Secrets | By : KatsYaoi Category: French > Anime Views: 1692 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. |
Secrets
Par Kats
Disclaimers : les
personnages de Saint Seiya ainsi que la trame scénaristique appartiennent à
Masami Kurumada ainsi qu’aux différentes compagnies chargées de la production
et de la distribution du manga, de l’animé, des films et autres produits
dérivés. Je n’en tire aucun bénéfice matériel ou immatériel, et cette histoire
n’a été écrite que pour le plaisir des fans de la série, et le mien !
Genre et rating : Sérieux,
Romance, Yaoi, Lemon.
Couple(s) : Je vous
laisse la surprise des couples, car il y en a plusieurs.
Notes : C’est une
suite de ma toute première fic « Une Boite de Chocolat » (donc, vous
connaissez au moins un couple !). Je n’ai pas l’impression qu’il faille
absolument la lire pour comprendre celle-ci, mais pour certains détails, ça
peut aider !
Remerciements : à mon
couple fétiche, pour se laisser faire si docilement et à ma bêta lectrice, Ka,
pour son patient travail de titan !
Ils restèrent un moment
silencieux. Camus cherchait ses mots, se sentant coupable…
« Kanon, je… je suis
désolé… »
« On ne peux pas gagner à
tous les coups » essaya de plaisanter le grec.
Le Dragon des mers était
malheureux, il savait, au fond de lui que Camus ne l’aimait pas, il en aimait
un autre, mais un espoir irraisonné l’habitait encore, traîtreusement. Il
sentit ses larmes lui couler le long de joues, sans pouvoir les maîtriser.
Camus frissonna. Il s’était
comporté comme le dernier des derniers avec Kanon.
Son fou rire ne lui était pas
destiné, pas au départ. En fait, il se moquait de lui-même, Camus, chevalier
d’or du Verseau, un homme sensé n’éprouver aucun sentiment et désespérément
amoureux d’un autre, qu’il ne pourrait jamais avoir.
Puis c’est vrai, il s’était aussi
moqué de Kanon. Utiliser cette ruse grossière, son soi-disant amour pour le
mettre dans son lit. Le Dragon n’était pas le premier à essayer de le séduire
et sûrement pas le dernier. Mais ce coup-là, on ne le lui avait encore jamais
fait !
Kanon ne méritait que son mépris,
on ne joue pas avec l’amour. D’un autre coté, le grec était plutôt bien fait.
Et Camus était « à jeun » depuis longtemps.
Après tout, s’il
« l’aimait », Kanon pouvait bien lui donner son corps.
Et là, Camus avait vu ses larmes.
Athéna ! Il ne mentait pas… et lui qui se comportait
comme un mufle. Quelle horrible méprise. Il s’écœurait lui-même, devant son
comportement abject.
Le français connaissait la
douleur d’aimer. Il s’en voulait affreusement d’ajouter d’autres souffrances à
celle de Kanon, à cause de son attitude affreuse.
Le Saint de Glace était décidé à
consoler le marina autant qu’il le pourrait, peut-être
se faire pardonner même…
« Kanon, je ne suis pas doué
pour les sentiments… ce n’est pas dans ma nature… »
Le Verseau essayait
maladroitement de se justifier.
Kanon sanglotait en silence,
regardant le sol. Une main lui saisit le menton, l’obligeant à relever la tête.
Camus essuya les larmes du visage de son ami, lui souriant gentiment. Puis il
le regarda plus attentivement.
Deux grands yeux bleus, de la
même couleur que l’océan auquel il appartenait, rendus encore plus étincelants
par les larmes salées que le Dragon déversait.
Un visage aux traits fins, mais virils, une bouche charnue et douce, de
longues mèches cascadant sur ses épaules en un désordre savant, lui donnant un
air d’adolescent rebelle.
Camus tressaillit, comme piqué
par une aiguille invisible. Son aura, ayant enveloppé Kanon pour le consoler,
avait malgré lui, sondé les sentiments du Général. Toutes ces informations
affluaient maintenant dans le cerveau du Verseau, Kanon se livrant sans retenue.
Il voyait le combat du matin
contre Shura, du point de vue du général. A chaque échange de coups, Camus
ressentait l’admiration et le respect que le Dragon avait pour lui, puis il
ressenti une chaleur énorme le submerger. Camus et Shura se faisant face,
croisant le fer.
Le cœur de Kanon qui s’accélère,
les sentiments passionnés qu’il éprouvât à ce moment précis coulèrent dans les
veines du Verseau. Jamais il n’avait ressenti une telle chaleur, un tel amour,
qui lui était destiné exclusivement.
Et cette chaleur augmentait et
augmentait encore, jusqu’au moment ou le Verseau visualisa l’instant de sa
victoire sur Shura.
Il se vit enfin, brûlant d’une
aura quasi divine, l’épée sur la gorge du Capricorne. La vision était déformée,
idéalisée par le ressenti de Kanon, mais Camus s’y trouvait… magnifique et
tellement vivant.
Malgré sa retenue et son
apparente indifférence, la solitude pesait au français, horriblement. Chaque
minute passée loin de Milo le tuait à petit feu. Et il mourrait un peu plus
chaque jour depuis qu’il avait compris qu’il ne pourrait jamais s’unir au
Scorpion.
Camus voulait être vivant, comme
cette homme victorieux qu’il venait de voir, une épée à la main…
Sans vraiment comprendre ce qu’il
faisait, Camus se pencha, effleurant de ses lèvres celles de Kanon. Il
abandonna son visage pour plaquer ses mains au creux de reins du beau marina, se blottissant un peu plus contre lui et
goûta sans vergogne cette bouche pulpeuse.
Kanon resta les yeux ouverts,
surpris, les bras ballants, jusqu’à ce qu’une langue curieuse cherche à forcer
le barrage de sa bouche.
Il enserra le français à son
tour, lui cédant le passage avec fébrilité. Sa langue était fraîche et indiscrète.
Camus explorait lentement chaque
parcelle de Kanon, avec sa bouche ou ses mains.
Il laissa sa langue se répandre
entièrement dans la douce cavité, plongeant sa main dans la chevelure bleue de
l’amoureux transi, pour approfondir encore son baiser, qui n’avait plus rien de
chaste. Sa respiration devenait saccadée.
Kanon sentait que ses jambes
allaient le lâcher. Son prince des neiges l’embrassait profondément,
voracement, en laissant ses mains jouer dans son dos.
« L’épée docile, soumise
à ses mains » songea-t-il.
Pas si docile que ça. Il décida à
son tour de goûter au français.
Il repoussa les assauts de la
langue insatiable, glissant la sienne entre les dents du Verseau, qui grondait
de plaisir. Kanon entreprit une exploration langoureuse, gémissant, haletant.
Le général saisit à pleine main
les fesses de Camus, le plaquant encore plus contre son corps et sa bouche.
Camus, électrisé le poussa jusqu’à un pilier, sans lâcher ses lèvres.
« Je pourrais rester cette
nuit si tu veux… » lui murmura Kanon, se
dégageant de son étreinte.
« Kanon, non, je vais te
broyer et t’anéantir… » répondit Camus,
contredisant son propre corps. Et sa bouche revint se souder aux lèvres du
Dragon.
Kanon, se dégagea encore.
« … je ne suis pas
Milo. »
« Ce ne sera que physique…
n’attends rien d’autre de moi. »
« Je ne t’en demande pas
plus. J’en ai besoin… et toi aussi… »
« Juste une
nuit ? » demanda Camus.
« Juste une nuit… » promit Kanon.
Camus entraîna rapidement le Dragon
jusqu’à sa chambre, le tirant par la ceinture et le bloqua contre la porte,
l’embrassant fougueusement. Kanon avait raison, il avait besoin d’une longue
nuit de débauche. Pour oublier le Scorpion, ne serait ce que quelques minutes,
dans les bras d’un autre. Pour sentir son cœur injecter de la lave en fusion
dans ses veines. Pour vivre quelques instants, avant de retourner aux ténèbres.
