Un simple baiser... | By : KatsYaoi Category: French > Anime Views: 2106 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. |
Un simple baiser…
Par Kats
Disclaimers : les
personnages de Saint Seiya ainsi que la trame scénaristique appartiennent à
Masami Kurumada ainsi qu’aux différentes compagnies chargées de la production
et de la distribution du manga, de l’animé, des films et autres produits
dérivés. Je n’en tire aucun bénéfice matériel ou immatériel et cette histoire
n’a été écrite que pour le plaisir des fans de la série et le mien !
Genre et rating : Définitivement
Yaoi, Romance, Lemon.
Couple : Je n’aime
pas « révéler » mes couples à l’avance.
Avertissements : un
langage un peu cru parfois.
Notes 1 : c’est la
suite de « Jeux Dangereux ». Je pense qu’il vaut mieux lire la 1ere
fic pour comprendre celle-ci.
Notes 2 : La vie peut
être une chose si compliquée et si élémentaire à la fois. Il suffit simplement
d’un instant, d’un événement, d’un geste, une fraction de seconde, pour que toute
une destinée prenne un tour inattendu. Quelque chose comme un simple baiser,
par exemple…
Angelo émergeât lentement,
n’arrivant pas vraiment à se souvenir ou il était. Il y avait longtemps qu’il
n’avait pas aussi bien dormi et aussi profondément. Où était-il ?
Une douce chaleur l’enveloppait
et quelqu’un lui caressait les cheveux. C’était bon.
« Non, encore un peu,
laissez-moi encore un peu ici… »
Il suppliait les Dieux du
sommeil.
Ce parfum inimitable l’envahit…
entre le chocolat au lait, le caramel, la vanille et le lait frais.
Shun d’Andromède, saint de bronze,
chevalier divin, son amant…
Est-ce qu’il rêvait encore ?
D’habitude ce rêve lui laissait
un goût amer dans la bouche…
Comme à chaque fois qu’il
baissait sa garde, que sa vie semblait s’améliorer, il s’était retrouvé plongé
dans le même cauchemar…
Une mer calme, infinie, une vaste
étendue d’huile, sans vent pour la troubler.
Il était à bord d’un bateau à
voile, immense, craquant et grondant comme un monstre mythologique, mais
personne ne le dirigeait… le cancer était seul à bord, prisonnier. Et à l’horizon,
rien, pas d’îles, pas de continents, pas d’autres embarcations, même pas de
dauphin ou autre habitant des mers.
Angelo était seul, à la proue… à
la dérive à bord d’un bateau ivre.
Et généralement c’était à cet
instant qu’il se réveillait, en sueur, en proie à un désespoir sans nom. Il détestait
dormir seul, à cause de cela.
Mais cette fois-ci, cela avait
été différent.
Une brise légère s’était levée,
venant de derrière lui, gonflant les voiles, renouvelant l’air vicié qui
l’entourait, chassant cette odeur âcre de pourriture.
Une voix l’appela, familière, de
l’autre coté du bateau… cette voix si douce, si calme… ces mots magiques.
« Je t’aime Lino… »
Angelo se retourna, c’était Shun,
qui lui souriait, les mains posées sur la barre…
« Ne t’inquiètes pas pour
ton cœur, j’en prendrais soin, je te le promets »
Puis plus rien, le vide, les
ténèbres… la sensation de planer, ou de tomber et la lumière. Le bruit des
vagues, les mouettes au loin, des mains dans ses cheveux.
« On dirait que ma petite
marmotte revient du pays des rêves… »
Cette voix, Dieux qu’il aimait
cette voix… il s’y accrocha, pour revenir chez les vivants.
L’italien roula pour se remettre
sur le dos, le visage de Shun entra dans son champ de vision.
« J’ai dormi longtemps ? »
réussit-il à articuler.
« Pas loin d’une
heure… » répondit Andromède en souriant.
« Hummm, désolé » reprit-il,
en battant des paupières.
L’italien grondait, son corps
refusant de lui obéir… il réussit enfin à s’asseoir, se rapprocha d’Andromède
et se calla dans ses bras, la tête au creux de son cou. Il avait besoin de le
tenir contre lui et de sentir sa peau soyeuse contre ses lèvres. Ce n’était pas
vraiment dans ses habitudes d’être aussi affectueux, c’était surtout un atout
de premier ordre pour obtenir des faveurs physiques. Là, il n’attendait rien
d’autre de Shun que sa présence.
Andromède était aux anges,
sentant des lèvres explorer son cou d’une manière aussi délicieuse. Il caressa
longuement le dos musculeux, puis, pris d’une envie soudaine, glissa sa main
droite sous le pull marine. Il laissa juste ses doigts effleurer la peau
brûlante.
Angelo gémit de plaisir et frissonna
brièvement sous la caresse. Puis il se mit à rire et se releva pour regarder
Shun en face.
« Qu’est ce que j’ai encore
fait de drôle ? » fit Shun faussement vexé.
« Oh, toi rien. C’est moi
que je trouve comique. »
« Pourquoi ? »
« Je n’ai pas vraiment
l’habitude qu’on me chouchoute. Et j’ai l’impression que j’y prends goût ! Comme
je prends goût à tes lèvres… » souffla Angelo avant d’embrasser
langoureusement le jeune japonais, l’empêchant de répondre.
Puis Shun se mit à trembler.
« Tu as froid ? »
demanda l’italien, un peu inquiet.
« Non » souffla Shun,
qui devint écarlate.
« Oh !? » ricana
le cancer, en levant un sourcil.
Ce petit ange était si réactif à
ses caresses que cela en était enivrant. Une ou un autre que lui, il l’aurait
couché sur le sable et fait l’amour sans préambules…
Shun méritait plus d’égards que
cela. Il se contenta de le serrer plus étroitement dans ses bras, le berçant
doucement.
Ils restèrent un long moment,
sans rien se dire. Puis la conversation reprit, badine. La politique, le grand
pope, Athéna, les sanctuaires, la formation des apprentis et bien d’autres
choses encore.
Ils commencèrent à se taquiner,
verbalement d’abord, Angelo disant que les bronzes étaient des gamins, ce que
bien sûr, Shun réfuta. Puis ils se donnèrent des pichenettes, comme des
enfants. Shun en donna une plus forte et se leva promptement pour s’enfuir.
Angelo se précipita à sa suite.
La poursuite dura quelques
minutes, dans de grands éclats de rire.
Le Cancer finit pas rattraper sa
proie et la plaqua au sol.
Il bloqua Shun sous son corps,
maintenant ses poignets de part et d’autre de son visage. Andromède se débattit
un peu en riant, pour la forme. Puis les yeux bleus électriques indéchiffrables
le calmèrent. Angelo ne riait plus, depuis un moment.
Shun eu un léger moment d’appréhension,
jusqu’à l’instant ou des lèvres charnues vinrent merveilleusement malmener les
siennes. Le cancer s’installa entre ses jambes et sans lâcher ses mains, le
dévora de baisers.
« Tu sais que tu me rends
complètement cinglé ? » murmura Angelo, la voix rauque, contre son
oreille.
« C’est réciproque… »
balbutia Shun, intensément troublé.
La poigne de fer se relâcha et il
pu à son tour enlacer l’italien. Leurs baisers furent interminables et les
caresses de plus en plus intimes. Jusqu’à ce que, étrangement, le cancer le
repousse gentiment.
Le soleil déclinait à l’horizon. Angelo
finit par se lever.
« Il est temps de
rentrer »
Shun se leva à regret, déboussolé
par l’attitude d’Angelo. Mais cette journée lui emplissait le cœur d’espoir.
Bientôt, il ferait sien le cœur du cancer.
Il ne se doutait même pas qu’il
le possédait déjà.
Shun s’était levé de bonne heure
et sifflotait sous la douche. La nuit avait été courte, réparatrice, mais se
réveiller dans la chambre du cancer lui manquait. Angelo lui manquait.
Aujourd’hui, il n’aurait pas
beaucoup de temps pour se voir. La formation des apprentis et leur entraînement
occuperaient la majeure partie de la journée. Au moins, ils leur resteraient la
nuit…
Il attacha à son cou la chaîne en
argent d’Angelo, qui reposait sur sa table de chevet. Le métal froid le fit
frissonner un instant, avant que celui-ci n’absorbe la chaleur de son corps.
« Tu ressembles à ton
maître » pensa-t-il.
Si froid, si dur au premier abord
et pourtant si doux, si chaud, quand il venait contre vous.
Shun s'habilla en vitesse et
après un rapide petit déjeuné s'en alla aux arènes. Il était le premier
chevalier de bronze à quitter la maison. Les chevaliers d'or étaient déjà à
l'entraînement.
Ils repéra ses homologues et
décida de s'approcher pour se joindre à eux. Les premières heures du matin étaient
pour l'entraînement des chevaliers expérimentés. Ensuite venait l'entraînement
des apprentis.
La déception envahit son coeur lorsqu'il
remarqua l'absence d'Angelo. Il était le seul à manquer. Aphrodite et Shura lui
lancèrent un drôle de regard, mais seul l’espagnol lui souriait. D’ailleurs, à
y regarder de plus près, tous les chevaliers le regardaient bizarrement ou
fuyait son regard, en murmurant entre eux.
Comment faisait Angelo pour
supporter ces regards à longueur de journée ?
Les maîtres des temples se
posaient des questions. Masque de Mort et Shun, rumeurs ou vérité ?
Aldébaran s'approcha de lui en
souriant. Admirable et noble taureau. Franc comme l’or, chaleureux, toujours
prêt à sortir un ami de l’ennui, même si cette fois-ci le danger était loin
d’être mortel.
Sentant la gêne de Shun grandir,
Aldébaran lui proposa sa compagnie, à sa manière toute subtile.
« Bonjour, tu es bien
matinal aujourd’hui, Shun ! Que dirais-tu de t'entraîner avec une vieille
bourrique comme moi ? »
Andromède lui rendit son sourire.
« Bonjour. Bien volontiers !
Mais tu loin d'être une vieille bourrique ! »
Shun se mit en position de
défense et le chevalier du taureau fit de même.
Une petite demi heure plus tard, ce
fut au tour du cancer d’arriver. Il regarda Aldébaran et Shun se serrer la
main, après leur combat.
« Hé, hé, je ne sais pas ce
que tu lui a fait au petit Andromède, mais il a une pêche !
