Fascination | By : Cocagne Category: French > Anime Views: 689 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
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Fascination
Amitié
– Qu’as-tu fait ? Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui monte de la terre ? Je le sens, ça ne peut que venir de toi. Réponds !
Myrdhyn resserra instinctivement les pans de sa robe autour de lui, tout en repliant ses jambes doucement. Il lissa avec application le tissu en soie, gardant le silence durant quelques secondes. Au bout d’un moment, il se décida à affronter le regard étincelant du Japonais et eut un sourire moqueur :
– Tu me rappelles quelqu’un… Il m’accusait toujours de tout et n’importe quoi… C’était toujours de ma faute, selon lui…
Il se releva lentement et se planta devant la barrière. Tout en se tournant vers Muraki, il murmura en regardant ses mains :
– Ton bouclier ne résistera plus longtemps, Muraki. Sais-tu seulement qu’on ne peut enfermer un sauvage comme moi sans le rendre fou ou désespéré ? J’ai horreur de me sentir prisonnier. Je te l’ai demandé plusieurs fois et tu ne m’as pas écouté… Pourtant, je serais resté un peu à tes côtés, si tu en avais exprimé le désir plus simplement. Je n’avais aucune envie de m’enfuir.
Il entoura son torse de ses bras et eut un sourire étrange alors que ses yeux étincelaient d’une lueur insensée :
– Nos conceptions du monde sont différentes. Tu appelles des créatures vivant dans une dimension dont j’ignorais totalement l’existence. Ta magie est parfois manuelle, essentiellement mentale et fonctionne beaucoup aussi par invocation. Et je suis sûr que tu utilises sans problème les rituels et là-dessus, crois-moi, on ne peut me tromper. Je suis juste impressionné par ton niveau remarquable pour quelqu’un qui l’a juste " étudiée ".
Il ferma les yeux et eut un sourire mélancolique. Il se sentait dans un état second, à cause de ce satané bouclier qui tentait une nouvelle fois de l’affaiblir :
– Rien de ce que tu feras ne pourra arrêter le processus. J’en suis le seul capable. Mais je ne ferai rien tant que ce bouclier existera. De plus, si je lève maintenant toutes mes protections contre son invasion, je vais m’épuiser très vite et moi non plus, je n’y pourrai alors plus rien. Inutile de te dire que ce qui nous attendra, dans ce cas-là, sera, au mieux, une catastrophe pour cette région, au pire, notre mort à tous les deux. Oh et… il n’est pas lié à ma puissance, donc il ne cessera pas, même si je suis inconscient.
Il le regarda une nouvelle fois, frissonnant dans sa robe de soie, et prit un ton froid :
– Lève ce bouclier, Muraki. Tu n’as plus le choix. J’irai jusqu’au bout sinon, et je n’ai qu’une seule parole.
Ainsi ils en arrivaient là. Savoir lequel des deux aurait le moins peur de mourir ? Il n’était pas sûr que le gaijin le fasse craquer à ce jeu-là.
– Moi aussi je n’ai qu’une parole, Myrdhyn, je t’ai tendu des perches mais tu n’as pas voulu les saisir… Tu m’aurais juste dit ton vrai nom par exemple, j’aurais aussitôt levé le bouclier… Même si j’avais bien envie de continuer notre conversation au lit. Mais tu as évité de répondre à chaque fois, tu penses me connaître, tu m’as accordé de la puissance et tu n’as rien compris.
Muraki se redressa à son tour et regarda la ville au loin. Peu lui importait cette population grouillante, il avait perdu espoir dans l’homme il y avait si longtemps.
– Ainsi tu as voulu détruire ce bouclier en passant par la terre, mais tu n’as pas pensé que je pouvais être assez puissant pour le prolonger sous nos pieds. Peu importe qui paiera pour cette erreur, tu sais, cela ne me concerne pas. Je n’ai plus assez d’humanité en moi pour me poser ce genre de question.
Il se tourna vers le brun et leva la main vers lui comme pour le caresser encore mais ne put finir le geste.
– Toi, tu aurais pu me donner envie de vivre peut-être…
Depuis qu’il n’avait pu satisfaire sa vengeance contre Saki, vengeance qui lui avait donné un but pendant si longtemps, même si elle l’avait mené à la folie, il était vide de tout. Pourtant la nuit dernière, il avait eu l’espoir de savoir ce que vivre voulait dire dans les bras de cet inconnu. Il se retourna en direction de la chambre.
– Tu n’as qu’une parole alors respecte-la. Si je peux t’apporter cela, alors j’en serais heureux mais je ne lèverai pas le bouclier, peu importe les conséquences. Je n’ai plus d’honneur depuis si longtemps.
Il repartit seul se coucher. Rencontrer cet inconnu dans les rues de cette ville lui avait donné l’illusion d’avoir encore envie de savoir, de rechercher le pourquoi des choses, mais la réaction de ce dernier venait de lui enlever cet espoir. Si son heure était venue, il était prêt à l’accepter. Les Shinigamis seraient heureux de pouvoir enfin faire payer à son âme ce qu’il leur avait fait souffrir. Il ne se déroberait pas.
Myrdhyn en resta comme deux ronds de flanc, le regardant s’éloigner vers la chambre. Mais il lui faisait quoi ? Le numéro du " je m’en fiche, de toute façon la vie est noire et je veux mourir, ouin ! " ? Il secoua la tête violemment et il se rua à sa suite en hurlant comme un fou :
– Non, mais attends ? ! Tu joues à quoi, là ? ? Le grand désenchanté de la vie ? ? Toi ? ! ! Mais, ma parole, tu te fous de moi dans les grandes largeurs ! ! Tu m’enlèves, tu m’attaches, tu dresses ce truc qui menace de me prendre à la gorge à la moindre inattention et quand je me décide enfin à me révolter, tu… BOUDES ? ? ? Mais je rêve ! ! C’est le monde à l’envers ! !
Le regard vert avait viré au noir et il se planta debout près du lit. Les mains sur les hanches et il gronda, à deux doigts d’exploser :
– Tu me dis que je t’ai menti sur mon nom ? Mais mon vrai nom, celui de ma naissance, c’est Myrdhyn, par Lleu ! ! C’est du gallois ancien et ça veut dire le maritime, parce que je suis né en bordure de mer, voilà ! Emrys est le surnom que l’on me donnait et que je porte encore aujourd’hui ! C’est toi qui n’as pas tenu parole ! Quant à ce pendentif, oui, je suis venu le chercher et pas parce qu’il a un pouvoir extraordinaire, mais tout simplement parce qu’il appartenait à ma mère ! C’était pour la protéger… Je le lui avais donné pour la protéger des autres le jour-même où on m’a emmené pour me sacrifier alors que je n’étais encore qu’un enfant… C’était la dernière fois où je la voyais en vie…
Il baissa la tête un instant, ravalant une larme, et il finit par grommeler :
– Tu n’es qu’un idiot, Muraki, un véritable crétin fini… Tu dis que tu n’as plus d’humanité et pourtant, tu as toujours veillé à ne pas me brusquer, tu m’as fait découvrir des choses que je n’avais jamais expérimentées, tu m’as guidé… Quelqu’un qui se fiche des autres aurait pris son plaisir sans se préoccuper de celui qui subit ses assauts… Alors je ne te crois pas… Non, je ne te crois pas… Je te pensais meilleur…
Il le regarda un bref instant, soupira comme dégoûté, et laissa tomber :
– Je t’estimais plus fort que ça. Faut croire que je me suis lourdement trompé. Ça ne sera pas la première fois… Je n’ai jamais eu de sage que le titre, après tout…
Il se déshabilla et lui jeta sa robe à la figure. Il se pencha ensuite, ramassa la malheureuse rose écrasée et qui avait perdu sa fraîcheur, fit appel à sa magie pour lui faire retrouver son éclat et la lui déposa sur la poitrine. Il lui tourna ensuite brusquement le dos et de s’appuyer contre la porte-fenêtre, trop furieux contre leur bêtise, aussi amer que déçu.
Muraki prit la rose entre deux doigts et laissa le parfum saturer ses sens. Il avait oublié que cet étranger ne le connaissait pas, mais cela ne changeait pas ce qu’il était et ce qu’il avait fait.
– Myrdhyn, tu ne vas pas te plaindre que ma bonne éducation m’ait poussé à te traiter avec le plus de respect possible, quand même ? Mais tu ne me connais pas, tu ne sais pas ce que j’ai vécu, ni ce que j’ai fait. Je me suis contrôlé avec toi jusque-là, mais la folie meurtrière me guette chaque minute. J’ai peut-être envie de mourir, pour finir ce cauchemar dans lequel je suis plongé depuis si longtemps.
Il se retourna contre le mur pour ne plus le voir. Comment ce magicien aussi puissant avait-il pu se tromper autant à son sujet ? Il n’était pas bon, il ne pensait qu’à son plaisir. Seulement, l’expérience lui avait montré que le partage avait du bon avec ses amants, c’était la seule raison pour laquelle il s’était montré si attentif. Il soupira profondément. Depuis sa mère, personne n’avait eu de mots aussi bienveillants envers lui, même si cette dernière l’avait considéré plus pour sa beauté particulière que pour l’amour qu’elle aurait dû lui donner. Que lui avait-il dit ? Que le pendentif appartenait à la mère de Myrdhyn ? Oui, cela devait être vrai, il n’avait pas senti de tentatives de cacher quelque chose pour la première fois depuis que ce dernier lui parlait. Il pourrait peut-être le lui rendre…
Mais quand il voulut se lever, il sentit l’air lui manquer. Que se passait-il ? Etait-ce déjà les conséquences du sort de Myrdhyn ? Non, pas déjà ! Il se calma comme il le pouvait, reprenant son souffle difficilement. Petit à petit, il retrouva un peu de force et put se redresser. A sa grande surprise, l’origine de sa douleur se précisa dans son abdomen. Le coup de couteau de Tsuzuki ? Pourquoi cette plaie cicatrisée depuis longtemps se réveillait-elle aujourd’hui ? Que lui avait fait le brun ? Ou était-ce l’énergie mentale nécessaire pour créer et maintenir les sorts qu’il avait lancés qui l’épuisait ? Sa douleur était plus mentale que physique de toute façon, mais il aurait plus de mal à bouger. Il appela donc le gaijin.
– Myrdhyn ! Aide-moi, veux-tu, je dois me rendre dans la cuisine et je ne sais pas pourquoi, mais une vieille blessure vient de se réveiller et me coupe le souffle.
L’Ankou se retourna, l’œil sévère, prêt à le fustiger. Mais il fut coupé dans son élan. Muraki était très pâle, il arborait un masque de souffrance et il y avait un léger voile de sueur sur son front. Il s’approcha vivement et l’obligea à se rallonger. Il l’examina rapidement, n’hésitant pas une seule seconde à plonger dans le passé du Japonais, explorant en un instant les jours passés, puis les mois, et il trouva. Il resta plusieurs secondes immobile, les yeux agrandis de surprise, choqué. Un bref mouvement du jeune homme aux cheveux platine le rappela à l’ordre et il le força à se calmer en le fusillant du regard. Il ne commenta pas ce qu’il avait vu, ce n’était pas ses affaires… Quoique s’il avait réussi son coup avec l’autre bouche à sucre… Il arrêta immédiatement de penser à ce genre de choses. Ce n’était guère le moment.
Il grimpa sur le lit et s’installa sur les cuisses du Japonais, les tenant bien serrées entre ses genoux. Il le regarda dans les yeux, sans que rien ne transparaisse de ses émotions et éveilla sa puissance, sentant immédiatement le gouffre qui se créait en lui avec le bouclier qui aspirait avidement ses forces. Il s’obligea à oublier cette douleur lancinante, cette fatigue qui montait peu à peu, d’autant plus qu’il avait levé toutes ses barrières de protection. Finalement, à quoi cela allait-il servir ? Ils allaient mourir de façon plus certaine, après cela.
