lui plaisait vraiment pas. Mais Jupiter avait disparu, les sécurités se remettaient en place, son entretien était fini. Il se leva et salua respectueusement avant de reprendre le chemin inverse, perdu dans ses pensées. Il cherchait sans comprendre ce que l’intelligence artificielle avait bien pu sous-entendre. Il se retrouva dans la navette sans voir le chemin parcouru et sans savoir si cette dernière phrase cachait une menace pour Riki et lui ou pas. L’entretien s’était plutôt bien passé, Jupiter semblait satisfaite de son travail et de la discrétion de Riki. Il se referma, devenant encore plus glacial, il lui faudrait faire attention à protéger son pet à n’importe quel prix.
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