Ne-tto-yé, il te l’a nettoyé le
taureau ! » ricana Shura en lui frappant le dos sans ménagement.
« Remarque, m’est avis que
vous n’avez pas joué au scrabble, vu ta tête.Tu sais qu’il est drôlement
appétissant ton homme ? »
« Shura, tu devrais parler
plus fort, y’a un gars un peu sourd en Uruguay qui n’a pas entendu ! »
répondit l’intéressé, sans pour autant
paraître fâché.
Shun et lui avait parlé de ce
moment, quand ils seraient devant tout le monde. Inconsciemment ou non, Angelo
avait reculé cet instant, le redoutant beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Shun
ne voulait pas se cacher, Angelo de fichait pas mal de l’avis de ses pairs, en
temps normal.
Il ne craignait rien ni personne,
car il n’avait rien à perdre, si ce n’est lui-même. On le disait orgueilleux,
il se méprisait. De ce fait, il se fichait de tout…
Depuis quelques heures, les
choses étaient bien différentes. En aucune façon, il n’aurait accepté de perdre
Shun, maintenant qu’il était sien.Cependant, le cancer ressentait une légère
appréhension, il redoutait un peu qu’Andromède l’évite.
Après tout, il avait peut être
changé d’avis.
Il n’était pas vraiment le
meilleur parti du sanctuaire. Ce jeune garçon méritait mieux que lui. La nuit
porte conseil et peut être que Shun regrettait maintenant. Et…
Son esprit s’emballait.
« Oh, fait pas cette tête
mon chou, tout le sanctuaire est déjà au courant. Et crois moi, ce matin,
personne ne ratera l’entraînement, histoire de vérifier la rumeur ! »
Angelo n’entendit pas toute la
phrase, Shun venait de se retourner et le regardait, d’abord impassible. Puis,
il lui sourit, timidement, puis plus largement.
Sans vraiment s’en rendre compte,
Angelo lui rendit son sourire, un VRAI sourire et pas ce rictus bestial et
méprisant qui le caractérisait habituellement.
Shura observa son ami, amusé. Le
cancer ne souriait jamais comme ça en public, même pas après quelques verres de
trop. D’ailleurs, le cancer ne souriait jamais, il ricanait en silence, comme
une hyène, nuance.
« Bel et bien mordu ! »
pensa t-il.
Andromède commença à courir et
lui sauta dessus, manquant de le faire tomber.
Il noua ses jambes autour des
hanches du cancer, arrima ses bras à son cou et se hissa jusqu’à son visage,
pour l’embrasser. Il resta quelques secondes en position, puis laissa glisser
ses jambes jusqu’au sol.
L’arène se fit silencieuse, seul
les chaînes d’Andromède qui s’entrechoquaient au gré de ses mouvements et le
bruit de leur baiser troublaient le silence. Ce dernier ne s’éternisa pas
longtemps.
Aldébaran souriait avec un regard
bienveillant, Shaka rouvrit les yeux, Milo, tout sourire, donnait de grands
coups de coude à Camus, Aiolos et Shura pouffaient et Aphrodite rongeait son
frein.
Mu intervint, rouge de confusion.
« Hum, Shun, un peu de
calme, s’il te plait ! Tu sais ce qu’a dit le grand pope. Pas ce genre de
démonstrations physiques devant les apprentis. »
La remarque n’eut aucun effet sur
les deux protagonistes qui semblaient être sur une autre planète. Angelo, qui
sous l’effet de la surprise, était resté quelques secondes les bras ballants,
enlaçait maintenant Andromède, lui rendant ses caresses et savourait son exquise
façon de dire bonjour.
« Vraiment efficace
Mu ! On devrait peut être essayer un seau d’eau ? » ricana
Aiola.
« Shun, Angelo… »
reprit Mu.
Mais Shura lui coupa ses élans.
« Oh, laisse les tranquilles,
Mu ! Les premiers apprentis n’arriveront pas avant une heure. Et puis, ils
ne sont pas mignons, hein ? Avoue que tu aimerais en faire autant !
Au moins, ils ne font pas les hypocrites, eux !»
Quelques chevaliers commencèrent
à rire. Mu, écarlate, abandonna.
« Absolument
effrayants ! » marmonna Aphrodite, trop bas pour qu’on l’entende.
Les amants se séparèrent un
instant, pour se parler à voix basse.
« Tu fais très fort là, Shun ! »
murmura Angelo, les yeux brillants.
« Les choses sont claires à
présent, la rumeur est étouffée et puis, tu m’a tellement manqué cette
nuit… » répondit Andromède avant de reprendre son baiser.
Shura commença à siffler, suivit
par Aiolos. Gagné par la bonne humeur, certains applaudirent ou se manifestèrent,
histoire de taquiner les « amoureux impudiques ».
Il faut dire que le spectacle en
valait la peine. Le redoutable chevalier du cancer mis KO en quelques secondes
par le valeureux Shun d’Andromède et sans coup férir !
L’événement oscillait entre une
version moderne et chevaleresque d’un conte de fée et les premiers signes
annonciateurs de l’apocalypse, selon l’humeur des témoins.
C’est à ce moment qu’arrivèrent
les autres bronzes. Hyoga déglutit avec difficulté en voyant Andromède proprement
« enroulé » autour du cancer. Seiya eu une moue dégoûtée et Shiryu
resta bouche bée.
« Et qui c’est qu’avait
raison : moi ! » claironna Jabu.
« J’aimerais être une
mouche quand Ikki va revenir. Va y avoir du sport entre le Phoenix et le
Cancer ! » pensa-t-il.
Six semaines s’était écoulées
depuis leur rencontre « fracassante » au « Flesh for
Fantasy ». La nouvelle de leur liaison avait fait le tour du sanctuaire en
un éclair. S’ils se comportaient convenablement devant les apprentis, suivant
les ordres du pope, de façon à ce qu’aucun d’entre eux ne puisse dire si la
rumeur était fondée, il en était autrement devant leurs pairs.
Shun ne manquait aucune occasion d'étaler
son attachement à son « homme ». Angelo le laissait faire, amusé et
flatté par la fierté de son jeune amant à s’afficher avec lui. Pour le Cancer,
qui était habitué aux liaisons (le terme était vraiment fort) éphémères et
clandestines, le changement était radical. Du coup, lui aussi se
« laissait aller » en public, ne serait-ce que pour faire rougir Mu
jusqu’aux oreilles et faire enrager le chevalier des Poissons.
Shura avait tout de suite adopté
Andromède. Aphrodite prenait sur lui, mais n’en pensait pas moins. Cependant, il
n’essaya plus « d’approcher » Angelo ou Shun, depuis que ce dernier
l’avait remis vertement à sa place. Andromède se révélait jaloux ! Et
Angelo l’avait déjà avertis, six semaines auparavant. Ces menaces étaient
toujours d’actualités et elles se ravivaient dans l’esprit du Suédois, au
hasard d’un regard de l’italien.
La prudence finit par l’emporter
sur sa colère, rapidement apaisée, lorsque Shun lui présenta… Nikos !
Les autres chevaliers d’or
avaient depuis longtemps Shun en estime. Estime qui pris encore de l’importance
devant le « nouveau » chevalier du cancer, devenu si calme et posé, serviable,
presque… agréable.
Quand aux bronzes, la
cohabitation n’avait pas été facile, au début. Peu à peu, Shun s’était
rabiboché avec ses compagnons d’armes, même s’il subsistait un certain malaise
avec Hyoga.
Le nouveau couple entama le
travail de sape de manière méthodique. Le premier à « craquer » fut
le sage Shiryu. Une fois le chinois conquis, Angelo n’eu aucun mal à conquérir
Seiya et ils s’entendaient comme larron en foire, s’étant trouvé une tête de
turc de choix : Jabu. Même ce dernier avait finit par craquer devant
l’italien.
Hyoga tolérait Angelo dans son environnement,
uniquement par respect pour Shun, ce dernier rayonnant littéralement depuis sa
rencontre avec l’italien.
Le bonheur et l’épanouissement d’Andromède
avaient été des arguments décisifs dans l’acceptation du Cancer à la maison des
bronzes. Et depuis trois semaines déjà, Lino couchait régulièrement dans la
chambre de Shun.
La première nuit du cancer chez
les bronzes fut assez comique. Certains colocataires, loin d’être silencieux,
s’attardaient tard dans la nuit près de la porte, pour surprendre quelques
bruits caractéristiques, attestant d’une activité nocturne inhabituelle, en
tout cas dans cette chambre-ci, en l’absence d’Ikki.
Pourtant la nuit fut chaste, mais
les deux chevaliers, pas dupes, entamèrent un concert de vocalises amoureuses à
l’attention toute particulière de leurs curieux voisins de chambre !
Angelo poussa la comédie – pour
Jabu – jusqu’à frapper les murs du poing en manifestant son
« plaisir ». Shun se mordit la joue pour ne pas éclater de rire.
Ils finirent la nuit, hilares,
enlacés, s’embrassant ou se caressant, mais rien de plus. Et personne n’osa les
regarder en face au petit déjeuner, jusqu’à ce que Shun s’affale de rire sur la
table. Il y avait de quoi ! Tous piquaient du nez dans leurs tasses de
café, rouges comme des pivoines. Ils voulaient savoir, ils en avaient eu pour
leur argent !
Lino expliqua, les bronzes s’excusèrent
et promirent de ne plus jouer les indiscrets.
Ce soir là, ils étaient de
sortie, avec les chevaliers d’or, Seiya et Shiryu. Hyoga prétexta une migraine
pour rester à la maison, Jabu et ses sbires étaient sortis de leur côté.
Hyoga venait de se préparer du
café et revenait au salon avec une tasse fumante, pour continuer à bouquiner
tranquille. Il était devenu sage depuis quelques semaines et l’ouragan Angelo
l’agaçait. Une pause, voilà ce dont il avait besoin. Même s’il
« s’habituait » peu à peu à les voir se caresser ou s’embrasser, la
douleur était encore vive. Supporter ça toute une soirée était encore au dessus
de ses forces.
Et puis, il n’était pas vraiment
fier de lui, de son comportement stupide depuis le début de la liaison de Shun
et d’Angelo. Au moins, ces moments de solitude lui avaient permis de faire une
salutaire introspection.
