Déicide | By : Andarta Category: French > Anime Views: 1075 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. Only the OC are mine. |
Auteur : Andarta
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Kuru-sama, le nom de Laïloken est emprunté à une très ancienne vie de saint gaélique…
Genre : Euh ? Espionnage, Angst, Yaoi (pas pour le moment), du tout et n’importe quoi…
Couple : Pour l’instant, aucun…
Rating : K+
Résumé : Plan d’attaque pour la mission confiée à un banni et missions diplomatiques pour Saints d’Or en goguette…
Note : Merci à mes bêta-lectrices pour leur travail et leur patience ! ^^ ;
DEICIDE
Chapitre 1
– Asgard, domaine des Siegfried –
Le jeune homme s’avança dans la plaine enneigée et déserte. Le vent s’était calmé depuis peu et pourtant, il savait que son compagnon n’avait pas eu peur d’affronter la tempête pour s’entraîner. Le froid ne lui faisait rien, ou si peu… Depuis qu’il était entré dans sa vie, il avait appris à connaître doucement ce caractère taciturne mais fort… tellement fort qu’il avait surmonté la terrible épreuve qu’il avait subie seul et sans son aide.
S’il avait fallu de longues semaines pour que le blessé guérisse, il lui en avait fallu quelques-unes supplémentaires pour effacer les séquelles d’une immobilité forcée et pendant tout ce temps, jamais il ne l’avait entendu pleurer, ni se plaindre de sa situation ou même tenter de se confier. Et pour cause… Longtemps, le convalescent était resté immobile, le regard vide, puis sans prévenir, un jour, une étincelle d’intelligence s’était rallumée dans ses prunelles et il s’était relevé mais pas un mot ne lui avait échappé. Il avait tout gardé en lui, comme si rien ne s’était produit, comme si les terribles événements d’Athènes n’avaient été le résultat que d’une hallucination de sa part. Il semblait s’être cloîtré derrière une forteresse de silence et avait tout bonnement continué à vivre sans jeter un regard en arrière. Mais l’Asgardien savait que tout n’était pas rentré dans l’ordre, loin de là… Certains indices étaient par trop parlants…
– Laïloken ! Nous sommes convoqués chez la Princesse Hilda ! Il faut nous mettre en route ! cria-t-il en apercevant la silhouette élancée qui s’entraînait un peu plus loin.
Le jeune homme s’arrêta aussitôt et se tourna vers lui. Il leva la main pour lui indiquer qu’il avait compris et vint à sa hauteur, se déplaçant d’une foulée alerte et élastique. Qui aurait pu deviner face à cette démarche féline que, quelques mois auparavant, faire un pas était mission impossible pour ce jeune homme ?
– Bon sang, Laïloken ! Tu pourrais mettre quelque chose d’un peu plus chaud ! Tu vas finir par attraper la mort à te balader en T-shirt dans la neige !
– Merci de te soucier de ma santé, Siegfried, mais je vais bien.
Le Guerrier Divin regarda son compagnon avec un air franchement dubitatif. Laïloken ? Aller bien ? Il se fiche de moi… Pourquoi porte-t-il en permanence ce masque argenté dans ce cas ? Je me demande même s’il ne dort pas avec, par hasard… Et puis… Cette étrange couleur de cheveux : rouge comme le sang… Il ressemble à un démon… Et cette manie de s’entraîner jusqu’à l’épuisement, sous prétexte de développer de nouvelles techniques… C’est comme s’il voulait changer totalement de personnalité, devenir quelqu’un d’autre… Je suis certain que Laïloken n’est même pas son vrai nom… Même son cosmos a viré du doré lumineux à un blanc laiteux absolument glacial… C’est vraiment surprenant… Non, c’est plutôt inquiétant… Pourquoi ne veut-il pas en parler ?
– Siegfried… Je te jure que ça va… Arrête de te faire du souci pour rien… fit Laïloken en voyant l’air songeur du Guerrier Divin.
– Je l’espère, Laïloken, car je crois qu’on va nous demander d’accomplir cette satanée mission !
– Il serait temps ! Depuis six mois que je suis là !
– Laïloken… Il y a six mois, tu n’étais guère en état de faire quoi que ce soit…
Les poings de ce dernier se serrèrent brusquement et il se mura dans un silence hostile, une fois de plus. Tout son corps s’était tendu, comme si on venait de le gifler et la température s’abaissa de quelques degrés sans autre explication que la manifestation d’un cosmos sur la défensive. Siegfried se mordit la lèvre inférieure en s’apercevant de sa bourde… Décidément, ils n’étaient pas prêts d’aborder le délicat problème qui avait profondément traumatisé son compagnon… Car, il s’agissait bien d’un traumatisme, il ne fallait pas être psychologue pour le comprendre et son vis-à-vis n’arrivait pas à trouver un moyen d’évacuer cette souffrance qui l’habitait depuis ce fameux jour. Au contraire, ce mur de silence ne faisait que nourrir sa peine et fuir n’arrangerait rien. L’Asgardien se sentait tellement impuissant et démuni face à ce genre de situation ! Il poussa un profond soupir :
– Laïloken… Je sais que je vais me répéter… mais il faut que tu ailles de l’avant, que tu tournes la page… Tant que tu te retrancheras derrière ce silence et ce masque, tu ne pourras jamais affronter tes propres démons !
Le jeune homme à la chevelure flamboyante sembla le transpercer du regard à travers le masque en question. Il secoua la tête avec énervement et répondit avec un calme qu’il n’éprouvait guère :
– Siegfried… Ce qu’il s’est passé il y a six mois ne concerne que moi. D’autre part, ce masque ne sert pas à me retrancher mais à protéger mon identité. Je suis par trop reconnaissable. Tu le sais, je te l’ai déjà dit. Je ne l’enlèverai que le jour où je regagnerai mon rang, pas avant. Alors garde tes bons sentiments pour toi et laisse-moi tranquille.