Kanon essaya de se dégager, pour
mieux l’enlacer. Mais Camus le repoussa sans ménagement contre la porte. Il
voulait ses lèvres encore et encore, elles étaient si douces…
Le Verseau laissa glisser sa main
le long du corps du Dragon, caressant l’arrondi d’une fesse au passage, forçant
la cuisse à se soulever.
Kanon se laissa faire, allant
jusqu’à poser sa jambe en appui contre la hanche de Camus, épousant plus
intimement son corps.
Sorrente n’exagérait pas, les
français savaient embrasser comme personne. Kanon glissa ses mains sous le
t-shirt de Camus et fit remonter lentement ses doigts le long de la colonne
vertébrale frissonnante. Sa peau était douce et fraîche, seules quelques
cicatrices venaient troubler l’harmonie de l’ensemble. Ce n’était pas pour
déplaire au général et il entreprit une reconnaissance approfondie de chacune
d’elle, voulait se souvenir de chaque grain de peau du Verseau.
Le tissu le gênait et il eut du
mal à faire comprendre à Camus qu’il voulait lui enlever son t-shirt. Celui-ci
ne se lassait pas de sa bouche et ne voulait pas en être privé ne serait ce que
quelques secondes. Kanon avait un goût de fraises… sucrées, juteuses, parfumées…
Il réussit enfin à le lui
enlever, révélant un torse puissant, des épaules musclées, une taille fine mais
intensément masculine. Kanon, fit courir un instant ses doigts le long des
abdominaux marqués du Verseau, chatouillant le nombril. Camus gloussa. Tiens,
Camus est chatouilleux ? C’est bon à savoir !
Le Saint des Glaces, impatient,
fit passer le t-shirt de Kanon par-dessus sa tête. Il dessina des cercles de
plus en plus étroits autour des mamelons du Dragon, le faisant soupirer d’aise.
Avec un regard coquin, il commença à donner de légers coups de langue, puis à
mordiller la poitrine, malmenant la pointe du sein esseulée avec sa main libre.
Kanon appuyait sa tête sur celle
de Camus, noyant son visage dans ses cheveux, enivrés par ses arômes étrangement
exotiques. Ses lèvres et sa peau avaient un goût de vanille bourbon, ses mèches
évoquaient les capiteux parfums d’une forêt tropicale après la pluie. Une
friandise à savourer sans modération.
Kanon saisit délicatement le
Verseau par la nuque, guida sa bouche jusqu’à la sienne et l’embrassa
passionnément. Puis il laissa glisser ses lèvres le long de son cou, au creux
de son épaule, léchant, mordillant, jusqu’au sternum, laissant sa marque chaude
et humide jusqu’au ventre de Camus. Là, il s’attarda longuement sur le nombril,
irradiant le bassin du Verseau d’électricité. Enfin, il s’attaqua à la boucle
de la ceinture, libérant les hanches de Camus de leur étroite prison de tissus.
Le français s’appuya bruyamment sur
la porte, les deux mains à plat, anticipant le plaisir que le grec allait lui
donner.
Kanon, à genoux, frôlait la chair
pulsante de ses lèvres, puis lécha la base de son sexe, en imprimant un
mouvement de va et vient à la main qui emprisonnait le Verseau.
Lorsque Camus grogna de frustration,
le grec se décida enfin à accueillir le français dans sa bouche, ralentissant
ses mouvements à l’extrême, voulant à tout prix décupler le plaisir de son
amant.
Camus serait les poings contre la
porte, faisant blanchir ses articulations. Ses gémissements devenaient
grondements, puis faibles cris. Ses hanches, d’abord immobiles, tanguaient
d’avant en arrière, parcourues par une foudre exquise. Ses reins augmentèrent
la cadence, jusqu’à ce qu’une explosion brûlante déchire son ventre.
Après avoir retrouvé un souffle
presque normal, Camus aida Kanon à se relever. Sans un mot, il l’attira contre
lui et les fit avancer jusqu’au lit un peu plus loin derrière.
Là, le Verseau pivota sur ses
talons et allongea le Dragon sur le dos, en travers du lit, dans le sens de la
largeur. Il fit jouer la fermeture éclair du jean de Kanon et descendit son
pantalon ainsi de son boxer à mi cuisse, l’obligeant à soulever le bassin au
passage.
Enfin, le Verseau s’allongea sur
lui, retrouvant sa propre saveur dans la bouche qui venait de lui donner tant
de plaisir. Sa main droite glissa et emprisonna le membre dressé de Kanon, lui
imprimant de lents va et vient. Lorsqu’il jugea l’érection suffisante, il lécha
goulûment son partenaire tout au long du chemin qui le séparait de sa virilité.
Kanon se mordit les lèvres, son
prince des neiges venait de le prendre dans sa bouche et caressait
langoureusement de sa langue sa virilité. Il se mit à onduler presque
instantanément, donnant le rythme à Camus par sa main ancrée dans la chevelure
émeraude.
De temps à autre, il réussissait
à ouvrir les yeux, fixant furtivement le plafond, replongeait plus profondément
encore dans de puissantes vagues de plaisir.
Il se libérât enfin en Camus,
crispant sa main dans ses cheveux.
Camus déposa un baiser sur sa
hanche et se leva pour ôter les derniers vêtements qu’ils leurs restait.
Kanon se mit dans le sens du lit
et attendit que Camus le rejoigne. Ce qu’il fit rapidement. Le Dragon
l’accueillit dans ses bras, l’attirant contre sa bouche. Il aimait sentir le
Verseau au dessus de lui, ses mèches émeraude effleurant son visage au hasard
d’une caresse.
Ils s’embrassèrent longtemps,
laissant leurs mains partir à la conquête d’un corps frémissant.
Camus interrompit leur baiser,
humectant de manière suggestive les doigts de sa main droite. D’un regard, il
invita Kanon à mettre en bouche ses doigts humides. Ce qu’il fit les yeux rivés
à son amant.
Camus s’installa entre les jambes
du grec et entreprit de le préparer à sa venue. Kanon se crispa lorsque qu’il
sentit l’index du Verseau en lui. La sensation désagréable disparut rapidement,
revint furtivement à la venue du majeur et persista plus longuement avec
l’annulaire.
Lorsque enfin le visage de Kanon
fut totalement détendu, Camus prit possession de son corps, le faisant gémir de
douleur. Douleur qui ne s’éternisa pas, alors le Verseau pu donner libre court
à ses envies.
Aux ondulations légères
succédèrent de puissants coups de reins d’une lenteur démoniaque. Les deux
amants s’exprimaient par de faibles cris, ou plaintes lascives, sans un mot.
Kanon noua ses jambes autour des hanches du Verseau, se donnant plus
profondément encore.
Camus releva son buste et pris appuis
sur ses mains de chaque coté du lit, donnant plus d’amplitude à ses mouvements.
L’effort faisait jouer ses muscles sous sa peau luisante.
Kanon se cambrait violemment,
plantant ses ongles dans le dos du Verseau. Jamais un être, homme ou femme, ne
lui avait donné autant de plaisir, même pas celui qui l’avait initié aux
plaisirs interdits. Même pas Sorrente.
La frénésie gagna leurs hanches,
ponctué par des râles de plus en plus marqués. Camus se libéra enfin, en un
long cri rauque. Kanon l’imita presque immédiatement, les larmes aux yeux,
retenant prisonnier le Verseau entre ses hanches, prolongeant ainsi l’orgasme
de celui-ci par les spasmes de son propre corps.
Camus se libéra de sa gangue de
chair et roula sur le coté, essoufflé. Kanon vint se blottir contre lui, la
tête calée au creux de son épaule. Le français jouait machinalement à mettre de
l’ordre dans l’épaisse chevelure bleu océan.
Ils n’avaient pas besoin de se
parler. Pourquoi faire ? Leurs corps se comprenaient. C’était l’essentiel.
