Fascination | By : Cocagne Category: French > Anime Views: 689 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
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Séduction
Myrdhyn frissonna et se colla davantage contre le corps chaud qui lui servait de bouillotte. Il huma avec plaisir l’odeur de l’homme qui lui servait d’oreiller et d’un geste irréfléchi et automatique, se mit à caresser légèrement son torse, en appréciant la douceur et le velouté. Il poussa un profond soupir de bien-être, même s’il avait le bas de sa personne douloureux et des courbatures à chacun de ses muscles. Mais il n’allait pas se plaindre, il éprouvait encore un vague sentiment d’euphorie et il en profitait. Et puis la main sur son dos, près de ses reins, était comme un baume qui apaisait ses craintes. Non, le Japonais ne serait pas violent avec lui, même après avoir obtenu ce qu’il voulait… D’ailleurs, ce dernier devait encore dormir et Myrdhyn hésita sur sa conduite. Le réveiller ou attendre patiemment qu’il le fasse tout seul ? Il savait que, dès qu’ils seraient tous les deux bien conscients, les choses sérieuses commenceraient et qu’il lui faudrait trouver un moyen de se préserver au maximum… sans utiliser la magie.
- Dans quel pétrin je me suis encore fourré, moi ? Je vais me faire trucider une fois de plus en rentrant… Ohlàlà… Je préfère ne même pas y penser… murmura-t-il en anglais par automatisme tout en poussant un profond soupir et en frissonnant d’anticipation.
Mais il ne songeait même pas à fuir, du moins pas pour l’instant. Il caressa plus franchement la peau pâle et ferma les yeux quelques instants, voulant absolument se rendormir. Mais le sommeil ne voulait plus de lui et son corps s’éveillait de plus en plus, à son grand dam. Pourtant, il faisait encore nuit noire. Le décalage horaire, sans doute. N’y tenant plus, il redressa la tête pour voir comment était physiquement son ravisseur, puisque après tout, il n’avait pas vu grand-chose durant l’action, l’observant quelques secondes en souriant doucement, le regard lumineux. Un corps très agréable à regarder, puissant et viril… Pas mal du tout ! Bon, au moins, il n’était pas tombé sur un machin tout moche. Et ça lui donnait envie d’y goûter… Oh oui… Sa libido était déjà en train de se réveiller ! Oups ! Il se dégagea un peu, espérant que ce petit détail n’ait pas été perçu par son hôte et il tourna enfin son attention vers son visage… pour rougir brutalement, gêné.
- Trucider ? Mais par qui ? demanda Muraki doucement.
Il s’était réveillé très tôt. Le corps bien fatigué mais l’esprit en paix pour la première fois depuis longtemps. Son bel amant était toujours contre lui, effondré de fatigue dans ses bras. Il repensa à la journée précédente et eut un rire intérieur, il s’était levé avant l’aube pour sa promenade habituelle sans but réel, toujours autant déprimé, pour la voir s’achever dans un des orgasmes les plus puissants qu’il ait jamais connu avec un gaijin, dont il ne savait pas grand-chose de plus. Il bougea un peu pour assouplir ses muscles, puis se remit à penser au pendentif et aux événements qui l’avaient amené dans cette chambre.
D’abord ce marin mort dont le nom évoquait les Druides, ensuite ce bijou dont la magie l’avait presque appelé, enfin ce Myrdhyn, capable de transformer réellement son apparence malgré un kekkai extrêmement puissant, capable de passion sauvage lorsqu’il se laissait aller au plaisir, beaucoup de questions sans réponses en rapport avec les anciens Celtes. Muraki n’avait pas été capable d’en comprendre plus. Mais son interlocuteur était puissant et subtil : s’il voulait des réponses, il allait devoir se montrer vigilant pour ne pas se laisser manipuler.
Il regarda de nouveau l’étranger qui dormait toujours. Des cheveux noirs de jais, des paupières pâles prolongées de longs cils, un nez fin séparant de hautes pommettes, un visage purement aristocratique, un corps de chat collé contre lui comme pour ne pas perdre une once de sa chaleur… Finalement, s’il n’obtenait pas toutes les informations qu’il souhaitait, il avait quand même gagné quelque chose de merveilleux de cette rencontre et il était prêt à beaucoup d’efforts pour recommencer très vite.
Il ferma les yeux et se laissa aller à sommeiller de nouveau. Il fut réveillé un peu plus tard lorsque l’homme dans ses bras bougea un peu. Il ne réagit pas pour lui faire croire qu’il dormait, il voulait voir comment il allait se comporter, mais ce fut dur lorsqu’une main lui effleura le torse. Mmm, son amant avait l’air satisfait du spectacle : à travers ses cils entrouverts, il le vit le dévorer du regard, réveillant l’intérêt physique de Muraki qui ne put résister et ouvrit les yeux pour lui poser la question qui le démangeait depuis qu’il l’avait entendu parler de son retour chez lui.
- Tu… Tu m’as entendu ? fit l’Ankou en se redressant sur ses coudes après s’être mis à plat ventre.
Il baissa la tête un instant en se mordillant la lèvre avant de la secouer doucement en riant, éludant le sujet :
- Question stupide… Bah… C’est idiot, en fait… Je dois être porté disparu alors que je suis en agréable compagnie. Si ça se sait, je vais passer un mauvais quart d’heure. Mais je ne le regrette pas… pour l’instant, ajouta-t-il dans un murmure en le fixant de son regard enjoué.
Il avança lentement jusqu’à déposer un baiser fugace sur les lèvres de Muraki et effleura légèrement du doigt l’une des morsures :
- Tu as mal ? Je me suis montré un peu trop… enthousiaste, je crois… Et tu es lent à cicatriser. Je peux te soigner, si tu veux. Il faut juste que j’aille chercher ce dont j’ai besoin dehors.
- Je crois que la guérison peut attendre un peu, je n’ai pas envie que tu t’éloignes encore, répondit Muraki en lui prenant la main pour lui embrasser délicatement les doigts.
Ils se regardèrent un moment, profitant de cet instant de calme et de tendresse, parfaitement conscients de sa rareté même sans connaître leurs vies respectives.
- Si tu as peur de tes supérieurs, vue ta puissance, je crois que nous, Japonais, pouvons être très inquiets, ne crois-tu pas ? demanda-t-il ironiquement.
Qu’un magicien aussi puissant puisse avoir peur de ses supérieurs paraissait bien improbable au docteur, ce devait encore être une pirouette de la part du gaijin. Un mystère de plus à éclaircir pour plus tard…
- Tu es si pressé de quitter ce lit ? rajouta-t-il en faisant descendre la main de Myrdhyn vers son bas-ventre, pour lui montrer l’effet qu’il lui faisait.