Shun avait soupiré après lui
pendant quatre ans, sans que le Cygne ne daigne lui accorder ne serait-ce qu’un
regard. Que le Cancer lui tourne autour l’avait mis dans une rage folle. Cette
rage lui avait fait croire qu’il aimait sincèrement Andromède. Faux. Quand on
aime véritablement quelqu’un, on ne le fait pas souffrir comme Hyoga avait fait
souffrir Shun.
Quatre ans de tortures
psychologiques, ne donnant que quelques attentions pour maintenir Andromède
dans son sillage. Il aimait Shun, mais pas suffisamment pour lui apporter le
bonheur, qu’apparemment, Angelo lui procurait. Hyoga était trop focalisé sur
lui, ses faiblesses et sur ses actes passés. Sa mère, encore, Camus, Isaak…
La vérité, c’est qu’il avait peur
d’aimer. Ceux qu’il aimait finissaient par mourir, quelque fois de sa main.
Alors, il avait maintenu le jeune japonais loin de lui, mais suffisamment près
à la fois, pour profiter de sa chaleur, à distance. Il s’était tant habitué à
sa présence à ses cotés que Hyoga s’était imaginé que cela durerait toujours. Cette
espèce de liaison avortée et platonique lui suffisait. Mais pas à Shun. Le
russe ne pouvait plus se montrer égoïste, Shun méritait son bonheur. C’était
simplement étrange qu’il l’ait trouvé dans les bras du cancer, un assassin
impitoyable et sans vergogne. Mais Angelo était-il encore cet homme là ?
Il en doutait de plus en plus, se
souvenant de la lueur chaleureuse qui gagnait le regard de l’italien lorsqu’il
le posait sur Andromède.
Le jeune russe faillit lâcher sa
tasse en voyant Ikki confortablement installé dans son fauteuil, le dévisageant
avec son plus beau sourire. Un instant, il avait cru voir le cancer, le cancer
et cette flamme amoureuse qui dansaient dans ses yeux. Puis, le profond regard
océan l’avait enveloppé. Cette aura bouillonnante, cette prestance, ce sourire
légèrement ironique ne pouvaient appartenir qu’au Phoenix. Une agréable chaleur
emplit le Saint de glace, qui se mit lui aussi à sourire.
« Eh bien ! Ça se
relâche ! J’aurais largement eu le temps de te clouer au mur avant que tu
ne réagisses ! Et d’une main encore !»
« Moi aussi, je suis content
de te voir, prétentieux ! » répondit Hyoga, tout sourire, posant sa
tasse sur la table basse du salon.
Les deux hommes se donnèrent une franche
accolade. Hyoga se prit à regretter qu’elle ne dure plus longtemps.
« Hé ! Tu as l’air en
pleine forme pour un revenant ! Ça fait combien, quatre mois,
cinq ? »
« Six… Je sais, Shun va me
faire la tête… ou est-il au fait ? »
Hyoga marqua un temps d’arrêt,
qu’Ikki ne remarqua pas ou feignit de ne pas voir. Manifestement, le Phoenix ne
savait rien. Ce n’était pas au russe de lui apprendre la nouvelle.
« Oh, il est allé à Athènes,
avec les autres et les chevaliers d’or. Ils ont mangés sur le port, puis ont du
faire une ballade. Je pense qu’ils ne devraient pas tarder… Tu veux un
café en attendant ? »
Ikki fut un peu déstabilisé de
trouver la maison vide, avec pour seul occupant Hyoga. Quelque chose avait
changé dans l’atmosphère du sanctuaire et dans la maison, il percevait les
traces d’une présence connue, mais pas vraiment familière. Une aura forte,
quelqu’un d’un niveau supérieur aux chevaliers de bronze. Camus ?
Idem avec le cygne, bien étrange
ce soir. Il aurait juré que Hyoga s’était vraiment laissé aller dans ses
bras. Non, il avait trop d’imagination.
Le Phoenix décida de jouer franc
jeu.
« Oui, je veux bien. C’est
marrant, tu n’es pas avec eux ? Il y a de l’eau dans le gaz ou quoi ?
D’habitude, vous êtes plus collés encore que des siamois, tous les
quatre… »
Hyoga hésita encore. S’il
commençait à exposer sa dispute avec Shun, la raison viendrait immanquablement
sur le tapis. Il décida de rester dans le vague, priant pour qu’Andromède rentre
rapidement dormir à la maison, pour une fois.
« En effet, il y a eu… un
flottement… mais bon, il faut bien un jour couper le cordon… ne bouges
pas, je reviens avec un café… noir, sans sucre, je me souviens bien ? »
« Oui, c’est ça. Tu n’as pas
oublié… »
Ikki regarda attentivement le
chevalier du Cygne quitter la pièce. Son aura était sombre. Hyoga était
toujours mélancolique, mais particulièrement ce soir, particulièrement quand il
avait évoqué son frère. Pourquoi faisait-il bande à part ?
Pourquoi son frère, d’habitude si
casanier, était sorti, en semaine qui plus est ?
Juste le soir où il rentrait.
Maintenant qu’il était de retour, serrer son frère dans ses bras devenait urgent.
Phoenix n’était pas quelqu’un de
patient. Il trouva un bloc note et griffonna un mot à l’attention de Hyoga.
« Je parts à la rencontre de
Shun, excuses-moi pour le café ! »
Lorsque Hyoga découvrit la note,
il ne pu s’empêcher de s’inquiéter pour Shun. Les choses n’allaient pas être
facile. Et Ikki s’en irait encore…
Phoenix arriva rapidement sur le
port et décida de camoufler son cosmos, pour faire une surprise à son frère.
Repérer une bande de chevalier en goguette fut chose facile. Les chevaliers
d’or était au complet, même la bande des pervers y était : Aphrodite,
Shura et Masque de Mort. Les choses avaient évoluées en six mois.
Le groupe était devant un grand bâtiment,
la commanderie du port et quelques uns étaient assis sur des escaliers, à
regarder Milo, Seiya et Kanon faire les pitres.
Ikki se glissa le long d’un muret
lui servant de cachette et allait bondir dans leur direction, lorsque son frère
entra dans son champ de vision. Ses pupilles se dilatèrent et il se ravisa en
s’accroupissant contre le muret.
Shun, (habillé presque tout en
cuir !) était assis lui aussi, les jambes écartées, suffisamment pour que
quelqu’un, placé sur un degré inférieur, s’y installe confortablement :
Masque de Mort. Ce dernier reposait, le dos calé contre la poitrine de Shun,
les bras appuyés de part et d’autre, sur les cuisses de son frère. Lui aussi,
bardé de cuir, du pantalon, aux bottes et blouson.
« Un comportement de
propriétaire » pensa-t-il. Phoenix remarqua également deux casques de
moto, posés près de l’italien. Ça expliquait en partie le cuir, ainsi que la
présence d’une bonne demi douzaine de grosses cylindrées japonaises près du bâtiment.
Quand à Shun, il nouait ses mains
devant la gorge de l’italien et se laissait aller quelques fois à caresser
doucement sa poitrine ou ses cheveux.
Tous riaient, de temps à autres,
aux remarques du Scorpion, de Pégase ou du Dragon des mers.
Le Phoenix observa encore
quelques minutes, n’osant croire à ce qu’il voyait.
Il vit la main de Shun glisser le
long de la joue du cancer, effleurer le cou et disparaître par l’encolure du
t-shirt de l’italien, en une caresse que semblait apprécier les deux
protagonistes.
Devant tout le monde !
Le cancer releva le visage et
croisa le regard de Shun. Ce dernier se pencha et effleura ses lèvres, avant de
l’embrasser plus franchement. Personne ne sembla s’offusquer de leurs manières,
comme si cela était parfaitement naturel.
Ikki pensait avoir atteint le fond,
lorsque la main vagabonde d’Andromède remonta de son exploration, en mettant en
évidence un objet familier. La chaîne de Shun. Leur chaîne se trouvait
autour du cou du cancer !
Le Phoenix essayait de contenir
sa colère et ses tremblements. Voilà pourquoi Hyoga faisait bande à part. Il
brûlait d’envie d’aller casser la figure de Masque de Mort, mais vu l’attitude de
son frère, cela allait virer au massacre.
Avant d’exploser, il s’enfuit, se
disant qu’il valait mieux qu’il se calme avant de voir Shun. En privé.
Il avait besoin d’une
explication. Il y en avait forcément une.
Andromède sursauta. Ikki, il
venait de percevoir la cosmo énergie d’Ikki, toute proche. Pas vraiment
franchement, juste une onde furtive, comme un flash. Celle-ci était chargée de
colère. Personne ne semblait avoir remarqué sa présence… sauf Lino, qui
maintenant le regardait, l’œil sévère.
« Attends-moi ici. Je… je
vais lui expliquer… »
Les deux hommes se levèrent, les
autres ne réagirent pas tout de suite.
Angelo retint Shun par la main,
lui donnant un léger sourire, teinté de tristesse.
« Fais attention… »
Shun sourit brièvement avant de
s’élancer à la suite de son frère. Angelo le regarda disparaître au coin d’une
rue, le cœur douloureusement serré. Ils s’étaient préparé à cette éventualité,
mais pas à ce que le Phoenix l’apprenne de cette manière. Shun allait passer un
mauvais moment, mais Lino devait rester à l’écart. C’était la volonté de Shun.
Malgré tout, il aurait aimé le suivre et se retenait pour ne pas le faire.
Shaka, qui avait compris, vint se placer à côté de lui et lui sourit.
« Ça va bien se
passer » mentit le chevalier de la Vierge.
Shun trouva Ikki, assis dans le
sable à contempler la mer reflétant un croisant de lune, crispant
sporadiquement sa mâchoire puissante sous l’effet de son mécontentement.
« Comme Lino »
pensa-t-il.
Il s’assit à ses cotés et se mit
à parler, sans attendre que son frère le regarde ou n’entame la conversation,
ou plutôt, la polémique.
Shun lui raconta tout, depuis sa
dispute avec les bronzes, sa nuit de beuverie, jusqu’à la découverte de son
coup de cœur (réciproque) avec le Cancer. Il passa les détails intimes, mais
lui dit tout de même qu’ils étaient « ensemble » depuis six semaines,
en triturant nerveusement le médaillon d’Angelo.
Ikki, resté silencieux jusqu’ici,
s’étrangla. Il ne se sentait pas la force de lui dire ce qu’il pensait réellement.
Alors, il se retrancha derrière de faux prétextes.
« Mais tu es complètement
inconscient ou quoi ? Bon sang, de tous les humains de ce sanctuaire, il a
fallut que tu t’amouraches de celui là, d’un homme !!!