Il se refusa à penser, il ne devait plus tergiverser. Il n’était pas comme Muraki, lui. Même si l’humanité le désespérait pour les erreurs qu’elle répétait à chaque génération, il ne pouvait s’empêcher de s’attendrir devant le sourire d’un enfant, le ventre rond d’une femme portant la vie, ou les espoirs d’un jeune homme face à son avenir… Mais il n’avait qu’une parole, il l’avait dit.
Il frotta ses mains énergiquement, priant mentalement Diancecht, le Dieu-médecin, de lui venir en aide et les posa sur le ventre de Muraki, sans aucune manifestation lumineuse. Tout ce qui trahissait la mise en œuvre de son pouvoir étaient ses yeux verts aux pupilles se dilatant et dont les iris avaient varié d’une demie nuance plus claire.
Il n’y avait pas qu’un simple coup de couteau, il le sentait. Muraki y transposait aussi ses propres souffrances, ses réflexions morbides et toute sa déprime. Et son corps réagissait violemment. Il sentait l’énergie s’infiltrer dans les tissus endommagés du Japonais, se lier aux muscles et aux organes, travailler… Et en parallèle, il se sentait faiblir lentement mais sûrement. Il déclinait. Il se redressa sur ses genoux pour se pencher en avant, décolla une main du ventre et la posa sur le front du médecin, caressant au passage sa mèche platine avec douceur.
Ce fut fastidieux. Il n’était pas un guérisseur, mais il parvint à arranger les choses. Il ôta ses mains et se releva lentement, tentant de cacher le tremblement de ses jambes. Il alla s’appuyer contre le pied du lit, reprenant son souffle, les yeux fermés et attendant que passent ses étourdissements. Et la barrière continuait toujours à aspirer ses forces… comme si elle venait les lui arracher de son corps. Il se contrefichait aussi de ce qu’avait pu découvrir ou non Muraki sur lui au moment de son intervention. Au point où ils en étaient…
– Voilà, j’espère que tu vas mieux. Je ne peux rien faire de plus, je ne suis pas spécialisé dans la médecine, soupira-t-il avec lassitude. Et tu devrais faire attention à économiser tes forces, tu t’épuises et ton corps te le fait savoir…
La douleur dans son ventre disparut lentement. Ses pensées redevenaient claires mais l’oppression continuait à monter autour de lui : l’air semblait de plus en plus dense et difficile à respirer. Le médecin se redressa, se demandant où pouvait être le gaijin. La mémoire lui revint et il réalisa que ce dernier avait soulagé sa souffrance… pas que physique, d’ailleurs. Mais pourquoi avait-il fait ça ? Il lui demandait juste de l’aide pour aller dans la cuisine afin de lui rendre le pendentif. Ça lui apprendrait à se laisser attendrir ! Il vieillissait, ma parole ! Et où était-il passé, cet imbécile ? Pourquoi le soigner alors qu’il ne le souhaitait pas ? Et puis il se rappelait maintenant : cette présence dans sa mémoire, c’était lui ! Il avait fouillé dans son passé ! Il avait compris ce qui le reliait à Tsuzuki ! Qu’allait-il faire à présent ? Ils allaient mourir et bizarrement, il n’en avait plus envie, maintenant que le brun aux yeux verts connaissait son passé.
Justement, en parlant de lui, ces images de forêts, de combattants vêtus de tenues que Muraki ne connaissait pas… Il se prit le visage dans les mains. Il avait affaire à Merlin, l’Enchanteur mythique ! Il avait fait l’amour avec un homme mort depuis plus de mille ans. Il ne trouvait donc que les Shinigamis séduisants ? Il se serait giflé pour se replonger tout seul dans les ennuis comme ça, après tant d’efforts pour les éviter. Il écouta attentivement les bruits et n’entendant plus rien, se demanda si le grand Merlin avait réussi à s’échapper malgré ses dénégations précédentes. Mais pourquoi l’aurait-il laissé prisonnier ici après l’avoir soigné ?
Il ne trouverait pas les réponses comme ça. Il se leva et partit en direction de la cuisine récupérer le fameux pendentif tant qu’il pouvait marcher. Il regardait chacune des pièces au passage, mais il était seul. Le coffret n’avait pas bougé, il le posa sur la table et fit apparaître le dragon gardien. Il le caressa un instant avant de le libérer : cette bête lui avait obéi parfaitement et il se devait de le renvoyer dans sa dimension. Il prit le bijou dans sa main et ne put s’empêcher de sourire ; si Merlin avait maudit ce pendentif, il était encore dans la maison, ou alors, il lui avait menti. Et cette pensée n’étonnait pas franchement Muraki. Il repartit vers la chambre, décidé à accueillir la mort allongé sur le lit où il avait rencontré cet amant exceptionnel, quand, en entrant, il le vit, recroquevillé par terre. Il s’approcha de lui, de plus en plus froidement en colère.
– Myrdhyn, Emrys, Merlin ou quelque soit ton nom, espèce de magicien minable, de pseudo-guérisseur, qu’est-ce que tu m’as fait pendant que j’étais inconscient ? J’aurais préféré que tu violes mon corps au lieu de violer mon passé ! Tu m’avais demandé de respecter le tien et je l’ai fait, moi ! C’est vraiment indigne de ta légende. Et puis pourquoi me soigner, hein ! Je t’avais demandé de m’aider à marcher, pas de me ressusciter. Tu es plus têtu que Tsuzuki, toi !
Le brun ne réagissant pas devant cette colère, Muraki le regarda un peu plus attentivement : il semblait épuisé.
– Et en plus, espèce d’idiot, tu t’es épuisé à me soigner, au lieu de chercher à arrêter ce volcan de magie que tu as déclenché. Ton grand âge doit t’avoir fait perdre le peu d’intelligence que tu avais eu en naissant, à moins que ça soit ton sale caractère qui en est responsable.
Il se décida finalement et prit Merlin dans ses bras pour le rallonger sur le lit avec lui. Il se colla contre lui et lui posa le pendentif dans les mains.
– Regarde, je te le rends. Surtout que, maintenant, je sais que tu ne m’as pas menti, puisque nous avons partagé nos passés.
Il referma les doigts de Merlin autour du bijou et se mit à penser. Ce gaijin était complètement mal élevé mais c’était un amant exceptionnel. Maintenant, il connaissait le passé de Muraki et cela n’avait pas l’air de l’avoir gêné. Il se fatiguait lui aussi beaucoup, mais décida de lever le kekkai progressivement. S’il y avait une chance d’annuler ce que Merlin avait fait, il devait essayer, ne serait-ce que pour reposséder un jour ce corps de rêve. Sinon, ils mourraient ensemble, situation qu’il n’aurait pas espérée, il y a six mois.
– T’as fini ta crise, ça y est ? Tu vas mieux ? Une bonne colère, ça soulage généralement… Tu devrais t’y mettre plus souvent… murmura d’une voix faible un captif tout à fait calme.
Muraki sursauta, ne s’attendant pas à l’entendre parler. Merlin ouvrit les yeux lentement, fixant le plafond, le regard vide. Il se concentra un bref instant, évaluant la situation. Le bouclier faiblissait, mais il sentait surtout l’énorme masse des éléments gronder sous eux… La Trinité allait bientôt être opérationnelle… et là… ils mourraient. Il inspira péniblement, serra le pendentif entre ses mains et son expression se fit franchement étonnée. Muraki le lui avait rendu ? En quel honneur ? Il sentait l’énergie contenue dans le sceau vibrer à son contact. Il retraça du doigt le triskel, lentement, comme pour s’assurer que c’était bien le véritable bijou, même s’il le savait déjà.
Il regarda Muraki avec un certain soulagement. Il lui fit un faible sourire et prit sa main en douceur, le remerciant discrètement avant de lancer lentement :
– Désolé d’être allé faire une visite non guidée dans ton esprit, mais il le fallait… et ça a marché… Tu vas mieux dans ton corps et dans ta tête. Par contre, quelqu’un de bien éduqué dit merci, quand on lui rend service, et ne hurle pas sur celui qui lui vient en aide… Apporter son soutien à quelqu’un en difficulté fait partie des principes que l’on m’a inculqués…
Il ferma les yeux durant quelques instants, épuisé, et se laissa porter par ce qu’il ressentait. Le bouclier se levant peu à peu, l’énergie de l’océan lui parvenait, mais c’était si léger… si faible… Jamais il ne pourrait récupérer assez de forces pour interrompre le processus. Restait le bain, mais bon… Il fallait qu’il se traîne à la salle d’eau et vu son état d’épuisement… Il devait essayer pourtant. L’effort était terrible, il tremblait de tous ses membres et il menaça de s’affaler sur le côté. Mais il y eut une paire de bras secourables qui le redressa et le soutint. Merlin se passa une main lasse dans ses cheveux et baissa la tête pour tenter de garder l’esprit clair :
– Si tu n’as plus envie de mourir… Amène-moi dans la salle de bains et abaisse totalement ton bouclier, par Lleu… Le processus va arriver à son terme, il n’y a plus de temps à perdre…
– Qu’est-ce que tu veux faire ? Tu n’as plus de forces, reste donc là, avec moi.
Il essaya de le retenir contre lui mais Merlin s’entêtait, il essayait de lui échapper, toujours tremblant, semblant tendu vers la porte de la chambre. Muraki s’énervait à le retenir quand il se souvint de ce qu’il avait perçu de l’homme qu’il tenait dans ses bras : il tirait son énergie des éléments.
– Calme-toi ! Calme-toi ! Tu entends ! Je ne peux pas baisser le kekkai pendant que tu te tortilles comme ça. Laisse-moi faire, après je t’emmène dans l’eau. C’est bien ce que tu veux ? Alors calme-toi, ça ira plus vite.
En entendant ces mots, le gaijin se laissa enfin aller. L’argenté en profita pour regrouper ses forces et se concentrer pour finir l’invocation lui permettant de faire disparaître le bouclier. Cela lui prit presque ses dernières forces mais une fois cela fait, il s’obligea à se redresser et soutint Myrdhyn jusque dans le bain qu’il fit couler chaud avant de s’y effondrer près de lui, sans énergie.
L’Enchanteur s’accrocha au bord du bassin pour ne pas finir la tête sous l’eau. Il inspira profondément, cherchant à s’isoler malgré le fait dérangeant qu’il y ait un témoin aussi dangereux à ses côtés. Il ferma les yeux et se concentra, s’aidant d’une mélopée monotone pour arriver plus vite en transe. Il récitait le Câd Goddeu (1) doucement, en gaélique :
– J’ai revêtu une multitude d'aspects… Avant d’acquérir ma forme définitive, Il m’en souvient très clairement, J’ai été une lance étroite et dorée, Je crois en ce qui est clair, J’ai été goutte de pluie dans les airs, J'ai été la plus profonde des étoiles, J'ai été mot parmi les lettres…
Il plongea enfin en état méditatif et appela ce qui lui restait de forces. L’eau du bain frissonna, comme hésitante, puis ondula lentement dans le baquet. Merlin attendait avec une sérénité paisible et enfin, l’onde transparente vint à lui, l’entoura de ses bras délicats, comme une amante. Le contact était différent d’un simple barbotage. Il était en communion avec l’élément aquatique et très vite, des arabesques s’élevèrent en dehors de la surface, grimpant le long de son torse, s’enroulant autour de ses membres comme du lierre, allant jusqu’à parcourir son visage, et ondoyer sur sa chevelure de jais… L’Enchanteur se sentait de mieux en mieux et il eut un profond soupir de bien-être. Il savait que, près de lui, Muraki récupérait des ondes d’énergie pure qui s’égaraient de son côté… Peut-être cela allait-il l’aider à reprendre des forces, peut-être pas. Leur magie était si différente…
Plusieurs minutes passèrent, puis Merlin brisa sa transe. L’eau retomba dans un ruissellement de gouttelettes cristallines, trempant pour de bon leurs cheveux. L’Enchanteur se releva sans aucune difficulté, redressa Muraki, tout lui donnant un peu de son énergie pour le secouer, et l’embrassa doucement avant de quitter le bain sans plus tarder. Il ne fit même pas attention aux serviettes, restant trempé de la tête aux pieds, l’eau glissant au gré de ses mouvements sur les courbes délicates de son corps élancé, gouttant de ses cheveux corbeau pour tomber en petites larmes rondes sur le sol. Il se dirigea immédiatement vers le balcon, sans se préoccuper davantage des traces humides laissées sur son passage. Il sortit pour se mettre là où il avait lancé l’impulsion. C’était maintenant que le plus dur serait à faire…
Il se concentra de nouveau pour tomber dans un état quasi cataleptique. Il était au centre des champs de forces exercés par les trois éléments, qui cherchaient à se rejoindre, et la jonction était imminente. Il voyait distinctement les branches qui s’étaient enroulées en spirales et dont les extrémités affleuraient sous lui. Il se recueillit mentalement durant quelques secondes. Il allait forcément souffrir. Il n’avait pas pensé que la Trinité en serait déjà à ce stade… La peur lui tordit les entrailles et il se força à ne pas paniquer.