Le jeune homme le laissa le guider et constata effectivement que son interlocuteur était en forme. Il eut un sourire carnassier et doucement, il se saisit du membre qu’il commença à flatter délicatement, soufflant pendant ce temps sur la poitrine qui se contractait. Il vit avec plaisir Muraki frissonner et après quelques va-et-vient, il le relâcha pour caresser une cuisse d’albâtre, jouant sur la frustration de son vis-à-vis, sans même le quitter de son regard séducteur. Oh, il aimait voir le feu brûler dans cette prunelle argentée, ses traits fins trahir ce qu’il ressentait et cette bouche sensuelle s’entrouvrir alors qu’il mordillait ses lèvres. Il se redressa lentement, en une ondulation souple, prenant appui sur sa main posée entre ses genoux largement écartés. Il murmura avec un ton faussement ingénu :
- Oh… Est-ce moi qui te mets dans un tel état ? J’en suis flatté… surtout venant de quelqu’un comme toi. Tu as su me bloquer ici et ce n’est pas une mince affaire. Sans compter que je sens que tu sais faire beaucoup plus de choses que ces broutilles… Parce qu’avec ce monstre qui est apparu au-dessus de toi, brrr… C’était une invocation ?
Sa main remonta paresseusement sur sa poitrine, titillant avec application les mamelons qui s’érigèrent rapidement, avant de redescendre le long d’un flanc, de faire son chemin vers le nombril et d’aller plus bas pour s’emparer de la virilité du Japonais. Il n’avait même pas rougi, se contentant de le fixer avec de plus en plus d’insolence.
- Tu aimes ce que je te fais ? souffla-t-il en se penchant sur le ventre pour y déposer un baiser à peine perceptible.
- AAAAAAAH ! fut la seule réponse de Muraki
Comment quelqu’un qui n’avait jamais bénéficié d’une fellation pouvait-il avoir un toucher aussi léger ? aussi sensuel ? aussi affolant ? Il se cambra en arrière sous l’effet d’une caresse plus prolongée sur son abdomen. Ce démon savait où trouver les points sensibles de son corps. Il se redressa pour l’attraper aux épaules et le coller contre lui dans un baiser passionné, lui dévorer la bouche pour lui rendre le feu que l’étranger lui créait dans le bas-ventre. Ils s’engagèrent dans un combat de langues inconsciemment violent, l’un ne voulant pas céder devant l’autre, pour savoir lequel dominerait. Pendant ce temps, Myrdhyn n’avait pas lâché le sexe du docteur et continuait à le stimuler langoureusement. Sous l’effet de ces caresses, Muraki se cambra et leurs bassins se rencontrèrent, virilité contre virilité. La délicieuse friction provoqua un gémissement simultané et le baiser se termina lorsqu’ils furent tous les deux en manque d’oxygène. Il n’en pouvait plus, le brun le rendait fou de désir. Il glissa ses mains sur un torse fin et musclé pinçant au passage deux tétons roses pâles et prit à son tour la virilité de son amant pour lui rendre un peu des sensations qu’il ressentait.
Myrdhyn serra les dents et se retint de justesse de crier. Sa peau recommençait à le brûler et son bas-ventre menaçait de s’embraser sans aucun contrôle à tout moment. Ce Japonais essayait bel et bien de retourner la situation mais il n’allait pas se laisser faire. Il était beaucoup moins fatigué, cette fois-ci. Il le prit d’un bras par la taille, alors que son autre main continuait sa caresse torturante. Ils avaient tous deux le souffle court et même ainsi, c’était un duel pour savoir qui dominerait l’autre. La cadence s’intensifia et Muraki tenta de le faire basculer en arrière, en vain. Il tint bon, fermement campé sur ses genoux et il le provoqua une nouvelle fois en l’embrassant, s’affrontant encore longuement. Sa main libre caressait une hanche fine, accentuant peu à peu ses frôlements, pour finir par l’empoigner avec force. Leurs mouvements simultanés s’accélérèrent et ils finirent par se délivrer ensemble, en même temps, dans un cri libérateur. Myrdhyn, aussi haletant que Muraki, le regarda d’un air farouche, très satisfait de lui-même : il n’avait pas cédé et il lui tiendrait encore tête s’il le fallait. Il déposa un baiser léger dans son cou, puis sur ses lèvres et murmura :
- Je pense qu’il est plus que temps de manger un morceau. Je suis affamé.
Il se dégagea de l’étreinte du docteur avec fermeté et sortit du lit d’un mouvement félin. Son expression se durcit un instant et il demanda, sur un ton ironique :
- J’ai aussi besoin de me rafraîchir. Y a-t-il une salle de bains et ai-je le droit d’y aller seul ? Ou faut-il que je me débrouille avec les moyens du bord, ici, dans cette chambre ?
Muraki peinait à reprendre son souffle, ce démon aux yeux verts lui faisait un effet impensable. Pour la première fois, il répugnait à se séparer d’un amant, cette peau aussi pâle que la sienne était une vraie drogue. Mais il commençait lui aussi à sentir la faim.
- Je ne sais pas ce que tu veux dire par te débrouiller seul, répondit-il l’œil brillant devant le spectacle que lui offrait le gaijin, mais il y a une salle d’eau complète, je crois, au bout du couloir, je prépare un en-cas et je t’y rejoins.
Il vit Myrdhyn s’éloigner le sourire aux lèvres, ondulant des hanches, et il ne put s’empêcher d’éclater de rire devant les provocations très sensuelles de ce dernier. Il se leva et constata que ses vêtements n’étaient pas en état d’être portés de nouveau. Heureusement qu’il était déjà venu dans cette maison. Il alla chercher une robe d’intérieur en soie qu’il avait laissée là lors d’un de ces précédents séjours. Il en prit une pour son hôte, même s’il se demandait s’il la mettrait, et retourna en cuisine préparer un plateau froid, avant de le rejoindre pour un bain réparateur… Après la séance de ce matin, il lui faudrait jouer fin pour obtenir quelques réponses. L’étranger ne connaissait pas les invocations permettant de maîtriser les monstres, ni les boucliers apparemment, il avait quelques atouts non négligeables. Il se concentra sur le kekkai protégeant le bijou pour le renforcer en le liant à un dragon que lui seul savait faire obéir, puis il fortifia le bouclier les isolant dans cette maison et se prépara à rejoindre son bel amant.
Pendant ce temps, l’invité forcé regardait l’installation, un peu dépassé. Un bac de douche ou une baignoire lui aurait aussi bien convenu. Tous ces accessoires ne lui disaient pas grand-chose. Un tabouret dans la douche ? C’était pour les invalides ? ? Et l’espèce de baquet à côté, il servait à quoi au juste ? Il regarda autour de lui et découvrit des serviettes à côté de tout un choix d’articles pour s’étriller le corps comme il le fallait. Myrdhyn eut un doute affreux : c’était bien une salle de bains, n’est-ce pas ? Pas une salle des tortures déguisée ? ?
