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Brisé	By : kokoroyume Category: French > Harry Potter Views: 7487 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0
Disclaimer: I do not own the Harry Potter book and movie series, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.

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Bonne lecture !

Brisé

Chapitre 5

La pièce avait été nettoyée et sentait le pin frais – travail efficace des elfes de maison.

Il n’y avait plus trace de Rogue et la porte de son laboratoire était encore ouverte. Le sort qu’il avait jeté sur la préparation en cours lui revint en mémoire à ce moment-là seulement. Après s’être débarrassé du contenu du chaudron, et des ingrédients inutilisables par la suite, Harry laissa son regard errer sur la pièce. Cela devait sans doute être un espace de travail non dénué d’intérêt pour un maître des potions.

Il n’était pas vraiment sûr qu’à l’heure actuelle le mangemort s’en soucie vraiment.

Une pile de parchemin attira son œil et il feuilleta distraitement les notes du sorcier. Son écriture serrée était facilement reconnaissable, toujours la même que lorsqu’il corrigeait sévèrement les copies de ses élèves. Il eut l’étrange impression qu’il avait un jour apprécié de l’observer. Décidément, il se comprenait de moins en moins.

Le survivant ne chercha pas vraiment à en lire le contenu et continua à observer le lieu. Les fioles vides étaient encore alignées dans des caisses, les parchemins vierges empilés les uns sur les autres. La pile lui semblait d’ailleurs fortement réduite face à ce qu’il avait demandé à l’elfe de donner à Rogue. Mouais, il avait seulement dû en prendre une bonne partie dans sa chambre pour continuer ses recherches là-bas.

Ca faisait déjà plusieurs heures que le laboratoire avait été abandonné et le gryffondor songeait qu’il serait bientôt temps qu’il fasse demander le maître des potions pour le souper.

Certes, Harry avait l’intention de ne pas le laisser s’éloigner de lui. Et ce choix définitif avait au moins eu pour résultat de calmer un peu ses hormones ; il était à lui et il le garderait aussi longtemps qu’il le faudrait. Mais il n’avait pas été capable de s’arrêter à cette simple décision. Il regrettait presque le brouillard par lequel il avait été entouré durant près de deux ans. Parce qu’à présent, il avait l’impression que son cerveau l’obligeait à réfléchir plus qu’il ne l’avait fait durant toute cette période.

La dernière bizarrerie – parce qu’il ne voyait pas comment définir cela autrement – qui en avait découlé était qu’il était probable que la présence de Rogue en face de lui l’aiderait à remettre de l’ordre dans ses idées. Il ne savait pas comment il en était arrivé à cette conclusion mais elle s’était imposée à lui, et il n’avait rien à perdre à suivre cette voie.

Le brun finit par retourner dans son salon et appela l’elfe de maison pour que le repas soit bientôt servi. Il le chargea également d’informer son « invité » qu’il était tenu de se joindre à lui.

- Attends, appela-t-il le petit être avant qu’il ne disparaisse. Apporte-nous aussi une bouteille de whisky pur feu, s’il te plaît.

L’elfe acquiesça d’un ‘Bien, Monsieur Potter’ puis disparut.

Harry alla s’asseoir à la table pour le dernier quart-heure qui le séparait de sa nouvelle rencontre avec le maître des potions.

Ce n’était pas parce qu’il avait demandé de l’alcool qu’il avait l’intention de se saouler ce soir, il n’avait jamais vraiment été un adepte de beuveries. Et les rares fois où il était allé trop loin, le survivant en avait eu des souvenirs assez désagréables. Loin d’en profiter, ces boissons avaient le don de l’enfoncer dans un état plus que dépressif. Toutefois, un verre ou deux devraient sans doute être capable d’anesthésier un peu son esprit agité.

Et il en avait bien besoin. L’idée absurde qu’il avait eu quelques heures plutôt cherchait encore à s’ancrer dans sa tête.

Séduire Rogue.

C’était impensable lorsqu’il songeait à ses amis. Mais une voix perfide lui soufflait que les morts n’avaient plus droit à la parole, et que personne ne serait là pour savoir ce qu’il faisait.

C’était un mangemort et il était mauvais. Et alors ? Ce n’était pas comme-ci il avait le moindre sentiment pour lui. Ce serait simplement une manière de s’assurer de sa coopération et d’éviter les paroles blessantes lorsque son esprit perdait conscience de la cruauté de sa vie.

Grotesque, insensé, ridicule.

Le jeune sorcier pencha la tête en arrière et ferma les yeux.

Toute cette histoire le fatiguait déjà. Il était tellement plus simple de traiter l’homme comme sa chose… Seulement, il ne savait pas combien de temps il serait capable de le faire avant de se souvenir qu’il était aussi un être humain et de finir par se haïr lui-même plus qu’à n’importe quel moment de sa vie. Et puis… Harry n’était pas certain que le maître des potions pourrait accepter ce traitement très longtemps sans devenir fou…

- Ou chercher à se supprimer lui-même, murmura-t-il alors que cette pensée le traversait pour la première fois.