Muraki ouvrit les yeux en sentant un baiser léger sur ses lèvres. Il n’eut que le temps de voir son amant, ayant apparemment récupéré des forces, qui sortait rapidement de la salle de bains. Où allait-il, aussi pressé et nu ? Il se força à le suivre, malgré l’air de plus en plus difficile à respirer, et s’effondra sur le pas de la porte. Impuissant, il regardait l’Enchanteur qui semblait prendre la mesure des éléments autour de lui.
Merlin s’agenouilla lentement, ayant la terrible impression qu’il adoptait l’attitude du condamné face au billot. L’oppression était devenue terrifiante et il refoula le désagréable souvenir qui venait le hanter… Il devait s’occuper d’un élément à la fois, de façon méthodique… Il se mit en résonance avec l’air… Ils avaient besoin de respirer, l’air devait donc s’apaiser… Il sentit une énergie affolante le saisir, entrer en lui et se débattre pour en ressortir, et il s’arqua sous la brutale impression que ses poumons explosaient, alors que sa peau le brûlait comme s’il était exposé directement à la rage aérienne. Il hoqueta et planta ses ongles dans ses cuisses. Il n’était plus qu’un fétu de paille pris dans le chaos mais tandis qu’il se sentait se perdre, il se commença à incanter les triades druidiques, ce qui lui fit oublier sa propre douleur et le recentra sur le processus. Il éveilla enfin toute sa magie et il lui sembla qu’elle se mettait à bouillonner dans ses veines. Il ne le voyait pas, mais de son corps, fusaient des éclats de lumière qui s’évanouissaient rapidement, pendant qu’une espèce de tornade l’entourait en faisant tout valser à proximité. Merlin se focalisa sur le côté agressif, sur le véritable ouragan, qui s’acharnait à le prendre d’assaut, et bientôt, ce dernier se transforma en tempête, perdant peu à peu de sa puissance alors que l’Enchanteur en dissipait l’énergie, fonctionnant comme un véritable catalyseur… Lorsqu’il considéra que la force de l’élément aérien était suffisamment amoindrie, il la libéra complètement de son emprise, déclenchant un grand souffle d’air qui balaya tout ce qui l’entourait avant de s’évanouir complètement. La branche qui lui correspondait avait cessé de progresser et chantait doucement, comme une brise mourante…
Merlin s’autorisa quelques secondes de répit, appréciant l’allégement de la pression ambiante, et s'attela à l’élément suivant : l’eau. Cette fois, même s’il s’agissait de son élément de prédilection, il se crut écrasé par un raz de marée dévastateur. Il eut un gémissement plaintif, se courbant instinctivement sous la puissance qui le dominait et il posa les mains au sol pour trouver un semblant d’équilibre mais aussi pour s’accrocher à la réalité. Il était entouré de minuscules gouttes d’eau en suspension tout autour de lui, semblables à une pluie immobile. Le jeune homme peinait à respirer et la sueur coulait sur son front. Il n’y arriverait jamais… Ils avaient trop attendu… Il ferma les yeux, se sentant bien trop faible face à une telle puissance, et il se laissa mentalement ballotter par la furie des eaux, par la colère de l’onde. Une larme coula et il implora l’aide de Manawyddan, le dieu de l’Océan. Il était lui-même le maritime, selon son nom, mais il était si faible en ce moment ! Et comme si cette eau, qui venait pourtant de lui rendre des forces quelques instants plus tôt, venait enfin de le reconnaître, elle commença à s’apaiser d’elle-même, puisant dans les ressources d’un Enchanteur à la magie offerte. Merlin bondit sur l’occasion pour reprendre les rênes et le tsunami furieux ne fut plus qu’une légère houle un peu plus prononcée. Sur son corps avaient ondulé de véritables serpentins liquides, qui s’étaient entremêlés en une figure complexe quelques instants plus tôt, et qui retombèrent sur le sol dès que le jeune homme laissa l’élément aquatique retourner là d’où il venait. La seconde branche s’était immobilisée et s’évaporait lentement…
Pour la troisième branche, à laquelle il s’attaqua immédiatement, sans coup férir, Merlin ne prit plus de gants, il n’en avait plus la possibilité. Ce fut comme si on l’enterrait vivant et il se prit la tête entre les mains pour ne pas devenir fou. Le poids qui faisait pression sur lui était inimaginable et il hurla de douleur, le corps tétanisé, la peau cireuse, son pouvoir presque étouffé par la puissance du dernier élément. Il était entièrement broyé par un étau implacable. Ce n’était pas que la terre, c’était aussi la grande Don en personne qui avait répondu à son appel. Il fallait absolument qu’il l’apaise. Il se recroquevilla complètement, les muscles saillants et tremblant sous la torture insupportable. Son pauvre organisme vibrait et tressautait sous des assauts incessants, qu’il peinait à contenir, et il avait nettement l’impression qu’il allait terminer en bouillie. Dans quel état allait-il finir entre les mains de cette divinité ? Don était une déesse mère, il devait lui rappeler que l’un de ses enfants souffrait à cause de sa trop grande débauche d’énergie. Il l’invoqua d’une voix faible, hachée, récitant en boucle la prière qu’il avait apprise alors qu’il n’avait pas sept ans. Il y eut un instant de silence au milieu du tumulte grondant dans sa conscience et il sentit un regard lourd peser sur lui. Il continua sa litanie implorante, le corps tremblant d’épuisement. Il eut l’impression qu’on lui caressait les cheveux d’une main tendre, qu’on le berçait pour le consoler et il sentit même un regain d’énergie l’habiter. La terre se fit moins oppressante et il initia enfin l’apaisement, secondé par cette présence diffuse. Lorsqu’il libéra l’énergie qu’il avait contenue dans son corps, le sol vibra plusieurs secondes, comme secoué par un séisme, qui fit vaciller aussi bien la maison que les arbres, mais Merlin, lui, regardait la troisième branche inerte qui se comblait peu à peu.
La Trinité avait été interrompue de justesse. Et d’un mouvement las, il baissa la tête, se maintenant à genoux et en équilibre grâce à ses mains posées au sol, encore trop hébété pour percevoir son environnement immédiat. Prendre en soi, tour à tour, le pouvoir de trois éléments primordiaux déchaînés n’était pas une sinécure et heureusement qu’il ne faisait pas ça tous les jours… Il ne sentait plus l’oppression, il respirait sans gêne mais il tremblait, frigorifié. Il était trempé, en plein courant d’air, mais il se sentait parfaitement incapable de se lever pour le moment.
Allongé sur le bois du balcon, Muraki assista à un vrai spectacle d’apocalypse. Merlin était à genoux devant lui. Soudain les éléments se déchaînèrent avec pour centre, une silhouette pâle couronnée de brun, il ne voyait plus que par instant son amant entre deux rafales de vent plus violentes que celles du cœur d’un typhon. Il était totalement impuissant, obligé de se protéger des bouts de bois et autres objets insolites soulevés par la tempête. Il se cacha le visage sous ses mains, ne voulant pas perdre son deuxième œil par accident, quand le calme revint rapidement, le vent semblant disparaître dans les cieux.
Mais la paix dura peu, l’eau sembla sortir de la terre, monter de l’océan pour s’élancer à l’assaut de l’Enchanteur, l’entourant, le fouettant violemment partout, puis elle parut se figer pendant un instant, qui dura une éternité, avant de s’apaiser aussi et de retourner d’où elle venait avec une douceur incongrue. Muraki releva la tête, étonné de voir Merlin toujours stoïque au milieu du carnage qui subsistait du balcon. Plus de table, plus de chaises, la balustrade avait disparu ainsi que les buissons de roses qui l’envahissaient précédemment, mais le brun n’avait pas bougé.
Le calme fut de nouveau interrompu mais, cette fois, le Japonais ne vit rien d’apparent. Il respirait mieux et recouvrait un peu de ses capacités, aussi se concentra-t-il pour analyser ce que faisait le gaijin. Il semblait être relié à la terre par des fils invisibles de plus en plus nombreux qui le recouvraient. Son corps se plia brusquement sous l’effet d’une douleur d’autant plus impressionnante, qu’elle était totalement intérieure. Muraki se demanda comment il pouvait résister à la puissance de cette magie très primale. Il l’entendit psalmodier dans une langue inconnue de lui, faiblement. Cette prière trouva un écho dans l’air autour de lui et l’oppression venant de ces liens invisibles s’apaisa, elle aussi, peu à peu, les laissant tous les deux épuisés, mais entourés de calme et d’une pureté étonnante.
Il se rapprocha de Merlin et le serra contre lui, il était glacé, trempé et frissonnant d’épuisement. Vu les perturbations qu’il venait d’y avoir, Muraki ne pensait pas qu’un bain chaud était possible, toute la tuyauterie avait dû exploser lorsque le brun s’était retrouvé entouré par cet élément. Il ramassa ses forces et le prit dans ses bras pour le ramener sur le lit avec lui. La chambre était orientée de l’autre coté principalement et avait peu souffert de la tempête qui venait d’avoir lieu. Il déposa son précieux fardeau et essaya de trouver un drap ou une couverture pour les recouvrir, mais il n’avait plus beaucoup de forces non plus. Il se contenta de récupérer les robes qu’ils avaient laissées précédemment et les en recouvrit. Prudemment, il éleva un autre bouclier, pas pour son compagnon, cette fois, mais pour les masquer aux yeux du monde et les prévenir de toute possibilité d’intrusion, et s’allongea enfin aux cotés de l’Enchanteur pour se reposer aussi.
Il le serra contre lui, l’enveloppant du mieux avec son propre corps pour le réchauffer avec sa propre énergie, le recouvrant de tissus là où il ne pouvait pas le toucher. La tête de Merlin était cachée dans sa nuque, son souffle court montrait sa fatigue. Il le caressait le long de son dos, doucement, d’une main pendant que l’autre lui massait le torse pour essayer de lui faire circuler le sang, enfin au départ. Car plus il sentait la peau de son amant redevenir plus tiède, plus ses mouvements se faisaient voluptueux malgré lui. Cet homme n’était pas qu’un grand magicien, c’était aussi un grand sensuel dont le seul contact lui donnait des envies lui réchauffant le bas-ventre. Il bougea un peu, entoura les jambes de Merlin avec les siennes, lui effleurant la nuque délicatement. Son compagnon laissa échapper un gémissement du fond de sa gorge, qui n’était plus tout à fait dû à l’épuisement. Muraki le redressa contre lui et ne put résister à l’embrasser sur la tempe.