Pourtant, ce n’est pas les femmes qui manquent ici. Et… June ? Qu’est ce
que tu fais de June ? Elle le sait que tu batifoles avec un saint
d’or ?»
« Oh, Ikki je t’en
prie !!! June est une amie, rien de plus. Elle ne m’a jamais attirée. Et
ma vie privée ne la regarde pas. Pas plus que toi d’ailleurs. ».
« Et parce qu’une
fille ne te plait pas, tu vas te jeter à la tête d’un homme ! Shun ! »
Ikki s’était levé et tournait en
rond dans le sable, comme un lion en cage.
Son frère, en
« couple » avec cette raclure de Cancer, de presque 10 ans son
aîné ! C’était de la folie. Phénix souhaitait mieux pour son frère, il
méritait d’être heureux maintenant. Il n’avait rien contre les homosexuels, ce
n’était pas ça. Sans en avoir de preuve, il savait que Shun ne
s’intéressait pas aux filles. Mais il doutait franchement qu’un homme de ce
genre apporte le bonheur à son frère et encore moins s’il s’appelait Masque de
Mort. S’il lui fallait absolument un chevalier d’or, quelqu’un comme Camus,
Dhoko, Shaka ou Mu aurait été plus indiqué. Quelqu’un de responsable au moins…
Pas un assassin sadique… et obsédé sexuel…
Shun qui s’était lui aussi levé,
explosa.
« Je ne me suis pas jeté à
sa tête ! Ça c’est fait comme ça ! Qu’est ce que tu veux que je te
dise ? Que ça aurait pu se faire avec n’importe qui ? Seiya, Shiryu
ou Hyoga même ? Les garçons m’attirent, un point c’est tout ! Et
tu n’as jamais rien remarqué ? »
Andromède cru percevoir un léger
tressaillement de la part de son frère, à l’évocation du nom du chevalier du
Cygne. Il avait sûrement rêvé et continua sur sa lancée.
« C’est vrai qu’en venant deux
ou trois fois par an, au gré de tes envies, c’est vraiment pratique pour
avoir une relation saine et équilibrée avec son propre frère ! »
Ikki s’arrêta et pointa son frère
d’un index rageur. Ça allait être de sa faute si ça continuait ! Pourtant,
il ne pouvait pas lui avouer qu’il se doutait des penchants de son frère, pas
après la tirade de reproche qu’il venait de lui faire. Phoenix décida de mentir
encore.
« Non, je n’ai jamais
remarqué figures toi !!! Et c’est trop facile de me mettre ça sur le
dos ! »
Le phénix blêmit, son esprit
envisageant maintenant, un autre aspect de la « chose ».
« oh Athéna,
non !!! » pensa-t-il.
« Tu as couché avec
lui ? Tu n’as pas fait ça avec ce mec, hein Shun ? »
« Ikkkkiiiiiiii !!! Non
mais dites moi que ce n’est pas vrai ! »
Shun n’en revenait pas, cela dépassait
ses pires prévisions. Les mains sur les hanches, il maugréait intérieurement,
secouant la tête de colère.
Ikki se calma un peu,
interprétant de travers la réaction de son frère, se l’imaginant naïvement toujours
vierge.
« Bon, un moment d’égarement,
ça peut arriver à tout le monde. »
Shun s’étrangla à son tour.
« Un quoi ? Un moment
d’égarement ? Je te fais la plus grande confidence de toute ma vie et tu
appelles ça « un moment d’égarement » ? Non mais je
rêve ! »
Shun lui aussi, allait et venait,
furieux.
« Ikki, mets toi bien une
chose dans la tête. Tout ce que tu pourras dire ne me fera pas changer
d’avis. Je suis bien avec Angelo et je
ne vais pas le quitter, ni pour toi, ni pour n’importe qui d’autre ! Ce
n’est pas un moment d’égarement ! Je l’… »
Shun s’interrompit, troublé.
« « Je l’aime », c’est
ça que tu allais dire ? »
Le Phoenix le scrutait, la voix
cassée.
Shun croisa les bras.
« Oui, je l’aime.
Profondément. »
C’était dit.
Ikki se rassis dans le sable,
prenant son visage dans les mains. Il ne s’attendait vraiment pas à ça. Son
frère, d’ordinaire si calme et posé, rugissait comme un fauve blessé. Il avait
quitté un enfant, il retrouvait un homme en colère. Et amoureux.
Comment avait-il pu tomber
amoureux en si peu de temps ?
Comment son frère pouvait-il être
amoureux de ce type ? Même loin du sanctuaire, sa réputation comme ses
frasques ne lui étaient pas inconnues.
Shun remarqua le trouble de son
frère et essaya d’argumenter, radoucissant sa voix.
« Ikki, je t’assures, c’est
quelqu’un de bien. Angelo n’a rien à voir avec la rumeur. S’il n’avait pas été
là ce soir-là, j’aurais été violé, c’est sur et certain. J’étais trop ivre pour
pouvoir me défendre. Il a pris soin de moi, m’a protégé pendant que j’étais en
état de faiblesse. Si cela avait été vraiment le sale type de la rumeur, il en
aurait profité et c’est lui qui m’aurait violé. Il est doux, drôle, tendre… je
ne me suis jamais senti aussi bien qu’avec lui. »
« Shuuuuuuunnnn… »
gronda Phénix, se frottant le visage des deux mains.
« Et oui, c’est un
homme ! Tu aurais préféré Hyoga ? » essaya de plaisanter
Andromède.
Phoenix tressaillit à nouveau.
« Ne soit pas bête
Shun… »
Andromède avança jusqu’à son
frère et s’agenouilla devant lui, de sorte à avoir ses yeux dans les siens.
« Fais sa connaissance et
après tu verras. Juges par toi-même ! »
« Je ne peux pas Shun, c’est
trop… »
Ikki secouait nerveusement la
tête.
« Si je me retrouves avec
lui, je vais lui sauter à la gorge… je… »
Phénix cherchait ses mots.
« Et lui ? Tu crois
qu’il t’aime ? »
L’aîné plongea son regard
intensément bleu dans les yeux de son cadet. Ce qu’il y vit le laissa sans
voix. Son frère n’était plus avec lui, sur cette plage, il était quelques
centaines de mètres plus loin, auprès du Cancer. Shun rayonnait intensément en
pensant à lui. Il avait l’air si heureux !
Andromède se laissa scruter par
son frère, sans relever l’ambiguïté de la question, puis intimidé, baissa les
yeux vers le sol. Bonne question. Est-ce que le cancer l’aimait ?
« Je prendrais ce que tu
me donneras, je t’en prie ! »
Il ne pouvait plus tenir cette
promesse. Il voulait le cancer, totalement. Si l’italien ne l’aimait pas
encore, alors, il ferait tout pour que cela arrive, il s’y employait depuis six
semaines déjà. Cette pensée le fit sourire, mais il ne pu répondre au Phoenix.
Ikki dévisageait son frère. Ce
sourire valait toutes les paroles du monde.
Ils étaient amoureux.
Pour que Shun se transforme
ainsi, tantôt violent et passionné, tantôt tendre et intimidé. Pour que Shun
soit prêt à renoncer à l’amitié sacrée qu’il entretenait avec Seiya, Hyoga et
Shiryu. Pour que Shun tienne tête à son propre frère, c’est qu’Andromède devait
être sûr de celui qu’il aimait et de ses sentiments à son égard.
Une voix les tira tous les deux
de leurs réflexions.
« Pour tout te dire, Ikki, oui…
je l’aime… »
Le principal intéressé venait
confirmer le ressentit du Phoenix. Les deux chevaliers se levèrent, l’un sur la
défensive, l’autre, transporté dans un autre monde, au seuil du paradis.
Masque de Mort s’avança doucement
jusqu’à eux. Ils ne l’avaient pas entendu arriver, trop occupés à se quereller.
Il était là depuis assez longtemps pour avoir entendu la phrase qui changerait
à tout jamais sa vie : Shun l’aimait.
Il eut subitement l’impression
que les lourdes chaînes qu’il avait autour du corps venaient de s’envoler et
que les portes du ciel elles-mêmes s’ouvraient devant lui.
Shun d’Andromède, chevalier
divin, l’aimait, lui ! Shun se disputait avec sa seule famille pour lui,
par amour pour le cancer ! Le cancer, le chevalier le plus méprisé du
sanctuaire était aimé du saint le plus pur des quatre-vingt-huit chevaliers
d’Athéna, celui, qui par-dessus tout les autres, connaissait véritablement la
signification du mot « aimer ».
Et soudain, ce fut comme une
évidence. Comme un détail que l’on perçoit sans vraiment le voir, chaque jour
et qui brusquement vous saute aux yeux.
Sa soudaine possessivité, ces
sentiments d’ennui ou d’impatience lorsque Shun était loin de lui, ses envies de
meurtre lorsque le regard d’un autre s’attardait un peu trop sur les épaules ou
les hanches du japonais.
Ce bien être affolant lorsqu’il
dormait près de lui, cette impression de sombrer dans une chaleur satinée
lorsque Shun l’embrassait. Cette tendresse que l’italien était capable de lui manifester.
Ce point douloureux au cœur, lorsqu’il quittait Andromède au petit jour.
Sa décision d’accepter la
proposition de Shun, au « Flesh », sous de faux prétextes, il le
savait maintenant. Ses craintes, son déni de l’évidence, sous la douche, ou sur
la plage, le lendemain de leur première nuit ensemble.
Et maintenant, ce sentiment
d’urgence, de brûlure, rien qu’à l’idée qu’Ikki pourrait les séparer. Maintenant
qu’il touchait au bonheur, personne ne le lui prendrait. Personne ne lui
prendrait ça, Shun lui appartenait, de même qu’il appartenait à Shun.
Ce dernier ne pu retenir une
larme silencieuse. Il aurait souhaité quelque chose de plus romantique pour une
déclaration mutuelle. Maintenant Lino savait et… Lino l’aimait.
C’était aussi bien ainsi.
Il avait réussi. Malgré la
dispute avec son frère, cette soirée s’annonçait comme la plus belle de toute
sa courte vie. Et même, même si Ikki comptait énormément, Lino passerait toujours
en premier désormais. Il l’obtenait enfin, ce cœur tant désiré…
Angelo arriva à leur hauteur,
écarta les bras en signe de résignation et se lança dans son monologue, un
sourire taquin aux lèvres.