Il secoua la tête vivement pour se remettre les idées en place et pendant qu’il choisissait un gel douche, il sentit comme un malaise. Il se rattrapa au mur de justesse et s’obligea à respirer profondément. Que se passait-il ? Pourquoi cet étourdissement ? Il se concentra un bref instant et finit par comprendre : le bouclier… Ce satané bouclier avait été renforcé et de plus, il percevait moins bien le pendentif. Comme il avait recréé un lien avec ce dernier, la rupture brutale de cette connexion l’avait incommodé… Et le bouclier menaçait de lui aspirer ses forces s’il n’y prenait pas garde. Il allait devoir se protéger et vite, avant de perdre toutes ses capacités… Cet enfermement lui rappelait un peu trop vivement son emprisonnement dans la tour d’air créée par Viviane… Episode qui s’était mal fini pour lui…
Il releva la tête, prit d’une main peu sûre le flacon et s’avança vers la douche, se réajustant à ce nouvel équilibre imposé entre le bouclier, le bijou et sa propre magie. Il fit couler l’eau, glaciale, ce qui eut pour effet de lui éclaircir les idées tout en purifiant son corps des traces de ses ébats. Il se savonna doucement, passant ses mains sur son corps nu en une caresse douce, frottant un peu plus là où c’était nécessaire, ne négligeant aucun recoin. Il leva la tête pour offrir son visage à l’onde régénératrice et doucement, sans aucune manifestation aucune, il se mit en transe. Cela ne s’étendrait que sur quelques secondes mais cette durée serait largement suffisante pour ce qu’il avait à faire. L’eau qui s’écoulait le long de sa peau, s’immobilisa puis se mit à dessiner des arabesques sur son corps immobile, ondoyant autour de lui, lui redonnant des forces et l’immunisant peu à peu contre la magie invasive qui l’affaiblissait. Ce Muraki était très puissant, il devait le reconnaître. Peu de personnes avaient pu le mettre dans une telle détresse, et sa méconnaissance de la tradition orientale n’aidait absolument pas. Il songeait encore au monstre qu’il avait vu… Il était certain que c’était une invocation et elle devait être d’un ordre mental. Il eut un profond soupir de bien-être lorsqu’il se sentit de nouveau en possession de la plupart de ses moyens et il revint au présent, s’appuyant des deux mains contre le mur, baissant la tête, laissant sa nuque à découvert, les yeux fermés.
- Je vois que tu as découvert la douche… glissa l’argenté lui coulant ses mains autour de la taille. Il faudra m’expliquer comment tu t’es rechargé en énergie aussi vite. Si tu allais m’attendre dans le bain pendant que je me nettoie, nous pourrions en parler plus relaxé.
Le brun le regarda étonné, il en profita pour lui taquiner la nuque avec quelques petits baisers légers. Comme il n’avait pas l’air de comprendre de quoi il parlait, Muraki se décida à remplir lui-même le bassin, parfumant l’eau avec des sels de bain Omuro. Les fleurs de cerisier embaumèrent la pièce rapidement alors que la vapeur d’eau commençait à troubler l’air autour d’eux. Il invita son compagnon à se glisser dans l’eau chaude pendant qu’il se dirigeait vers la douche pour se nettoyer.
Il posa sa robe en soie sur un portant en bois précieux, ses lunettes sur l’étagère au-dessus, et commença à se laver à son tour. Myrdhyn s’était allongé très lentement dans la vasque, les yeux mi-clos, assommé par la chaleur ou pour mieux le regarder ? Il étendit ses bras pour mieux mettre en valeur son torse puissant et tourna sur lui-même pour mieux offrir tout son corps à l’eau bienfaisante tout en surveillant les réactions de son invité du coin de l’œil. Celui-ci le dévorait littéralement des yeux, il semblait beaucoup moins timide pour montrer son envie, que lors de leur premier contact.
Muraki se sentit prêt pour l'aborder de nouveau et s’approcha du bain à son tour.
- Fais-moi un peu de place, ce bassin nous permet de profiter des bienfaits de la relaxation côte à côte, à moins que tu ne préfères que je te prenne dans mes bras comme je suis le plus grand, ajouta-t-il ironique.
A ces mots, le brun qui s’était étalé dans l’eau ramassa immédiatement ses jambes pour lui permettre de s’allonger à coté de lui. Il était bien, peut-être légèrement ébouillanté puisque après tout, il n’avait guère l’habitude de se baigner dans une eau aussi chaude, sans même parler du choc thermique qu’il avait expérimenté. Le doux parfum des sels le détendait, un peu trop d’ailleurs. Il ne devait pas endormir sa vigilance, sinon dormir tout court. Et il connaissait un excellent moyen de rester éveillé. Il regarda Muraki entrer dans le baquet, son corps viril s’immergeant lentement, et il sentit une vague de chaleur plus puissante lui remonter dans les reins. Il eut presque envie de faire taire son orgueil masculin pour le rejoindre et le laisser mener la barque. Il se ressaisit à temps, mais ne put s’empêcher de toucher son torse pour le frôler encore une fois et de poser sa tête sur son épaule, avec naturel. Il lui souffla délicatement dans le cou en riant doucement, s’amusant avec les mèches blanches trempées. Ils avaient presque l’air d’un couple normal et pourtant ! Il prit sa main puissante dans la sienne, plus fine, et les compara avant de remarquer :
- Je crois que tu as des choses à me dire… Et il vaudrait mieux en profiter tant que nous sommes encore suffisamment lucides…
Après leurs exploits de la soirée précédente, la chaleur du bain était une bénédiction pour les muscles endoloris de Muraki. Il se glissa dans l’eau et allongea avec délices son grand corps dans l’espace que son compagnon lui laissait. La détente ne dura pas quand le brun se colla littéralement contre lui, échauffant de nouveau ses sens rien que par sa présence un peu trop proche. Quand il glissa sa tête dans sa nuque, quand il lui prit la main, le docteur ne put s’empêcher de penser que ce gaijin n’était vraiment pas pudique par rapport à ceux qu’il avait pu connaître, même s’ils étaient peu nombreux. En l’entendant, il ne put retenir un rire de gorge, profond et sensuel, il n’était pas le seul à être échauffé par la situation. Il entremêla leurs doigts et glissa dans l’oreille de Myrdhyn :
- Que veux-tu que je te dise ? Pourquoi j’ai eu envie de t’enlever dans cette ruelle à l’écart ? Pourquoi j’ai eu envie de t’explorer de plus près ? Ou comment j’ai fait pour y arriver malgré ta puissance, même si tu étais manifestement distrait ? Ou veux-tu me dire à ton tour ce que tu faisais dans ce port du Japon si loin de ta Bretagne natale ? Ou pourquoi tu n’avais jamais bénéficié d’une fellation de la part de tes amants précédents, mon beau sauvage ? rajouta-t-il en se léchant délicatement les lèvres pour montrer combien il avait apprécié lui donner ce plaisir.