Il se mit en marche brusquement vers le manoir de Siegfried. Ce dernier le suivit en gardant pour lui sa réplique. Discuter ne servait à rien. Encore une fois, Laïloken s’était renfermé sur lui-même et refusait le dialogue. Autant essayer de dégeler Asgard à la chaleur d’un glaçon par une nuit polaire… Le résultat serait le même. Et si d’aventure, il insistait, il savait déjà ce qu’il risquait et, non merci, il n’était pas encore suicidaire. Mettre en colère son compagnon était une très mauvaise idée surtout qu’il était devenu beaucoup plus puissant… et impitoyable… Il avait vu sa force et son cosmos changer au fil des jours… Et ce qu’il charriait de sentiments ou plutôt, de manque de sentiments, ne lui plaisait qu’à moitié… Car ce qui transparaissait à travers la transformation physique de son invité était clairement perceptible dans son énergie aussi et Siegfried n’avait pu s’empêcher de trouver cela malsain. Il y avait une telle souffrance qui couvait sous cette chape de glace que le jour ou cette dernière volerait en éclats, il y avait fort à parier que les dégâts causés seraient irréparables, tant pour Laïloken que pour les témoins involontaires…
Il fallait d’abord se concentrer sur leur mission. En cela, Laïloken n’avait pas tout à fait tort… Il était plus que temps de s’y mettre. Six mois étaient passés… Siegfried savait déjà qu’il fallait découvrir ce qu’étaient devenus les jumeaux divins, Apollon et Artémis, tous deux fraîchement réincarnés, ayant approximativement cinq ou six ans. On pensait qu’ils étaient encore en vie, sans plus… En tout cas, ils avaient tout bonnement disparu alors que les Sanctuaires de Délos et d’Ortygie avaient été entièrement ravagés et mis à sac et que tous les prêtres et prêtresses avaient été massacrés. Seule la Pythie avait survécu grâce à un heureux concours de circonstances : elle se trouvait en tournée diplomatique et était en pleine réunion avec le représentant d’Héphaïstos à ce moment-là… Elle était d’ailleurs entrée en pleine crise prophétique et avait annoncé qu’une menace planait sur le Sanctuaire d’Athéna et sur le Royaume d’Asgard. Mise au courant de ces faits, Athéna avait aussitôt réagi en prévenant Hilda de Polaris… C’était pour cela qu’ils se retrouvaient tous deux, Laïloken et lui, embringués dans cette affaire, pour la simple raison que le Saint était soi-disant un espion hors pair et lui le meilleur Guerrier d’Asgard…
Siegfried souffla brusquement par le nez, mécontent : et comment allaient-ils s’y prendre, hein ? Quelqu’un pouvait lui expliquer ? Parce que les jumeaux, ils pouvaient être n’importe où ! Des mômes de cinq ou six ans, il y en avait partout ! Et puis, franchement, est-ce qu’ils avaient vraiment des têtes de baby-sitters ? Oh oui… Une vraie partie de plaisir… Et l’autre, là… Il donnait l’impression de trépigner d’impatience, alors que six mois auparavant, il baignait dans son sang après avoir été proprement massacré… Et là, c’était tout juste s’il ne piaffait pas pour foncer tête baissée et remettre ça, tout en se cassant la tête au passage pour découvrir qui était à l’origine de tout ce cirque ! Il était maso ou quoi ? Cela lui plaisait-il vraiment de retrouver la trace d’un groupe d’inconnus, de les observer, de les infiltrer, de les éliminer et que savait-il encore ? Il retint un haussement d’épaules exaspéré. Non, l’espionnage, ce n’était franchement pas son domaine… D’un autre côté, ils avaient déjà un avantage tactique certain : avec tout ce temps passé, la réputation de Laïloken en tant que renégat devait avoir fait le tour de pas mal de Sanctuaires… Si ces kidnappeurs avaient besoin de main-d’œuvre, l’ancien Verseau constituait un appât de choix…
– Sanctuaire d’Athéna –
Le Chevalier d’Or était agenouillé devant le trône selon le protocole en vigueur. Tête baissée en signe de soumission, il attendait le bon vouloir du Grand Pope.
– Relève-toi, Chevalier…
La voix de Shion était profonde et semblait emplir toute la salle. Le Chevalier se redressa, le casque sous le bras et la cape ondoyante. Ses yeux verts fixaient son supérieur hiérarchique avec sérénité, son corps protégé par l’armure d’or trahissant la décontraction du guerrier expérimenté et sûr de lui. Le Grand Pope l’observa tout à loisir et ne put s’empêcher de sourire derrière son masque. Le Chevalier ne bronchait pas, patientant avec un calme absolu…
– Aiolia du Lion, merci d’avoir aussitôt répondu à ma convocation…
Le Chevalier inclina poliment la tête, sans plus. D’ailleurs, Shion reprit immédiatement :
– D’après ce que j’ai compris, le moral est plutôt bas parmi les Chevaliers d’Or…
Le Lion haussa un sourcil surpris mais garda tout de même sa contenance. Ce n’était guère un secret : la garde dorée était encore sous le choc six mois après et rien ne semblait pouvoir contrer cette morosité. D’ailleurs, c’était comme si le Sanctuaire entier était plongé dans une profonde léthargie depuis cet événement… Il ne se passait rien pour rompre un quotidien devenu des plus pesants. Il consentit tout de même à répondre :
– Camus du Verseau était considéré comme le plus intègre, le plus loyal et le plus droit d’entre nous. Apprendre qu’il a trahi Athéna a été un véritable séisme pour tous… Nous n’aurions jamais pu croire une chose pareille venant de lui… Nous n’arrivons pas à le digérer… S’il n’était pas déjà mort, la moitié des Chevaliers d’Or se serait lancée à sa poursuite pour le lui faire payer. Le Cap Sounion aurait été une punition trop douce pour un tel crime. Je suppose que leur réaction est à la hauteur de leur déception.
Un frisson glacial parcourut le dos de Shion face à cette déclaration. Par Athéna ! Comment réagiraient-ils en apprenant que tout n’avait été qu’une mise en scène, que Camus n’avait jamais trahi leur déesse ? Tous le croyaient morts, sauf Athéna et lui-même… Ils avaient ressenti très faiblement son cosmos après le passage de Milo, signe qu’il était encore vivant… Puis en percevant l’amoindrissement de cette même cosmo-énergie pulsant au rythme lent d’un cœur dans un corps grièvement blessé, ils avaient compris que Camus avait été emmené hors d’Athènes… L’envoyé d’Hilda l’avait très certainement retrouvé et s’en était occupé… Lorsque le Verseau rentrerait au Sanctuaire, ça allait barder !
– Si je ne m’abuse, vous étiez cinq à le pourchasser contre les ordres d’Athéna… Vous vous êtes suffisamment amusés à ce moment-là, non ?
Les muscles de la mâchoire du Lion se crispèrent brutalement. Comment aurait-il pu l’oublier ? Il s’était fait proprement éjecter du sentier par l’Aurora Execution et il lui avait fallu des jours pour se remettre du maudit rhume qu’il avait attrapé par la même occasion ! Aioros n’avait d’ailleurs pas hésité à lui faire la morale à travers un flot de reproches plus ou moins virulents. Aphrodite, quant à lui, avait eu tous les symptômes d’un méchant coup de froid et était resté alité plus d’une semaine. Pour ce qui était de l’armure du Cancer, elle avait été récupérée de justesse par un Mü furieux qui avait copieusement enguirlandé un Angelo de mauvais poil. Shura n’avait cessé pendant un mois de grommeler entre ses dents et d’insulter tous ceux qui osaient insinuer qu’il avait tort, quelque soit le sujet de conversation. Et Milo ne donnait plus signe de vie depuis qu’il avait exécuté Camus… Oh oui, ils avaient eu l’air fin devant le Grand Pope six mois plus tôt lorsqu’ils avaient dû s’expliquer pour leur désobéissance… Ridiculisés par un Chevalier en fuite, sans armure, alors qu’ils étaient à cinq dessus ! Une véritable honte ! Et il ne s’expliquait toujours pas comment cela avait pu être possible… Camus aurait dû être tué dans le Sanctuaire…
– Amusés ? Ce n’est pas le terme que j’aurais employé, sauf votre respect…
– Acharnés, serait plus proche de la vérité, asséna Shion, sans pitié.