« Et oui mon pauvre
Ikki ! J’aime ton frère, je l’aime à en crever !
C’est bête hein ? Tu ne
pourras même pas utiliser l’argument massue, comme quoi je suis un sale pervers
qui abuse de lui et de sa confiance !
Tu pourras me faire ce que tu
veux, m’arracher les yeux, la langue, me couper bras et jambes, me faire brûler
en enfer pour l’éternité, je te laisserais faire, parce que s’il t’arrivait
malheur, Shun ne s’en remettrait pas.
Mais ça ne changera rien à ce que
je ressens, je l’ai dans la peau. C’est comme ça !
Je suis un démon, une ordure, un
moins que rien, je le sais. Mais je suis amoureux d’un ange.
Arraches-moi le cœur si ça te
fait plaisir, ça ne changera rien…
…Même mort, je continuerai à
t’aimer. »
Le cancer prononça la dernière
phrase en regardant Shun. Son sourire ironique s’était effacé. Il avait le même
regard que sur la plage, le jour du pique-nique, lorsqu’il s’était éveillé. Un
regard calme, apaisé, profond, envoûtant, accompli. Presque celui d’un ange…
L’italien se rapprocha de Shun,
sans le quitter des yeux, ignorant totalement son frère aîné. Andromède, lui, s’accrochait
à son regard, comme si cela était son unique univers. Angelo contourna Shun, l’enlaça
par derrière et appuya son menton sur l’épaule du jeune japonais.
Andromède tremblait dans ses
bras, une seconde larme roula sur son visage. En nouant ses doigts aux siens, il
priait intérieurement tous les Dieux de la création que jamais ces bras
puissants ne le lâchent et que jamais cette chaleur ne s’éteigne. Il venait de
gagner le combat de sa vie. Plus jamais il ne serait seul, quoi qu’il arrive,
même avec le Phoenix au loin. Shun l’avait enfin trouvé, la moitié manquante
que bien d’autres cherchent toute une vie sans jamais l’apercevoir.
Désormais, ils faisaient face,
ensemble, à une menace réduite presque à néant par quelques mots.
Angelo dévisageait Ikki, toujours
silencieux et choqué.
« Et maintenant Phoenix, qu’est
ce que tu comptes faire ? »
Ikki n’en savait fichtre rien. Ce
n’était pas un spécialiste en déclaration d’amour, mais là, les paroles du
cancer l’avaient ébranlés. Cette façon qu’ils avaient de se toucher, de se
regarder. Mais son frère ne pouvait pas être avec un homme comme lui ! Comment…?
Le cancer ne semblait pas vouloir
lâcher prise, lui qui collectionnait aussi bien les corps alanguis que les
masques mortuaires.
Le Phoenix était complètement
déstabilisé. Il n’avait plus à lutter contre une volonté, mais deux. Sa raison
lui hurlait que le cancer était un danger pour son frère. Son âme, elle,
ressentait le contraire.
Et cet italien qui enlaçait tendrement
Andromède, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
Et Shun qui se laissait aller
dans ces bras protecteurs !
« Rien, il ne fera rien ce
soir… » répondit Shaka.
Trois chevaliers s’étonnèrent en
silence, fixant le nouveau venu avec intérêt.
« Shaka, que… » maugréa
Ikki.
« Tss… silence ! Tu as
assez fait de dégâts pour ce soir, Monsieur Ikki ! Pour une fois, tu vas
la fermer et m’écouter ! »
Le ton de la vierge était sans
appel, c’était si rare qu’il élève ainsi la voix, qu’Ikki ne put qu’obéir. De
toute manière, déstabilisé comme il l’était, il ne pouvait pas faire
grand-chose. Ikki allait de surprises en
surprises et il sentait son impuissance monter crescendo.
Si tout le monde se mettait à
défendre le cancer maintenant !
Shaka se tourna vers les deux
amants et leur lança son plus beau sourire, posant son regard alternativement
sur l’un, puis l’autre.
« Filez vous coucher, j’ai à
parler à ton frère et… ton beau frère… Je pense que vous avez aussi des choses
à vous dire…»
Ils hésitèrent un court instant,
se regardèrent, cherchant l’accord de l’autre, puis Angelo rendit son sourire à
Shaka. Ce dernier lui fit un clin d’œil. Les amants disparurent rapidement dans
une brume dorée.
« Beau frère ? Alors
toi aussi, tu es de leur côté ?! »
« Je t’ai dit de te
taire ! Je ne suis ni de leur côté, ni du tien. Je suis du côté du bon
sens et des sentiments.
Où étais-tu pendant ces six mois,
quand ton frère sombrait peu à peu dans la dépression ? Où étais-tu quand
il avait besoin de toi et de ton amour ? Où étais-tu quand il se repliait
sur lui-même, prêt à tout abandonner ?
Et maintenant qu’il est heureux,
tu te prends le droit de tout casser parce que leur histoire ne rentre pas dans
ton moule d’étroit d’esprit ?
Je ne sais pas comment cela c’est
fait, eux deux, mais cela s’est fait.
Shun a repris goût à la vie,
quand à Angelo… c’est tout bonnement miraculeux ! Ce n’est plus le même
homme.
Ils sont aussi différents que le
jour et la nuit, mais ils sont fait l’un pour l’autre, ils sont l’un à l’autre.
Cela fait des semaines que je les observe s’épanouir. Il n’y a qu’un sentiment
pur, noble et intense pour parvenir à ce résultat. Personne ne peut rien contre
ça, même pas toi. Tu devras plier le genou, ou tu perdras ton frère. »
« Mais bon sang Shaka !
C’est Masque de Mort ! Tu me demandes de laisser ce type poser ses mains
sur mon frère, sans rien dire ? »
« Et tu crois qu’ils ont
attendu ta permission ? » ironisa la vierge, en croisant les bras, un
sourire cynique accroché aux lèvres.
Ikki blêmit et déglutit
bruyamment, essayant de chasser cette image gênante : le cancer faisant l’amour
à son frère.
« Il est trop jeune ! Il
ne sait pas ce… »
« Il n’était pas trop jeune
pour mourir au combat. J’estime que lorsqu’on est prêt à mourir pour une cause
que l’on croit juste, on l’est aussi pour aimer et être aimé. C’est un homme,
même si parfois il a l’air fragile, c’est un homme, avec sa force et ses
faiblesses, capable de faire ses choix. Et crois moi, il n’a jamais été plus en
sécurité que dans les bras d’Angelo. Il mourrait pour Shun, j’en suis persuadé… »
Ikki tenta d’argumenter, mais ne
fit que s’enfoncer.
« Shaka, ce n’est pas…
normal ! »
La vierge ricana.
« Oh, oh, Ikki ! Parce
que tu te crois « normal » toi ? Tu vas te jouer la comédie
encore combien de temps ?
Cela fait quatre ans que tu
disparais par période de quatre à six mois. Quatre ans que tu fuis chaque fois
que quelqu’un essai de t’approcher. Combien de temps vas-tu te faire payer ce
qui est arrivé à ton frère pendant la bataille d’Hadès ?
Il ne court aucun danger avec
Angelo ! Aucun ! Tu n’as pas été mis sur terre pour protéger Shun de
tous les dangers, réels ou imaginaires. De toutes manières, il sait très bien
se défendre tout seul. Au pire, il a le cancer à ses cotés maintenant.
Que tu cherches à te protéger de
l’amour, soit, mais n’en prive pas ton frère parce que tu meurs de trouille à
l’idée de t’attacher à quelqu’un ! »
Le Phoenix sentait la colère
monter en lui et malgré tout le respect qu’il avait pour Shaka, ce dernier
commençait sérieusement à lui chauffer les oreilles.
« Qu’est ce que tu
racontes !? »
« La vérité. C’est que tu as
tellement peur de ne pas savoir protéger les personnes que tu aimes que tu
préfères n’aimer personne ! Tu crois qu’en les fuyant, tu arriveras à les
oublier ? Tu te trompes lourdement !
Tu fais vivre un enfer à ton
frère en projetant tes angoisses sur lui !
Ikki, que l’enfer m’engloutisse à
l’instant, plutôt que l’amour soit absent de ma vie pour toujours. Ce qui
est arrivé à Esméralda est terrible, mais tu n’es pas responsable.»
« Laisses-là en dehors de
tout ça ! Ce type est un menteur, un tricheur et un assassin. Et tu crois
que je vais laisser mon frère entre ses mains ? Tu délires ! Je me
suis laissé surprendre, je ne m’attendais pas à leur réaction, ni à l’un, ni à
l’autre. Mais je ne laisserais pas faire ça, même si je dois emmener Shun loin
d’ici ! Shaka, c’est trop… écoeurant ! »
La vierge se dit que le Phoenix
méritait une bonne leçon et qu’il fallait le mettre devant ses responsabilités.
S’il refusait de voir, il allait lui ouvrir les yeux, à sa manière. Shaka
attrapa Ikki par le col, l’attira violement à lui et écrasa brutalement sa
bouche sur la sienne, pour un baiser fougueux mais bref.
Ikki, stupéfait, n’eut même pas
le réflexe de se débattre, il garda seulement les yeux grands ouverts, les
pupilles dilatées par la surprise.
Shaka relâcha légèrement sa
prise, reprit la parole, un peu essoufflé, en maintenant Ikki par la chemise,
afin que leurs visages se frôlent.
« Alors, tu trouves ça
écoeurant Ikki ? Pas moi… J’ai beaucoup… d’affection pour toi. Mais
si tu tentes quoi que ce soit, je dis bien, quoi que ce soit, pour les séparer,
tu me trouveras sur ta route, ainsi que bons nombres de chevaliers. Y compris
de bronze. C’est compris, tête de pioche ? »
Ikki repoussa Shaka et recula de
cinq bons mètres.
Tempête sous un crâne, voilà
comment résumer l’état d’esprit du Phoenix.
Mais qu’est ce qu’ils avaient
tous à la fin ?
Ce n’était pas comme ça que la
nature fonctionnait. Il fallait un homme et une femme, puis ensuite venaient
les enfants. C’était la norme… C’était la norme !
La norme ? Est-ce que ce
terme pouvait s’appliquer ne serait-ce qu’à un aspect de sa vie…
Shun, pourquoi lui ?
