La prisonnière de l'île | By : OrianeX Category: French > Originals Views: 2422 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: Tous les personnages de cette histoire sont fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants ou ayant existés ne serait que pure coïncidence. |
Commentaire : Petit chapitre de développement... Et oui, cette historie n'est pas morte, patience. Merci de laisser des reviews, c'est le pain de l'auteur!
Chapitre IV
L’enquête
Elle dut dormir avec lui. Heureusement, sa chambre était immense, le lit à ses proportions et il était rare qu’ils se heurtent. Bonus non négligeable : Elle ne l’avait pas encore entendu ronfler une seule fois. Elle dormit beaucoup au début, se coupant de la réalité irréelle dans laquelle elle était plongée.
Mais le besoin de trouver une sortie à cette situation la tira vite de son immobilité. Il lui indiqua qu’elle pouvait accéder à toutes les pièces, rien ne lui était fermé mais qu’il valait mieux qu’elle ne se perde pas dans le bâtiment labyrinthique. Et de fait, elle ne parvenait pas à se promener dans le palais sans qu’il soit derrière elle. Mais au moins, il n’était pas comme Barbe-Bleue à lui cacher des endroits infâmes. Elle visita des chambres vides ou avec peu de mobilier, des cuisines sans instruments et sans feu, des couloirs marbrés sans fin, bordés de jardins qui auraient du être magnifiques mais manquaient de vigueur et des salons de toutes formes pavés, décorés de mosaïques aux thèmes antiques. Mais aucune autre trace de vie que celle de cet homme.
La pièce la plus vivante, ornée de tapis et dans laquelle il passait beaucoup de temps, était la bibliothèque. Ce n’était pas la plus monumentale de toutes celles qu’elle avait croisées mais au moins celle-ci avait-elle des ouvrages sur ses étagères. La pièce était toute en longueur, on y accédait par une double-porte et elle était éclairée par une baie vitrée orientée au sud ainsi qu’un puits de lumière. Sina y aurait vu plutôt une salle à manger pour une vingtaine de convives mais les étagères de bois patiné fixées aux murs ne laissaient aucun doute sur sa fonction. Une table d’étude et un fauteuil de bois tapissé de velours complétait le mobilier. Il y avait aussi un large guéridon ou était posé un plateau avec un verre et les restes d’un repas frugal. Critias lui amena un autre fauteuil et poussa même une méridienne de style Louis XII près de la cheminée, préparant ainsi la pièce où ils passeraient le plus de temps.
Avant qu’elle n’arrive, c’était certainement celle où il était resté longuement, accumulant des ouvrages en piles, sur les étagères, de façon désordonnée. Elle fut même intriguée quand il se mit à les ranger de façon gênée la première fois qu’elle s’installa dans la bibliothèque.
Elle ne réfléchit pas trop longtemps à comment poursuivre ses recherches. Cet endroit regorgeait de livres de toutes sortes. La collection d’ouvrages à disposition était hétéroclite sinon pas assortie. Leur provenance pourrait l’amener à découvrir où elle se trouvait.
Elle commença par les plus anciens des livres, des incunables à la reliure de cuir, pour essayer d’y trouver des indications sur le lieu où elle se trouvait. Mais tout était rédigé en latin, ou en grec. Sans savoir le déchiffrer, elle reconnaissait les caractères, bien distincts des autres écritures. Son éducation avait compté de nombreuses sorties dans les musées accessibles de chaque ville où sa troupe se produisait.
Plusieurs ouvrages qui lui étaient accessibles, en anglais ou en allemand, revenaient au vieux sujet des mythologies gréco-latines, sous plusieurs sources, plusieurs études. D’autres étaient des recueils de pièces antiques traduites dans plusieurs langues, puis des livres très disparates venaient : Recueils de poésie du XVIe siècle, romans, recueils de théâtre, incunables, littératures de divers horizons… Il n’y avait pas de thème prédominant même si les ouvrages en relation avec le théâtre semblaient plus usés.
Il lui fallut du temps car à chaque livre qu’elle ouvrait en sa présence, il la questionnait pour savoir si elle l’avait lu, ce qu’elle en pensait, etc…Il rebondissait sur les sujets pour poser des questions frénétiques sur la vie occidentale, sur les pays qu’elle connaissait sur les mœurs et les civilisations. Elle pensa à Dracula, un solitaire ayant raté de grands pans de l’Histoire et cherchant à les rattraper, à comprendre.
Deux semaines passèrent, Sina la passa pratiquement entièrement à partager sa compagnie dans la bibliothèque, se remettant de ses émotions, de cette situation étrange. Une ou deux fois, au gré de leur proximité sur un divan ou à table, il tenta de nouveau de lui faire des avances, de l’entraîner dans son jeu de sensualité. Craintive à l’idée de se faire avoir de nouveau et de l’emprise que le sexe lui donnait sur elle, elle réagit en se figeant, en attendant dans la peur qu’il en vienne à clamer ce qu’il voulait exactement.