Rogue n’avait rien d’un suicidaire mais il ne le connaissait vraiment pas assez pour affirmer que cela ne lui traverserait jamais l’esprit.

Il passa une main dans ses cheveux et soupira.

Même maintenant le survivant trouvait encore le moyen de se mettre dans des situations inextricables. S’il n’avait jamais eu cette idée… s’il ne s’était même jamais rendu aux audiences de son procès…

Le bruit de l’apparition de l’elfe de maison le fit se redresser correctement et il se rendit compte, à ce moment-là, que Rogue avait quitté sa chambre pour se diriger vers la table.

L’homme était toujours aussi solennel, drapé dans ses robes noires – sa garde de robe faisait partie de ces affaires qu’il avait retrouvées dans un vieux débarras des cachots, la démarche digne en dépit des circonstances. Et, depuis que le gryffondor avait vu ce que ces vêtements cachaient, il le détaillait du regard à chaque fois qu’il posait les yeux sur lui, se demandant parfois ce qui l’attirait chez un homme avec un corps si commun.

Malgré son visage à l’expression lisse, Harry voyait parfaitement la lueur irritée et sauvage dans les orbes noirs, signe d’une volonté d’insoumission encore bien vivace. Ca ne le dérangeait pas, au contraire, même, ça lui prouvait que c’était toujours le même sorcier solide qui lui faisait face.

Le maître des potions s’installa en silence en face de lui et ils débutèrent leur repas. Le survivant remarqua les deux verres pour l’alcool, hésita une fraction de seconde, puis les servit tous les deux ; Rogue ne montra aucune réaction particulière.

A de nombreuses reprises, le regard du plus jeune s’attarda sur le sorcier. Trouvait-il plus de réponses à ses questions par sa présence ? Il n’en avait pas vraiment l’impression. En fait, Harry était en train de se demander pourquoi l’homme n’avait pas agi différemment depuis qu’il était devenu sa « propriété ». Il aurait pu essayer de le manipuler pour obtenir un éventuel pardon, n’était-il pas maître dans cet art ? Ou bien faire fi de ses avertissements, après tout il avait sans doute eu son quota de douloureux sorts avec Voldemort et ne devait pas craindre à ce point ses menaces, et emplir ses mots d’une plus vicieuse méchanceté. Il était doué pour ça aussi.

Le survivant se sentit perdre l’appétit à l’idée qui le traversa.

Non.

Non, c’était tout bonnement impossible. Ce n’était qu’une autre ruse perverse du mangemort.

Le jeune sorcier se leva, se sentant mal, raidi, et abandonna son repas sans prêter attention au regard surpris de Rogue. Il retourna rapidement dans sa chambre et se laissa tomber sur le lit froid.

Harry sentait un nœud douloureux au creux de son estomac et il avait l’impression que tout tournait autour de lui.

Il fallait qu’il arrête ça.

Il n’avait pas à penser à ça.

C’était impossible, une vague divagation de son esprit.

Il n’y avait aucune chance pour que le maître des potions soit resté leur allié depuis le début et, donc, il ne faisait pas subir un immonde traitement au dernier membre de l’Ordre du Phénix encore en vie.

SSSSS

Il s’était endormi.

Son malaise, sa panique, ses réflexions continues, et parfois anormales, de toute cette longue journée avaient fini par l’entraîner dans un profond sommeil sans rêve. Et c’est beaucoup plus détendu qu’Harry ouvrit les yeux dans l’obscurité. Bien sûr, c’était le milieu de la nuit.

Son esprit, apparemment décidé à le torturer dès qu’il reprenait conscience, dériva à nouveau.

Était-il donc si jeune pour se rendre confus lui-même par ses propres pensées ? Il y avait eu des morts, il avait lui-même assisté à plusieurs d’entre-elles, c’était un fait, Rogue était coupable.

En fait, il n’aurait tout simplement pas dû toucher à un verre d’alcool et ne pas prendre le risque d’embrumer sa pensée rationnelle si facilement.

Un bruit provenant du salon le fit se redresser brusquement.

Les elfes ne travaillaient pas si tard dans les appartements des professeurs, alors ça ne pouvait être que son aîné.

Le sorcier se releva, agacé. Si sa nouvelle tactique était de tenter de le priver de sommeil pour le rendre fou, il allait apprendre que ce n’était très certainement pas la bonne façon de faire.

Lorsqu’il arriva enfin là où le serpentard se tenait, il se retint presque de mettre une main devant son nez pour se protéger de l’odeur.