Pourquoi Masque de Mort ? Pourquoi le cancer pouvait prétendre à l’amour,
alors que lui, Ikki…
Le jeune japonais ferma les yeux,
essayant d’oublier un instant la douce chaleur que lui avait procuré les lèvres
de la vierge.
Pourquoi avait-il fait ça ?
Pour l’humilier ?
« Alors, tu trouves ça
écoeurant Ikki ? Pas moi… »
Que voulait-il dire par là ?
Pourquoi son corps avait-il réagit aussi fort à ce baiser ?
Ikki ne comprenait toujours pas
et cela, Shaka le ressentit très vite. Très bien, puisqu’il fallait lui mettre
les points sur les i, tant pis si ça allait faire mal, tant pis si le monde de
mensonges dans lequel évoluait Phoenix s’écroulait. La vierge en avait assez de
ces victimes de guerre, brisées jusque dans leurs sentiments. Shun était
maintenant hors de danger et s’il ramenait son frère à la raison, il sauverait
peut être deux chevaliers de plus au lieu d’un.
« Tu ne veux toujours pas
l’admettre Ikki… »
« Qu’est ce que tu veux que
j’admette… » répondit celui-ci d’un ton las.
Shaka s’en félicita, Phoenix
était ébranlé, ça allait marcher. Il fallait que cela marche.
« Que tu es en colère parce
que Shun est avec Masque de mort... »
« Sans blague… »
ironisa-t-il.
« … au lieu d’être avec
Hyoga… »
« Hein ? »
Les yeux du Phoenix s’agrandirent
encore, tandis que ses joues prirent une jolie teinte rosée, à l’évocation du
Cygne.
« J’ai peut être les yeux
fermés la plupart du temps, mais je ne suis pas aveugle. Vous n’êtes pas frères
pour rien, vous avez les mêmes goûts, même en amour… »
« Moi, amoureux de… du
Cygne ? Non mais il faut que tu arrêtes les fleurs de lotus mon pauvre
Shaka ! »
Le ton était trop vif pour
dissimuler son trouble. Shaka touchait le point sensible qu’Ikki se cachait
depuis trop longtemps, arrivant même à l’oublier lui-même.
« Ta… ta… ta… Quand tu t’es
aperçu que ton frère aussi craquait pour Hyoga, tu as décidé de partir pour lui
laisser le champ libre. Et Shun, inconsciemment, l’avait ressenti et intégré,
c’est pour cela qu’il n’a jamais rien tenté de direct avec le Cygne. Et
maintenant tu as la trouille… et tu es en colère…
Parce que tu as laissé filé
quatre ans, pendant lesquels tu as souffert, somme toute pour rien. Parce que
tu as la trouille de ne pas y arriver avec Hyoga… ».
Ikki aurait du exploser, mais il
était fatigué, si fatigué… Shaka en profita pour contourner Phoenix et coller
sa poitrine à son dos. Il posa sa main droite sur son front et la gauche sur
son cœur.
« Ne luttes plus Ikki…
laisse moi te montrer qu’il n’y a rien d’écoeurant à tout cela, bien au
contraire. Cet amour que tu ressens, que tu refoules, que tu condamnes, n’est
pas sale. Les sentiments que tu éprouves sont nobles, l’amour ne se décide pas,
il s’impose à nous. Il peut prendre le visage d’une femme, ou d’un homme, mais
il reste toujours l’amour, pur et sincère. Tu n’as plus à fuir, tu n’as plus à
lutter. C’est à porté de ta main ! Fait comme Shun, saisi ta chance… »
Une douce aura dorée s’éleva
autour d’eux. Phoenix ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait. Tout
d’abord il entendit un cœur puissant battre à un rythme régulier, apaisant.
Puis vint un second, en écho. Une chaleur, ou il décela un « parfum »
familier, l’envahi… une douceur, un bien être, quelque chose de si agréable et
profond qu’il en perdit la notion du temps. Il se sentait en sécurité et baigné
d’amour, un amour profond, puissant, sincère. Comme dans l’aura d’Athéna.
Shaka senti une goutte tiède
tomber sur sa main. Le Phoenix pleurait. Il lui murmura doucement à l’oreille,
comme on rassure un enfant qui vient de s’éveiller d’un cauchemar.
« Tu sens ? C’est ton frère…
et Lino… C’est à ta portée Ikki… »
« Oh… Shaka… »
Shun s’étira comme un chat tout contre
Lino. Des nuits comme celle-là, il en voulait tous les soirs ! Même au
prix d’une dispute quotidienne avec Ikki. Tout à sa joie, il en avait oublié
l’attitude de son frère. Il aurait bien le temps de se faire du souci. Shun
décida que rien ne gâcherait ces instants magiques.
Une nuit entière à se dire et à
se faire l’amour.
Ils étaient revenus comme des
flèches au temple et jamais au grand jamais, ils n’avaient connus d’instants aussi
intenses, aussi sensuels, de mémoire de Shun. De longs, de très longs moments
passèrent ou ils se témoignèrent leur amour, par des mots, des regards ou des
caresses, avant que leurs corps ne prennent le relais pour un dialogue amoureux
beaucoup plus charnel.
Andromède n’éprouvait aucune
fatigue, bien au contraire. Il se sentait prêts à déplacer des montagnes, ou…
reprendre leur « discussion » là ou ils l’avaient laissée il y a
quelques minutes. Lino le regardait tendrement, en jouant à enrouler des mèches
vertes autour de son index. Shun ne se lassait pas d’entendre les battements
réguliers du cœur du cancer contre son oreille.
Ils n’avaient pas souvent
l’occasion de traîner au lit ensemble en semaine. Ce matin, personne ne leur en
voudrait, Shaka les excuserait sûrement auprès des autres. Et puis leurs
apprentis pourraient profiter pour souffler un peu aujourd’hui…
Shun n’avait pas l’intention de
quitter ni le temple du cancer, ni la chambre, ni même le lit. Lino serait
sûrement d’accord… au cas ou, Andromède avait certains arguments… plutôt
convaincants.
L’italien sentait le souffle régulier
de Shun caresser sa poitrine. Il reposait, la tête sur son épaule, le bras
droit en travers de son torse, ses doigts dessinant les courbes de muscles
puissants et ambrés. Comme à chaque fois maintenant qu’ils dormaient ensemble.
C’était devenue la position préférée de Shun pour dormir. Shun…
Comment pourrait-il dormir sans
lui maintenant ? Sans l’entendre murmurer son nom, ou de tendres mots
d’amour à son oreille ? Sans sentir ses mains légères remettre de l’ordre
dans ses boucles bleues ? Sans l’entendre gémir de plaisir contre sa
bouche ?
« Une vraie
midinette ! Je suis devenu une vraie midinette ! » se dit
Lino…
Mais qu’est ce que c’était
agréable ! Il en avait presque oublié Ikki. Le cancer n’avait jamais connu
une telle intensité dans le plaisir physique et le plaisir tout court. Il
nageait littéralement dans le bonheur et soupira d’aise. Sa vie « d’avant »
lui semblait bien futile à présent. Tout ce qu’il n’osait plus espérer, il
l’avait désormais, au creux de ses bras. Il voulait l’entendre encore, comme
dans ce rêve sur la plage… ce rêve qui semblait si réel. Un rêve
prémonitoire ?
« Shun, dis-le encore ! »
L’intéressé eut un petit rire de
gorge et releva la tête, plantant ses yeux pétillants de malice dans ceux
cobalts de l’italien.
« Je t’aime… » dit-il à
voix basse, juste assez haut pour que Lino l’entende.
« Encore… » taquina le
cancer, souriant jusqu’aux oreilles.
« Je t’aime… » répéta
Shun, plus haut, avant de poser un baiser sur les lèvres de son amant.
« Encore ! »
exigea de nouveau Lino.
« Je t’aime ! Je
t’aime ! Je t’aime ! » criait presque le japonais.
Ils partirent d’un grand fou rire,
l’italien faisant rouler Shun jusqu’à se retrouver au dessus de lui. Ils
étaient étroitement emmêlés dans les draps froissés, mais n’en n’avaient cure.
Ils échangèrent un long baiser, qu’une sensation anormale fit interrompre.
Quelqu’un abordait les escaliers
du temple, juste à la sortie de celui des Gémeaux et faisait vibrer son aura
d’une manière étrange.
Shun pesta.
« Mais c’est pas vrai !
Qu’est ce qu’il vient faire ici ? »
« Il se signale trop tôt et
trop fort pour quelqu’un qui veut se battre. Au contraire, on dirait qu’il
s’annonce.»
« Oui, bien. Mais il ferait
mieux de m’oublier là !!! »
Shun plaisantait, mais Lino
sentait l’inquiétude monter en lui. Ensemble, sans un mot, ils s’habillèrent et
rendirent le temple « présentable » pour la venue de ce visiteur.
Ikki n’eut pas à frapper à la
porte, Masque de Mort lui ouvrit avant que sa main ne heurte la paroi de bois.
« Qu’est ce que tu
veux ? »
Le ton du Cancer était anormalement
calme, sans animosité, ce qui déstabilisa un peu plus Phoenix. Il s’attendait à
se faire jeter dehors, du coup, son entrée en matière lui parut complètement
grotesque.
« Heu, est ce que Shun est
ici ? Je voudrais lui parler... En fait, je voudrais vous parlez à tous
les deux. »
L’italien s’effaça, laissant la
place à Ikki. Il remarqua les cernes de ce dernier. Phoenix n’avait pas
beaucoup dormi. Lino se demanda ce que Shaka avait bien pu lui dire. En tout
les cas, Ikki semblait disposé à faire la paix, au moins avec son frère.
« Entre ».
Shun était assis sur le canapé, les
jambes et les bras croisés. Il les dérangeait sans nul doute.
Le Masque de Mort vint s’asseoir
auprès de Shun et Ikki s’installa dans un fauteuil en face d’eux. Il nota qu’
Andromède avait pris la main du cancer dans la sienne, nouant ses doigts à ceux
de son amant. Shun faisant front avec Angelo et contre lui, Ikki.
Le Phoenix pris une profonde
inspiration et se lança. Il enroba ses excuses autour d’une pseudo explication.
Un malentendu, la réputation du cancer, puis les témoignages des chevaliers, de
la Vierge entre autre. Son erreur et… il prit garde de ne rien révéler sur ce
que Shaka lui avait réellement démontré.
Shun se tendit un peu au début et
resserra son étreinte sur la main d’Angelo, qui lui répondit de la même
manière. Puis il fut soulagé par les paroles de son frère et commença à
sourire.