Il ne le fit pas. A sa surprise, en dépit de son ton dur et impératif lors de son réveil, il ne la força pas. Il attendait, il faisait preuve d’une grande patience, comme s’il avait tout le temps du monde.
Et ces moments où il la regardait depuis le haut de son mètre 90, indéchiffrable derrière ce masque argenté, ne faisaient qu’augmenter sa peur. Il portait plus souvent un masque complet qu’un demi-masque. Quelle était l’expression qu’il cachait derrière le froid métal? De la fureur contenue? Le questionnement? Un air de patience rodée? Un rictus pervers? Elle ne pouvait qu’imaginer. Le pire comme le meilleur.
Si cet homme avait été si seul, pendant… elle ne savait combien d’années, qui sait quelle folies induites par le manque de contact humain il pouvait avoir développé. Pourtant, il avait encore des manières de prince… Elle se perdait en conjectures.
Elle aurait du mal en dormir. Et pourtant, elle dormait profondément, ne se réveillant que pour des alertes de la nature pour lesquelles ‘ Monseigneur’ Critias se levait et lui allumait la lampe-tempête. En dehors de cela, son sommeil était imperturbable. Elle avait même essayé de rester éveillée, plus longtemps que lui, écoutant son souffle régulier, guettant le moment où à la faveur de la nuit, elle pourrait lui ôter ce masque intriguant. Mais invariablement, elle sombrait rapidement dans le sommeil. Elle se demanda s’il la droguait.
Tant de questions, encore et toujours, qui finirent par l’étouffer. Un matin, elle annonça son intention clairement au petit-déjeuner :
“Nous restons trop enfermés, j’aimerais aller faire un tour sur la plage.
_ Je sortirais des capes, le temps se dirige vers l’hiver, fit-il calmement. Je suppose que tu veux aller sur la plage où tu t’es échouée?”
Elle réfléchit avant de répondre, cherchant s’il était en train de la tester.
“Si possible, oui.
_ Bien sûr.”
Le petit-déjeuner fini, il la ramena à la chambre et lui donna une paire de bottes un peu grandes qu’elle mit avec des chaussettes épaisses. Puis il sortit deux magnifiques capes de laine noire et bleue marine, doublées de velours. Sina mit la sienne sur ses épaules avec un délice enfantin de se trouver dans un si bel habit. Elle lui tombait jusqu’aux genoux. Celle de Critias lui tombait jusqu’aux chevilles et amplifiait sa carrure d’épaules mais le noir le rendait sinistre, tel un dangereux chevalier noir venu d’un conte de fantasy.
Il la guida dans la cour carrelée de pierre blanche, descendit un escalier, emprunta des chemins à travers le labyrinthe du palais et finit par l’amener jusqu’à un escalier très étroit entre deux bâtiments d’où le vent maritime vint lui caresser le visage. Il charriait des odeurs salines d’algues et de sable et en bas de l’escalier, il souffla plus fort, faisant voler leurs capes. Critias s’approcha d’elle et resserra les pans de sa cape avant de lui montrer le fin cordon permettant de la garder fermée.
Il n’y avait qu’une étroite bande de terre brune avant que le sol ne devienne sablonneux. Quelques touffes d’arbustes s’étaient développées en lisière des deux terres, délimitant le début de la plage. Ils longèrent le mur gris d’un bâtiment avant de trouver un petit chemin coupant les arbustes. Des carreaux de terre étaient encore distincts sous le sable qui s’étalait jusqu’aux assauts de la mer. Les vagues au loin n’étaient pas bien hautes mais le reflux de l’eau semblait assez fort pour arracher les petits rochers de la plage. Ils s’engagèrent sur le chemin, elle devant et Monseigneur derrière, d’un pas égal tandis que quelques bourrasques fraîches s’engouffraient dans les plis de leurs capes.
Sina laissa son regard errer sur l’horizon, guettant quelque terre ou quelque indice de vie mais les seuls qu’elle perçut furent quelques mouettes s’égayant sur le sable et des sternes chassant parmi des rochers affleurant sur la plage.
Alors qu’ils couvraient quelque distance, Critias lui montra quelques refuges de hérissons et un terrier de renard. Au détour du sentier, ils eurent la surprise d’en voir un filer d’une dune jusqu’entre deux bâtiments plus loin. La jeune femme se fit alors la réflexion qu’ils n’étaient pas si seuls que ça. L’île semblait au moins pleine d’une faune diverse. Critias lui compta quelques espèces qui vivaient entre la plage et les dunes, des lapins qui s’apprêtaient à hiberner, d’une espèce de chat sauvage qu’il apercevait parfois tôt dans les jardins. Il avait tenté d’en apprivoiser, mais sans succès.
Comme le silence revenait et que l’atmosphère était plus détendue, elle essaya de nouveau d’ouvrir le dialogue.
“Mais où sommes-nous? Où est située l’île?
Nous sommes dans la mer d’Atlantique. Et comme tu as pu le saisir, notre île se situe non loin des côtes du vaste sous-continent. Ah… l’Afrique.”