S’il avait fondu au petit rire de Muraki, il avait vite déchanté. Il avait commencé par blêmir alors que l’agacement montait déjà durant la moitié de son discours. Non mais il pouvait le traiter d’incompétent et d’idiot tout juste bon à être pris tant qu’il y était ! Il se détacha brutalement et se força à lui cacher son expression énervée. Puis avec la fin de sa réponse, ce fut le bouquet alors qu’il arborait une teinte pivoine qui n’avait rien à voir avec la chaleur de l’eau et il lui tourna le dos brusquement. Mais… mais ça ne le regardait pas, ça ! Il rétorqua, d’un ton coupant :
- Je n’étais pas distrait, je n’avais pas à me mettre sur mes gardes, c’est différent. Et tu as eu énormément de chance que j’étais fatigué lorsque tu m’as traîtreusement assommé. Les très rares individus qui ont eu barre sur moi s’en sont mordus les doigts. Quant à ma vie privée, cela ne te regarde pas.
Il se passa une main dans sa chevelure, rejetant ses mèches rebelles en arrière, avant de siffler entre ses dents :
- Je n’aurais jamais dû te céder. Je ne sais même pas qui tu es vraiment, à part que tu es Japonais, que tu as un bon coup de rein et que tu maîtrises plutôt bien la magie. D’ailleurs, tu as bien dû l’apprendre quelque part, cette magie, non ? Ne me dis pas que c’est naturel, je ne te croirais pas, ajouta-t-il en se retournant.
Il se planta à genoux à côté de lui et posa son index sur sa poitrine, en le fixant droit dans les yeux :
- Qui es-tu vraiment, Muraki Kazutaka ? Tu fais quoi dans la vie ? Et pourquoi moi ? C’était l’exotisme, que tu recherchais ? Mes secrets, peut-être… Humm… Ou alors mes connaissances en plus de réponses à tes questions vaines ? Parce que je suppose que tu n’as guère envie que je prédise ton avenir ou te tire les cartes ou te sacrifie un animal quelconque… Que veux-tu de moi, exactement ?
Cette fois, le docteur éclata franchement de rire : son amant de la nuit n’osait tout simplement pas avouer sa peur, et il virait franchement à la mauvaise foi.
- Le Japon a la réputation d’être sûr, mais je n’ai pas eu à t’assommer pour te faire tomber dans mes bras. Tu étais si absorbé dans la contemplation de ce triskel que tu ne m’as même pas senti derrière toi et je n’ai pas eu à forcer le sort que j’ai utilisé pour t’endormir. Quant à ta vie privée passée, elle ne me regarde pas si tu ne veux pas en parler, mais je regrette juste qu’elle ait eu certains manques, que tu te sois privé de certains plaisirs jusque-là…
Il posa ses deux mains délicatement sur le visage du brun pour déposer un baiser sur ses lèvres, juste un…
- Tu es en tout cas charmant de reconnaître mes talents au lit.
Il ramena son amant interloqué contre lui avant de rajouter :
- Je ne suis pas un secret, je suis médecin… Quand je t’ai rencontré, je venais de passer la matinée au dispensaire où je consulte en ce moment. Je n’ai pas besoin d’exotisme, j’en ai eu assez récemment dans ma vie, soupira-t-il.
Après un instant de réflexion sur les drames qui s’étaient déroulés six mois plus tôt, il reprit :
- Est-ce si incroyable que j’ai simplement voulu en savoir plus sur un gaijin qui sortait d’un commissariat japonais en utilisant la magie pour vieillir son apparence ? Pourtant il y avait beaucoup de ça, tu sais, de la simple curiosité… Ajoute à cela la découverte d’un amant remarquable et voilà pourquoi je n’ai pas envie de te laisser partir sans savoir qui tu es.
Pendant ce monologue, il caressait machinalement Myrdhyn, perdu dans ses souvenirs, il se demandait comment cet étranger allait le transformer, comment il pourrait continuer sa quête du Shinigami aux yeux d’améthyste qu’il n’avait pas encore possédé. Il sentait une connexion entre le brun, Tsuzuki et lui, ils étaient tous les trois des Descendants des Ténèbres…
Myrdhyn se mordit la lèvre pour retenir le soupir d’aise sous la caresse, alors que son esprit se révoltait contre ce corps désobéissant. Muraki semblait l’avoir momentanément oublié et il s’agita pour le faire revenir à lui. Il avait l’impression d’être traité comme un gamin, mais c’était facile pour ce soi-disant médecin ! Pour qui est-ce qu’il le prenait ? Même les rigolos de l’Enma-Cho n’avaient pas perçu sa véritable apparence, et encore moins sa magie ! Il n’était pas idiot, non plus. Ses yeux verts se mirent à étinceler de ruse et il répondit doucement :
- Oh… De la simple curiosité, hein ? Et c’est donc pour cette raison que tu me retiens ici, dans cette maison qui ne t’appartient pas, avec ce bouclier pour être bien sûr que je ne te fausse pas compagnie… J’admire ta confiance en toi. Et ne me prends pas pour un imbécile, s’il te plaît, ça m’énerve. Un simple médecin ne pouvait deviner que mon apparence était faussée. Tu as perçu ma puissance, dis-tu, et tu utilises la magie. Un homme normal en est tout à fait incapable. Pourquoi m’as-tu appelé " fils de démon " et c’est quoi les Descendants de je ne sais quoi ? En fait, je suis certain que tu as une idée derrière la tête et savoir qui je suis n’est qu’une infime partie de l’iceberg.
Il se mit une nouvelle fois à effleurer le torse, descendit d’un mouvement séducteur le long des flancs de Muraki et sa voix se fit onctueuse, toute de velours où se cachaient les épines :
- Et puis, vois-tu, je ne saisis pas où tu aurais pu trouver la représentation de ce triskel en particulier… Parce qu’il y en a des milliers très différents les uns des autres et je trouve très étrange que ce soit justement celui-là que tu aies utilisé… Une signification particulière chère à tes yeux ? Et en parlant de tes yeux… Ton œil droit… Il n’est guère naturel, pour quelqu’un qui se dit sans secret… Hmm… Tu te l’es fait greffer pour utiliser ses propriétés, n’est-ce pas ? Tu pensais donc que je n’avais rien remarqué pendant que nous étions unis ? Tu me caches la vraie raison pour laquelle tu me retiens ici… et je n’aime pas ça. De quel côté de la barrière es-tu donc ? Est-ce par intérêt personnel, juste pour le plaisir, ou cherches-tu le pouvoir partout où tu pourrais en acquérir ? Pourtant, tu devrais savoir que le pouvoir est bien éphémère en ce monde…
Son visage s’assombrit brusquement et il baissa la tête, s’appuyant de tout son poids sur le Japonais alors que sa main s’égarait volontairement sur des cuisses puissantes et harmonieuses. Il frissonna longuement et se replia d’instinct sur lui-même. Il concéda seulement dans un souffle quelques instants après :
- Je te remercie simplement pour m’avoir montré certaines choses… Mes… mes anciens amants n’étaient pas tous du genre délicat et… enfin voilà, quoi. Sans compter que bien souvent, les conditions n’étaient pas franchement terribles et la tendresse n’était généralement qu’une illusion… Je ne préfère plus en parler, c’est du passé et j’en ai jeté les cendres à la mer pour oublier depuis longtemps.