« Je… Je voulais vous
demander pardon, à tous les deux. Je me suis mêlé de choses qui ne me
regardaient pas. Masque de Mort, je te demande pardon pour hier. Shun, je te
demande pardon pour ce que je t’ai dis. »
Il y eut un long moment de
silence, ou Ikki cherchait dans les yeux de ses vis-à-vis un indice sur leur
décision.
« Tu peux m’appeler Angelo
si tu veux… puisqu’on va être amené à se voir souvent. »
« C’est une manière détournée
de me dire que tu acceptes mes excuses ? »
« Oui, tes excuses sont
acceptées » dit le cancer, un curieux sourire aux lèvres.
Ikki se tourna vers son frère.
« Et toi ? »
« Si Lino te pardonne, il
n’y a aucune raison que je te refuse mon pardon. »
Les frères échangèrent un sourire
mi tendre, mi gêné, avant que Shun ne se lève pour serrer son frère dans ses
bras.
Maintenant qu’Ikki « acceptait »
leur relation, le bonheur de Shun était total.
Phoenix déposa un baiser sur le
front de son frère, se disant que c’était sans doute une des dernières
occasions pour lui de le faire. Angelo lui tendit la main, qu’il serra
fermement. Phoenix ne put s’empêcher d’avertir l’italien.
« Fais-lui du mal et ton
visage viendra compléter ta collection de masques… »
Le cancer rit doucement.
« Aucun risque… »
Environ trois mois plus tard…
Le chevalier du cancer regagnait
son temple, après une longue journée. Il avait entraîné durement ses disciples
tout l’après-midi et rêvait d’une bonne douche avant d’aller retrouver
Andromède.
Demain serait un grand jour.
Il sourit en imaginant la tête de
Shun devant sa surprise, surprise qu’il préparait maintenant depuis plus de
deux mois. Cela devenait de plus en plus dur d’éloigner le chevalier de bronze
et ce dernier se montrait de plus en plus curieux et de plus en plus
suspicieux. Heureusement, qu’ils avaient pas mal de complices et que demain,
tout serait réglé. En bien, il l’espérait…
Trop absorbé par ses pensées, il
ne remarqua pas une ombre inhabituelle tapie dans un recoin des colonnades.
Deux yeux brillants, félins, le fixaient dans la pénombre, leur possesseur se
réjouissant intérieurement. D’ici quelques instants, le cancer serait à sa
merci, personne ne pourrait l’aider, le secourir. L’italien ne lui échapperait
pas, quoi qu’il tente, il était perdu.
Lino ne vit pas l’ombre s’avancer
vers lui, en le contournant pour le prendre à revers et ne perçut que trop tard
le sifflement de l’arme de son adversaire.
Avant d’avoir put esquisser le
moindre geste de défense, le maître du quatrième temple était solidement ligoté
à une colonne.
« Je t’ai eu !!! »
ricana Shun, très fier de lui.
A sa grande surprise, Lino vit
s’avancer vers lui Andromède, en tenue d’entraînement, tenant dans ses mains
les extrémités des chaînes qui l’entravaient. La présence de Shun était devenue
si palpable dans le temple qu’il avait cru avoir affaire à ses
« traces » plutôt qu’au chevalier lui-même.
« Shun !? Mais à quoi
tu joues ? »
« J’en ai assez Lino. Il y a
deux mois que tu me mènes en bateau, que tu disparais des heures entières, de
plus en plus longtemps et souvent, sans me donner une explication valable. Et
ce qui m’énerve d’autant plus, c’est le fait que les autres te couvrent… même
Saori.
Tu vois quelqu’un d’autre ou
quoi ? »
Shun s’efforçait de garder son
sérieux, mais il ne trompait absolument pas le cancer.
« Oh, mon Dieu ! Shun,
tu as tout découvert… oui, je l’avoue, j’ai une maîtresse... » répondit
l’italien, prenant le ton d’un *mauvais* acteur de série à l’eau de rose.
S’il avait eu les mains libres,
il aurait porté le revers de sa main à son front !
Shun se rapprocha encore, se leva
sur la pointe des pieds, calant son corps contre le sien et embrassa Lino
brièvement.
« Une maîtresse, hein ?
Dis-moi, elle est comment ?"
*baiser*
« Grande… blonde… pulpeuse…
sensuelle… très soumise…»
*baiser*
« Donne-moi son nom sur le
champ ! Que j’aille l’écorcher vive, cette garce ! »
*baiser*
« Aphrodite… »
Les amants se mirent à rire.
Leurs lèvres n’étaient qu’à quelques centimètres les unes des autres et le
petit jeu qu’avait initié Andromède devenait très plaisant et… extrêmement
excitant. Leurs voix devenaient graves et rauques. L’issue de ce petit jeu ne
faisait plus aucun doute.
« Bon, tu me détaches ? »
demanda gentiment le cancer avant d’approfondir un baiser en suspend.
« Non… pas encore… » répondit
Shun, les yeux pleins de malice.
« Qu’est ce que tu as en
tête ? Rassures-moi… c’est plus « horizontal » ? »
Shun, fit mine de s’offusquer, avant
de reprendre son interrogatoire.
« Ho ! Lino !
Horizontal… vertical… oblique…
tout ce que tu voudras, mais pas avant que tu ne m’ais dit ce que je veux
savoir. »
*baiser*
« Et qu’est ce que tu veux
savoir ? »
« Ou tu passes tes journées,
loin de moi, depuis deux mois… ne me dit pas que tu t’entraînes avec Aldé, Shura,
Shaka ou mon frère, je sais qu’ils te couvrent… et… que tu me manques… »
*long baiser*
La pression des chaînes se
relâcha brièvement, l’italien tenta d’en profiter pour s’enfuir, mais Shun
resserra vite son étau.
« Non, non, non ! Je
t’ai fait prisonnier, je te garde, mon beau chevalier. Tu n’iras nulle part
avant de m’avoir tout avoué ! »
« Un peu de patience,
demain, tu connaîtras mon secret… »
« Et pourquoi pas ce
soir ? Demain, tu vas encore me laisser tout seul…»
« Nan, petit curieux !
Demain…
Demain, on passera la journée
ensemble, c’est promis…
Demain, tu sauras, pas avant.»
« Hum, la journée ensemble,
demain, ça, ça me plait. Mais ça ne suffira pas à m’amadouer. Tu ne veux rien
me dire ? Tant pis pour toi, je vais « durcir » mon
interrogatoire. » souffla Shun à l’oreille de Lino, avant de commencer à
mordiller et suçoter le lobe.
Shun savait l’italien très
sensible au niveau de la nuque, en particulier, sur ce petit triangle de peau
juste derrière l’oreille. Shun allait user et abuser de la situation, pour le
faire « parler ». A vrai dire, qu’il parle ou non, cela n’avait pas
tant d’importance que cela à cet instant. Ces absences le privaient aussi de la
peau de l’italien et il en était devenu dépendant.
Andromède s’attarda longuement
dans la nuque, puisque Lino lui en laissait libre accès en penchant la tête sur
le côté, avec un sourire béat. Des interrogatoires comme ça, c’était quand le
chevalier de bronze voulait !
Puis le japonais délaissa la
nuque offerte, pour descendre sur la poitrine, qu’il avait dénudée d’une main
libre, l’autre tenant toujours fermement les chaînes.
La torture était lente et
méthodique, ni trop longue, ni trop rapide, juste le bon rythme pour rendre son
prisonnier totalement soumis. Ce qu’il était…
« Hum, Shun... T’as l’air
très en forme aujourd’hui chéri… » ronronna Lino, les yeux brillants.
« Et encore, tu n’as rien
vu ! » répondit le bourreau, avant de descendre plus bas, sur les
abdominaux.
L’italien se cambra, tendant un
peu plus ses chaînes, sa respiration s’accélérant de plus en plus, au fur et à
mesure que Shun s’accroupissait devant lui. Et lorsque ce dernier se mit à genoux,
pour défaire, toujours d’une main, la boucle de ceinture du cancer, celui-ci
n’en crut pas ses yeux.
« Shun !? Mais t’es
cinglé ! N’importe qui peut arriver ! »
« Monsieur deviendrait-il
pudique ? Tu n’as pas oublié la salle de réunion du Pope quand même ?
Et puis, si quelqu’un arrive, ou il repartira, ou il prendra des notes… »
« La salle de réunion, on
avait fermé la poooorte… haaaaaaaaaan ! ».
Lino ne put continuer plus loin
sa phrase, Andromède venait de le prendre en bouche… et semblait extrêmement
inspiré aujourd’hui.
Shun, après avoir longuement
léché toute la longueur, s’attardait maintenant sur l’extrémité hyper sensible,
qu’il embrassait, mordillait, léchait, suçait, attentif aux moindres réactions
de son partenaire. Quand il jugea celui-ci suffisamment torturé, il engloutit
de nouveau la verge, sur laquelle il exerça de lentes allées et venues,
changeant de temps à autre son rythme ou son amplitude.
Lino fermait les yeux et tirait
fortement sur ses chaînes en haletant. Il était rarement en position soumise,
mais se disait qu’il y prenait goût. Shun le rendait fou, le frustrant en l’empêchant
de le toucher, tout en le comblant par une caresse experte et sensuelle.
De plus, Andromède repoussait
l’instant crucial en resserrant de temps à autre la base de la verge, empêchant
son partenaire d’atteindre l’orgasme, tout en le maintenant au bord de
l’explosion.
Les gémissements de Lino devaient
s’entendre dans tout le temple et le bronze se demandait jusqu’à quand il
pourrait tenir ainsi. La réponse ne tarda pas à venir…
« Shuuun… je n’en peux plus…
je t’en… prie… laisse-moi jouir… »
Il suffisait de demander. Shun
accéléra son rythme et quasi instantanément, il sentit couler la semence de son
amant dans sa gorge, tandis que ce dernier criait son plaisir.
Lino tendait à l’extrême ses
liens métalliques, sentant son fluide se répandre par à coup dans la bouche de
Shun. La douleur provoquée par les chaînes lui meurtrissant le corps, mêlée à
la jouissance que lui procurait Andromède l’amenèrent aux frontières de
l’inconscience. Il se promit de laisser Shun jouer avec ses chaînes plus
souvent. Lino appréciait de plus en plus qu’Andromède le domine, le pénètre, le
fasse sien, lui qui exigeait toujours de dominer les autres. Si le chevalier de
bronze daignait lui ôter ces chaînes, il lui montrerait ô combien il peut être
docile, si c’était ce que Shun avait en tête pour la suite du programme.