La chaleur. Des mouvements doux. Un corps pressé contre le sien, si faible. Des lèvres sur sa tempe. Les longs frissons qui le parcouraient n’étaient plus vraiment dus au froid. L’Enchanteur s’était totalement abandonné, laissant son partenaire le manipuler comme une marionnette. Il lui faisait confiance. Et il faisait aussi confiance à ce que lui disait son instinct et aux sensations plaisantes qui le parcouraient. Il avait eu si froid, il s’était senti complètement seul juste après la rupture du processus destructeur. C’était à peine s’il avait perçu Muraki le traîner sur le lit. Mais là, il avait tourné toute son attention sur ces mains qui le touchaient, sur ce corps qui lui donnait sa chaleur, sur ses sens qui commençaient à s’éveiller de nouveau. Il aimait lorsqu’il le caressait ainsi, il appréciait ses petits soins à son encontre, il raffolait de ses petits baisers coquins. Il ouvrit doucement les yeux, le regard totalement flou, et il se lova contre le Japonais, se réfugiant dans ses bras, cherchant à se coller tout contre lui. Il appuya sa tête contre une épaule accueillante et posa sa main sur celle de son amant pour la cajoler doucement. Il poussa un long soupir de contentement, surtout en sentant le bien-être qui l’envahissait et commençait lentement mais sûrement à le griser, le tout assaisonné d’une pointe de désir qui émergeait peu à peu sous ces caresses si tendres… qui ne pouvaient être que celles de son Muraki à lui.
Il était prêt à accueillir l’enfer il y a peu et là, il se sentait soudainement plus proche de son paradis : l’homme dans ses bras s’était encore plus collé contre lui, plein de bonne volonté, il répondait même doucement à ses caresses. Le docteur laissa ses mains aller sur ce corps élancé, si souple, attentif à ses réactions, insistant dans le creux de l’abdomen, le long d’une cuisse, il veillait le moindre frisson, le moindre gémissement de plaisir pour mieux revenir sur ces zones sensibles. L’Enchanteur se lovait contre lui, tremblant, frémissant, les yeux à demi ouverts. Il le redressa et commença à lui dévorer la bouche de plus en plus passionnément. Quand il sentit une réponse, il lâcha sa tête pour attraper ses fesses musclées à pleines mains, pendant que Merlin retrouvait apparemment assez d’énergie pour lui effleurer le torse. Ils gémirent tous les deux, profondément échauffés par toute cette peau en contact. Muraki profita de sa prise pour frotter leurs érections naissantes l’une contre l’autre, arrachant un cri de plaisir à son amant, qui se cambra, lui donnant accès à une gorge ouverte et tendre qu’il se dépêcha de dévorer de baisers passionnés. L’Enchanteur semblait perdu dans des sensations qui le submergeaient, remuant sa tête sans raison, serrant le Japonais contre lui, poussant des cris inarticulés. Sentant son amant passionné se réveiller, il ne put s’empêcher de lui glisser dans l’oreille :
– Essaie de ne pas me mordre aussi profondément cette fois, si je dois encore te porter j’aurais besoin de mes deux épaules.
Merlin sentait des mains affolantes lui courir sur le corps et le brasier s’allumer peu à peu en lui, de plus en plus impérieux, et il ne parvenait plus qu’à gémir. Comment Muraki pouvait-il déjà connaître aussi bien ses zones sensibles ? ? En tout cas, il était en train de lui mettre le feu aux reins et il ne semblait pas prêt de s’arrêter là. Il le sentait le dévorer de baisers, taquiner ses sens pour mieux le faire crier et il était en train de perdre pied rapidement. Tout ce qu’il était encore capable de comprendre, c’était qu’il avait oublié totalement le froid, qu’il regagnait des forces et qu’il allait pouvoir bientôt lui rendre la pareille. En entendant la taquinerie, Merlin le fixa dans son regard argenté d’un air enjoué, se mit à sourire innocemment et chuchota en effleurant un téton qui ne tarda pas à s’ériger :
– Mais je peux te guérir, aussi… Pourquoi donc se priver ? Tu aimes bien quand je te mords et te griffe, non ? En tout cas, avec ta réaction de la dernière fois…
Il se mit à embrasser légèrement la morsure en riant, alors que ses mains se faisaient à son tour plus vagabondes, explorant ce corps subtilement, par légers frôlements, sans jamais se poser franchement, afin de mieux frustrer son partenaire, qui gémissait à son tour. Et Merlin commença doucement une ligne de baisers, qui descendit progressivement jusqu’à l’abdomen, après avoir bien insisté sur le torse délicatement sculpté et torturé de façon systématique chacun des mamelons. Arrivé au niveau du nombril, il releva les yeux sur Muraki, observant l’expression de son visage, et prit appui sur ses avant-bras pour se redresser lentement, souplement, encadrant les jambes de Muraki avec les siennes, sans pour autant s’asseoir. Il lui fit un sourire provocateur, et se baissa de nouveau pour lécher la peau en le fixant du regard, attendant une réaction de son partenaire.
– J’ai envie… hum… de te faire languir… murmura-t-il.
Muraki poussa un gémissement profond sous les baisers de son amant. Il n’avait pas volé son surnom de " Fils du Diable " mais ce dernier ne voulait pas être en reste. En l’entendant, il ferma les yeux à moitié, fit mine de se détendre et passa à l’action. Il se redressa, embrassa passionnément Merlin, le ramena contre lui et roula sur le lit. Il fit une pause dans le baiser pour répondre.
– Pour cela, il faudrait que tu sois capable de résister plus longtemps que moi, et tu m’as prouvé hier que ce n’était pas le cas.
Et à son tour, il commença à dévorer une gorge fine et pâle, laissant au passage des marques de la passion qui commençait à les dévorer tous les deux. Pendant ce temps, ses mains cerclaient délicatement les deux pâles boutons roses ornant le torse de Merlin, refusant de les toucher dans une caresse subtile devenant presque une torture. Les soupirs de plaisir de son amant lui montrant le succès de ses attentions, il continua ses effleurements sur son abdomen et l’intérieur de ses cuisses, refusant toujours de toucher ses tétons ou sa virilité réveillée. L’Enchanteur se tortillait littéralement sur le lit sous l’effet des sensations qui le submergeaient. Muraki continua l’exploration de ce corps offert avec lenteur, utilisant toutes ses connaissances pour rechercher tous les nerfs les plus à fleur de peau, afin de rendre son amant fou de plaisir, jusqu’aux chevilles fines, dont l’intérieur se révéla particulièrement réactif à sa langue coquine. Son œil brilla sous des cheveux trempés de sueur et il remonta doucement vers la bouche fine pour la dévorer de nouveau. Il avait perdu son apparence si élégante, pour ressembler davantage à un prédateur prêt à dévorer sa proie avec délice, et savourant l’anticipation du bonheur qui l’attend.
L’Ankou n’avait qu’un seul mot à l’esprit : " purée ! ! " En beaucoup moins poli et en beaucoup plus coloré, certes… Mais c’était l’idée. Il ne savait pas lequel des deux était le plus démoniaque, mais Muraki était un challenger dangereux. Le voilà qui tentait de le prendre à son propre jeu ! ! Non, mais ça n’allait pas se passer comme ça ! ! Il allait lui montrer, lui, ce que c’était de faire capituler l’autre ! ! Et puis, il n’était pas si facile à convaincre, qu’on se le dise ! ! Même si son corps si fatigué était en train de se transformer en un gigantesque brasier, si le sang qui coulait dans ses veines bouillonnait de désir et si son souffle devenait saccadé, il n’était pas écrit qu’un simple mortel de rien du tout aurait encore barre sur lui ! Voilà, c’était dit ! Il fallait appliquer, désormais.
Merlin gronda, clouant de son regard brillant le médecin. Et il se redressa très lentement, sans perdre un seul geste de son " prédateur ". Mais à chasseur, chasseur et demi… Il se retrouva enfin assis, puis sur ses genoux, forçant Muraki à reculer peu à peu. Un sourire en coin, les muscles tendus, une lueur dangereuse scintillant dans ses prunelles s’assombrissant peu à peu… Il tendit la main, effleurant à peine la peau du docteur, s’approcha doucement avec une lenteur hypnotique, dans une ondulation serpentine et se colla tout contre lui. Ses doigts coururent sur la peau blanche et l’une de ses mains se posa sur le fessier rebondi de Muraki, prenant largement possession de la zone. Merlin appuya son front contre celui de son amant et son autre main se caressa lentement, provoquant un sourd gémissement à peine audible. Il lécha doucement la tempe du docteur alors que ses doigts commençaient à s’aventurer en des zones dangereuses et qu’il se mettait à bouger tout contre lui. Il cessa de se caresser et se saisit fortement de la nuque de Muraki, le restreignant à sa façon. Il avança de manière à peine perceptible l’une de ses cuisses entre celles du Japonais alors qu’il redessinait de ses lèvres le contour de son visage, reprenant peu à peu le contrôle, en subtilité. Et les mains du médecin sur lui devenaient plus franches, même si leurs mouvements quelque peu erratiques semblaient trahir l’effet qu’il lui faisait. Il ne put s’empêcher de sourire pour lui-même avant d’attaquer un baiser affolant.
Le Japonais avait laissé faire Merlin, fasciné par cette silhouette si fine mais dont émanait une sensualité et une puissance formidable, ainsi qu’une impudeur presque rafraîchissante. L’Enchanteur ne retenait pas les réactions de son corps et cherchait à provoquer la pareille chez son amant. Mais ce dernier l’avait défié et il n’était pas homme à fuir, surtout en ce domaine des plaisirs du lit. Il répondit avec autant d’ardeur qu’il le pouvait au baiser de feu que le gaijin avait initié, tout en attrapant à deux mains les fesses rebondies de son amant. Il le souleva, écartant encore sa prise pour frotter délicatement son sexe en érection contre cette ouverture aguicheuse qu’il voulait de nouveau découvrir. Il se fit tentateur, se déplaçant lentement dans cet espace secret entre les cuisses d’albâtre. Par un effort suprême de volonté, il se contenta d’une douce torture pendant quelques secondes, puis, reposa Merlin contre lui et prit dans ses mains la virilité de ce dernier pour lui faire subir les mêmes sévices. Sous l’effet de ce traitement, son amant avait libéré sa bouche pour laisser échapper un gémissement puissant. Il se lova contre lui, bougeant ses hanches spasmodiquement. Avant de perdre complètement le contrôle de ses sens, Muraki humidifia rapidement ses doigts, puis d’en glisser un dans l’anneau musculaire si accueillant, afin de préparer Merlin à ce qui allait suivre.
L’Enchanteur rejeta vivement la tête en arrière, se mordant violemment la lèvre inférieure, au point qu’un filet de sang se mit à couler sur son menton, et il poussa un véritable cri, mêlant le plaisir et l’indignation. Il fusilla du regard Muraki et tenta de nouveau de se libérer pour s’imposer, ruant comme un cheval sauvage entre ses bras, se débattant telle une furie pour l’obliger à enlever ce doigt qui avait osé une nouvelle fois s’insinuer traîtreusement en lui. Il finit par lui attraper le poignet pour le lui broyer de toutes ses forces et de sa gorge s’échappa un grondement menaçant. Il tremblait de tous ses membres, sous le coup de la contradiction entre ce que voulait son corps, ses sens embrasés qui le poussaient à la folie et son instinct de domination qui l’obligeait à réagir aussi âprement. Il chercha à se relever, affichant une expression de prince révolté et comme il n’y parvenait pas, il saisit Muraki au cou, menaçant de l’étrangler. Ses cheveux de jais, ébouriffés, faisaient ressortir encore plus violemment son teint livide et ses yeux, aussi sombres qu’un sous-bois au crépuscule, lançaient des éclairs. Il ne voulait pas et il n’y avait pas à discuter. Le message était clair et si Muraki persistait, il n’hésiterait pas. Car le fauve était bien là, tout hérissé et furieux…
L’œil argenté étincela. L’attaque sauvage l’avait surpris mais pas étonné. Merlin montrait son coté violent dans toute sa splendeur. Mais qu’il était beau, les cheveux en bataille et les yeux brûlants de colère. Il allait presque lui faire oublier Tsuzuki… Il ne sentait même pas la prise sur son poignet menacer de le lui broyer, il ne sentait pas la main sur son cou, il ne voyait que cette énergie purement animale qu’il rêvait de posséder de nouveau.