Après quelques minutes, Camus
s’installa à plat ventre aux cotés de Kanon, lui tournant le dos. Il voulait
être possédé à son tour. Il calla son oreiller contre sa poitrine et remonta
légèrement sa jambe gauche, portant tout son poids sur le coté droit. Et
attendis le bon vouloir du général.
Celui-ci hésita, laissant sa main
parcourir le dos, les hanches, les fesses puis les jambes du français.
Kanon n’osait pas. Pas par
ignorance, par timidité. Il ne se sentait pas en droit de le faire, indigne de
s’approprier ce qui revenait à un autre.
Semblant sentir ses réticences,
Camus murmura « s’il te plait… », en
enfonçant un peu plus sa joue dans l’oreiller, le regard dans le vide.
Kanon pris une profonde
inspiration et s’humecta les doigts.
Camus tressaillit à son
intrusion, puis se détendit progressivement. Après quelques minutes, Kanon
pénétra doucement le Saint des Glaces, qui serra les mâchoires. Il resta
ensuite immobile, caressant, embrassant la peau vanillée. Camus bougea autour
de lui, lui faisant comprendre qu’il le voulait, maintenant.
Kanon s’exécuta, se laissant
aller à de lentes intrusions, pour se retirer aussitôt, comme la mer inondant
le sable. Il enserra étroitement le Verseau contre lui, comme pour le bercer.
Le grec déployait des trésors de douceurs et de tendresses, s’enhardissant un
peu en couvrant le visage le cou et la nuque du français d’une multitude de
baisers.
Une sourde brûlure envahissait
les reins de Kanon, tentant de maîtriser au mieux son appétit grandissant.
Camus s’appuya sur un bras et de
l’autre saisi le Dragon par la nuque, recherchant avidement ses lèvres.
Soupirs, froissement de tissus, baisers humides, corps qui se frôlent
emplissaient la chambre d’une mélodie charnelle.
« Kanon… Kanon… » gémit le Verseau contre sa bouche, accélérant malgré lui la
cadence de ses hanches.
Une accélération fulgurante propulsât
des milliers de braises incandescentes à travers leurs corps frémissants. Ils
retombèrent enfin, vidés de leurs forces, mais emplit de bien-être.
Ils restèrent l’un contre
l’autre, Kanon noyant son visage dans une forêt de jasmin et thé vert. Camus se
blottit contre lui nouant ses doigts aux siens. Il sentait fondre le cercueil
de glace qui le retenait prisonnier depuis si longtemps à cette douce chaleur…
Camus battit des paupières, il ne
devait pas dormir depuis très longtemps, car la chambre était toujours dans la
pénombre. Kanon dormait contre lui, un léger sourire accroché à ses lèvres.
Camus n’était pas très fier.
Toute cette nuit, il s’était servi du grec à son avantage. D’abord il l’avait
humilié, ensuite, il avait abusé de sa force pour essayer de le posséder,
enfin, il avait usé de toute sa séduction et des tendres sentiments de Kanon
pour le mettre dans son lit.
Malgré tout, il n’arrivait pas à
regretter la dernière partie. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas eu de
compagnie et d’aussi « charmante » qui plus est.
Son statut de Saint d’or lui
permettait toutes les audaces, en particulier avec les apprenti(e)s, trop honorés de devenir un objet de plaisir entre ses
mains de glace. Sa réputation d’homme sans états d’âme lui facilitait la tache.
Pas d’explications à donner, juste un besoin physiologique à assouvir. Cependant,
il n’avait touché personne depuis son retour parmi les vivants.
Il connaissait depuis longtemps
la raison de son attachement à Milo. Camus avait espéré un instant, après sa
dernière résurrection, pouvoir construire quelque chose avec lui. Espoir vite
déçu.
On ne revient pas plusieurs fois
du royaume des ombres sans perdre un peu de son essence. Les émotions qu’on lui
avait appris à canaliser et ignorer revenaient à la charge, furieuses comme la
mer déchaînée rongeant la falaise.
Et les nouvelles connaissances
qu’il avait acquises dans l’Hadès, sur lui, sur les chevaliers et leurs
destinées, l’empêchait maintenant de s’unir au Scorpion.
Son avenir semblait enténébré,
jusqu’à ce soir, ou une petite flamme bleue l’avait attiré imperceptiblement :
Kanon. En lui avouant ses sentiments, Kanon avait soufflé sur les braises de
son espoir d’être enfin accompli.
L’esprit du Verseau échafauda une
théorie fragile, mais qui pourrait être efficace. Peut être qu’en s’unissant à
Kanon, il pourrait rétablir son équilibre instable ?
Et si Camus redevenait lui-même,
alors, avec beaucoup de chance, Milo et lui pourraient vivre ensemble, enfin.
Dans le pire des cas, le Verseau
ne serait plus seul… Kanon serait à ses cotés, réchauffant son cœur et son
corps à la douce flamme de son amour. Le français ne pouvait plus se permettre
de rêver.
Il se maudit de son égoïsme.
Camus voulait encore une fois se servir du grec pour son propre intérêt. Il
devenait vraiment abject…
Kanon s’éveilla dans la chambre
du Verseau, encore dans le noir. Lorsque ses yeux s’accommodèrent à la
pénombre, il distinguât le visage de Camus, en proie à une réflexion intense,
est-ce qu’il regrettait ?
Camus…
Si on lui avait dit qu’il serait
cette nuit même dans le lit du Verseau, jamais au grand jamais, il ne l’aurait
cru. Mais il ne fallait pas se bercer d’illusions, ce serait l’unique fois.
Le français s’était tant donné,
tant dévoilé en quelques heures. Peut être plus que dans toute une vie. Il
était heureux, fier même d’avoir été son confident.
Kanon avait senti les barrières
du Saint des Glaces s’effriter. Sa façade de marbre était désormais inutile
devant le grec. Mais derrière ces murs, une âme pleurait, pleurait d’amour pour
un autre que lui.
Pourquoi ? Les guerres
saintes étaient finies pour cette génération. Qui empêchait Camus de s’unir à
Milo ? Leurs sentiments étaient réciproques !
Malgré tous ses efforts, Kanon ne
comprenait pas. Il fut tiré de ses réflexions par une onde ténue, mais
suffisamment vigoureuse pour percuter son aura.
Il la reconnut aussitôt, l’ayant
déjà ressentie plus fortement dans les thermes : Angelo et Shura, dans la
maison du Capricorne, ou plutôt dans la chambre...
Kanon ricana gentiment, oubliant
qu’il n’était pas seul. Il se mordit la lèvre.
Camus tourna son visage vers
l’imprudent.
« Je t’ai
réveillé ? »
« Non, non,
rassures-toi »
« Tu ferais mieux de t’en
aller, ou ton frère va retourner chaque pierre du sanctuaire si tu ne rentres
pas avant le lever du soleil » plaisanta Camus.
« Tu as sans doute raison,
mais… »
Kanon s’imaginait le Gémini
furibard, l’attendant à l’entrée du temple.
« Je voudrais encore te
poser une question. »
« Han, han, je
t’écoutes ».
« J’aimerais comprendre, pourquoi n’es tu
pas avec Milo à cet instant ? Il t’aime, tu l’aimes, je ne comprends
pas »
« Tu souhaites vraiment
connaître la vérité ? ».
C’était le moins que Camus
pouvait faire, lui dire enfin toute la vérité.
Kanon acquiesça.
Camus se redressa, s’installa
plus confortablement, intercalant un oreiller entre son dos et la tête du lit.
Il prit une profonde inspiration, noua ses doigts derrière sa tête et fixa le
plafond.
« Personne ne sait, même pas
Milo…
Chaque chevalier est placé sous
la protection de sa constellation d’origine, de même que son armure. L’armure
n’est pas subordonnée au chevalier, elle est en quelques sortes son aide, son
guide, mais aussi sa gardienne et son instrument lors de sa vie de Saint. En
fait, elle est le lien spirituel entre le Saint et sa constellation
protectrice. Lorsqu’un Saint reçoit son armure, il reçoit l’onction du cosmos
de sa constellation, celle-ci le reconnaissant comme son héritier légitime.