- Shhh… Laissons-les donc reposer au fond de l’eau alors, dit doucement Muraki en lui caressant la joue. Mais je ne veux que ton plaisir et le mien, alors s’il te plaît, fais-moi au moins confiance pour cela…
Myrdhyn venait de lui révéler un aspect de son personnage qu’il ne connaissait que trop bien : être utilisé pour sa beauté, son savoir ou sa puissance, ou les trois à la fois. Les peurs de son compagnon s’expliquaient plus facilement maintenant. Ils avaient finalement beaucoup de points communs.
- Mon œil droit à été crevé il y a bien longtemps par mon demi-frère lorsqu’il a tenté de me tuer après qu’il ait assassiné mes parents. Disons que les années qui ont suivi font partie d’un passé que j’ai un peu envie d’envoyer au fond de la mer moi aussi… même si je ne regrette pas de m’être intéressé à la magie pendant cette période puisque j’ai pu te connaître.
Sa main se déplaçait lentement le long du corps de son compagnon, le caressant délicatement, dégustant l’instant.
- Tu ne crois pas que je sois médecin pourtant nous le sommes depuis de nombreuses générations chez les Muraki. Médecins, riches et reconnus même si mon grand-père était plutôt diabolique qu’autre chose. Il était très proche des militaires avant la guerre, je ne pense pas avoir besoin de t’en dire plus. Il a beaucoup étudié un Shinigami aux yeux d’améthyste que tu dois connaître. C’est comme ça qu’il a décelé l’ADN de démon de Tsuzuki et c’est sans doute grâce à lui que j’ai moi aussi ce sang qui coule dans mes veines. Et que j’ai pu me fabriquer par la suite cet œil artificiel et étudier la magie…
Il repartit dans ses pensées, sur toutes ses années d’expérimentations sur lui-même et ses innombrables victimes. Il n’avait pas de remords… Oh pas par égoïsme, non juste pour s’éviter une perte de temps, il ne pouvait tout simplement rien changer à ce qu’il avait été.
Myrdhyn avait grimacé à l’évocation du truc mangeur de gâteaux et il se redressa lentement pour observer le visage du médecin. Il lui semblait encore plus étrange, avec un certain côté assez effrayant, mais qui l’excitait. On lui avait répété, depuis qu’il avait eu l’âge de porter une épée, qu’il jouait trop souvent avec le feu. Il tendit sa main droite pour lui caresser la joue avant de s’approcher davantage, se dressant sur ses genoux, prenant appui sur le bord du bassin pour poser son front contre celui de Muraki. Il aurait pu aller explorer son passé, il en avait largement la force, sans parler de leur situation barbotante, mais il ne le fit pas, par respect envers le Japonais. Il voulait lui laisser le bénéfice du doute, il voulait croire en sa sincérité, ne serait-ce qu’un peu… Des années qu’il était sur ses gardes, qu’il mordait tous ceux qui l’approchaient, qu’il se montrait plus exécrable que n’importe quelle harpie… Et Muraki était pareil, d’une certaine façon, planqué derrière sa façade bien policée que personne n’avait tenté d’arracher, trop content de l’image qu’elle renvoyait…
- Ta magie est très puissante, tu sais… tellement que tu as failli me faire très mal, tout à l’heure, en renforçant ton bouclier… Mais tu ne pouvais pas le savoir et heureusement que je sais comment gérer ce genre de soucis, murmura-t-il sur le ton de la confidence.
Il déposa un petit baiser coquin sur le nez, posa une main sur sa nuque pour la masser et reprit :
- Laisse le passé là où il est, n’y pense plus. Ce qui a pu t’arriver encore récemment ne doit pas te laisser à l’ombre de ta vie. Laisse la lumière venir t’éclairer la route et te remettre en marche. Tu en seras plus grand et plus fort, comme un chêne. Le Destin est une chose très difficile à contrer, j’en sais quelque chose…
Il l’embrassa tendrement et ajouta alors qu’il sentait les mains de Muraki enlacer sa taille :
- Par contre, ce qui m’étonne, c’est que tu connaisses l’Autre Monde et les Shinigamis de ton pays… Là, je dois dire que je suis bluffé. Aucun mortel vivant ne devrait en connaître l’existence… Mais peut-être est-ce à cause de ce que tu portes en toi… ? Cela expliquerait ta capacité à voir au-delà des apparences aussi…
Son regard perçant eut une brève lueur de tristesse avant qu’il ne remarque, comme pour lui-même :
- Tu dois te sentir très proche de ce Tsu… enfin du mangeur de gâteaux… Tu as cette flamme dans les yeux, comme s’il était tout ton centre d’intérêt. Si je n’étais pas là, avec toi, et si on n’avait pas couché ensemble, j’aurais pu jurer que vous étiez amants. Mais peut-être n’es-tu pas un parangon de fidélité ? Comme si cela me regardait ou avait une quelconque importance à mes yeux…
Il lui dédia un magnifique sourire et secoua la tête en riant doucement :
- Oublie ça. La faim me fait tourner la tête… Ça doit faire plus de vingt-quatre heures que je n’ai rien avalé, mais ce n’est pas non plus capital. Je veux profiter de ces instants de paix avant d’affronter l’ennui et les soucis qui m’attendent. Enfin, si tu le veux bien… Je suis ton prisonnier, après tout…
Et il l’embrassa de nouveau, de façon plus exigeante, alors qu’une main vagabonde venait de déserter la nuque pour effleurer une épaule sans défense, puis des côtes à découvert avant de prendre possession du creux des reins. Il cessa le baiser et recommença à le regarder droit dans les yeux, une lueur taquine brillant dans son regard vert tandis qu’il se mettait à le chatouiller avec espièglerie.
Muraki l’avait écouté parler avec attention, notant tous les petits indices qu’il lui donnait à travers ses bavardages qui partaient dans tous les sens. L’étranger était puissant, subtil et sauvage. Il apprécia ses compliments sur ses talents, fut presque touché par sa réflexion sur Tsuzuki… si seulement ils avaient été amants… au lieu de vivre une dernière rencontre aussi violente… mais il était tellement obnubilé par sa volonté de torturer Saki tant qu’il le pouvait. Il fut assez brutalement sorti de ses pensées morbides lorsque l’étranger se mit à lui chatouiller le ventre comme un vrai gamin. Résistant au fou rire qui le menaçait, il guetta le bon moment et glissa subitement ses mains derrière les épaules de Myrdhyn en le retournant dans le bain.
- La faim te fait oublier tes manières ou c’est ton état naturel que tu me montres ? demanda-t-il en se collant au brun de tout son long, montrant lui aussi une très grande souplesse.
Il l’embrassa passionnément pendant plusieurs minutes en le gardant contre lui. Il décida de se montrer lui aussi taquin et se recula doucement, caressant au passage les lèvres du gaijin avec sa langue. Il se mit à genoux et rajouta :
- Mais je manque à tous mes devoirs, d’autant plus qu’il m’a semblé t’entendre dire que tu avais un peu d’appétit, juste avant que tu cherches à me faire perdre mon sang-froid en me chatouillant.