Il y avait plusieurs bouteilles de whisky pur feu au sol et Rogue était assis dans le canapé, ses robes ouvertes, avec un verre et une bouteille à la main. Il aurait dû songer à ça plutôt et interdire aux elfes de lui apporter ce genre de chose.

- Ah. Monsieur Potter. Voudriez-vous vous joindre à moi ? Oh, mais bien sûr, ce sont vos quartiers, vous n’avez pas besoin de mon invitation.

Le maître des potions détourna ses yeux sans effacer son rictus dédaigneux pour vider son verre et le remplir à nouveau. Ses joues étaient rougies par l’alcool et son regard plus aussi vif qu’il lui connaissait mais, aux deux bouteilles encore pleines qui se trouvaient devant lui, il ne semblait pas prêt d’avoir fini de boire.

- Vous êtes ivre.

- Magnifique observation, Monsieur Potter, félicita-t-il avec dérision.

- Ne croyez pas que je vais tolérer vos débordements pour autant, répondit pourtant le survivant avec calme.

- Vraiment ? Alors je suppose que vous devriez en profiter, si je me souviens bien l’Aegroris produit de surprenants effets lorsqu’il est lié à des drogues de dépendance, mon cher maître.

- Silence !

Harry s’était approché et avait levé sa baguette sans presque s’en rendre compte. La manière dont l’avait appelé Rogue avait sonné d’une horrible façon à ses oreilles.

- Ou quoi ? ne s’arrêta pourtant pas ce dernier en l’observant avec mépris. Vous n’avez quand même rien l’intention de me laisser à la fin, n’est-ce pas ? Je suis déjà devenu la pute d’Harry Potter, je n’ai plus ri-

Avant qu’il n’ait même terminé sa phrase, le survivant l’avait forcé à s’allonger sur le canapé d’une poigne brusque et l’y contraignait avec colère, sans prêter attention au verre qui éclatait au sol. Mais, malgré l’éclair de panique qui avait traversé les yeux noirs, l’homme ne semblait pas décidé à se taire.

- Après le lit et le mur, j’imagine que vous voulez essayer le canapé, dit-il avec dégoût. Vous êtes tombé si bas, Potter, décidé à ne voir que ce que vous voulez voir, et prêt à perdre votre conscience pour une pitoyable vengeance. Vous êtes pathétique.

Le survivant le souleva par ses robes, ses mains tremblantes de fureur, et ne laissant que quelques centimètres entre leur deux visages. Il avait envie de le frapper, de marquer cruellement la figure de cet homme qui semblait se targuer de le comprendre alors qu’il ne savait rien ! Ces lèvres qui pouvaient former des paroles infâmes alors qu’il aurait simplement voulu qu’elles… qu’elles…

Harry s’approcha encore du visage à l’expression si haineuse… puis le laissa retomber sur le canapé.

-Vous puez, dit simplement Harry d’un air répugné.

Et ensuite il se leva et s’éloigna de quelques pas. L’expression de son aîné s’assombrit de rage mais il parla sans lui laisser le temps de l’insulter.

- Vous n’avez pas idée de ce dont je suis capable, Rogue, affirma-t-il d’une voix basse. Ce laboratoire, cette chambre, ces livres, ces vêtements… Je pourrais vous enlever tout ça, vous attacher à un mur et venir vous voir chaque fois que je déciderais qu’il est temps que je vous pénètre. N’agir qu’avec violence, me répandre en vous et vous laisser ainsi, sans la moindre chance de pouvoir vous sortir de ce foutre collant avant ma prochaine venue ! Je pourrais le faire ! termina-t-il avec fureur.

Les yeux de Rogue s’étaient agrandis d’horreur puis fermés sous la menace.

- Je vais considérer que l’alcool est la cause de tout ceci, reprit-il pourtant un ton plus bas. Osez encore une fois vous adresser à moi en ces termes, et vous allez vraiment le regretter. A présent, retournez dans votre chambre.

Le maître des potions s’était redressé pour l’observer, l’expression fermée. Toutefois, peut-être cela était-il dû au whisky, mais il ne masquait pas bien sa surprise, comme-ci il avait vraiment attendu de ses provocations une réaction plus violente, plus semblable à ses précédentes. Comme-ci, quoi ? Comme-ci il avait pensé que sa cause était déjà perdue et qu’il était soulagé que ce ne soit pas le cas ? Il en avait ras-le-bol de ces fragments d’expression qui laissaient croire que l’ancien espion avait une quelconque considération pour lui.

- Dans votre chambre, répéta-t-il. MAINTENANT !

Rogue se leva d’un mouvement raide et lui obéit en silence.

Le survivant retourna à son tour vers son propre lit, non sans avoir auparavant claqué violemment la porte de sa chambre.

A suivre…

Le chapitre suivant sera très certainement posté ce week-end ^^
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