Saori, grâce à quelques pots de vin glissés aux bonnes personnes, était parvenue à circonscrire de justesse toute fuite venant de l’hôtel… Les dommages avaient été remboursés et les employés, comme les autorités, avaient été poliment priés de faire comme si rien ne s’était passé… Ils avaient frôlé de peu la catastrophe… Mais Shion n’avait pu retenir une vindicte manifeste face à la bêtise de certains membres de la garde dorée… Et ses reproches perpétuels étaient à la hauteur des soucis que lui avaient causé l’état du Verseau après cette chasse interdite qui avait bafoué les ordres d’Athéna… Car la mission, elle, n’avait toujours pas commencé. Et il en avait l’un des responsables sous les yeux… Il retint une nouvelle réplique acerbe et poussa un profond soupir pour chasser toute agressivité.
Le Lion darda un regard fier sur le Grand Pope. Cela faisait six mois que ça durait. Ils se faisaient régulièrement chapitrer pour leur désobéissance et ça commençait à être lassant. A se demander qui avait trahi Athéna, finalement… Ils avaient voulu faire du zèle et ils en avaient déjà subi les conséquences, alors pourquoi remuer sans cesse le couteau dans la plaie ? C’était comme si le Pope avait voulu les punir mais sans le faire ouvertement. Il y avait de quoi se poser des questions…
– Bon, je ne t’ai pas convoqué pour évoquer tes exploits passés… J’ai une mission à te confier…
Aiolia retint son soupir de soulagement. Une mission, cela signifiait que le purgatoire venait enfin de s’achever… Quelle aubaine ! Il allait enfin se dégourdir les jambes ! Il attendit avec impatience la suite du discours, oubliant instantanément ses précédentes interrogations.
– Asgard, Palais Royal –
Siegfried et Laïloken furent introduits dans la salle du trône de la princesse Hilda. La jeune femme aux cheveux blancs les regardait avancer avec calme, un air bienveillant sur son visage. Il n’y avait aucun garde dans la salle et elle avait éloigné tous les autres Guerriers Divins. Moins il y aurait de témoins à cette affaire, plus la mission aurait des chances d’aboutir. Elle-même considérait la stratégie d’Athéna incroyablement risquée… voire même suicidaire et l’état dans lequel Siegfried avait ramené le Chevalier du Verseau n’avait pas été pour la rassurer. Elle se souvenait encore du rapport que lui avait fait Siegfried sur sa mission à Athènes et sa demande de repousser l’étape suivante jusqu’au rétablissement complet du guerrier d’Athéna. Un frisson lui dévala l’échine en songeant que l’homme debout devant elle devait avoir été mis dans un drôle d’état et si, physiquement, il semblait guéri, qu’en était-il du reste ? Mais d’un autre côté, l’occasion était trop belle. Ceux qui espionnaient le Sanctuaire grec devaient connaître sa disgrâce. Et bientôt, Siegfried subirait probablement un sort identique. Qu’Odin leur vienne en aide !
Les deux guerriers s’agenouillèrent après le salut réglementaire.
– Chevalier, je constate avec soulagement que vous vous êtes bien remis de vos blessures…
Laïloken leva brièvement son visage masqué et répondit avec calme :
– Les soins qui m’ont été apportés étaient de première qualité, Votre Altesse. Je ne vous remercierai jamais assez pour votre hospitalité.
Hilda de Polaris eut un bref sourire et s’adressa à Siegfried, malgré la curiosité qui la démangeait : pourquoi le Verseau cachait-il donc son visage et se teignait-il ainsi les cheveux ?
– Général, je crois qu’il est temps de passer aux choses sérieuses. Quel sera votre mode d’action ?
Siegfried inspira un bon coup. Il était temps de dévoiler sa stratégie. Il y avait longtemps réfléchi et s’était persuadé qu’il s’agissait là de la meilleure solution : après tout, son partenaire d’infortune l’appliquait bien, non ? Il s’était d’ailleurs déjà préparé psychologiquement aux conséquences de cette tactique.
– Il semble que le plus simple serait de me chasser du Royaume d’Asgard, Majesté. Il est nécessaire que je passe également pour un renégat aux yeux du commun… comme Laïloken, ici présent.
Le ton avait été sûr, le Guerrier divin se voulait convaincant. Hilda, soucieuse, acquiesça lentement. Qui pourrait croire que Siegfried ait pu trahir aussi facilement Asgard ?
– Pour te chasser d’Asgard, Siegfried, il faut une bonne raison…
– Le fait d’avoir caché un renégat du Sanctuaire d’Athéna sous mon toit n’est-il pas un motif suffisamment grave qui justifierait une telle mesure à mon encontre, Votre Altesse ?
Ledit renégat crispa les mâchoires alors que son corps se tendait imperceptiblement. Il garda pourtant le silence, attendant la réponse de la prêtresse, conscient que son intervention à ce moment précis serait particulièrement malvenue.
– Un tel motif ne sera pas pertinent aux yeux du peuple et encore moins à ceux des autres Guerriers Divins. Odin veille sur son royaume…
Siegfried se mordilla un instant la lèvre inférieure, décontenancé. Il aurait dû y songer… Il jeta précipitamment d’autres propositions sous l’œil interdit de Laïloken qui le regardait s’enfoncer et perdre son calme.
– Dans ce cas… Peut-être un coup d’Etat ? Ou des paroles hérétiques ? Ou bien une attaque contre votre admirable personne ? Ou encore un crime… honteux ? Que sais-je, Votre Altesse ? Il y a tellement de possibilités… Consultons les annales judiciaires, cela nous donnerait peut-être une idée en nous inspirant d’un cas précédent…
Hilda resta silencieuse, visiblement plus perplexe encore que leur invité. Il était vrai que le problème était épineux et Siegfried, pris de court, semblait avoir du mal à trouver une approche cohérente. C’est alors que Laïloken prit la parole, à leur plus grande surprise :
– Si je puis me permettre, j’ai une autre stratégie à vous proposer.
Siegfried se tourna vers lui brusquement, une lueur contrariée dans le regard. Non mais ! De quoi se mêlait-il, Monsieur-je-ne-parle-pas-parce-que-je-suis-un-glaçon ? Il n’avait pas envie de passer pour le dernier des imbéciles aux yeux de sa princesse si respectée ? Il avait commis une grave erreur en l’occultant de la conversation et en ayant oublié de le consulter au préalable.
Hilda fut surprise par l’audace de cet " invité ". Après tout, il n’avait guère son mot à dire ici ! Mais Laïloken restait froid et imperturbable, ne semblant même pas remarquer la légère irritation des deux Asgardiens. Irritation largement compréhensible au vu des exigences du môsieur en question lors de ces deux derniers mois. En effet, après un harcèlement en règle de Siegfried et plusieurs colères mémorables, le capricieux Verseau avait obtenu l’installation de l’électricité et d’une ligne internet chez le Guerrier divin d’Alpha, le Sanctuaire et Asgard se partageant les frais. Aussi la prêtresse commençait sérieusement à être agacée par les libertés que prenait leur hôte.
– Quelle est-elle ? finit par demander Hilda.
Laïloken se releva lentement et parla avec douceur :
– Avec tout le respect que je vous dois, le plan proposé par Siegfried sera voué à l’échec.
Il marqua un temps d’arrêt. Le Général d’Hilda avait plus que pâli mais cette dernière l’écoutait. Il reprit lentement, choisissant ses mots avec soin. Ce n’était guère le moment de froisser les susceptibilités de chacun !