Il avait hésité sur le nom, comme s’il ne lui était pas familier. Sina avait toujours cru que toutes les îles, tous les endroits de la Terre étaient répertoriés et cette île aurait du l'être mais dans ce cas, cet endroit ne serait pas complètement coupé… L’île semblait assez grande pour apparaître sur des cartes. Elle n’avait même pas vu un hélicoptère passer. Une idée soudaine lui vint :
“Est-ce que cette île a un nom?”
Il resta silencieux un moment, son visage indéchiffrable comme toujours mais comme elle le fixait en attendant une réponse, il lâcha :
“Cette île est proche de celles de Barlavento.
- Ce n’est pas son nom…
- Mon île n’a pas vraiment de nom. Mais pour l’heure, je peux l’appeler Libonotos.”
Sina le regarda sans comprendre. Comment ‘pas vraiment de nom’? Et pourquoi ce nom temporaire… qui sonnait grec…?
“Pourquoi pour l’heure? Son nom change?
- Oui.
- Mais p…
- Profite de cette balade, Sina Malloy, nous devrons bientôt rentrer. Et les noms de cette île ne t'apporteront que plus de questions. Auxquelles je ne répondrais pas. Mon île doit rester secrète, même pour toi.”
La jeune femme grimaça. Pas de questions, peu de réponses, encore des secrets, des noms grecs, encore des noms grecs. Son esprit frustré d’être ainsi refoulé lui livra un nom qu’elle tenta tout haut :
“Atlantis?”
Le maître de l’île stoppa et elle entendit d’étranges bruits qui montèrent soudain en une explosion brève de rire. C’était un spectacle étrange de voir cette montagne d’homme secouée par une si soudaine émotion :
“Non sûrement pas Atlantis, Sina Malloy, mais c’était une belle tentative.”
Il calma ses rires aussi vite qu’ils lui étaient venus et porta la main à son masque. Sinna se demanda s’il ne voulait pas essuyer des larmes de rire mais il s’arrêta et finit par la pousser doucement de sa main dans le dos pour la faire avancer.
Après une heure de balade, il lui montra un endroit de la plage où restait un tas de bois flotté et des caisses défoncées rassemblées près de la ligne de marée.
“Ici. Tu es arrivée ici.”
Sina se remémora son arrivée, son réveil. Il ne l’avait pas recueillie sur la plage, voilà qu’elle s’en souvenait. Comment savait-il?
“Mais, j’ai erré dans le bâtiment… vous m’aviez vue?!”
Il sembla assez gêné pour ne pas répondre sinon d’un mouvement de tête.
“Pourquoi vous n’êtes pas venu m’aider?
_ Le temps que je t’aperçoive du haut d’un balcon, tu t’étais déjà enfoncée dans les allées des jardins. Je suis descendu chercher une lampe, vu le vent qui soufflait et quand je suis arrivé sur la plage, je n’ai trouvé que des débris.”
Il parlait lentement et si sa colère tomba parce qu’il avait effectivement une bonne excuse, elle n’en demeura pas moins vexée.
“J’ai erré pendant au moins trois jours!”
Il connaissait le bâtiment mieux que personne...et ce n’était pas dur vu qu’il était le seul à y demeurer. Comment… non. Elle soupçonnait qu’il aie attendu avant de l’intercepter.
“J’ai suivi ta trace. Tes pas mouillés, puis secs, les bruits, les traces de ta vie. Mais j’ai du attendre que tu sois inconsciente pour t’approcher.”
Il omettait quelque chose, elle le sentait.
Un groupe de mouettes passa dans des cris angoissants.
Elle regarda le masque en face, dardant son regard vindicatif sur ce visage blanc sans expression qui n’avait d’un visage que la forme esquissée avec un nez minuscule et des yeux de métal sans âme.
“J’étais fiévreuse, je me souviens avoir déliré, avoir appelé pour trouver de l’aide…”
Il resta immobile, de marbre.
“Qu’est-ce que vous avez attendu?” demanda-t-elle à bout de nerfs.
“De voir que tu voulais continuer à vivre.”
Il tendit la main et effleura sa joue prudemment :
“J’ai une fois sauvé une femme qui n’a fait que se laisser périr ensuite. Je ne voulais pas revivre cela.”
Et pour la première fois, elle sentit une véritable once de douleur dans sa voix. C’était effrayant. Pas le moment de creuser la présence d’une autre femme.
“Je…” Elle ne sut que dire. Ses yeux tombèrent sur les tas de bois qui avaient été malmenés par les vents et la marée.
“C’est tout ce qui reste?
_ J’ai trouvé une cloche de hauban et quelques couverts de table. Ainsi que du papier déchiré par l’eau. Mais rien d’autre.”
Il resserra sa cape autour de lui et regarda à l’horizon.
“Il va pleuvoir. Rentrons.” Il l’entraîna sur le chemin du retour tandis que les nuages s’amoncelaient sur la crête de la mer.
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