Elle l’établi comme son successeur sur terre aux yeux du monde.
Cela, tu le savais déjà. La
constellation comme l’armure sont éternelles, seul le chevalier reste mortel.
Il n’en reste pas moins un des chaînons constitutif de l’entité qui fait de lui
un Saint, comme peuvent l’être le corps, l’âme et l’esprit pour un humain.
Le cosmos que nous recevons de
notre constellation est restitué à celle-ci à notre mort. Nous y laissons nos
marques, notre empreinte, une partie de notre essence, influençant
indirectement la destinée du Saint qui prendra notre succession. C’est notre
héritage pour le chevalier qui prendra notre suite. J’ai eu cette révélation
dans l’Hadès et je pense comprendre pourquoi maintenant.»
« Tout ceci est passionnant
mais je ne vois toujours pas le rapport ? »
« J’y viens. Tu as senti
tout à l’heure, Shura et Angelo faisant l’amour ensemble ? »
Kanon resta sans voix.
« Je suis au courant de leur
liaison, moi aussi, j’aurais du mal à l’ignorer, Shura étant mon voisin de
temple !!! Ils sont plutôt démonstratifs mais…
bref, là n’est pas la question.
Ce cosmos que tu as
ressenti… »
« Ces cosmos tu veux
dire » coupa Kanon.
« Non, Kanon, CE cosmos, il n’y en avait
plus qu’UN, un seul. »
« Ce n’est pas possible, ça voudrait
dire… »
« … que Shura et Angelo ont découvert un
niveau supérieur à tout ce que nous connaissons de la cosmo énergie. Ils ont
réussi l’harmonie, l’équilibre, l’accord parfait des cosmos, rayonnant d’une
seule énergie, pleine et unique. »
« Comment est ce possible ? »
« Tout ce que je peux te
dire, c’est que l’univers entier des étoiles au moindre atome, est constitué
par une tension formidable entre deux principes opposés.
Appelle ça comme tu veux, le bien
et le mal, le féminin et le masculin, le positif et le négatif, ying et yang…
Nous ne pouvons être ni
totalement l’un, ni totalement l’autre, nous ne pourrions y survivre, la vie
naît de l’accord entre les deux.
Alors un équilibre se crée entre
ces deux principes et cela nous défini. Mais lorsque l’équilibre est rompu,
l’un des principes s’affaiblissant, n’assurant plus la stabilité de l’ensemble,
cela engendre des êtres contre nature, affaiblis, torturés ou maléfiques,
maudits des Dieux et de toutes les façons, voués à la destruction.
Dans le cas de Shura et Angelo,
ils ont trouvé l’équilibre parfait à travers leur couple, se complétant l’un
l’autre, engendrant ainsi une nouvelle forme de « vie ». »
« Quoi !?! »
« Oui, leurs principes de
vie séparément les définissent tels qu’ils sont, mais mis en commun, ces
principes ont donné naissance à une harmonie créatrice parfaite, un nouveau
cosmos, issu de l’union des leurs. Ils ont réussi à fusionner leurs entités,
renforçant le pouvoir de leurs constellations respectives, en les mêlant l’une
à l’autre. Ils ne font plus qu’un dans les étoiles. »
Camus fit une pause, laissant à
son amant le temps de digérer ces informations.
« Les maisons du Capricorne
et du Cancer sont désormais liées intimement, à travers leur lignée zodiacale.
Et ce n’est pas sans répercutions. Les prochains Saints du Capricorne et du
Cancer seront frères de sang, j’en suis persuadé. Les enfants, la famille que
nous ne pouvons avoir sur terre, à cause de nos guerres incessantes et de notre
obligation de faire abstraction de nos sentiments, nos constellations nous les
offrent dans les cieux, par ce biais. »
Kanon, stupéfait, pris conscience
de ce que cela signifiait.
« Ce qui voudrais dire que
Lion et Sagittaire ? Andromède et Phénix ?… »
« …se sont aimé pendant les
guerres saintes qui nous ont précédées, atteignant un cosmos ultime qui nous
est inconnu. »
Le Verseau employait un ton
nostalgique.
Le général de Poséidon plongea
dans une réflexion intense, essayant d’assembler les informations que Camus
avait données, tout au long de la soirée.
« Mes « parents »
ont du avoir des amours tumultueuses… » plaisanta
t il.
« un de tes
« parents » a eu une chance inouïe, après avoir perdu son harmonie,
il l’a retrouvé auprès d’un autre chevalier, un marina, ou le grand pope… va
savoir… » reprit Camus.
« Ce qui veut dire que
l’harmonie est impossible entre Milo et toi ? »
« Oui et non. »
Camus hésita.
« Milo ne m’aime pas. »
Kanon n’en croyait pas ses
oreilles.
« Qu’est ce que tu
racontes ? »
« C’est ce que je te disais
tout à l’heure, sous les colonnes. Milo ne m’aime pas, il me désire, c’est
tout. Pourtant, il est mon ami le plus cher et m’a pris mon cœur il y a
longtemps. Mais il ne m’aime pas, pas comme je le souhaiterais, en tout cas.
Milo est un « sanguin », un chasseur. Ce qui l’excite, c’est la conquête.
J’aurais un certain attrait pour lui, tant que je ne lui aurais pas cédé. Dès
qu’il m’aura eu, il passera à autre chose. A plus ou moins long terme, mais je
finirais seul. »
« Tu délires !!! »
« Non, je ne délire pas.
Milo veut me posséder, me dominer. Sans doute parce qu’il a le sentiment de
m’être soumis, comme d’autres ici. Mon indifférence, le contrôle de mes
sentiments, ma froideur. Mon « inhumanité » effraie autant qu’elle
fascine.
Je suis comme de la glace, lisse
et coupante, douce et mordante, transparente, mais insondable. Quand vous
croyez me saisir, je disparais dans vos doigts…
En fait, j’étais comme
cela... »
« « Étais » ?qu’est
ce que tu veux dire ? »
« Mon harmonie est brisée…
je me vide de ma substance lentement… »
Kanon se redressa, tétanisé,
scrutant le visage grave de Camus.
«… il n’y a plus l’équilibre
entre mes principes de vie, il a été rompu lors des dernières batailles. Nos
guerres fratricides, ma mort, mes morts… j’ai perdu une partie de mon essence,
provoquant un déséquilibre majeur de mes principes de vie.
Pour un chevalier, les sentiments
qu’il éprouve, ses ambitions profondes, peuvent être sa force autant que sa
faiblesse. J’aime Milo, mais… Tant que je n’aurais pas retrouvé l’harmonie, je…
je ne.... »
La phrase mourut sur ses lèvres.
« Es-tu…capable de rétablir
cette harmonie ? »
« Angelo y est parvenu, de
par sa propre volonté… Saga également. Alors peut être que je le peux
aussi. ».
Kanon protesta.
« N’y a-t-il rien à faire?
Le grand pope connaît sûrement un moyen ! »
« Non… Sion ne peut rien et
Athéna non plus d’ailleurs… il n’y a que moi qui puisse faire quelque chose.
Je suis responsable de cela. Je
n’arrive plus à dominer mes pensées ou mes sentiments, Milo m’obsède. Si
j’arrivais à me dépasser… canaliser mon énergie sur d’autres points, plutôt que
de la focaliser sur le Scorpion. Un peu comme Hyoga qui n’arrivait pas à
oublier sa mère, s’empêchant d’atteindre le 7eme sens.
Quand bien même, j’atteindrais
mon but, je m’unirais à Milo, je reste persuadé qu’au lieu d’apaiser mon
déséquilibre, ça ne ferait qu’empirer. Peut-être même que j’entraînerais le Scorpion
avec moi…»
«… dans la mort »
compléta mentalement le Verseau, pour lui-même.
Le
marina restait songeur. Le destin de cet homme n’était pas enviable.
Kanon fit silence, puis
questionna le français.