– Connaissant la réputation de fidélité du Guerrier Divin d’Alpha, il sera fort peu probable que son bannissement ne soit pas sujet à caution. Vous l’avez mis vous-même en avant, Altesse. D’autant plus que répéter deux fois la même méthode éveillerait les soupçons de notre cible. Il faut donc agir autrement…
Siegfried serra les poings. Laïloken l’agaçait prodigieusement en ce moment et sa physionomie l’indiquait clairement. Son regard le foudroyait sur place alors que ses mains semblaient en proie à des tics nerveux. Et le Saint continuait à l’ignorer superbement, lui renvoyant subtilement l’ascenseur.
– Ma disgrâce date déjà de six mois, il me sera très facile d’être enrôlé en premier par ces renégats. D’autant plus que ma puissance de Chevalier d’Or sera considérée comme un atout considérable à leurs yeux et leur permettrait de renforcer leur crédibilité. Sans compter la mine d’informations et l’apport stratégique qu’ils verront immanquablement en moi au moment d’établir leur plan d’attaque du Sanctuaire d’Athéna…
Laïloken se tut. A ses côtés, Siegfried bouillonnait de rage. Le Français pouvait le comprendre : cette partie du plan le tenait carrément à l’écart. Mais voilà, Siegfried avait été choisi pour ses talents de guerrier et pour sa puissance de frappe, pas pour sa ruse ou sa stratégie, ce qui impliquait qu’il n’entrerait en action que bien plus tard. Pour l’instant, c’était au Verseau de s’atteler à la tâche.
– Hum, fit Hilda, tout de même impressionnée, Chevalier, ceci est une belle idée, je vous l’accorde, mais concrètement, vous ne savez même pas où les trouver, ces renégats…
Laïloken sourit sous son masque et sortit des feuilles de papier pliées avec soin de la poche arrière de son pantalon.
– Pendant ma convalescence et grâce à votre générosité et à celle d’Athéna, j’ai pu circonscrire plusieurs zones géographiques à explorer, dont cinq en Sibérie. Voyez-vous, ceux qui se sont attaqués aux jumeaux divins ont tous un cosmos mais ils ne l’ont pas utilisé pour rentrer, sinon les autres Sanctuaires ou des guerriers en mission les auraient perçus à un moment ou à un autre. Cela implique nécessairement qu’ils ont employé des moyens de transport ordinaires… Je vous accorde que les investigations ont été ardues… Je vous épargne les détails, mais au final, je n’ai sélectionné que les sites isolés de tout où il y a de l’activité suspecte… Il ne me reste qu’à trouver le bon, ce que je vais faire en cherchant l’aura des jumeaux divins qui doivent se sentir à des kilomètres à la ronde… Une fois trouvé, je vous communiquerai les coordonnées du site et débuterai immédiatement l’infiltration…
– Excuse-moi, Laïloken, coupa Siegfried, furieux de se voir mis sur la touche en beauté, surtout qu’il venait de comprendre que l’autre avait tout planifié depuis son réveil, à son insu. Quel sera mon rôle dans tout cela ? Tu ne vas pas tout faire tout seul, tout de même ? C’est suicidaire !
Le Verseau resta tout à fait impassible… du moins en apparence. De fait, la colère de l’Asgardien l’amusait. Visiblement, ce dernier n’aimait pas être ignoré. De toute façon, il était hors de question de lui céder : en ce moment même se jouait l’avenir de la mission. Il reprit son explication, puisque apparemment, son coéquipier forcé ne mettait pas tout seul les pièces du puzzle en place.
– J’y arrive, Siegfried… Toi, tu rentreras en scène un peu plus tard. Je vais m’arranger pour grimper les échelons et obtenir la confiance du chef. Une fois cette condition requise accomplie, je pourrai t’introduire à ton tour. Ensuite, il faudra être rapide : protéger les jumeaux, éliminer le chef et ses hommes tout en s’assurant qu’il n’y ait pas de groupuscules en attente ailleurs. Tu seras la force de frappe.
La colère de Siegfried retomba comme un soufflé. Il comprenait les implications d’un tel plan et cela lui déplaisait franchement. Il se demanda un bref instant si le Chevalier avait encore toute sa raison mais il préféra renoncer à répondre à cette question. Il secoua la tête lentement :
– Cela signifie que tu vas te retrouver sur le fil du rasoir pendant une longue période, Laïloken ! C’est la mort assurée ! Il n’y aura personne pour te sortir de là si tout venait à mal tourner ! Il n’en est absolument pas question ! ! Et la moindre des politesses aurait été de me demander mon avis, non ?
Laïloken le transperça du regard à travers son masque :
– Pourquoi crois-tu que je me sois autant entraîné ? Et je te rappelle que je suis un espion… L’infiltration ne m’a jamais causé de souci et pourtant j’opérais seul dans des situations bien pires que celle-là ! Cette mission va être bouclée en quelques mois. Et il me semble que tu ne m’as pas vraiment consulté non plus pour ton plan…
Et toc ! Pourtant ce fut un cri du cœur qui lui répondit :
– Mais tu viens à peine de te remettre de très graves blessures !
Laïloken posa une main amicale sur son épaule, très touché par autant d’inquiétude. Siegfried tenait donc un peu à lui ? Etrange… et rassurant aussi, quelque part…
– Siegfried… Je suis guéri maintenant… et je suis un Chevalier d’Or à part entière. En fin de compte, mes bourreaux m’ont été d’un grand secours car, avec leur intervention rageuse et revancharde, ils ont fait passer ma disgrâce pour un événement véridique et officiel… Nos ennemis ne pourront soupçonner le coup monté… Mais si, toi, tu venais à être banni également, cela éveillerait leurs doutes et les pousserait à se méfier de nous. Jamais ils ne croiront que c’est le fruit du hasard. Par contre, une fois que je serai en place, je pourrai leur faire croire tout ce que je voudrai, comme par exemple, le fait que je t’aurais corrompu…
Que dire face à cela ? Laïloken venait de lui prouver que sa stratégie était plus logique que la sienne… Oui, le Verseau était très fort… mais il ne devait pas oublier que l’être humain n’était pas que pure logique.
Hilda de Polaris avait écouté cette joute verbale avec intérêt et elle devait reconnaître que l’expérience de Laïloken avait fait la différence. Effectivement, sa stratégie était meilleure, même si le fait de le laisser seul sans filet lui déplaisait ouvertement. Mais avaient-ils seulement le choix ? Faire croire à la trahison de Siegfried était illusoire… alors que tous les Sanctuaires, et par conséquent, les renégats, savaient que le Chevalier d’Or du Verseau d’Athéna avait été déchu… Cela était admis comme un fait… Il fallait en faire un atout, Laïloken avait raison. Mais serait-il assez fort pour supporter une telle responsabilité après ce qu’il avait enduré ? Là-dessus, Hilda n’était pas prête à le parier.