Il lui tendit le bras pour inciter Myrdhyn à le suivre et se leva pour sortir du bain. Il attrapa des serviettes, dont il les couvrit, avant de l’aider à passer la robe qu’il lui avait amenée. Il s’habilla à son tour et prit le chemin de la cuisine pour faire réchauffer le repas.
- Et quand tu auras l’estomac un peu rempli, tu seras peut-être plus d’humeur à m’en dire un peu plus sur toi à ton tour, rajouta-t-il avec un clin d’œil.
Il ne s’arrêta pas pour juger des réactions de son interlocuteur : il avait envie d’en savoir plus sur son amant, mais ne voulait pas le forcer, sentant bien qu’il ne ferait que le braquer.
Myrdhyn le suivit avec joie, soulagé de pouvoir enfin régler son problème de famine. Parce que les bisous, les caresses et le blabla, c’était bien, mais bon, il y avait la nourriture aussi ! Comment le corps pourrait tenir une telle dépense d’énergie sans que, de temps en temps, on prenne le temps de se restaurer ? D’ailleurs, il se fichait un peu de savoir ce qu’il allait manger, du moment que ça soit comestible… Il se sentait même capable d’avaler un éléphant ou les gâteaux du truc aux yeux mauves. Il regarda attentivement Muraki préparer un plateau avec soin, essayant de contenir les plaintes d’un estomac à l’agonie. Il n’avait franchement plus l’habitude de jeûner et ça s’entendait. Il rougit d’embarras et eut un petit rire gêné.
Il se reperdit dans la contemplation des gestes précis et doux du médecin et peu à peu, plongea dans ses pensées. Il pouvait s’estimer heureux de pouvoir se déplacer en relative liberté et de ne pas être resté attaché trop longtemps sur le lit. Seulement, il ne savait toujours pas à quoi était due sa présence en ces lieux, à part pour ses fesses et le soi-disant mystère qu’il dégageait. Quant à parler de lui, cela, Muraki pouvait toujours compter dessus. Il n’y avait rien à savoir. Mais il sentait bien que s’il le laissait mener la barque, il finirait par craquer, comme avec ses élèves, et il ne voulait pas renouveler cette erreur. Il allait devoir prendre les choses en mains… et de façon radicale. Muraki était trop confiant en lui-même et il le sous-estimait. Il pensait donc ne rien avoir à redouter de lui ? S’il savait… A trop calculer, il oubliait l’essentiel : l’instinct.
Il le suivit par automatisme et eut la surprise de voir qu’il voulait manger sur le balcon. Pourquoi pas ? Il n’avait guère son mot à dire de toute façon. Il tourna le dos à Muraki et avança un peu. Il apprécia aussitôt la brise infime qui lui caressait le visage et lui redonnait des forces, la terre et ses odeurs d’humus et de mousse qui lui rappelaient sa chère forêt, les arbres qui semblaient lui murmurer tout bas que tout irait bien… Mais il avait aussi cette sensation désagréable qui faisait pression sur son corps, qui semblait vouloir lui aspirer la moindre once d’énergie, lui arracher de ses veines la magie qui y coulait et il comprit que le bouclier n’était pas très loin. Pour son propre intérêt, il devait donc s’en éloigner avant d’avoir une faiblesse qui le remettrait totalement à la merci du Japonais.
Il recula lentement, un pas après l’autre, comme un animal sentant un piège, l’expression tendue et contrariée. Trop puissante, trop dangereuse, cette clôture qui le retenait prisonnier. Il heurta brutalement un corps et il se retourna violemment, arborant aussitôt un masque enjoué. Il décocha son sourire innocent et enjôleur avant de se précipiter vers la table en lançant :
- Je peux te donner un coup de main ? Qu’est-ce qu’on mange ? Oh ! Euh… Tu n’as pas de fourchette, plutôt ? Les baguettes, ce n’est pas mon truc… Qu’est-ce que j’ai faim !
Muraki le regarda faire avec un petit sourire intérieur. Un grand enfant ! Vraiment ! Mais qui a quel âge ? Pour être aussi puissant, il devait être très âgé. Il semblait aussi en communion avec le peu de nature auquel il avait accès, rien qu’en le voyant respirer, cela se voyait. Mais heureusement que le bouclier fonctionnait encore. En tout cas, il avait vraiment faim.
- J’ai fait réchauffer un peu de soupe Miso accompagnée de riz, si tu ne peux pas utiliser les baguettes, sers-toi de la cuillère. J’ai aussi fait du thé, j’en bois beaucoup moi-même.
Il l’invita à s’asseoir et continua la conversation.
- Alors tu es originaire de Bretagne toi aussi ? Comme ce marin mort ? Oui, tu es étonné que je te parle de lui, mais je te l’ai dit, je suis bien médecin et comme je passais sur le port, on m’a appelé pour constater le décès et ses causes. Ne t’inquiète pas, il est bien mort de manière accidentelle : il avait trop bu et a dû tomber dans l’eau en voulant rejoindre son bateau. Et pour commencer, si tu faisais comme moi, si tu me donnais ton vrai nom ? Après la nuit que nous avons passé ensemble, ce serait plus agréable de nous appeler par notre véritable identité et ça me donnerait peut-être un argument pour alléger cette barrière qui te gène tant…
Les yeux verts se mirent à flamboyer, comme s’il avait dit quelque chose de très offensant, mais il resta d’un calme absolu. Si l’étranger avait pu franchir son kekkai, il l’aurait fait depuis longtemps et le docteur ne voulait pas laisser partir une aussi belle proie, sans avoir quelques informations lui permettant de le retrouver s’il en avait le désir. Et puis ses quelques recherches précédentes sur la magie des Celtes lui avaient montré leur immense savoir et sa curiosité naturelle s’était réveillée. Il voulait faire profil bas pendant quelques temps, avant de remettre sur pieds un plan d’attaque pour posséder cette fois le cœur de Tsuzuki, et ce gaijin lui offrait une diversion de choix, un amant magnifique, un magicien puissant venu d’un autre pays, tout pour satisfaire son immense soif de connaissance.
L’Ankou fit la moue avant de pencher la tête sur le côté, son regard se perdant sur la vue maritime. Un sourire nostalgique avant de revenir à son bol de soupe, d’apprécier le liquide chaud au goût assez curieux, mais pas désagréable du tout, puis de relever les yeux sur le Japonais, sans taquinerie aucune dans le regard :
- Ma mère m’a appelé Myrdhyn lors de ma venue au monde et au travail, je suis Emrys. Ni plus, ni moins. Et je ne suis pas originaire de la Bretagne… ou plutôt de cette région de France dénommée Bretagne aujourd’hui. Libre à toi de me croire ou non.