« C’est pour cela que tu es
si différent ? Je veux dire, c’est pour cela que tu étais si
« vivant » quand tu as battu Shura ? Je ne t’ai jamais vu aussi
bouillonnant et tu n’es pas très expansif habituellement. M’aurais-tu autant
parlé ce soir si tu étais dans ton état normal ? ».
« Non, je suppose que non.
Je ne contrôle plus mes sentiments, je ne ME contrôle plus. Je sombre lentement
vers la folie et la mort. »
Camus s’interrompit encore,
ressentant la tristesse s’emparer de Kanon. Puis il reprit la parole.
« Tu as déjà vu une étoile
mourir ? Juste avant de disparaître, elle se met à briller comme jamais
auparavant, car elle expulse toute sa matière, avant de s’éteindre. Je n’en ai
plus pour très longtemps… et cette fois ci, je ne reviendrais pas.
Quand bien même, Athéna
m’offrirait encore une fois la vie, je la refuserais. »
Kanon explosa.
« Et moi je refuse ! Je
refuse que tu meures, Camus ! Je ne veux pas que tu m’abandonnes. Tu n’as
pas le droit de te laisser aller comme ça, c’est indigne de toi. Tu as toutes
les raisons de te battre ! »
Camus sourit tristement.
« Kanon, c’est adorable ce
que tu me dis. Mais ça ne rime à rien. C’est fini pour moi. »
« Alors quoi ? Parce
que Milo ne t’aime pas, tu vas te laisser mourir ? Mais réagis !
Qu’est ce qu’il faut que je fasse pour que tu bouges ? Si tu ne veux pas
te battre pour avoir Milo, ok, je peux le comprendre. Mais que tu refuses de te
battre pour toi-même, ça me dépasse ! »
« Je n’ai plus de tâche à
accomplir ici bas. Mon disciple a déjà pris ma suite : Hyoga. C’est de lui
maintenant que dépend la maison du Verseau. De part son niveau élevé, il est le
maître absolu de tous les Saints de Glace. Je n’ai plus de souci à me faire
pour ma lignée, elle est sous sa protection.
Athéna est sauve. Les guerres
saintes sont finies pour notre génération. Je ne sers plus à rien. »
« Mais qu’est ce que tu
crois Camus ? Et moi ? Pourquoi crois tu que je me soit battu si
fort ? Pour te revoir !
Je ne supporterais pas de te
perdre encore une fois. Pas après tout ce que tu m’as dit, pas après cette
nuit ! »
Le Dragon ne pouvait plus
regarder en face Camus, ses émotions brouillaient sa vue d’une eau saline.
« Si tu meurs, je mourrai
avec toi. J’irais te chercher en enfer s’il le faut ! Tu veux une raison
de te battre ?
Si tu ne veux te battre ni pour
Milo, ni pour toi-même, alors bats-toi pour moi !!!
Je t’en fais le serment Camus,
Saint d’or du Verseau, si tu te laisses mourir, je te suivrai dans la
mort !»
Kanon pleurait.
Camus se redressa sur ses mains,
il ne s’attendait pas vraiment à cette réaction excessive. Amant attentionné et
amoureux transis. Kanon ne plaisantait pas. Il mettrait sa menace à exécution.
C’était si bon de se sentir aimé, si bon de sentir un cœur battre pour soi, si
chaud de sentir des bras vous enserrer.
Qu’est ce qu’il risquait à
essayer ? D’accord. Il se battrait… pour Kanon.
« Tu tiens tant que ça à
jouer les gardes malades avec un aliéné en puissance ? » ironisa Camus…
« Plus que tout au
monde… » soupira Kanon.
Camus se rapprocha et l’embrassa
tendrement, les yeux brillants.
« Comme je te l’ai dis tout
à l’heure, puisque tu me veux, tu m’as… Désormais, je suis à toi.» Le Dragon
lui rendit fébrilement son baiser.
« Je te sortirai de là, je
te le promets Camus, mon amour. »
Kanon l’enlaça étroitement.
Malgré la douloureuse vérité, il ne pouvait s’empêcher d’être heureux. Il
allait tout faire pour sauver Camus de lui-même. Ensuite, peut être saurait-il
se faire aimer ?
Le soleil
s’était levé pendant leur conversation. Pour l’heure, c’est Kanon qui allait
avoir une explication avec son frère.
Il faisait encore nuit dans la
chambre du 10eme temple. Shura, allongé sur le dos au milieu du lit, caressait
amoureusement la crinière bleue du Cancer. Angelo avait la joue collée aux
abdominaux du Capricorne et se laissait bercer par le rythme lent et paisible
du souffle de son espagnol.
Ils avaient beau faire l’amour
régulièrement, plusieurs fois par jour quelque fois, chaque nouvelle étreinte
se révélait meilleure que la précédente.
Angelo souriait aux anges, les
yeux mi-clos et frotta sa joue contre la peau douce de son amant. Il ressentit
soudain les pensées troubles de Shura et se redressa sur un coude, inquiet.
« Shura, je t’en prie,
arrête d’y penser… » supplia le Cancer.
« Désolé mon amour. Le fait
qu’elle soit partie comme ça m’inquiète. Cela fait plusieurs jours maintenant
et elle n’a toujours pas donné signe de vie, même pas à Sion. »
« Tu as peur de sa réaction,
n’est ce pas ? Tu as peur qu’elle dise
« non » ? »
Shura vint se blottir contre
l’épaule d’Angelo, qui s’était allongé sur le dos à ses côtés, caressant de son
visage la peau ambrée.
« Je ne veux pas être séparé
de toi…
Tu as vu son visage quand nous
lui avons tout dit ? Tu as vu sa réaction quand nous lui avons demandé sa
bénédiction ? Saori avait l’air si « choquée »… »
La voix de Shura était presque
éteinte. Angelo serra les dents et enveloppa le Capricorne de ses bras.
« Je n’ai pas l’intention de
te quitter. Athéna a beau être ma déesse, si elle refuse de nous unir, je lui
rends mon armure. Tu le sais Shura, ma vie, désormais, c’est avec toi, ou je
n’aurai pas de vie du tout. »
Le Cancer embrassa tendrement
Shura et reprit la parole.
« Je t’aime mon espagnol.
Garde espoir. Tant que Saori ne sera pas revenue, il est inutile de
s’inquiéter. Elle est encore jeune et son humanité prend parfois le dessus sur
sa divinité. Ce n’est pas tous les jours qu’elle doit recevoir ce genre de
demande, en tout cas pour cette réincarnation !
Sion est serein et il a toujours
été de notre coté. Après notre entrevue, il a longuement discuté avec elle.
Saori lui a dit qu’elle avait besoin de temps pour réfléchir et analyser la
situation. Ce temps, elle a décidé de le passer hors du sanctuaire. Sans doute
pour avoir plus de recul. C’est une sacrée révolution, surtout dans notre petit
monde en vase clôt. Il y a les autres saints, les apprentis à prendre en compte
également. Sans parler de nos voisins de temple. Notre couple n’est pas
vraiment dans l’ordre des choses… enfin, pour eux. »
L’espagnol prit une profonde
inspiration.
« Shura, je te le répètes.
Si Athéna refuse que nous vivions ensemble, si elle refuse de bénir notre
union, alors, quoi que tu décides, je te suivrai. Même s’il faut abandonner
l’ordre pour cela, même si je dois renier ma déesse pour cela... »
L’espagnol entendit le cœur
d’Angelo s’emballer… il soupira, puis répondit, suppliant.
« Je ne veux pas quitter
l’ordre, encore moins Athéna… je veux juste continuer, mais au grand jour. Ça
me ronge de me cacher maintenant. Si tu savais ce que ça m’a fait du bien de
mettre Kanon dans la confidence. Je t’aime et… et j’ai envie de le crier au
monde entier. »
L’italien sourit et planta un
baiser sur le front de son amant.
« Et
moi donc !!! »
Shura changea de sujet.
« Tu crois que Kanon va
réussir ? »
« Réussir quoi ? À
approcher Camus, ou à le guérir ? »
« Les deux. En espérant que
nous n’ayons pas fait tout ça en vain… »
« Je pense qu’il a ses
chances et l’amour peut faire des miracles.