Andromède se délecta de
l’instant. Sentir Lino se répandre en lui, dans sa gorge ou son intimité le
comblait d’une manière insolite et incontrôlable. Même s’il appréciait de plus
en plus de prendre son amant, recevoir Lino en lui restait sa préférence,
quelle qu’en soit la manière. Cette préférence devenait urgente à combler
maintenant. Shun ne se « contenterait » pas de cet apéritif.
Andromède remonta et s’arrima à
la bouche de Lino, passant ses bras autour de son cou. Ils échangèrent un
baiser passionné.
« Ça t’as plu mon
Lino ? » demanda le japonais, tout sourire, connaissant pertinemment
la réponse.
L’intéressé eut un petit rire
entre deux respirations rapides.
« Gr… oh oui, ça m’a plu… tu
recommences quand tu veux mon amour… »
*baiser*
« Tout de
suite ? »
Le rire de l’italien le reprit.
« Oh, Shun, j’ai fait de toi
un monstre… ou est passé l’innocent et pur Andromède ? »
« Il est tout dévoué à ton
plaisir… et à ton amour… »
*baiser*
« Je t’aime Shun… »
« Je t’aime… »
*baiser*
Andromède rappela enfin ses chaînes,
mais Lino resta appuyé contre la colonne.
« Tu peux marcher ? »
demanda Shun d’un ton ironique.
Lino hésita avant de répondre.
« Non, pas tout de
suite… »
Les amants se mirent à rire.
« Petite
nature ! » se moqua gentiment le japonais.
« Attends que j’ai retrouvé
de ma vitalité et je vais te faire payer tes méthodes sournoises… »
« Hum, des promesses, toujours
des promesses, je n’attends que ça ! ».
Lino s’avança enfin et repoussa
Shun jusqu’à la porte de ses appartements.
« Allumeur ! Ça va être
ta fête, chevalier d’Andromède… » promit l’italien.
« Chouette !!! »
se réjouit le bronze, d’humeur très coquine…
La journée avait bien
commencée : un tour sur le port, un repas dans un bon petit restaurant, un
peu à l’écart d’Athènes, puis une longue balade à moto. Entre temps, une sieste
câline dans une petite clairière.
Une belle journée ensoleillée,
encore un peu froide, mais très agréable. Le printemps serait bientôt là.
Lino n’avait encore rien dit,
Shun attendait, après tout, l’italien lui avait fait la promesse. Il se trouva
un peu dépité lorsque Lino reprit le chemin du sanctuaire. Andromède se
cramponna un peu plus à l’arrière de la moto. Le cancer allait entendre parler
du pays en arrivant.
Au dernier embranchement, Lino
prit à gauche, au lieu d’aller à droite, pour retourner effectivement au
domaine sacré.
Shun se maudit un instant d’avoir
douté. Il se découvrait extrêmement jaloux et possessif envers l’italien. Comme
pour se faire pardonner, il délaissa les prises passagers de la moto et
s’accrocha à son amour. Lino lâcha un instant le guidon, pour caresser les
mains nouées sur son ventre. La moto roula encore sur deux kilomètres puis l’italien
coupa le moteur au pied d’une falaise.
Andromède ôta son casque et
observa la paroi escarpée.
« On continue à
pied ? » s’inquiéta t-il.
« Pas exactement »
répondit Lino, sortant un foulard sombre de sa poche, qu’il vint placer sur les
yeux du japonais.
« Ne triches
pas ! » reprit l’italien, en augmentant son cosmos.
Shun ressentit le léger vertige
qui résultait de la téléportation et sentait maintenant le soleil lui mordre le
visage. Ils n’étaient plus au pied de la falaise. Lino le guida sur une dizaine
de mètre et lui dit d’enlever son bandeau.
Andromède s’exécuta, constata
qu’ils étaient tout en haut de la falaise et que celle-ci dominait le sanctuaire.
D’ici, il pouvait apercevoir presque la totalité des douze maisons, ainsi que
le palais du pope.
L’italien lui désigna du doigt
une autre falaise sur la gauche, Star Hill. Shun se trouvait un peu perplexe,
d’autant plus que l’italien lui souriait de plus en plus.
« Euh, Lino, le point de vue
est magnifique, mais je ne comprends toujours pas le rapport avec tes
disparitions… »
« C’est parce que tu ne
regardes pas du bon côté… »
Shun se tourna lentement. En
effet, dans son dos se trouvait une maison, apparemment rénovée récemment,
ainsi que le puit qui trônait sur la droite et une espèce de grange ou de
garage sur la gauche.
Lino arborait toujours un grand
sourire.
« Tu veux visiter ? ».
Shun entra en silence. Et fit le
tour des pièces. L’intérieur avait été complètement refait et modernisé. Il y
avait l’électricité (provenant sans doute un groupe électrogène, dans
l’appentis) et l’eau devait provenir du puit de la cour.
La maison paraissait petite vue
de l’extérieur, écrasée par la grandeur du paysage, mais elle devait approcher
les cent, cent vingt mètres carrés. Un vaste salon, vide de tout meuble, une
grande cuisine, équipée, elle. Deux chambres, une grande, avec salle de bain et
baignoire, l’autre plus petite avec coin douche.
Peu ou pas de meuble. Mais tout
sentait le neuf.
« Tu t’es amusé à rénover
cet endroit ? »
« Hum, hum… »
Le cancer semblait très fier de
lui. Shun lui, se sentait perdu et un peu triste d’avoir été mis à l’écart.
Lino lui préférait une bâtisse en ruine, le bronze était amer.
Pourquoi lui montrer ça ?
Maintenant ? L’italien allait-il quitter son temple pour vivre ici ?
Lino remarqua la mine sombre de
son amant. Manifestement, il n’avait pas encore compris. Pas la peine de faire
durer plus longtemps. Il n’aimait pas cette mine renfrognée.
Il se dirigea vers le japonais et
l’enlaça par derrière.
« Elle te
plait ? »
Shun ne pouvait pas dire le
contraire, même s’il se trouvait maintenant jaloux d’un tas de briques et de
ciment.
« Oui… » répondit-il
hésitant.
« Bon, alors, on emménage
quand ? »
« On ? »
« Oui, « on ». On
emménage, on s’installe, on pose les valises quoi ! Tu ne crois tout de
même pas que je vais vivre ici tout seul ? »
Shun se libéra d’une douce
étreinte, pivota sur ses talons et fixa l’italien droit dans les yeux, encore
incrédule.
« On ? » répéta-t-il
en désignant le sol de l’index.
Puis, soudain, réalisant
pleinement la signification du discours de son italien, son ton se fit rapide,
gagné par l’excitation qu’il était.
« « On »… emménage,
j’ai bien compris là, Lino, tu as dit « on » emménage ? »
Lino amusé, pris un ton
faussement exaspéré.
« Oui, j’ai dit « on emménage ».
Tu deviens sourd ou quoi mon chéri ? ».
Pour toute réponse, un bronze
limite hystérique lui sauta dans les bras et noua ses jambes autour de sa
taille, avant de lui donner un fougueux baiser.
« On emménage… ce
soir ! Maintenant ! Tout de suite !!! »
« Quoi ? Et tu
abandonnerais ta chambre à la maison des bronzes sans un mot d’adieu ? Pense
à ses pauvres murs qui vont s’ennuyer de toi… »
« Tu parles, avec Ikki qui
ronfle comme un sonneur, ils auront de quoi s’occuper. »
« Mouais, je me disais bien
aussi que ce n’était pas pour mes beaux yeux que tu quittais tes potes. »
« Idiot… » dit tout
doucement le japonais, se noyant dans deux océans azurs.
Lino se retrouva tout hésitant,
avant de laisser ses lèvres s’ajuster à celle d’Andromède. Ce dernier lui céda
fébrilement le passage et leurs langues se frôlèrent de longues minutes en un
savoureux ballet sucré salé.
« Ikki était au
courant ? » coupa soudain Shun.
« Bien sûr. Il m’a même
donné un coup de main. Il est très doué pour le carrelage… »
Le ton du cancer était taquin.
« Tu ne trouves pas qu’il a
l’air bizarre depuis son retour ? »
« Tu sais, je ne le
connaissais pas trop avant. Mais c’est vrai que dès que Natacha passe à
proximité, il prend des airs de cocker neurasthénique. »
« Rho… Arrête d’appeler
Hyoga comme ça ! C’est pas très sympa » ricana Shun, pas vraiment
offusqué.
« Quoi ? C’est plutôt un
compliment. Regarde, prends Hyoga, fais-lui des tresses, passe lui une jolie
robe traditionnelle et ça fera une splendide babouchka !
Sérieusement, lui aussi, je
trouve qu’il est bizarre quand ton frère n’est pas loin. On dirait une collégienne,
avec sa manie de regarder ses chaussures dès que ton frère lui aligne deux
phrases.
Aussi doués l’un que
l’autre !
Donne-leur un ennemi à massacrer,
pas de problème. Par contre, pour se dire qu’ils se plaisent, de vrais
empotés ! Va falloir agir mon Andromède !»
« Tu joues les entremetteurs
toi maintenant ? » s’étonna Shun.
« Nan, mais au moins, si ton
frère a ses soirées occupées, nous, on sera tranquille !!! Je n’ai pas
envie de le voir débarquer tous les soirs pour s’assurer que tu vas bien. A
moins que tu préfères lui arranger le coup avec Aphrodite ? »
Shun fit la grimace.
« Gna ! Gna ! Gna !
Laisses-les se débrouiller… occupes-toi
plutôt de moi… »
La voix d’Andromède se fit
câline. Lino connaissait bien cette lueur dans les yeux jades de Shun. Il ne
put s’empêcher de sourire, de plus en plus intéressé par la proposition
sibylline de son amant.
« Tu veux inaugurer la
chambre ? Il n’y a pas encore de lit, tu sais… » ironisa le
Cancer.
« Comme si ça nous avait
arrêté avant ! »
Lino entraîna à reculons Shun
jusqu’à la grande chambre, les lèvres soudées aux siennes, pivota sur lui même
et ferma la porte avec le pied, ses mains étant déjà bien occupées à
déshabiller son amant…
FIN
Kats, Mars 2004.
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