– J’admets que ton plan d’attaque est le meilleur, Laïloken… mais peut-être que Siegfried pourrait avoir un contact régulier avec toi pendant cette période de transition. Cela faciliterait sa propre intégration par la suite, je pense…
Laïloken hocha la tête pour l’approuver. Hilda, elle au moins, avait la tête sur les épaules ! Quant à Siegfried, placé de fait en minorité à deux voix contre une, il préféra s’incliner même si au fond, il restait sur ses positions : Laïloken jouait trop avec le feu et il finirait bien par se brûler… Cependant, le Guerrier divin était déterminé à intervenir si son partenaire se trouvait en difficulté et ce, malgré l’avis du Verseau…
– Grèce, entrée du Sanctuaire d’Athéna –
Aiolia déposa son sac de voyage à ses pieds en soupirant, attendant l’embarcation qui le mènerait à bon port. Il avait choisi la voie des mers plutôt que le mince sentier étroit sur la crête d’une falaise croulante qui joignait le Domaine Sacré au reste de la Grèce. Le sentier était réputé extrêmement dangereux et personne ne s’y aventurait plus depuis des lustres… sauf un certain Verseau qui l’avait emprunté pour s’enfuir. D’ailleurs, tout un pan s’était écroulé quelques heures plus tard, rendant quasi impossible le passage à pied.
Il consulta sa montre distraitement et écouta les oiseaux marins se chamailler au-dessus d’un banc de poissons qui devait être bien fourni au vu de leurs incessants piqués. L’après-midi était bien avancée. Il devrait arriver à Athènes dans la soirée…
Il entendit une démarche légère et se retourna avec nonchalance vers le nouveau venu, qui portait également un sac, moins volumineux que celui du Lion. Ce dernier le détailla avec une certaine surprise : voir ce Chevalier en jean et chemise n’était absolument pas commun, mais pourtant, cela ne l’empêchait pas de paraître toujours aussi inaccessible et différent des autres.
– Shaka ? Mais… que fais-tu ?
… comme ça ? faillit-il ajouter. La Vierge, les yeux ouverts et les cheveux tressés, lui adressa un sourire poli.
– Mission diplomatique…
– Ah ? Toi aussi… On t’envoie où ?
L’Hindou eut une petite grimace avant de répondre :
– Sanctuaire de Poséidon. Un envoyé doit venir me chercher…
Le Lion se mordit la lèvre inférieure, préférant de loin sa propre destination. Les relations entre Athéna et Poséidon n’étaient pas des plus amicales et la dernière Guerre Sainte qui les avait opposés n’avait certainement pas arrangé les choses. Pauvre Shaka !
– Je sens que tu vas t’amuser là-bas… Pourquoi est-ce tombé sur toi ?
Un éclair passa dans le regard azuré du blond qui lança avec fatalisme :
– Le Grand Pope dit que je suis le plus posé et le plus à même pour parlementer avec Julian Solo. Il veut obtenir un pacte de non-agression…
– Vu dans l’état où les Bronzes ont laissé le Domaine Sous-Marin, ça m’étonnerait fort que Julian pense à une nouvelle guerre de sitôt…
Shaka regardait la mer, imperturbable mais répondit cependant :
– La reconstruction est pratiquement terminée… Et j’ai l’impression que quelque chose d’autre est en jeu… Le Grand Pope avait l’air soucieux…
La Vierge tourna son regard vers lui et lui demanda :
– Et toi ?
– Le Sanctuaire d’Artémis à Ortygie… Je dois aller voir si le Sanctuaire d’Athéna peut aider et plus, si affinités… Il paraît qu’il a du mal à se remettre de sa mise à sac…
– Y a pas qu’à Ortygie, si tu veux mon avis ! lança une voix grave.
Avant même qu’ils aient fini de se retourner, un nouveau sac vint rejoindre les deux autres alors que le nouveau venu atterrissait souplement à leurs côtés.
– Saga ? ! s’exclama Aiolia, atterré que trois Chevaliers d’Or soient envoyés en mission en même temps.
Le dernier arrivé jeta un regard exaspéré au ciel avant de soupirer bruyamment et de rejeter d’un geste désinvolte sa longue chevelure indisciplinée :
– Alors là, franchement, Aiolia, tu me déçois ! Pourtant je ne porte jamais la toge, moi !
Ou seulement quand j’imite Saga pour l’embêter, comme ce matin… songea le Chevalier, les yeux brillants de sa dernière plaisanterie.
– Kanon ! ?
Cette fois, le Lion avait les yeux carrément exorbités. Depuis quand le cadet des Gémeaux partait-il en mission ? C’était nouveau ça !
– Ben oui, c’est moi ! Enchanté, Aiolia !
Moqueur comme toujours, Kanon le salua de manière théâtrale.
– Où vas-tu ? demanda posément Shaka que rien ne semblait étonner.
– J’ai l’immense joie de me coltiner le Sanctuaire de Délos avec la vieille bique… la Pythie, si j’ai bien compris… Paraîtrait que c’est l’apocalypse là-bas…
– Diplomate, toi ? ! Tu veux rire, j’espère ? ! lança un Lion abasourdi.
Le Gémeaux le regarda, amusé, et secoua la tête d’un air navré :
– Tss, tss, tss… Ton disque est rayé, mon chaton… Faudrait que tu penses à te renouveler un peu ! Je t’ai déjà dit que ne boire que du lait n’était pas bon pour la santé ?
Outré, Aiolia allait rétorquer vertement mais Shaka le prit de vitesse :
– Je suppose que tu dois mettre en place un accord et enquêter sur les lieux…
L’expression de Kanon redevint soudain sérieuse alors que ses yeux se plissaient d’inquiétude :
– Exact… Les Bronzes qui y sont allés ont trouvé des trucs louches mais ils ne pouvaient pas aller plus loin dans leurs investigations… Le Grand Pope vient d’avoir l’autorisation d’envoyer un autre ambassadeur et il m’a choisi à cause de l’aptitude des Gémeaux à sonder les esprits… Et puis, je peux également explorer l’espace-temps, donc découvrir des choses intéressantes…
– Ouais, dis plutôt détruire les esprits, ce serait plus juste… grogna Aiolia.
L’ex-Général lui envoya un regard noir et gronda :
– Tu veux que je te montre la différence entre sonder et détruire ?
– Oh je vois que Kanon, ex-Général du Dragon des Mers, n’a guère changé malgré tout ce temps ! Toujours aussi agressif ! siffla une voix féminine, de toute évidence hargneuse.
Le trio se tourna vers la dernière arrivée. Kanon retint sa réplique acerbe et garda un silence hostile. Aiolia tâchait de paraître plus amical, mais le rictus nerveux qui déformait sa bouche le rendait plutôt effrayant. Seul Shaka avait gardé un calme olympien. La jeune femme avança vers eux et croisa les bras posément avant de les détailler à tour de rôle, ce qui fit immédiatement grimper la tension d’un cran. Son regard s’attarda longuement sur Kanon, revêche, vindicatif, menaçant…
– J’espère que ce n’est pas toi qu’Athéna a envoyé comme ambassadeur… quoique ce serait amusant de te voir réduit en brochettes par Poséidon. Il ne t’a absolument pas pardonné et il rêve de te mettre la main au collet pour te punir comme tu le mérites, Kanon !
Le cadet des Gémeaux soutint son regard et son ton fut glacial :
– Thétis, ton sens de l’humour m’échappe totalement. Non, ce n’est pas moi l’ambassadeur envoyé dans le Domaine Sous-Marin. Et je me suis déjà repenti de toutes mes fautes. Athéna ne laissera pas Poséidon me faire quoi que ce soit…
– Voyez-vous ça ! Athéna t’a peut-être pardonné mais en ce qui concerne Poséidon, tu as du souci à te faire ! Il finira par obtenir ta tête, que tu le veuilles ou non ! cracha Thétis dans un élan de haine.