Malgré tous ses efforts, le brun n’avait pas réussi à se dégager du doigt inquisiteur, Muraki en profita pour le remettre en mouvement, cherchant la zone magique qui rendrait les yeux verts de nouveau brillants de désir. Il sut tout de suite quand il la toucha lorsque la main sur son cou relâcha sa pression, le laissant même respirer librement, pour s’accrocher de plus en plus violemment à ses épaules au fur et à mesure qu’il caressait ce point intérieur. Il se pencha pour mordiller la nuque tendre qui s’ouvrait de plus en plus pour lui. Son poignet était enfin libre mais douloureux, il essaya quand même de reprendre le sexe de son amant pour lui redonner envie de goûter au plaisir. Il profita de la distraction que cela amena dans l’esprit enfiévré de Merlin pour rajouter un deuxième doigt afin de détendre encore plus les muscles chauds de son anus. Il ne sentait plus son dos dans lequel des longues traces de griffes se formaient rapidement, il ne pouvait plus attendre et il souleva le gaijin pour l’empaler rapidement sur lui. Il aurait voulu aller lentement, pour déguster encore plus cet instant, mais il ne pouvait plus supporter les sensations dans lesquelles il se noyait.
Merlin poussa un cri étranglé alors que tout son corps se crispait sous l’invasion plus " volumineuse " qu’il subissait. Ses doigts crochetèrent le dos de Muraki tandis que ses ongles s’enfonçaient de plus belle dans la peau blanche de plus en plus lacérée. Il s’arqua brutalement en arrière, ployant sous la sensation terrible d’être pris malgré lui, et ses cuisses se refermèrent dans un étau implacable autour des hanches du Japonais, le retenant de faire tout mouvement, voulant bloquer désespérément toute action de sa part. Un long frisson brisa son immobilité et il reprit une goulée d’air après avoir longtemps retenu son souffle. Il se mordit plus fortement, faisant encore couler le sang pendant qu’une larme tombait sur la cuisse de Muraki. Il se redressa lentement, tremblant de plus en plus, et ce fut d’une voix brisée qu’il murmura :
– Tu… tu as triché… Ça fait très mal, figure-toi… Attends un peu… Je t’en prie… Je ne suis pas prêt…
Il plongea son visage dans le creux de l’épaule du Japonais, cherchant à réguler son souffle, relâchant la tension de ses doigts progressivement pour finir par les glisser dans ses cheveux dans un geste presque suppliant. Il avait fermé les yeux, luttant contre la douleur, et finit par comprendre que l’immobilité totale ne l’aiderait pas à être soulagé. Il desserra doucement ses cuisses et bougea très légèrement le bassin, ce qui eut pour effet de l’électriser tout entier, et il gémit faiblement. Il se pressa contre Muraki et réitéra le mouvement, guettant la douleur, mais ce fut le plaisir qui l’envahit peu à peu. Il avait besoin de douceur après cette violence et il se mit à la rechercher en se collant totalement contre son tortionnaire, poussant de légers soupirs de plaisir au gré de ses timides mouvements de hanches.
Le médecin profita de ces quelques instants de calme pour lui aussi reprendre son souffle et enfin profiter de l’instant, comme il l’avait espéré au début. Sentir Merlin se réfugier contre lui ne l’aida pas. Mais quand il se mit à bouger doucement, collé à lui, il laissa aller ses mains le long d’un dos trempé de sueur et de frissons. Petit à petit, son amant se détendait et Muraki lui attrapa les hanches pour en maîtriser les va et vient. Il le redressa pour l’embrasser passionnément, lui tenant la nuque immobilisée fermement, pendant que ses doigts de l’autre main s’enfonçaient profondément dans une fesse nerveuse afin d’en contrôler les mouvements, Merlin avait voulu l’étrangler, maintenant ils allaient bouger à son rythme à lui et l’Enchanteur n’atteindrait pas le plaisir avant qu’il ne l’ait décidé.
Son amant gémit, s’accrochant désespérément à lui. Il ne savait pas combien de temps il pourrait le torturer ainsi, mais il se repositionna. Calant Merlin contre le mur, il ressortit presque entièrement du corps du brun avant de le repénétrer très lentement, cherchant à atteindre le point particulier augmentant la jouissance de son partenaire avec la précision la plus absolue. Il sut tout de suite lorsu’il le toucha quand ce dernier se cambra, manquant s’assommer contre le mur. Les yeux verts, rendus glauques par l’amplitude de la volupté le frappant, firent perdre la tête à Muraki. Il s’appuya au mur d’une main, pendant qu’il attrapait le sexe de Merlin de l’autre pour lui en faire un fourreau avec lequel il allait le masser, alors qu’il entreprenait enfin de pénétrer le corps pantelant contre lui au rythme qui lui convenait le mieux. Un rythme de folie rendant plus proche l’explosion des sens qui les attendaient…
Merlin ne savait plus à quel dieu ou déesse se vouer, ne savait plus que faire pour arrêter ce supplice que lui infligeait cet homme, ne savait même plus son nom… Comment… Comment avait-il pu deviner qu’il était si sensible ? Qu’il ne pouvait guère en supporter plus sans devenir fou, tomber dans les pommes ou piquer une crise de nerfs, au choix ? Il lui avait demandé d’attendre, pas de le punir ainsi… Il finit par pousser un hurlement déchirant lorsque le médecin daigna enfin accélérer les choses, soulageant à peine l’embrasement infernal qui le menait directement à la démence. Il n’en pouvait plus d’être retenu, d’être prisonnier de cette poigne aussi ferme que douloureuse.
Son regard se voila un court instant où il perdit la notion de tout ce qui l’entourait, y compris les mouvements de son amant en lui. La sensation avait été trop forte, il ne pouvait en endurer davantage. Il s’abandonna totalement contre le mur, posa ses mains sur les épaules de Muraki pour se maintenir, ouvrit davantage les jambes et d’un geste d’une brutalité inattendue, il finit par venir s’empaler sur son membre, surprenant le médecin, qui ne s’était guère attendu à ce genre de réaction. L’Enchanteur, dans un effort douloureux, recommença, bougeant de façon plus anarchique, allant à l’encontre du rythme du Japonais. Il finit par revenir tout contre le Japonais et le mordit, sans préavis, à l’attache de l’épaule. Le gémissement de douleur de son amant l’excita davantage. L’une de ses mains s’était carrément agrippée à ses cheveux platine qu’il tirait sans ménagement et il le repoussa en arrière pour le faire tomber sur le dos.
Il se redressa alors lentement, le regard étincelant de mille feux, et il se mit à bouger à son propre rythme, sans se préoccuper de ce que voulait Muraki. Il le défiait une nouvelle fois, repoussant encore les limites de ce qu’ils pouvaient endurer l’un comme l’autre. Merlin lécha ses lèvres sèches, ferma les yeux de contentement, et ses mains se mirent à griffer le torse sensible du médecin… Aimer un Ankou était dangereux. Aimer Merlin était suicidaire… Il se cambra, changeant l’angle d’attaque afin de mieux apaiser cette lave qui lui consumait les reins, en vain, et il cria, dans une supplique éperdue :
– Je brûle ! Je n’en peux plus, je vais devenir fou ! ! Prends-moi, Muraki, je suis à toi ! !
Douleur, jouissance, les doigts griffus de l’Enchanteur lui arrachèrent un cri qui libéra ses sens surchargés. Ils devenaient fous de cette communion de plaisirs charnels. Quand il entendit l’appel à l’aide de son amant, le médecin s’appuya sur un coude pour se redresser. Il atteignait ses limites physiques mais les yeux de son compagnon lui montrèrent qu’il avait besoin de son assistance : la bête, qui sommeillait en lui, avait pris le dessus et seul un orgasme surpuissant le libérerait de son influence, le libérerait de la folie qui le guettait.
Il attrapa Merlin et le plaqua violemment contre son torse, dévorant sa bouche avec toute la passion dont il était capable. Ils roulèrent sur le lit et il se redressa dominant son amant de toute sa stature.
– Calme-toi ! Laisse-moi faire, je sais ce qui te fait du bien.
Il prit les chevilles de son partenaire et le souleva comme une plume afin de trouver une meilleure position pour le pénétrer au plus profond qu’il lui était possible. Il enroula les jambes de Merlin autour de sa taille et les mains enfin libres, lui prit les hanches pour aller et venir en lui, méthodiquement, puissamment, violemment. Des mains se posèrent sur ses bras, presque tendrement après l’éruption de violence précédente, son partenaire voulait l’attirer à lui, mais il ne se laissa pas faire, concentré sur ses mains et le feu qui le prenait à son tour dans le ventre. Il se pencha pour dévorer le torse pâle devant lui, mordillant la peau et les deux boutons rosés l’ornant délicatement. Ils haletaient ensemble, l’air était chargé de sueur, de parfums de sexe et de sang, les griffes de son amant lui arrachaient encore des gémissements de plaisir lorsqu’il lui labourait le dos. Il remonta vers la nuque et les lèvres fines et désespérées pour partager enfin ce moment de volupté extrême. Ce plaisir insensé, Merlin dans ses bras… Il était déjà réputé fou, mais il était prêt à risquer le peu de raison qui lui restait pour les emmener tous les deux au paradis des amants les plus intenses que la terre ait jamais porté.
Merlin poussa un grondement guttural, se tendant vers Muraki, le suivant dans sa cadence, dévorant sa bouche, le voulant tout contre lui. Son regard se perdait dans les limbes du plaisir, côtoyant l’oubli et l’aveuglement. Seul le mouvement répété qui le secouait en rythme, l’empêchait de sombrer pour de bon, et pour éviter de se perdre, il s’accrocha de toutes ses forces à son amant, cherchant à le retenir dans des gestes éperdus. La bête voulait se redresser, se venger de celui qui la clouait ainsi sur le matelas, lui rendre la pareille, mais le pilonnage implacable dont elle était la victime, la força à reculer, à s’effacer et à retourner dans le néant.
L’Ankou eut un cri rauque en se raidissant brutalement, se crispant entièrement, tendu comme un arc et ce fut un autre cri libérateur qui annonça le retour de sa conscience. Il bascula la tête en arrière, retombant complètement alangui sur le lit, les jambes ayant glissé mollement des hanches et il se retrouva totalement offert à Muraki, tout à fait consentant, les yeux verts le regardant avec désir et tendresse. Il se remit à onduler sous lui, se donnant tout entier, s’ouvrant complètement au moindre caprice de son amant. Il tendit une main vers le visage rougi par l’effort et le caressa doucement, gémissant à chaque coup de reins, l’appelant à le prendre encore plus pour que Muraki atteigne la jouissance. Très vite, il sentit de nouveau la folie le guetter, non plus gouvernée par le fauve, mais par une volonté impérieuse de lui appartenir pleinement. Il entoura son cou de ses bras et remonta ses jambes pour les renouer sur ses reins, faisant pression pour accélérer la cadence. Il n’avait plus assez de ses mains, de ses lèvres, de sa langue ou de ses dents pour s’approprier le corps du Japonais. La passion était là, plus forte que jamais et il recommença à galoper sur la crête des sensations infernales. Il ne s’entendait même plus crier de plaisir, ne se sentait plus répondre à la moindre sollicitation, avait oublié sa fatigue. Il voulait s’accomplir… grâce et pour son amant.