Camus est à la croisée des
chemins, comme moi, avant que je ne réalise les sentiments que j’avais pour
toi. J’ai eu de la chance, tu m’aimais aussi.
Pauvre Verseau…
Il aime Milo, mais le Scorpion
n’est pas amoureux de lui, il ne ferait que le détruire et Camus en est
conscient. Le seul qui puisse le sauver c’est Kanon. En lui apprenant que le
véritable amour peut être magique, merveilleux et pas seulement une torture.
Comme toi, tu me l’as appris… »
Shura le regarda avec des yeux
attendris.
« C’est toi mon ange, qui
m’a appris que la vie pouvait être si belle… ».
« Hé ! Je te vois venir
avec tes gros sabots de Capricorne. Si tu répètes ça, si tu répètes que je
deviens romantique, à qui que ce soit, je fais la grève de l’oreiller jusqu’à
nouvel ordre. Compris ? » Plaisanta Angelo, les yeux brillants.
« Tu n’as pas vraiment le
choix, chevalier du Cancer, il n’y a qu’un moyen de me faire taire… »
Susurra l’espagnol, l’œil gourmand.
Le message fut décodé et
l’italien s’allongea sur Shura, explorant sa bouche avec douceur et
application. Sa langue se fit indiscrète, puis soudain, il se sentit rouler…
Le Capricorne était au dessus de
lui maintenant et repoussait sa langue pour le fouiller à son tour, tendrement.
Ils cessèrent leur doux baiser et l’espagnol, rassuré, s’endormi dans les bras
de l’italien.
Lorsque Kanon pénétra dans la
cuisine, Saga lui tournait le dos, faisant semblant de s’occuper de la
vaisselle. Mais le chevalier des Gémeaux savait très bien qu’il était dans la
pièce. Il lui signifiait son mécontentement en l’ignorant cordialement.
Kanon resta silencieux et se
dirigea vers un placard, pour prendre un bol, l’air de rien, puis s’installa à
table.
Enfin, Saga s’adressa à son frère,
sans se retourner vers lui. Sa voix était dure.
« C’est à cette heure ci que
tu rentres ? Où étais-tu ? ».
Saga se comportait toujours comme
l’aîné, responsable de son cadet, bien que leur différence d’âge se comptât en
minutes.
Le « fugueur » ne répondit
pas. Il cherchait comment présenter la chose à Saga, puisqu’ils avaient
convenus, avec Camus, de se montrer au grand jour dès que possible, ils
n’avaient pas de temps à perdre à se cacher. Si malheureusement Camus ne s’en
sortait pas… Kanon s’interdit de penser à cette éventualité. Le seul impératif,
était de mettre l’ancien pope au courant, en premier.
« Tu vas me répondre ?
Je me suis fait un sang d’encre !!! »
Il s’était retourné, croissant
ses bras sur sa large poitrine. Son ton se radouci, jusqu’à en devenir coquin
« J’espère qu’elle en valait
la peine ».
La brèche était ouverte, Kanon
s’y engouffra.
« IL en vaut la
peine », insistant bien sur le premier mot, pour que son frère n’ait aucun
doute.
« Tu as passé la nuit… avec
un homme ?»
Les yeux de Saga s’étaient
dilatés, sous l’effet de la surprise.
« Oui, désolé de te
l’apprendre comme ça. Mais oui, j’ai passé la nuit avec un homme et pour
répondre aux questions qui vont arriver, tôt ou tard,
non, je n’ai pas fait ça pour tenter une expérience, oui, je suis homosexuel et
oui, je suis amoureux de lui. »
Il lui assena toutes ces vérités
d’un trait, craignant de manquer de courage par la suite.
« C’était donc ça. Ton acte
« insensé » ? » murmura le Gémini,
troublé.
« C’était ça, oui… » confirma Kanon, la voix hésitante, en baissant son regard
vers le sol.
« Tu avais peur que je te
rejette ? Enfin Kanon, c’est moi, Saga, ton frère !!!
Je sais que les choses n’ont pas été faciles, mais, j’espérais que tu me fasses
un peu plus confiance que ça !!! »
Saga était meurtri au fond de son
âme, malgré ses efforts, un gouffre les séparait encore, son jumeau et lui.
Il reprit, les yeux humides.
« Tu me crois aussi borné que ça ? Je sais très bien que nos vies ne sont
pas des plus classiques. Comment notre vie amoureuse pourrait elle être
simple ? Qui peut nous comprendre et nous aimer ? Nous accepter tels
que nous sommes ? Avoir la patience de nous attendre lors de toutes ces
guerres ? »
L’ancien Pope se frappa les
cuisses d’impuissance et secoua la tête avec véhémence. Il s’emporta soudain,
les poings serrés.
« Serions nous capable de
protéger la personne aimée de nos ennemis ?
Il nous est difficile, voire
impossible de construire nos vies avec des gens « normaux ». Ils ne
comprennent pas, ne savent pas… et le danger serait perpétuel pour eux.
Nous serons toujours à part du
monde, quoi que nous fassions… »
Comme soulagé, Saga se radoucit,
attendant que son frère le regarde enfin.
« Alors, si certains
chevaliers se rapprochent, recherchant une chaleur que seul d’autres êtres
semblables à eux peuvent leur donner, qui peut les blâmer ? Car c’est un
chevalier, n’est ce pas ? »
Kanon, la gorge nouée, ne pouvait
articuler un seul mot. Il se contenta d’hocher la tête.
« Vas-tu me dire qui est
ce … »
Saga s’était accroupi auprès de
son frère, qui ne le regardait toujours pas et qui, comme lui, était prêt à
fondre en larmes.
« … que je le félicite
d’avoir su se faire aimer d’un être aussi exceptionnel, d’aussi cher à mon cœur
».
Saga caressait doucement les
cheveux de son jumeau, en souriant timidement, essayant de l’apaiser.
Kanon, leva enfin les yeux, vit
le visage souriant de Saga. Puis, il lui sauta au cou et éclata en sanglots.
Alors comme lorsqu’ils étaient enfant, Saga entoura son frère de ses bras et le
berça tendrement, pleurant lui aussi. Après toutes ces années, ces combats,
cette haine qui les avait déchiré tout les deux, ils se retrouvaient enfin.
Ils restèrent longtemps, assis
sur le dallage de la cuisine, dans les bras l’un de l’autre, à se câliner comme
des enfants apeurés par l’orage.
Kanon se dégagea légèrement,
embrassa son jumeau sur le front et murmura « Je t’aime Saga. »
Son frère lui répondit sur le
même ton.
« Je t’aime Kanon… n’en
doutes jamais, petit crétin ! ».
Ils éclatèrent de rire.
Le passé était le passé,
maintenant, leurs liens étaient rétablis, plus forts que jamais.
Saga continua de déplomber
l’atmosphère, en taquinant le jeune fugueur.
« Je te fais des
tartines ? Les émotions ça creuse ! Sans parler du reste… »
Kanon aida son frère à se
relever, ils s’installèrent à table.
L’ancien pope avait réuni tous
les ingrédients et tartinait consciencieusement une tranche de pain grillé,
qu’il tendit à son frère.
« Alors, je vais devoir
jouer aux devinettes ? »
« Non, C’est Camus ».
Saga haussa les sourcils,
surpris.
« Hé ben, il va y en
avoir des cœurs brisés au sanctuaire… »
Puis il ricana gentiment, en
beurrant une deuxième tartine, la première vivant ses derniers instants.
« Quoi ? »
questionna le marina, avant de croquer dans LA tartine.
« Tu as bon goût Kanon, je
me sens mieux. A un moment, j’ai cru que c’était Aphrodite… t’aurais eu l’air
malin, avec ton petit tablier de jardinier, un sécateur à la main… » ricana Saga, portant sa main devant sa bouche.