– S’il a du temps à perdre… fit Kanon en haussant les épaules, dédaigneux. Mais avant de me massacrer, faudrait peut-être qu’il se fasse un petit examen de conscience… Il ne s’est pas beaucoup fait prier pour appliquer mes suggestions et après, il a tout fait tout seul, comme un grand !
La jeune femme bondit en avant pour lui sauter dessus et ce fut Shaka qui parvint à la retenir alors qu’elle tempêtait :
– Comment oses-tu ? ! ? Toi ! ! Un vil traître ? ? Je vais te faire ravaler tes paroles, sale ordure ! !
– Mais oui, moi aussi, je t’aime…
Le Gémeaux essayait de garder son calme, mais voilà, il n’était pas du genre à se laisser insulter sans rien faire et au bout de quelques secondes de vaines tentatives, son cosmos s’embrasa, poussé pratiquement d’emblée à son paroxysme, trahissant une puissance terrifiante. Des décharges d’énergie pure crépitaient autour de lui alors que les deux autres Chevaliers d’Or et la Marina ressentaient nettement les ondes de colère qui parcouraient son aura en tout sens. Le regard turquoise de l’ex-Général se ficha sur celui de la jeune femme et il gronda sourdement :
– Fais attention à ce que tu dis, Thétis… Je n’hésiterai pas à te mettre en pièces si tu m’insultes encore une seule fois ! Tu n’as jamais été qu’une sale petite peste trop imbue de sa position ! J’en ai assez de t’entendre cracher ton venin à chacune de nos rencontres…
Aiolia attrapa Kanon par l’épaule et serra vigoureusement. Même s’il n’appréciait pas encore le Gémeaux à cause de ses perpétuelles taquineries, Kanon avait démontré qu’il s’était totalement repenti et qu’on pouvait compter sur lui sans aucune réserve. L’insulter lui, revenait à insulter tous les autres Chevaliers d’Or et cela était inacceptable.
Kanon et Thétis s’affrontèrent du regard. Colère contre haine, puissance contre violence, indifférence contre ressentiment…
Le cosmos de Shaka s’enflamma à son tour et engloba les protagonistes, apaisant peu à peu leurs esprits échauffés grâce à la sérénité qu’il distillait savamment. L’aura rageuse de Kanon se rétracta progressivement, puis s’éteignit totalement. Il posa sa main sur celle d’Aiolia, le remerciant tacitement de l’avoir retenu, et tourna brutalement le dos dans une envolée de cheveux turquoise. Il ignora superbement la Marina et s’installa à l’écart, le regard ostensiblement fixé sur un point opposé. Thétis, quant à elle, se détendit difficilement, ravalant malgré elle le flot d’injures fleuries qui se bousculaient sur le bout de la langue et prit le parti de faire comme si un certain Kanon des Gémeaux n’existait pas.
Le silence tomba, pesant et encore imprégné des émotions violentes des deux irréductibles ennemis. Le Lion et la Vierge se jetèrent un regard consterné et Aiolia contacta l’esprit de son homologue :
– On aurait dit une querelle d’amoureux… J’ai l’impression qu’il s’est passé de drôles de choses entre Kanon et cette Thétis…
– Hein ?
Plus que cette réponse, ce fut l’expression ahurie de Shaka qui démontra à Aiolia que ce dernier n’avait rien compris.
– Bah oui… Ça relève plus de la scène de ménage qu’autre chose, leur querelle, non ?
– Euh… Aiolia, d’abord ça ne nous regarde pas et puis… leur haine est sincère, je dirais même viscérale… Elle a vraiment envie qu’il se fasse mettre en pièces et lui l’aurait volontiers écharpée… Je ne vois pas d’amour là-dedans !
– T’y connais rien aux sentiments, Shaka ! Ils sont dingues l’un de l’autre mais ils ne veulent pas se l’avouer !
Aiolia vit Shaka rougir brutalement puis contenir avec peine les mouvements convulsifs de ses épaules. Il le regarda sans comprendre pendant quelques secondes puis la lumière se fit : Shaka était en train de rire ! Et ce dernier lança :
– Aiolia, je ne te savais pas aussi fleur bleue ! Je crois que tu te fais des films, là ! Y a rien entre eux à part un lourd contentieux…
Le Lion se garda de répondre. Il était persuadé d’avoir raison. Mais trêve de bavardages. Il voyait au loin l’embarcation arriver. Shaka s’était approché de Thétis pour se présenter en tant qu’ambassadeur et cette dernière, dès qu’il eut ramassé son sac, le prit au poignet et l’entraîna vivement à sa suite. La Vierge n’eut juste que le temps de dire à ses deux collègues :
– Faites attention à vous lorsque vous serez sur place ! Restez plutôt discrets, on ne sait jamais !
Aiolia et Kanon restèrent perplexes : pourquoi un tel avertissement de la part de Shaka ? De quoi avait-il peur ? Aurait-il eu des informations supplémentaires ?
Ils n’eurent pas le temps de se poser davantage de questions ; l’embarcation était là pour les emmener sur le continent. Ils ramassèrent leur paquetage respectif et sans un mot, grimpèrent à bord où ils s’installèrent pour regarder s’éloigner la côte rassurante du Domaine Sacré.
– Sibérie orientale –
Il n’avait pas fallu longtemps à Laïloken pour trouver le bon site. En effet, dès qu’il commença à ressentir les ondes d’un cosmos à la puissance phénoménale, il se mit immédiatement en quête de la source. Toutefois, un doute insidieux l’avait saisi tout le temps du voyage : il percevait clairement un cosmos, pas deux. Il avait peur des graves implications qu’aurait une telle découverte sur la suite des événements…
Au bout de quelques heures de chevauchée, il atteignit ce qu’il avait repéré comme étant le quatrième site sur sa carte et se mit de suite en observation, s’installant au loin derrière une butte de neige, le cosmos masqué et sa monture dissimulée. Il commença par compter le nombre d’individus présents et relever les allées et venues. L’activité y semblait intense et ce camp se révélait être leur principal lieu de rassemblement. Il finit par déceler les quelques hommes qui paraissaient être de grades supérieurs, non seulement par leur cosmos, mais aussi par leur comportement typique consistant à donner des ordres ou à vérifier le travail des autres.
Laïloken attendit patiemment la nuit pour faire une approche du camp et en savoir un peu plus. Sans un bruit, il se faufila entre les baraquements, longeant les murs, exploitant au maximum les zones d’ombre, les sens aux aguets. Par chance, il n’y avait qu’un mince croissant de lune, largement suffisant pour voir où il allait sans se faire aussitôt repérer. Il parvint jusqu’au cœur du campement sans encombre, là d’où provenaient les ondes du cosmos qui l’avait attiré.
Lentement, progressivement, il se mit à la hauteur de la fenêtre et il retint son soupir de soulagement… Il y avait deux enfants d’environ cinq ans. Un garçon et une fille. Les jumeaux divins étaient bien là ! Il les avait retrouvés ! A ce moment-là, le garçon tourna la tête dans sa direction et sembla lui sourire. Laïloken resta interdit durant plusieurs secondes : comment l’enfant pouvait-il savoir qu’il était là ? Et pourquoi ce sourire était-il si triste ? Pour la première fois depuis longtemps, le Saint eut la sensation d’être gelé jusqu’aux os et il chassa rapidement un mauvais pressentiment qui s’immisçait traîtreusement en lui.