- J’ai parfaitement senti ton nom alors, ou du moins, ton premier nom… Enfin peu importe, je voulais juste ne pas commettre d’erreur, mais c’est déjà un honneur pour moi que tu m’aies laissé t’appeler par celui que t’a donné ta mère.
Muraki se laissa aussi aller à un brin de nostalgie en pensant à la sienne, souvenirs mêlés de colère, celle-ci ayant bien joué avec lui.
- Ainsi tu n’es pas originaire de Bretagne, mais tu viens d’un pays bordé par la mer, tes yeux ne trompent pas quand tu la regardes. Tu es aussi très âgé, j’en suis sûr, peut-être même plus que Tatsumi, cela explique certainement la brutalité de tes amants précédents, l’époque était bien plus trouble.
Myrdhyn haussa un sourcil circonspect et lança :
- A t’entendre, j’ai l’impression d’être complètement rabougri ou momifié ! Mon âge n’a aucune espèce d’importance. Ce n’est pas ce qui fait la sagesse, ni la puissance. J’en ai une preuve éclatante devant moi. Il y a d’ailleurs une question qui me taraude : d’où te vient cette fascination pour le blanc ? Et cette rancœur que je sens émerger de toi par moment, même si tu n’en es pas conscient ? Ta famille ? Ton demi-frère ?
Il jouait avec le feu, il le savait. Mais il avait décidé de se montrer plus ferme, plus sérieux que depuis son réveil et il était hors de question de se laisser faire. Du coup, le regard que Myrdhyn posait sur Muraki était calme, vigilant et semblait vouloir fouiller jusqu’au fond de son âme. La tentation d’aller directement à la rencontre de son passé le démangeait de plus en plus, mais encore une fois, il s’y refusa.
- Même si tu m’as fait un peu peur en voulant jouer à la momie hier soir, je te trouve bien conservé, tu sais, enfin tu t’en es rendu compte, je pense.
Le gaijin ne voulait pas se découvrir et évitait volontairement certains sujets le concernant. Peu importait, il n’était plus pressé maintenant. Il avait mis plusieurs années à mettre certains de ses plans au point, il pouvait attendre que Myrdhyn se décide à lui en dire plus de lui-même.
- Quant au fait que je m’habille en blanc, en dehors de l’accord de couleurs avec mes cheveux, tu ne sais peut-être pas que chez nous, c’est la couleur du deuil. Maintenant, je t’ai dit que je voulais, tout comme toi, laisser ce passé derrière moi alors je ne rajouterai pas un mot sur ce sujet.
En disant cela, il le regarda avec insistance pour lui faire comprendre que s’il voulait que Muraki respecte certains aspects de son passé, il devait accepter d’en faire autant.
Myrdhyn ne se laissa guère impressionner. Il en avait vu d’autres : des tordus, des sanguinaires, des fous, des malins et des idiots… Il ne sourcilla même pas, comme si la menace sous-jacente n’était que broutille. Quand on a eu une épée sur la gorge lorsqu’on était môme, le reste n’était finalement pas grand-chose. Il répondit sur un ton glacial :
- Et je t’ai déjà dit de ne pas me prendre pour un imbécile. Je sais ce que signifie le blanc chez vous, je ne suis pas si inculte que j’en ai l’air. Seulement, j’étais intrigué, sans plus. J’ai préféré te poser la question plutôt que d’aller moi-même chercher les réponses, par respect pour toi. Et ta barrière d’énergie ne pourrait absolument rien contre ça. Peut-être même que là se trouverait la solution pour la faire tomber, qui sait ?
Inconsciemment, il avait repris l’attitude agaçante et inabordable qu’il arborait dans son bureau face à ses collègues. Il ne manquait plus que la voix cassante pour compléter le tableau. Sans parler du fauve qui se rapprochait de plus en plus, prêt à prendre le relais si la situation le nécessitait. Ses yeux verts se durcirent, l’épinglant ouvertement.
- Et maintenant je voudrais savoir ce qui te fait croire que je pourrais te servir à quelque chose. Je persiste à penser que tu n’en avais pas qu’à mon corps. Il y a autre chose. Joue franc-jeu !
- Décidément tu as dû être bien souvent manipulé pour ne penser que sous cet angle dès qu’on t’approche…
Très susceptible Myrdhyn. Et très obstiné pour éviter certains sujets. Enfin, maintenant Muraki avait récupéré des forces et son interlocuteur était magnifique aussi colérique et froid. Mmm, s’il ne voulait pas parler de lui, ils pouvaient repasser à d’autres activités. Il se pencha et posa sa main sur la sienne, souriant légèrement.
- Si tu veux que je te prouve que j’en veux principalement à ton corps, le lit n’est pas loin et il était très confortable hier soir.
Pour être honnête, ce n’était pas l’objectif principal de Muraki lorsqu’il avait enlevé ce gaijin. Il n’était pas de ceux qui ne pouvaient contrôler leurs désirs, mais maintenant qu’il avait goûté aux yeux d’émeraudes, il était prêt à recommencer quand celui-ci le voudrait.
Myrdhyn fit tout d’abord le sourd, se contentant de finir sa pitance avec un air de reine outragée. Une fois cela achevé, il s’essuya doucement la bouche, fixant le trentenaire dans les yeux et eut un sourire amusé. Oh… Il croyait pouvoir le faire plier comme ça ? Il se leva avec la grâce d’un léopard et contourna la table jusqu’à se placer à ses côtés, laissant glisser par mégarde un pan de sa robe sur une épaule pâle. Il posa sa main sur le bras de Muraki, remonta doucement jusqu’à la clavicule, descendit à l’intérieur pour frôler successivement chacun des boutons de rose qui s’érigèrent rapidement à sa caresse experte et finalement grimpa de nouveau pour flatter le visage en une caresse envoûtante. Myrdhyn se pencha légèrement, et s’insinua l’air de rien entre les jambes du Japonais. Il le regarda longuement droit dans les yeux, sans se départir de sa froideur et son sourire se fit plus mauvais encore. Il venait de l’immobiliser, sans même que le bouclier n’ait pu y faire quoi que ce soit. D’un geste violent, il le saisit à la nuque tout en le plaquant contre le dossier de sa chaise et de l’autre main, attrapa sa mâchoire fermement. Il effleura de ses lèvres celles de Muraki avant de chuchoter à son oreille :
- Peut-être que je suis extrêmement méfiant à cause de ce bouclier qui me porte sur les nerfs à toujours vouloir me prendre ma propre énergie… Peut-être est-ce aussi par le fait que tu as beau m’abreuver de belles paroles, il n’en reste pas moins que je suis prisonnier ici… et que tes questions sont plutôt malvenues et orientées… Peut-être est-ce mon expérience et ma raison qui me disent de rester sur mes gardes… Qui sait ?