« Très drôle… »
L'entraînement de la veille avait
été un tel succès que tous les chevaliers s'étaient de nouveau donnés
rendez-vous dans la matinée, aux arènes.
Comme à l'accoutumée seuls trois
chevaliers manquaient à l'appel : Shura, Angelo et Dhoko. Aphrodite était
encore en train de plaisanter, sur l'absence des chevaliers du Cancer et du
Capricorne lorsque ces derniers arrivèrent, sous les huées que leurs camarades.
Aphrodite les apostropha
brièvement.
« C’est toujours les mêmes
que l'on attend ! »
Puis, il se tourna vers le Sagittaire.
« Aiolos ? Saurais-tu par
hasard ou est passé Dhoko ? Ne me dis pas qui de encore une de ces fichues
réunions ? Depuis le départ d'Athéna, Sion nous l'accapare sans arrêt. C'est
vraiment dommage, Dhoko est un combattant hors pair. »
Aphrodite avait les poings serrés
sur les hanches et semblait contrarié. Pas seulement par l'absence de Dhoko,
mais aussi par l’attitude désinvolte des deux fugueurs réguliers.
Ces retards systématiques
l'intriguaient de plus en plus, tout comme leur absence de leurs temples,
lorsqu'il leur rendait visite.
Aiolos répondit.
"Et pourtant si ! Pourtant
celle-ci n'était pas prévue. Dhoko m'avait assuré de sa présence ce matin. Mais
un garde est venu le chercher alors que nous descendions ensemble aux arènes.
Sion l'a convoqué. Il vous demande de l'excuser pour cette absence imprévue. Il
m'a promis d'essayer de se rattraper…
D'ailleurs, à ce propos, il
souhaite pouvoir s'entraîner avec toi Kanon ! Réserve une danse dans ton carnet
de bal !"
Aphrodite reprit son
interrogatoire avec les deux « rescapés ».
"Et vous mes agneaux ? Quelle
est votre excuse ? Vous n'avez plus trouvé la sortie de vos temples ? La petite
liqueur de Hyoga vous a donné mal à la tête ? "
Un petit rire secoua l'assistance
des chevaliers d'or.
Shura, plaisanta, en nouant ses
mains derrière son dos, prenant le ton aigu d’un enfant pris en faute par sa
maîtresse.
"Désolé, c'est pas de ma
faute. J'ai eu une panne d'oreiller !"
Le Poisson le toisa avec un
regard narquois.
"Ah oui ? J'aimerais bien
savoir comment elle s'appelle, ta panne d'oreiller ! Et toi, en Angelo, c'est
quoi ta bonne excuse ?"
Angelo, en faisant semblant de
bafouiller, agita ses mains, exagérant ses manières et ses intonations
méditerranéennes.
"ma
bonne excuse ? Ben... J'étais prêt à l'heure ce matin, mais essaie de réveiller
Shura, surtout quand il a une panne d'oreiller !"
À cet instant, les regards de
Shura, Kanon et Angelo se croisèrent. Ils partirent ensemble d'un grand fou
rire, sous les regards surpris de leurs partenaires d'entraînement.
"Oh mon Dieu ! Ce n'est pas
vrai ! Ils en ont contaminé un autre ! Saga, à ta place, je surveillerais de
près mon frère. Ses mauvaise fréquentation ont une influence déplorable sur
lui." termina le suédois, en roulant des yeux consternés à l’ancien grand
pope, hilare lui aussi.
Camus les regardait, un sourire
en coin. Il était amusé de les voir si complices, tous les trois. De plus, le
français trouvait Kanon terriblement séduisant lorsqu'il riait. Des qu'ils
auraient un moment de libre, Kanon et Camus apprendraient aux deux chevaliers,
que le Verseau, lui aussi, était au courant de leur liaison. Kanon semblait
visiblement apprécier énormément la compagnie du Cancer et du Capricorne. Il en
ignorait encore les véritables raisons.
Comme la veille, les discussions
allaient bon train pour déterminer qui seraient les premiers combattants. Cette
joyeuse cacophonie fut interrompue par l'arrivée du chevalier de la balance,
Dhoko. Sa présence stoppa net les rires. Elle ne laissait présager rien de bon,
car Dhoko n’abrégeait que rarement ces entrevues Sion, à part pour annoncer une
mauvaise nouvelle.
Après les salutations d'usage,
Dhoko s'adressa directement aux chevaliers retardataires.
« Shura, Angelo, désolé
d’interrompre votre entraînement. Sion vous attend immédiatement en salle
d’audience. C’est urgent, Saori est revenue et souhaite s’entretenir avec le
Pope et vous. »
Shura et Angelo échangèrent
regard chargé d'appréhension, s’ils avaient pus, ils se seraient blottis dans
les bras l’un de l’autre. Athéna était de retour, avec la réponse qui
changerait leurs vies à tout jamais.
« Le moment de vérité,
mon ange » transmis Shura au Cancer.
Sans un mot ils se dirigèrent
côte à côte vers le palais du grand pope, la mine sévère, sous le regard
indéchiffrable du saint de la balance.
Kanon regarda partir ses deux
amis, le coeur serré, sentant confusément que leur
liaison était en cause. Camus vint à ses côtés et passa amicalement son bras autour
de sa taille. Le Dragon se laissa aller contre le corps du Verseau.
Cette convocation inquiétait tout
le monde, sauf Dhoko, égal à lui-même, toujours maître de ses émotions.
Le Verseau tenta de réconforter
télépathiquement Kanon, essayant de se convaincre de ses propres paroles.
"Ils ne pouvaient pas
garder ce secret indéfiniment. Ne t'inquiète pas pour eux, Sion a toujours
été de leur côté. Cela va bien se passer."
"Je ne peux m'en
empêcher. Ce sont désormais deux êtres qui comptent énormément pour moi, car
sans eux, je n'aurais jamais trouvé le courage de venir te voir, de parler à
mon frère. J'espère qu'ils n'auront pas d'ennui. Je ne leur souhaite que du bonheur."
projeta le Dragon dans la conscience du Verseau.
Milo, un peu en retrait, suivi la
scène avec intérêt.
Que les deux cavaleurs finissent
par se faire taper sur les doigts par leur supérieur hiérarchique était dans
l’ordre des choses. Mais que Camus et Kanon se tiennent désormais côte à côte,
cela l’intriguait beaucoup plus.
Depuis quand Camus s'intéressait-il
au Dragon ? Depuis quand Kanon était-il aussi ami avec le Verseau, au point que
ce dernier le prennent dans ses bras ? Le Scorpion, n'avait jamais eu droit à
cet égard et pour cause, le français détestait ces démonstrations physiques.
Pourquoi Kanon en avait-il eu la
primeur ? Surtout en public ?
Sa jalousie s’accentua lorsque
les deux hommes échangèrent un regard, puis un sourire timide.
Saga ne pu s'empêcher
d'interroger Dhoko.
"Pourquoi cette convocation
? Ont-ils fait quelque chose de mal ? Il y a autre chose de plus grave ?"
L’ex-vieux maître des cinq pics répliqua.
"Non, rassures-toi, rien de
tout cela. Athéna souhaite parler à ces deux chevaliers en priorité. En effet, Saori
doit retourner à la fondation Kido, de toute urgence. La remise en ordre du
sanctuaire l’a empêché de s’occuper correctement de la fondation. Beaucoup de
travail l’attend là-bas. Saori ne restera que quelques heures. Seiya, Hyoga,
Shiryu, Shun, Ikki sont restés au Japon, parant au plus pressé. »
Le désormais jeune Chinois se
tourna vers le jumeau de Saga.
« Quel dommage Kanon, tu
n'auras pas l'occasion de leur parler, en tout cas cette fois-ci. Il te
transmettre toute leur amitié et te souhaite un agréable séjour par mis leurs
frères d'armes. "
Le Dragon eut un sourire triste. Puis
Dhoko s'éloigna et repartit vers le palais du pope, laissant dix chevaliers et un marina à leurs interrogations.