Laïloken allait répondre au garçon lorsqu’il entendit un bruit bien trop proche à son goût et il s’éclipsa rapidement, préférant revenir plus tard, maintenant qu’il avait localisé avec certitude la cible. Quant au fait qu’il ne ressentait qu’un cosmos sur les deux, il songea qu’il était fort probable que seul l’un des deux dieux s’était manifesté jusque-là à travers leur réincarnation.
Il ne se dévoila pas immédiatement aux renégats. Il voulait vraiment être sûr d’avoir tous les atouts de son côté avant de se lancer. Laïloken n’aimait pas les mauvaises surprises… Pendant une semaine, il les guetta attentivement, sondant discrètement leur cosmos, mémorisant leurs habitudes et les lieux qu’il explorait durant la nuit. Il se rendit vite compte que parmi tous ces guerriers, l’un d’eux ne devait pas être loin d’un Général de Poséidon, s’il ne masquait pas sa puissance réelle. Mais il était rassuré : le fonctionnement du groupe de rebelles était typique… Une structure classique de camp d’entraînement de renégats, telle qu’il en avait déjà vu des dizaines…
Il en savait assez. Désormais, il devait se faire intégrer par la bande. Il partit vers le village situé à quelques encablures qui semblait être leur lieu de loisir, s’installa dans une petite auberge familiale et commença à souper tranquillement, dans un coin sombre à l’écart du reste de la population. Une fois prêt, il relâcha quelques barrières de façon à être repéré par des renégats en goguette.
Ce qui ne tarda guère…
Deux types l’accostèrent rapidement alors qu’il lisait tranquillement dans le salon de l’auberge, tout en restant sur ses gardes.
– T’es pas du coin, toi ? Tu viens d’arriver ? fit l’un d’eux.
Laïloken releva la tête et les détailla calmement, sans se donner la peine de répondre. A quoi bon ? Les autres allaient faire la conversation à sa place ; autant leur laisser la main…
– T’es pas très causant, mon gars, dit le second aux cheveux violets.
– Qu’est-ce que tu fais dans les parages ? reprit le premier.
Laïloken répondit avec flegme :
– Du tourisme ?
Les deux renégats se regardèrent comme pour se consulter puis le premier :
– T’es un drôle de touriste…
– Un touriste doté d’un cosmos, insista le second.
– Et alors ? fit Laïloken, stoïque. En quoi ça vous concerne ?
– Ça dépend entièrement de ce que tu es venu faire ici, mon gars…
– On n’aime pas les fouineurs, lança le type aux cheveux violets.
Laïloken s’appuya sur le dossier de son siège, toute son attitude trahissant autant son ennui qu’une certaine méfiance :
– Je ne suis pas un fouineur… Chacun ses problèmes. Moi, ce qui m’intéresse, c’est la neige et un coin particulièrement isolé… Rien d’autre.
– Rien d’autre, vraiment ? reprit le premier renégat. J’en suis pas aussi sûr, moi…
– Et pourquoi ? Je ne vous ai rien demandés, que je sache… rétorqua le Verseau sans se démonter.
Le second l’examina des pieds à la tête et siffla entre ses dents :
– Tu sais quoi ? Tu me fais penser à un Chevalier… A un Chevalier d’Athéna, pour être plus précis…
Les deux renégats virent nettement leur interlocuteur se tendre comme s’il se préparait à une confrontation, même si ce dernier lança sur un ton amusé qui sonnait faux :
– Tiens donc ! Et pourquoi ça ?
Confortés dans leurs analyses par les réactions de l’inconnu, les renégats se sentirent plus à l’aise et le premier commença à énumérer :
– Ta façon de te tenir, ta morgue et ton dédain, ton refus de collaborer et de répondre à de simples questions, ta silhouette… Ton cosmos aussi…
Le second attrapa les accoudoirs du fauteuil et se pencha sur Laïloken en grondant alors que ce dernier n’avait pu contenir un frémissement nerveux :
– Qu’est-ce qu’un Chevalier d’Athéna peut bien venir faire dans le coin à part nous espionner, à ton avis ?
Le premier prit une mèche flamboyante dans sa main qu’il observa distraitement :
– Et où est ton armure, Chevalier ? Tu pensais passer plus inaperçu en ne la portant pas ?
Laïloken sembla récupérer sa maîtrise et répondit d’un ton vaguement ennuyé :
– Dites les gars, vous ne pourriez pas me laisser tranquille ? Je n’ai pas envie de me battre avec vous… Je suis fatigué.
– Oh ! Veuillez nous excuser, Monseigneur ! Mais avant d’aller te coucher, il faudra que tu répondes aux questions. Qui es-tu ? lança le second, exaspéré.
– Laïloken.
– Laïloken quoi ? insista lourdement le second renégat.
– Laïloken tout court… Le reste ne vous concerne pas… Et je n’ai que faire de vos affaires…
Les deux hommes se consultèrent une nouvelle fois puis le premier reprit :
– T’es pas du tout loquace… T’as quelque chose à te reprocher ou quoi ?
– T’as peur qu’on te dénonce ? Ne serais-tu pas en fuite par hasard ?
– Si c’est le cas, t’as pas à t’en faire pour ça… lança le premier sans cesser son observation.
– Et par quel miracle devrais-je vous faire confiance ? demanda Laïloken, peu enclin aux confidences… tout du moins en apparence.
D’un mouvement de tête, le plus grand rejeta la masse de ses cheveux couleur gris acier et se mit à rire. Au bout d’un moment, il se reprit pour reprendre :
– On va être franc avec toi. Moi, je viens du Domaine d’Arès, j’ai été viré et lui, fit-il en donnant une claque sur l’épaule de son compagnon, a été mis à la porte du Sanctuaire de Dyonisos… Si on y retourne, on y perd la tête…
– Alors, Laïloken, d’où viens-tu ?
– Du Sanctuaire d’Athéna…
Le premier le détailla avec circonspection, réfléchissant un bref moment avant de reprendre :
– Oh punaise ! ! Ne me dis pas que c’est toi ? !
Devant le silence buté de Laïloken, l’autre reprit, excité :
– Tu es l’ancien Saint d’Or du Verseau, c’est ça ? Celui qui a réussi à s’enfuir malgré ses pairs lancés à ses trousses ? ?
Le second renégat se tourna vers son compagnon en s’exclamant :
– Tu imagines comme ça serait cool pour notre mouvement ? Un ancien Saint d’Or d’Athéna… Purée ! J’aurais jamais cru en voir un en chair et en os de ma vie ! !