Il relâcha sa mâchoire et sans prévenir, appuya fortement sur les plaies à vif du docteur, qui ne put contenir une grimace de douleur, et Myrdhyn haussa un sourcil à peine compatissant :
- L’avantage lorsqu’on rencontre des brutes, c’est qu’on s’endurcit… Tu aurais dû me laisser te soigner lorsque je te l’ai proposé, mon cher…
Il délaissa les plaies pour attraper sa virilité tout en resserrant sa prise sur la nuque afin d’éviter toute tentative de dégagement de son ravisseur. Lentement, avec une délicatesse totalement en contradiction avec son geste précédent, il commença à caresser ce membre qui se réveillait dans sa main et il reprit, toujours aussi bas et menaçant :
- Il y a aussi le fait que tu sois aussi réactif face à la momie que je suis…
Il rapprocha son visage, se faisant légèrement plus velouté dans ses gestes, sans pour autant lâcher prise et il ajouta sensuellement, posant ses lèvres une nouvelle fois sur celles de Muraki entre chaque mot :
- Et si tu me disais où tu as bien pu voir ce triskel que tu as représenté sur la porte ?
Myrdhyn venait de révéler son coté sauvage et une partie de sa puissance. Le médecin s’était senti immobilisé sans avoir perçu d’où était venue la magie qui l’avait fait. Le gaijin avait détourné son attention par un mini strip-tease très sensuel, l’avait plaqué à sa chaise et commencé à parler, mais il ne l’avait entendu qu’à moitié pendant qu’une partie de lui-même analysait ce qui venait de lui arriver. Il écouta intérieurement ce que son corps lui disait et comprit le moment où il avait laissé prise à celui qui essayait de le dominer. Le kekkai était toujours actif mais son essence plus mentale avait laissé passer un peu trop d’énergie apportée par l’océan devant eux et le brun en avait profité pour se recharger. Quand celui-ci appuya sur ses traces de griffures, un gémissement de douleur lui échappa, mais il dissocia rapidement sa concentration pour modifier son kekkai, afin qu’il absorbe mieux la magie liée aux éléments naturels.
- Aaaaaah… un gémissement lui échappa quand ce diable en face de lui commença à le caresser.
Sous l’effet du plaisir qui montait en lui, ses pensées faillirent disparaître complètement dans les frissons qu’il ressentait. Le brun était un monstre de sensualité et d’impudeur, et il n’avait qu’envie de toucher encore plus ce corps aussi pâle que le sien. Il sentait lentement son immobilisation disparaître au fur et à mesure que le bouclier agissait, mais il ne le montra pas, satisfait de voir son analyse de la situation se confirmer. Il faillit même ne pas entendre la question de son amant qui se décidait enfin à évoquer, même de manière indirecte, le bijou.
- Pourquoi tu me le demandes puisque tu le sais ? Je t’ai senti quand tu as perçu le pendentif, le dragon qui le garde m’a prévenu du lien qui vous unit tous les deux. En tout cas, il doit être important pour toi pour que tu viennes d’aussi loin le chercher dès qu’il est réapparu. Tu ne savais pas que ce marin le portait au cou ? Comment s’appelait-il déjà Yann Duad ? Dru.. ? Druadh ? Comme druides ? rajouta-t-il en penchant la tête tout sourire.
Myrdhyn comprit que son sort flanchait, faute d’être alimenté, et il ne pouvait lui-même le maintenir sous peine de s’épuiser. Mais s’il n’y avait plus l’eau, il y avait d’autres éléments… Et ces derniers allaient faire ce dont lui était incapable pour le moment sans se mettre en danger. Ce fut comme une impulsion très légère, imperceptible même, mais il savait que le destin du bouclier serait réglé dans peu de temps. Il fit glisser la robe des épaules de Muraki et tout en se rapprochant davantage pour se coller à lui, mordilla doucement sa nuque en continuant d’échauffer la peau si blanche du Japonais par des caresses lentes, torturantes tantôt sur le ventre, tantôt sur les côtes ou même sur le dos. Il gardait également sa prise sur la virilité du docteur.
- Oh, je vois… Nous avons là un dragon bien fidèle à son maître mais qu’il fasse attention à ce qu’il fait… Quant au pendentif… Ce n’est qu’une petite amulette de rien du tout, mais sa place n’est pas au Japon, tu devines pourquoi. En fait, il n’a aucune valeur, magiquement parlant, mais il vaut mieux éviter qu’il ne tombe entre de mauvaises mains, n’est-ce pas ? Je croyais même qu’il était définitivement hors circuit… fit-il avec une désinvolture calculée.
Il se redressa un peu, écartant les pans de la robe pour laisser le corps nu de Muraki exposé à ses yeux et, comme par inadvertance, posa sa main libre sur l’intérieur de la cuisse d’albâtre. Doucement, il s’agenouilla et remplaça ses doigts par ses lèvres alors qu’il continuait d’observer son vis-à-vis. Il sentait les muscles se tendre sous ses frôlements répétés et le Japonais était dans une forme éblouissante. Il esquissa un sourire, mordilla la peau pâle de la cuisse et finit par ajouter, jouant le mélodramatique :
- Me le remettre serait une très sage décision de ta part. Je l’ai maudit et il a tendance à tuer tous ceux qui le tiennent éloigné de son véritable propriétaire, ce qui est bien fâcheux… Il serait dommage que tu y restes… Un si beau trentenaire, quel gâchis…
- Alors je ne crains rien tant que tu ne me quittes pas, répondit le médecin en se redressant sous les yeux interloqués de Myrdhyn. Et plus tu me caresses comme ça, moins j’ai envie de te laisser repartir chez toi, rajouta-t-il.
Il l’attrapa contre lui pour l’embrasser sauvagement et se rouler au sol avec lui. Ce gaijin l’excitait systématiquement depuis tout à l’heure et il voulait parler magie ? Il voulait que Muraki reste de marbre aussi longtemps ? Les nerfs de celui-ci étaient vraiment à fleur de peau et il commençait à ressentir une intense frustration sexuelle qui ne demandait qu’à être satisfaite. Il continua le baiser passionné, tout en laissant ses mains courir le long de ce corps parfait, il délaissa enfin ces lèvres si fines pour goûter de nouveau à une nuque souple et ne put s’empêcher de remarquer quand il put parler de nouveau :
- Et puis tu ne dis pas la vérité depuis le début. Ce pendentif a réveillé ma magie qui était endormie depuis ma sortie de l’hôpital quand je l’ai touché, ce n’est pas une amulette de rien du tout, et ta réaction à sa réapparition en est la preuve, je le répète. Si ça peut te rassurer, je n’ai pas l’intention de l’utiliser. En te sentant utiliser tes dons, je me rends bien compte que nous ne travaillons pas sur les mêmes plans tous les deux, mais tant que tu ne veux pas satisfaire un minimum ma curiosité, je n’ai pas envie de te le rendre…
Soudain Muraki sentit comme une oppression monter dans son corps, là où il touchait le sol. C’était encore diffus mais inquiétant car cela montait en puissance. Il se redressa et attrapa son amant aux épaules :
- Qu’as-tu fais ? Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui monte de la terre ? Je le sens, ça ne peut que venir de toi. Réponds !
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