Le feu qui le brûlait envahissait tout, il poussait violemment dans le corps offert, voulant pénétrer au plus profond de cette âme rebelle. Régulièrement, de plus en plus fort, il cherchait à le posséder, le sang qui coulait de sa peau fendue ne comptait pas, les muscles endoloris par tant d’efforts n’existaient pas, il était au-delà de la douleur, il rejoignait l’Enchanteur dans une communion de folie. Mais au moment où il lui sembla ne faire plus qu’un, son amant eut un spasme et s’effondra, relâché, sur le lit. Muraki souleva ses hanches pour reprendre un rythme plus calme, plus doux, mais cela ne dura pas. Merlin le caressa délicatement, avant de s’accrocher de nouveau à lui avec gourmandise, et le feu entre eux se réveilla. Mais cette fois, il sentait son amant particulièrement présent, il voulait lui donner autant que le médecin essayait de lui apporter de plaisir. Muraki le ressentit et enroula ses longs bras autour du brun, le resserrant contre lui pour augmenter la surface de peau en contact. Il se cala les coudes sur le lit, et dévora la gorge qui se trouvait à sa portée, les oreilles fines, les lèvres délicates, pendant que le rythme de ses reins accélérait de plus en plus. Ils gémissaient, s’embrassant mutuellement, s’embrasant mutuellement.
La passion les fit basculer sur le côté et le Japonais en profita pour attraper la virilité de son amant. Il le caressa rapidement, l’amenant enfin à la libération suprême. Les contractions du corps de Merlin lui furent fatales et lui aussi se libéra enfin dans de violents spasmes qui lui ôtèrent la vue et le souffle pendant quelques minutes. Sans force, il s’allongea sur le dos, ramenant l’Enchanteur contre lui, l’arrangeant tendrement sur son épaule. Il sentait le sommeil le gagner et ne put que murmurer dans l’oreille du brun :
– Extraordinaire…
Ce fut un profond soupir d’aise qui lui répondit, et l’une des mains de Merlin attrapa celle de Muraki pour enlacer ses doigts délicatement. Il avait récupéré son coussin vivant, il était épuisé et le bas de sa personne était en compote, mais il était très bien comme ça. Même s’il avait sous les yeux les traces de son… zèle sur le torse pâle zébré de rouge. Il se sentait en sécurité et, pour la première fois depuis longtemps, apaisé et peut-être même compris. Le souffle lent et profond de son amant le berçait et il ne tarda pas à s’endormir à poings fermés, en toute confiance. Inconsciemment, il savait que le Japonais n’allait pas résister longtemps et de toute façon, il comptait sur lui pour le réveiller le moment venu.
Un élancement lui parcourut l’épaule et le réveilla, Muraki avait bien été mordu. Il ne put s’empêcher de grogner. Les meilleures vingt-quatre heures de sexe de sa vie valaient-elles toutes les douleurs qui parcouraient son corps ? Il émergea totalement en réalisant que son amant était toujours endormi sur son épaule. En fait, le brun s’était complètement étalé sur lui, le prenant pour un matelas bien confortable, apparemment. Un sourire un peu béat lui échappa. Il se reprit tout de suite. Que lui arrivait-il ? Ce gaijin allait repartir dans son pays et c’était très bien comme ça. Ils avaient juste passé un très bon moment. Il n’aurait pas cru connaître cette extase un jour. Il avait aussi retrouvé le plaisir de lancer des incantations, de manipuler les esprits faibles qui l’entouraient… Le visage brun aux yeux d’améthyste flamboyant lui apparut. Le Shinigami était lui aussi magnifique, un corps pâle, fin et musclé, un caractère très fort, même s’il ne le montrait généralement pas… Quand son amant d’un jour serait reparti, il méditerait un nouveau plan pour le piéger et, cette fois, il lui ferait découvrir les plaisirs du lit.
Mais les besoins naturels de son corps l’obligeaient vraiment à se lever. Il entreprit la délicate tâche de se désengager du poulpe affalé sur lui et qui ne voulait vraiment, ni se réveiller, ni le laisser partir. Le combat fut difficile mais il le gagna et put enfin se diriger vers la salle d’eau. Il se soulagea et se lava rapidement avant d’aller voir dans la cuisine s’il y avait quelque chose à manger. Il découvrit du poulet Teriyaki déjà prêt au congélateur, qu’il mit au four sans l’allumer. Il lui fallait d’abord réveiller la marmotte qui occupait le lit.
– Merlin…. susurra-t-il dans son oreille, tu dois avoir faim…
Malgré la main qu’il laissait traîner le long d’un dos trempé et moite, il n’y eut aucune réaction. Une tape sur les fesses bien dénudées fit à peine réagir plus l’endormi.
– Il vaudrait mieux que tu manges autre chose que mon épaule ou que tu me suces le sang, tu sais. J’ai trouvé un plat qui pourra te redonner des forces…
– Humm… Laisse-moi dormir… Fatigué…
Et il tourna tout bonnement le dos à Muraki, attrapant l’oreiller pour le serrer contre lui en se recroquevillant. Il sentit une main douce se poser sur sa nuque et effleurer un point sensible. Il eut un gémissement étouffé alors qu’un long frémissement le parcourut. Il se mit à grogner avec mauvaise humeur et chercha à échapper aux doigts coquins. Au bout de quelques secondes, il finit par se redresser avec un regard colérique, mal réveillé, les cheveux en bataille et débitant une série d’imprécations en gaélique. L’Enchanteur se tut au bout d’un moment, bâillant à se décrocher la mâchoire et se mit à frotter ses yeux de ses poings fermés, en profitant pour rassembler ses esprits paisiblement. Il n’entendit rien de ce que lui disait le Japonais, trop occupé qu’il était à s’étirer comme un chat pour décrisper son dos. Il s’arrêta net, une expression douloureuse s’affichant sur son visage et il poussa une faible plainte. Il s’assit sur ses talons et chercha à découvrir ce qui coinçait au niveau de ses reins. Ne voyant rien, il se massa doucement pour les soulager, mais la douleur était plus interne et plus basse et il grimaça davantage, si bien qu’il se releva totalement, gêné par la position assise. Sans plus s’embarrasser, il prit appui sur l’épaule de Muraki et testa sa mobilité en se crispant brutalement à chaque mouvement douloureux. Rien à faire, en plus des courbatures, ses reins lui faisaient subir un vrai calvaire. Il marmonna entre ses dents pour lui-même :
– Chouette… Vais plus pouvoir m’asseoir à mon bureau, là… Vais faire comment pour bosser, maintenant ?
– Je te fais confiance, tu trouveras bien une solution, répondit le docteur, très sérieux. Tu es quelqu’un plein de ressources.
Il commença à masser le dos de son compagnon, mettant toute son expérience de médecin reconnu au service de ses mains. Allégeant les tensions superficielles, il transforma bien vite l’Enchanteur en une imitation de félin ronronnant sans les griffes. Avant que celles-ci ne ressortent, il se redressa et le laissa sur le lit, seul.
– Allez, dépêche-toi de me rejoindre, tu connais le chemin de la salle de bains. Moi, je t’attends dans la cuisine.
Sans se retourner, il alla préparer un en-cas chaud pour tous les deux, tout en pensant à la chance qu’il avait eue. Rencontrer Merlin était un événement aussi insensé pour lui que de pouvoir visiter Tsuzuki à l’Enma-Cho et c’était arrivé. Qu’allait-il faire de cette rencontre imprévue ? L’Enchanteur était connecté aux éléments et capable de générer une puissance phénoménale, mais il faisait cela naturellement, instinctivement. Cela prendrait trop de temps à Muraki pour apprendre cette magie et il n’atteindrait jamais la puissance du brun. Créer une illusion pour masquer son apparence aux humains " normaux " ne lui servait à rien face aux Shinigamis et il savait parfaitement manipuler l’esprit pour se passer de ce sort le reste du temps.
Finalement, le savoir de Merlin était immense mais ne lui correspondait pas du tout. Il se servit un thé en attendant son amant pour manger avec lui. Il pourrait sans doute apprendre quelques petites choses de l’Enchanteur, mais ça serait principalement pour satisfaire sa curiosité, rien de plus. Il soupira… Il venait de passer du temps avec un compagnon surprenant, mais merveilleux… Il fallait qu’il en reste là, les interrogations sans fin ne l’avaient pas aidé face à la folie qui le guettait en permanence, il n’allait pas gâcher cet instant. Ils mangeraient ensemble et se sépareraient tranquillement, leurs vies ne leur laissaient pas espérer mieux.
Merlin ramassa son pantalon de cuir et alla faire sa toilette Il était pensif, presque soucieux. Jamais quelqu’un n’avait pu calmer ce qui sommeillait en lui aussi efficacement, et il se demandait pourquoi lui-même avait réagi ainsi. Jamais il n’avait autant baissé sa garde face à un autre magicien, à part en de rares occasions, surtout à cause de circonstances néfastes à sa psyché. Il ne comprenait pas pourquoi Muraki le fascinait autant, pourquoi il s’était senti si aimanté en sa présence et pourquoi il avait autant recherché son attention. Ça n’était pas dans son caractère. Il fuyait les contacts, d’ordinaire. Il se montrait arrogant, insupportable, voire ingérable… Alors pourquoi s’était-il laissé aller au contact du Japonais ? Pourquoi…
Il poussa un profond soupir de lassitude en se rhabillant. Qui aurait vraiment cru qu’il était enjoué et taquin de nature, avec l’étiquette qu’on lui collait au front ? Muraki n’avait pas eu de préjugés à son encontre, il l’avait considéré dans son entier, tel qu’il était. Et cela lui avait fait un bien fou… Pourtant tout cela allait bientôt se terminer et il serait alors contraint de reprendre son masque rébarbatif et déplaisant… Mais le savoir du Japonais serait tout de même intéressant à étudier, il avait tout son temps pour le faire et peut-être qu’on le laisserait en paix par la suite.
Il revint dans la cuisine, passant une main dans ses cheveux noirs pour les discipliner un peu et finit par s’asseoir en face de Muraki, affichant une légère grimace, sans dire un mot, perdu dans ses pensées. Il allait devoir trouver une bonne excuse en rentrant, mais il n’en était pas encore là. Il finit par sourire doucement et revint au présent. Les soucis attendraient, comme toujours, et ce n’était qu’une fois qu’il serait plongé dedans qu’il verrait comment s’en sortir.
Le Japonais servit un thé à son hôte sans dire un mot. Il était vraiment sexy dans son pantalon de cuir, torse nu. Il continua à boire, lentement, le dégustant des yeux pour en imprimer l’image dans sa mémoire, résistant aux souvenirs pour ne pas avoir encore envie de goûter à cette peau si sauvage. Ils savourèrent cet instant de silence et de calme après les soubresauts violents de ces dernières vingt-quatre heures. Puis Muraki se décida à se lever et réchauffa rapidement le poulet et le riz qu’il tenait prêts, avant de les servir. Merlin semblait lui aussi ne plus avoir envie de trop parler pour l’instant et mangeait avec appétit. Le médecin était plus posé, mais n’était pas mécontent de reprendre enfin un peu de forces. Son corps aurait besoin de soins, même si cette rencontre avait peut-être apaisé un peu son âme. Il se décida enfin à parler.