L’homme aux cheveux gris regardait aussi Laïloken, non sans une certaine admiration dans les yeux :
– Tu sais que tu es une véritable légende pour nous ? Celui qui a osé trahir sa déesse… et qui a survécu à la traque de ses anciens compagnons d’armes…
Laïloken garda un silence prudent. Les laisser parler pour savoir ce que eux connaissaient de l’histoire… Une technique d’espionnage comme une autre…
– Et ce masque ? C’est depuis cette traque que tu le portes ? Défiguré, hein ? On comprend… Si tu veux, on peut t’accueillir dans notre groupe… Il est constitué de types comme toi qui ont été rejetés de leur sanctuaire…
– Je n’ai guère envie de servir un autre dieu…
Si les deux renégats ne virent pas la grimace de Laïloken à cause du masque, ils la devinèrent sans peine grâce au ton désabusé de la réponse…
– On ne sert pas de dieu, nous, on se sert d’eux, c’est différent. Nous voulons que ces dieux retournent d’où ils viennent et qu’ils nous foutent la paix au lieu de nous envoyer nous entre-tuer à chacune de leur réincarnation… Et puis il y en a assez qu’ils nous utilisent sans se soucier du mal qu’ils font… Sont égoïstes, tous autant qu’ils sont !
– Ah… Mais, et les autres sanctuaires ? Comment le prennent-ils ? Je ne suis pas sûr qu’ils laissent passer de telles hérésies, hmm ? Ils doivent tenter de vous neutraliser, non ?
– On en a rien à faire. Ceux qui veulent nous affronter, on leur casse les dents, c’est tout… Aucun Sanctuaire ne sera assez puissant pour nous abattre…
Formidable… Ils sont pires que je ne le pensais… Mais qui se cache derrière ces imbéciles ? Qui peut bien les manipuler à ce point ? songea Laïloken, vaguement inquiet.
– Et vous n’avez eu aucun problème jusqu’à présent ? demanda-t-il.
Le premier s’assit à ses côtés et eut un sourire engageant :
– Le Grand-Maître est un fin stratège… Il se débrouille pour qu’on soit toujours vainqueur… Et tout ce qu’il veut, c’est nous rendre notre liberté…
– T’es intéressé ? fit le second.
Laïloken décida de se montrer plus méfiant. Après tout, il était censé être en fuite depuis six mois.
– Qui me dit que je peux vous croire ? Et si c’est un allié d’Athéna qui vous envoie ?
– Ecoute, reprit le premier. On te conduit au Grand-Maître et tu discutes avec lui. Après tu feras ce que tu voudras.
– Et puis, si on était vraiment à tes trousses, on ne t’aurait pas posé toutes ces questions. On t’aurait déjà attaqué depuis longtemps ! Et sérieux, faut être cinglé pour s’en prendre à un gars qui a tenu tête à plusieurs membres de l’élite d’Athéna. On a peut-être pas l’intelligence du Grand-Maître, mais on n’est pas crétins non plus ! ajouta le second.
Laïloken concéda :
– Ça se tient… Je veux bien parler à votre chef… Menez-moi à lui.
Les deux renégats l’entraînèrent aussitôt à leur suite, ne se doutant pas un seul instant du sourire moqueur et de l’étincelle mesquine qui brillait dans les yeux de leur nouveau compagnon, sous son masque. Oh oui, il les avait eus en beauté… Ils avaient été si faciles à manipuler, ces deux types…
– Temple de Poséidon –
La discussion s’était éternisée entre Julian Solo et Shaka. Oh le ton était poli, pas un mot plus haut que l’autre, mais l’Empereur des Mers ne voulait rien lâcher. Cela faisait des jours que le Chevalier de la Vierge tentait par divers moyens d’amener le chatouilleux Poséidon à accepter le pacte de non-agression proposé par Athéna. Assis devant un thé et des pâtisseries, les deux jeunes gens s’observaient poliment, chacun restant farouchement sur ses positions.
– Je ne vois pas pourquoi je ferai confiance à Athéna, Chevalier. Ce n’est pas comme si nous étions de bons amis…
– Athéna ne trahira jamais sa parole, Votre Majesté. Si elle vous propose la paix, c’est qu’elle la souhaite sincèrement.
Julian eut un sourire dubitatif :
– Oh, j’en suis certain… La question est de savoir combien de temps elle va rester dans cet état d’esprit… Et je m’interroge sur ses motivations… Cela fait des siècles que nous nous affrontons, pourquoi changer d’avis aussi brutalement ?
Et voilà ! C’était reparti pour un tour ! Poséidon se reperdait dans ses hésitations et ses suppositions qui ne feraient strictement rien avancer. Heureusement que la Vierge était patiente ! Il y aurait longtemps qu’un certain Lion aurait explosé s’il avait été à sa place… Quant au second Gémeaux, il n’aurait pas fait trois mètres sans être aussitôt abattu… Shaka garda quelques instants le silence, prit le temps de déguster une gorgée de son thé avant de répondre calmement :
– Certains événements récents ont amené Athéna à prendre des mesures exceptionnelles… Elle pense qu’une alliance entre les différents Olympiens est indispensable pour faire face à un danger qui nous concerne tous…
– Cela, je l’avais bien compris… Mais quel est ce danger, justement ?
– Nous ne le savons pas encore exactement… Mais il y a certains signes inquiétants…
– Comme l’attaque des Sanctuaires de Délos et d’Ortygie ?
– Par exemple… L’enlèvement des dieux jumeaux est un fait alarmant qu’il ne faut pas prendre à la légère…
– Surtout si on considère les prédispositions particulières d’Apollon, n’est-ce pas ? Mais je ne vois pas en quoi cela me concerne… Après tout, j’ai mes Généraux et mon Sanctuaire est d’accès difficile… Alors je ne pense pas que l’invasion soit vraiment à redouter de mon côté.
Shaka hocha lentement la tête et répondit :
– Il est vrai que votre Domaine est très bien protégé et que vous aurez bientôt fini de reconstruire… Mais considérez bien ce que je vais vous dire : cinq Chevaliers de Bronze ont été en mesure de vous mettre à mal… Maintenant, imaginez ce que cela pourrait donner avec une armée de renégats tous aussi puissants que des Chevaliers d’Or ou des Généraux qui sauront exactement quelle stratégie vous appliquerez grâce aux prédictions d’Apollon… Combien de temps pensez-vous pouvoir faire face seul ?
– Tu es redoutable, Shaka de la Vierge… Mais ceci est également valable pour Athéna ou n’importe quel autre dieu. En quoi une alliance pourrait changer la donne ?
– La force de la riposte serait suffisante pour anéantir l’ennemi, déjà… Ensuite, cela éviterait des pertes que nous regretterions tous… Cet ennemi ne pourra que profiter de la division entre les Olympiens. Offrir un front unique serait la garantie de perpétuer l’ordre établi.
Poséidon eut un profond soupir et :
– Cela irait à l’encontre de nos accords avec Zeus… Mon frère ne veut pas que nous fassions alliance… surtout après ce qui est arrivé à Hadès… Même dans le cas, où ce danger existerait vraiment, ce qui est loin d’être prouvé pour le moment, faire alliance serait considéré comme une rébellion et un acte de haute trahison. Je n’ai guère envie de me retrouver sur l’Aréopage…
– Même si la suprématie des Olympiens venait à être remise en cause ? Car c’est ce qu’il risque d’arriver… Peut-être qu’enfreindre une règle pour un cas de force majeure, dans ce cas précis, s’impose pour pouvoir justement préserver cette règle plus tard ?
– Vous n’avez aucune certitude. Je ne peux prendre un tel risque sans compensation.
– Qui serait ?
– Kanon.
Shaka crut avoir mal entendu aussi Julian reprit-il posément en détachant bien chaque mot :
– Je veux Kanon. Ce n’est pas négociable.
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