– Maintenant que je t’ai rendu le pendentif de ta mère, tu vas pouvoir rentrer dans ton pays continuer ton rôle de passeur des morts. A moins que tu n’aies une place différente de celle des Shinigamis ? Je ne connais de l’Occident que son coté chrétien mais j’avoue que le peu que j’ai pu entrevoir dans ta mémoire du savoir des Celtes me fascine…
A cette évocation, le regard vert s’assombrit et une ombre passa sur son front. Il soupira comme si on lui fendait le cœur et il secoua la tête un bref instant avant d’observer Muraki avec un sourire contraint. Il haussa légèrement les épaules et répondit :
– Tu n’es pas remonté assez loin dans ma mémoire, alors… Evidemment, je n’ai rien à voir avec les fanatiques de la croix et ils m’ont fait assez de mal comme ça pour que je ne veuille pas qu’on me parle d’eux… Ils m’ont pris tout ce à quoi je tenais… Enfin c’est du passé…
Merlin garda le silence quelques secondes avant de répondre, choisissant avec soin ses mots :
– Le savoir des Anciens est une science sacrée et il faut des années d’apprentissage avant de pouvoir vraiment le maîtriser… C’est tellement dommage que l’humanité l’ait oublié, mais les Sages refusaient de laisser toutes traces écrites… Je suis sans doute l’un des seuls à posséder cette connaissance de nos jours, mais… je n’ai jamais été un élève très attentif, tu sais… Et toi ? Ta magie est d’ordre mental, non ? Tu crées des failles avec d’autres réalités ? Comment fais-tu pour ne pas perdre pied entre les autres dimensions et notre propre monde ? J’avoue que je ne saisis pas trop…
– Il faut bien que je compense mon manque de facilités naturelles, alors je me suis tourné vers les sorts et les invocations mentales, répondit le médecin légèrement ironique.
Il continua à manger pendant un moment, réfléchissant à ce qui pourrait inciter Merlin à se livrer un peu plus. Il reprit :
– Mais la maîtrise du concept des dimensions doit nous être plus aisée à nous Asiatiques, sans doute. Ce n’est pas pour rien que les mondes multiples sont inscrits dans nos grandes religions. Il faut bien que ça nous donne un avantage sur les druides et leur science de la nature. Même si nous avons, nous aussi, nos esprits de l’eau par exemple, je dois bien avouer que ce n’est plus que de la superstition par rapport au talent dont tu fais preuve.
Merlin le regarda, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Il avait du mal avec cette notion d’autres dimensions, mais les défis ne lui faisaient jamais peur. Il eut un léger froncement de sourcils et ses yeux s’illuminèrent. Il murmura pour lui-même :
– L’Autre Monde est sûrement une autre dimension… Ça doit être ça… Troublant…
Il revint à Muraki et eut une expression franchement amusée :
– Mon talent… ou ma malédiction… Tout est une question de point de vue… Tu l’as dit, chez moi, c’est naturel. Je suis né ainsi et ma vie était déjà toute tracée. Les druides ne m’ont pas vraiment éduqué. C’est un barde qui s’en est chargé, mais ce n’était pas n’importe qui. Il était déjà une légende de son vivant. C’est lui qui m’a inculqué les notions de base. Le reste, je l’ai appris en observant les Sages au fur et à mesure que je les rencontrais… Et euh… Enfin leur magie était déjà bien corrompue, à mon sens… C’est pour cela que j’admire ta façon d’analyser les choses. J’en suis franchement incapable, je suis un instinctif. Tu as simplement étudié, dis-tu, et tu es pourtant parvenu à me tenir en échec… même si je n’étais pas tout à fait en pleine possession de mes moyens et que j’étais quelque peu rouillé. C’est un exploit ! Tu es très puissant mais méfie-toi des retours… Et ne laisse jamais personne s’approprier ton savoir, surtout.
Muraki ne put s’empêcher de rire, il l’avertissait des retours de bâton ? Pourtant il en avait eu un beau, il y a six mois, et Merlin le savait. Il y avait survécu par miracle, il n’était pas près de l’oublier. Même si son désir fou de vengeance l’avait aveuglé, il ne pensait pas qu’il aurait pu l’éviter. Tsuzuki cachait tant de puissance en lui et il l’avait bel et bien sous-estimé, cette fois-là. Son regard brilla, diabolique, il ne referait pas cette bêtise. Ses pensées retournèrent vers son amant du jour.
– L’Autre Monde correspond à l’Enma-Cho des Shinigamis ? Si c’est le cas, alors il se situe certainement dans une autre dimension. Mais comme il est naturel pour toi de t’y déplacer, tu n’en as jamais eu conscience. Il faut être humain très limité pour se rendre compte de l’existence de ces mondes multiples.
Comme c’était ironique, il n’avait pu atteindre le monde des morts qu’au prix de beaucoup de travail et d’entraînement et ce magicien en face de lui voyageait si facilement entre ces deux dimensions, qu’il en avait oublié ce que cela représentait.
– Même si ton instructeur n’a pu aller très loin dans ton éducation, tu as quand même des capacités hors normes qu’il t’a aidé à enrichir par les bases qu’il a pu te donner. Même les intuitifs, les instinctifs ont besoin de fondations. J’étais trop scientifique dans ma façon de raisonner pour pouvoir réagir comme toi. C’est sans doute pour cela que, même si j’ai dû travailler seul, j’ai pu progresser. Enfin… sentir en moi ta magie m’a redonné envie de continuer à étudier.
Merlin éclata d’un rire joyeux et repassa sa main dans sa chevelure de jais. Il fit sur le ton de la confidence :
– Je passais déjà dans l’Autre Monde de mon vivant sans aucune difficulté… C’était mon refuge, vois-tu ? Et franchement, je ne sais pas comment ça fonctionne chez toi ou chez les autres magiciens, mais chez moi, la magie est une partie de moi… Ce que je veux dire, c’est qu’elle coule dans mes veines, qu’elle est comme le sang pour un homme. Je ne suis pas tout à fait un magicien, ni un druide et encore moins un chaman. Je suis un Enchanteur, un être maudit, capable de tout transformer dès sa naissance et à qui il faut très vite apprendre à se maîtriser… Même le cycle de la vie est un jeu d’enfant pour moi… Tu l’as vu de tes propres yeux… Je ne suis pas forcément conscient des sorts que je jette, cela se fait sans que j’y pense, comme toi, tu respires. Ma naissance n’était absolument pas désirée par ma mère… Mon père avait un dessein très particulier pour moi… C’est l’éducation du barde qui a permis de contrer cela…
Il allait continuer lorsqu’il sentit un léger bourdonnement lui résonner dans le crâne et il secoua la tête violemment en fermant les yeux. Un frisson brutal le parcourut et il se mordilla la lèvre inférieure inconsciemment. Il regarda de nouveau Muraki, faisant semblant de rien, mais sa nervosité était remontée en flèche. Il se frotta d’un geste énergique le tatouage à la guède ornant son bras droit et eut un bref sourire avant d’avaler un verre d’eau pour se donner contenance. Il savait très bien ce qu’il avait et ce que cela allait signifier pour lui…
– Euh… J’en étais où ? Enfin, ce que je voulais simplement te dire, c’est que je suis né avec toute cette magie et que l’étudier n’était pas des plus nécessaires pour moi, même si acquérir la connaissance des Anciens a développé mon potentiel de façon… inattendue. Les druides que j’ai côtoyés ne sont jamais parvenus à faire la moitié de ce que je faisais, moi, d’un claquement de doigts…
– Tu es aussi le fruit d’une manipulation de ton père alors ! Je vois que nous avons décidément beaucoup de points communs dans nos destins. Je n’ai jamais su réellement qui j’étais, en fait. Je ne suis pas sûr que maîtriser la magie à ce point soit possible pour un humain. Tu sais que mon grand-père, médecin lui aussi, avait étudié l’ADN de Tsuzuki. C’était un précurseur dans son domaine. Il connaissait déjà cette double hélice bien avant sa découverte officielle, mais son travail pour les militaires devait rester secret. Je me suis souvent demandé si je n’étais pas le fruit de certains de ses essais mais comme il n’avait rien noté à ce sujet, je ne le saurai sans doute jamais. En tout cas, cela expliquerait mon apparence si étrange dans une famille japonaise si traditionnelle.
Il se perdit dans ses souvenirs… de sa mère si belle mais si folle, de son père austère le dominant de toute sa taille… même ce maudit Saki était un Japonais parfait par rapport à lui. Peut-être était-ce pour cela que son père s’était décidé à le ramener chez eux.
– Ne te trompe pas ! Ce n’est pas par esprit de revanche par rapport à mon apparence, que je me suis éduqué en magie. Ma famille était assez puissante pour que je n’en souffre pas et j’ai toujours été un médecin reconnu. C’est bien mon problème, d’ailleurs. Accepter son impuissance face à la maladie et la souffrance n’est pas chose aisée… J’ai voulu trouver d’autres moyens de guérir l’homme, et je n’ai trouvé que la mort. Mais je dois être assez fou pour ne rien regretter et être prêt à payer le prix fort pour tout ce que j’ai fait jusque-là.
Il se reposa un peu, la tête penchée en arrière, les yeux fermés. Non, il n’avait pas de remords ! Sa vie avait pris ce chemin, il y a longtemps, et il ne pouvait plus revenir en arrière, il continuerait à expérimenter sur les humains qui croiseraient son chemin… Une pensée lui revint et il demanda au brun :
– Dis donc, tout à l’heure, j’ai bien senti que quelqu’un essayait de te contacter par télépathie ? Le boulot ?
– Si ce n’était que cela, ça serait génial, marmonna Merlin en grimaçant. Le travail peut se passer de moi, figure-toi… Je ne suis plus tout à fait sur le terrain depuis un moment… Trop expérimenté pour crapahuter, paraît-il… Et je m’ennuie à mourir derrière un bureau qui prend la poussière… En fait, on me surveille comme le lait sur le feu… Et là, ça doit être la panique dans ma section…
Il se passa une main lasse sur son visage, avant de se masser la tempe pensivement. Il reprit doucement, sans regarder le Japonais :
– Mais… la maladie fait partie du cycle de la vie, tout comme la mort, Muraki… Il faut l’accepter. Ce n’est qu’un état provisoire, une transition vers une nouvelle vie… Les hommes peuvent espérer se réincarner sans cesse jusqu’à l’accomplissement de leur âme… Je n’en aurais jamais le droit, pas plus que ton Shinigami… et peut-être toi… Tu sais, j’ai pris aussi beaucoup de vies, l’épée à la main et… en ai détruit aussi pas mal pour parvenir à cette utopie qui n’a même pas fait une génération complète ! J’ai compris qu’il valait mieux laisser les hommes à leur destinée et s’accomplir le cycle de la réincarnation sans intervenir.
Le bourdonnement reprit, plus imposant et violent, et il baissa le visage en fermant les yeux. Cachant son désarroi, il se prit la tête entre les mains, les coudes posés sur la table. Il n’eut pas besoin d’attendre longtemps, une voix de tonnerre lui éclata dans le crâne, lui créant une douleur à peine soutenable.
" EMRYS ! ! ! OU ES-TU ? ? ? QUE FABRIQUES-TU ENCORE ? ? ? ? REVIENS IMMEDIATEMENT OU JE VAIS TE FAIRE ENDURER UNE TELLE SOUFFRANCE QUE TU ME SUPPLIERAS DE T’ACHEVER ! ! ! ON NE QUITTE PAS SON POSTE COMME ÇA, ESPECE D’IMBECILE ! ! ! TU VAS LE PAYER CHER ET PLUS J’ATTENDRAIS, PLUS TA PUNITION SERA SEVERE, BON A RIEN ! ! ! "
Merlin avala difficilement sa salive, le teint livide. Aucun doute, il allait se faire massacrer en rentrant… Mais il ne le regrettait absolument pas ! Et il ne devait pas parler de Muraki, sinon il savait que son père s’en prendrait à lui pour l’écharper.
" Père, j’avais quelque chose d’urgent à faire… Je vais bientôt rentrer, je vous l’assure… "
Il avait totalement oublié Muraki, tout concentré qu’il était à contenir le terrible élancement douloureux qui lui vrilla le cerveau. Il hoqueta sous le choc avant de se calmer et de reprendre son souffle, tremblant de tout son corps…
Le Japonais écouta la tirade de son homologue sans sourciller. Il l’avait entendu combien de fois ? Il ne savait plus… Il fallait croire qu’il était têtu, il n’avait toujours pas envie de changer. Combien de morts ? Combien de fois devrait-il risquer cette vie-là avant d’en arriver au détachement de Merlin ? Et comment se passer de cette excitation qui le prenait quand il évaluait les capacités de résistance des humains qu’il manipulait ? Quand il les poussait à dépasser leurs limites… Comment pourrait-il oublier cette poussée d’adrénaline ?
Pourtant ces dernières heures, il avait trouvé une autre façon d’apaiser cette faim d’énergie violente. Mais comment allait-il faire une fois son amant rentré chez lui ? Tsuzuki satisferait-il sa soif comme l’Enchanteur avait pu le faire ? Il ne le saurait qu’en essayant. Le brun était un met de choix mais la chasse du Shinigami aux yeux violets le comblerait certainement, après tout cela ne dépendait que de lui de la rendre intéressante.
Soudain, Merlin changea d’attitude, semblant souffrir violemment dans sa tête. Il s’était affaissé sur la table, yeux fermés. Il le vit trembler de tous ses membres, déglutir péniblement, manifester tous les signes d’une attaque mentale puissante, que Muraki sentait faiblement. Il ne pouvait y faire grand chose, il devait attendre. Le brun était puissant, mais quelqu’un l’était encore plus que lui, manifestement, pour le faire souffrir à distance. Il se pencha et posa ses mains sur celles de Merlin :
– Encore un rappel à l’ordre ? Il va falloir que tu rentres vite s’ils sont de plus en plus puissants. Ce n’est pas que je veuille te chasser mais comme je te l’ai dit, je n’aime pas faire souffrir inutilement mes amants. Si tu dois repartir, vas-y !
Il le tenait calmement, le rassurant par sa présence. Il savait que ce moment devait arriver. Il était prêt.
Merlin se redressa peu à peu et il releva à toute allure ses barrières mentales pour parer à une nouvelle intrusion de son géniteur. Il ouvrit un regard serein, où brillait un éclat nouveau, à la fois empreint de sagesse et de puissance, alors que son visage exprimait un sérieux inaccoutumé, trahissant un côté bien plus réfléchi qu’il ne l’avait jusqu’alors montré. Il allait encore s’opposer à son père, de toutes ses forces et de toute sa volonté et il ne céderait pas, comme d’habitude. Il était en train de concentrer ses forces et il sentit les éléments et la nature répondre aussitôt à son appel. Ses yeux verts s’étaient légèrement éclaircis et un sourire rassurant détendit ses traits, rappelant en filigrane son côté plus enjoué et taquin. Il dévisageait Muraki avec douceur et il profita de son contact et de son inattention provisoire pour l’investir de son énergie et le soigner avec une efficacité hors pair. Il se pencha à son tour, caressant sa joue avec une tendresse surréaliste et il murmura :
– Je vais devoir y aller, oui… même si ça ne me plaît absolument pas. Mais je ne veux pas partir ainsi… Je te promets qu’il ne t’arrivera rien à cause de moi… Si ce qui s’est déroulé ici venait à se savoir, les conséquences seraient terribles pour toi.
Merlin se leva lentement, s’approcha de Muraki, et se pencha pour lui déposer un baiser sur la joue, à peine perceptible. Il chuchota à son oreille :
– Si tu as envie de faire une pause dans ta chasse au Shinigami, viens à Brocéliande, en France. Prends de l’eau de la Fontaine de Barenton et verse-là sur mon tombeau… Même mes supérieurs n’ont pas accès à mon domaine, je le leur ai interdit... Nous pourrions approfondir nos connaissances respectives…
Il posa ensuite ses lèvres sur celles de Muraki et scella son message d’un baiser profond, retrouvant, pour quelques instants, la passion qui l’avait animé quelques heures plus tôt.
Le médecin regarda le brun se redresser avec plaisir. Il avait surmonté l’attaque assez rapidement, il devait avoir l’habitude de les gérer. Il semblait même plus calme, plus serein et qu’il était beau, le visage lisse, les yeux ouverts sur des profondeurs de savoir insondable. Il se noyait dedans, il se noyait dans ce sourire délicat qui montrait toute son humanité, il ne réalisa, qu’en la sentant, la vague d’énergie qui venait de son amant et qui restaurait toutes ses forces. Il sentit la caresse sur sa joue lui éveiller des frissons sans fin le long de sa colonne vertébrale. Mais toute sa maîtrise fut mise à rude épreuve quand Merlin se leva pour s’approcher de lui. Les deux baisers le rendirent fou et il posa sa main sur la nuque du brun pour l’immobiliser un peu contre lui et prolonger la passion qui se réveillait. A bout de souffle, il se recula et dévisagea son amant avec attention, marquant dans sa mémoire toutes les expressions si facilement changeantes de son vis-à-vis. Il était impressionnant de sérieux.
– Brocéliande… Fontaine de Barenton… et la verser sur ton tombeau m’ouvrira la clef de ton domaine… C’est mémorisé. Tu as donc envie de me revoir, si tu me donnes ces informations. Moi aussi, mais je ne sais pas quand je pourrais aller si loin. Ma vie n’est pas encore reconstruite… Et si je veux apprendre à Tsuzuki ce que tu sais faire au lit, cela va m’occuper longtemps.
Ses mains descendirent le long du torse de Merlin, en dessinant les muscles d’un doigt léger, il enserra la taille de son amant et posa la tête dans le creux de son estomac.
– Mais je peux peut-être me laisser tenter par une forêt profonde où nous pourrions nous cacher…
Merlin caressa doucement la chevelure platine, ne pouvant réprimer le frisson de désir qui montait en lui. Il devait y aller et vite, sinon il savait pertinemment où cela allait les conduire. Il ferma les yeux et le prit sur lui. Après tout, c’était lui le plus âgé des deux, malgré les apparences. Ses mains s’attardèrent encore sur le Japonais, comme si elles apprenaient par cœur son corps, et il répondit :
– Brocéliande t’est ouverte, oui… et je serais là dès que tu te manifesteras… Tu pourras même venir t’y réfugier, si cela s’avérait nécessaire. Personne ne pourra venir t’y poursuivre…
Il eut un petit rire amusé en ajoutant :
– … à part moi !
Doucement, il se détacha de l’emprise de Muraki, se sentant étrangement triste, et lança rapidement, en reculant :
– Il faut que j’y aille, sinon j’aurais le pire à redouter. Va voir sur la terrasse, il y a eu quelques changements de faits. C’est ma contribution aux réparations.
Il lui fit un clin d’œil et s’éclipsa dans la chambre pour récupérer le reste de ses affaires. Il enfila ses bottes et sa veste, sans la chemise, irrécupérable, rangea son portefeuille et retrouva le pendentif perdu sur la table de nuit. Il réfléchit quelques secondes, hésitant, interrogeant le mur en face de lui, puis impulsivement, fit éclater sa puissance, créant un double du bijou qu’il mit en évidence sur l’oreiller avec la rose blanche une nouvelle fois rafraîchie. Il regarda autour de lui, pensivement et jeta un nouveau sort. Son apparence se modifia et le quadragénaire irritable et arrogant connu dans l’Autre Monde revint à la lumière. Il était de nouveau Emrys Kentigern, l’Ankou spécialiste des phénomènes étranges et des objets légendaires et magiques…
Muraki alla sur ce qui restait du balcon, curieux. Il en resta sans voix. Les rosiers, abîmés lors de l’explosion d’énergie qui avait failli les tuer, étaient ressuscités, il n’y avait pas d’autres mots. Il s’approcha lentement de celui où il avait pris une rose lors de son arrivée sur l’île. Il embaumait encore plus, les pétales translucides semblaient attirer toute la lumière disponible. Tant de perfection et de vitalité concentrées dans l’espace de ces quelques fleurs, Merlin était vraiment un magicien de la nature. Son œil brilla de contentement à l’idée qu’il ait pu le faire sien pendant quelques heures. Il s’enivra encore un peu de leurs parfums, puis, retourna vers la chambre où devait se trouver son amant.
Il eut une deuxième surprise en en franchissant le seuil, son regard immédiatement attiré vers le bijou qui trônait sur l’oreiller à coté de sa rose. L’Enchanteur le regardait avec un sourire triste, au pied du lit. Il fut soulagé en voyant le pendentif qui ornait son cou : ce devait être une copie qui lui était destinée. Il en eut la certitude dès qu’il le sentit dans ses mains et se sentit bizarrement fier que le gaijin ait voulu lui faire un cadeau ayant autant de sens. Il prit la rose de l’autre main et la fit tourner doucement pour la faire briller un peu. Elle était magnifique, comme celles de l’extérieur. Il mit la fleur et le bijou dans sa main droite, qu’il posa sur son cœur, et s’approcha de Merlin pour le saluer très bas, toujours sans un mot. Puis il lui baisa délicatement les doigts en demandant :
– Tu peux te téléporter d’ici ?
Merlin le regarda faire, surpris, sans oser bouger. Il était touché et heureux de voir que Muraki appréciait ses petites attentions et il se sentit apaisé.
– Oui… Ce n’est pas un problème…
Dès que Muraki se redressa, il le dévora des yeux, alors qu’il sentait une nouvelle tentative de son père qui échoua, cette fois. Impulsivement, il se jeta au cou de Muraki, l’embrassant rapidement avant de disparaître dans un jet de lumière, le laissant seul dans la maison, préférant fuir plutôt que d’éterniser les adieux.
Se retrouver dans son bureau, face à l’ire de son géniteur, ne lui fut pas aussi pénible qu’il le crut. Ses pensées se tournaient sans cesse vers le Japonais et il était bien décidé à faire ce qu’il fallait pour qu’il vienne le voir rapidement à Brocéliande… Qu’importent l’avis des autres et le fait que Muraki soit l’adversaire des Shinigamis de l’Enma-Cho. Il était un Ankou et il avait enfin rencontré un amant capable de l’aimer sans crainte. Il ne voulait pas le laisser filer. Aussi la remontée de bretelles du paternel passa sur lui comme un souffle d’air sans même le toucher. Il caressait doucement le pendentif, sachant que sa copie lui était profondément liée et qu’ainsi, il pourrait savoir ce qu’il en était de celui qui le portait. Mais rien de ce qui se déroulait dans son esprit ne passait sur son visage. Inutile de se trahir et en plus d’un millénaire de cohabitation forcée, il avait aussi appris à se dissimuler…
Le souffle court par le dernier assaut passionné de Merlin, Muraki n’eut pas le temps de réagir qu’il avait déjà disparu dans un éclair impressionnant. Il tenait toujours le pendentif entre ses doigts et le caressa un moment, le regard dans le vide. Il avait partagé des moments uniques et intenses avec le gaijin et s’inquiétait un peu : une partie de lui avait déjà envie de le revoir. Il se secoua et se mit à la recherche de ses vêtements, un petit rire lui échappa quand il s’aperçut qu’il rentrerait lui aussi torse nu. Heureusement qu’il portait toujours son long trench-coat blanc, il l’aiderait à sauver sa dignité. Il se mit le pendentif autour du cou et glissa la rose dans sa poche intérieure. Il fit un tour du propriétaire, utilisant des sorts lorsque nécessaire pour effacer toute trace de leur présence, il ne pouvait pas reconstruire le balcon ou le mobilier cassé mais l’important était qu’on ne puisse remonter jusqu’à lui.
Il activa la compulsion qu’il avait laissée dans l’esprit du pêcheur pour qu’il revienne le chercher et se prépara à reprendre ses activités précédentes au dispensaire. Il avait encore besoin de temps pour mettre au point un piège pouvant amener Tsuzuki entre ses draps…
Mais si cela durait trop, il connaissait le chemin de Brocéliande, maintenant, et lui aussi savait se téléporter…
(1) Câd Goddeu : ou le " Combat des arbres " est une épopée attribuée au barde Taliesin, texte initiatique, base de l’enseignement druidique.
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