Le chevalier de la Vierge pris la
parole
"Cette situation est de plus
en plus bizarre. D'abord Athéna quitte le sanctuaire sans prévenir, ni donner
les raisons de son départ. Et lorsqu'elle revient en fin, c'est pour repartir
encore. J’espère vraiment qu'il n'y a rien de grave."
Shaka venait de résumer les
interrogations de tous les chevaliers. Mais certains ayant connaissance d’éléments
que d'autres ignoraient, s'inquiétaient d’autant plus.
Ils essayèrent tous ensemble de
se changer les idées, mais le coeur n'y était plus. Tous attendaient avec
appréhension le retour des deux chevaliers. Et ils mirent peu d'ardeur à
s'entraîner.
Le fameux entretien semblait
s’éterniser. Le regard de Kanon restait rivé au cadran de la grande tour. Déjà
deux heures qu’ils étaient partis. Le seul moment de répit qu’il avait eu,
c’était quand il s’était battu contre Milo.
Que le Scorpion lui propose de se
battre était déjà assez étonnant, mais la véritable raison de cette demande lui
apparut soudain plus évidente, lorsque la douleur des premiers coups fut plus
vive que prévue. Milo sentait que Camus lui échappait et se vengeait sur
l’intrus qui se glissait entre eux.
Leur échange se
solda par un match nul, une arcade éclatée pour Milo et une lèvre fendue pour
Kanon. Saga s’occupa de son frère, tandis qu’Aiolos pris soin de Milo, en le
tançant vertement pour son attitude peu sportive, qu’il mit sur le compte de la
nervosité ambiante. Le Verseau lui, ne fut pas dupe. Le sourire mauvais que
lança Milo à Kanon confirma ses soupçons.
Soudain, Aldébaran se leva,
reconnaissant deux silhouettes tant attendues, qui les rejoignirent en un
éclair.
Tous voulaient savoir ce qui se
tramait et assaillaient de questions les deux arrivants. Shura les fit taire et
s’adressa à Kanon.
« Nous devons d’abord parler à
Kanon.Viens avec nous, tu dois être le premier au courant. » dit
l’espagnol d’un ton grave, entraînant le Dragon par le bras, suivit par
l’italien, tout aussi sérieux.
Kanon sentait ses jambes
trembloter et sa gorge se nouer. C’était ce qu’il craignait. Cette réunion
était en rapport avec leur liaison amoureuse et de ce qu’avait décidé Athéna,
dépendait également son avenir avec Camus.
« Je ne savais pas ton frère
si proche de ces deux lascars » souffla Aphrodite à l’oreille de Saga.
« À vrai dire, moi non
plus » répliqua le Gémeaux, perplexe.
« Alors ? C’est
grave ? C’est à propos de votre liaison… » S’inquiéta le Dragon, une
fois hors de portée de voix, après avoir tous trois verrouillé leurs auras.
Angelo eut un regard énigmatique,
indéchiffrable, identique à celui de Shura. Ce dernier pris la parole.
« Il faut que je prépare mes
affaires Kanon. Je déménage, je quitte mon temple, définitivement… » dit-il d’un ton neutre.
Le cœur de Kanon se serra dans sa
poitrine, Athéna ne pouvait pas les chasser, par parce qu’ils s’aimaient,
c’était absurde et terriblement injuste.
« … pour emménager près de
ton frère et toi » conclut il, un franc sourire aux lèvres.
« Quoi ? »
Les yeux du Dragon s’agrandirent
de surprise. Ce fut au tour du Cancer de s’exprimer.
« Athéna nous donne son
autorisation et bénis notre union, tu n’auras plus à porter notre secret,
Kanon ! » dit il en posant sa main sur l’épaule du général, souriant
de toutes ses dents.
« C’est… c’est
fantastique !!! » s’écria Kanon, avant de
sauter dans les bras du Cancer et de lui donner une franche accolade. Puis ce
fut au tour du Capricorne de subir les charmants assauts du Dragon des mers, le
tout dans les rires.
« Toutes mes
félicitations !!! » conclut ce dernier. Il
était vraiment sincère. Après toutes ces souffrances, tous méritaient un peu de
bonheur. Quel meilleur départ que de voir deux êtres se rapprocher et être
heureux. Ce couple était devenu son modèle, en quelque sorte et si eux atteignaient
le bonheur, alors, peut être, le pouvait il aussi.
« Bon, en espérant que tu
sois le suivant sur la liste ! » taquina Shura, lançant discrètement
son regard vers Camus.
« Ça pourrait être plus mal
engagé » ricana un Kanon rougissant, baissant ses yeux vers le sol.
« Tu en dis trop ou pas
assez ! Des détails !!! » dit le Cancer, levant un sourcil de curiosité.
« Ben, j’ai passé la nuit
avec Camus… et nous n’avons pas fait que discuter, si vous voyez ce que je veux
dire. ».
Les deux amants sifflèrent
d’admiration, en ébouriffant la longue crinière bleue déjà bien en désordre.
Les joues de Kanon devinrent cramoisies, il se sentait tellement penaud, mais
réussi à détourner l’attention de sa personne.
« Bon, c’est pas tout ça,
mais je crois que vous devriez leur annoncer. Où vous ne sortirez pas vivants
de ces arènes !!! Ils sont encore plus nerveux
que moi !!! » conclut
Kanon, entraînant à sa suite les deux latins en pleine extase.
Plus loin, une dizaine de
guerriers farouches en perdait leur latin, justement. Rassurés par les
effusions de joies des trois compères, ils attendaient encore leur explication,
espérant qu’elle ne tarderait pas. Les théories les plus incongrues furent
échafaudées. Aphrodite fut le seul à se rapprocher de la vérité, lorsqu’il
évoqua l’éventualité de mariages dans l’air.
Mu : « Alors, qu’est ce
que c’est que toutes ces cachotteries ? Allez vous enfin nous dire ce
qu’il se passe ? Et pourquoi Kanon en a eu l’exclusivité ? »
Shura : « Asseyez vous.
Ça vaut mieux ! Ce que nous avons à vous dire risque d’en secouer plus
d’un. »
Kanon vint s’asseoir auprès de
son frère et échangea un clin d’œil avec Camus, qui avait compris ce qui se
tramait. Les autres chevaliers s’exécutèrent sans argumenter, trop curieux pour
attendre encore.
Les deux latins se tinrent côte à
côte et Shura pris la main d’Angelo dans la sienne. Leurs doigts s’emmêlèrent
et ils échangèrent un sourire où se reflétait l’intense bonheur qu’ils
vivaient.
Angelo :
« bon, tout le monde ici, en particulier le chevalier des Poissons,
sait que nous avons chacun quelqu’un d’important dans notre vie. »
Aphrodite piqua un fard sous les
rires de ses compagnons et la claque dans le dos que lui asséna Shaka.
Shura : « important, au
point que nous avons décidé de vivre ensemble… Athéna vient de nous donner sa
bénédiction ! »
Une sourde clameur lui répondit,
mêlée de rire, de sifflements et d’applaudissements.
Aphrodite : « je le
savais !!! Il y a du mariage dans l’air !!!! Alors, c’est pour quand les présentations ? »
Les deux latins, soudain
intimidés, échangèrent un regard, rougissant légèrement. Angelo les fit taire
d’un geste.
Angelo : « inutile de
faire des présentations, vous connaissez très bien, la personne que
j’aime. »
Shura : « et vous
connaissez également celle que j’aime plus que tout au monde… »
A peine avait il finit sa phrase
que Shura attira le Cancer à lui et lui donna le plus tendre baiser qu’il fut
capable, maîtrisant au mieux ses émotions. L’italien y répondit avec plaisir,
ignorant un instant l’ange qui passait dans l’assistance. Une lueur dorée les
entoura furtivement.
Cet ange fut vite chassé par un
tonnerre d’applaudissements, de sifflets et un chahut indescriptible.
Kanon se prit une claque
retentissante sur la tête et son bourreau n’était autre que… son propre
frère !!!
« Espèce de traître !
Tu savais et tu ne m’as rien dit !!! » dit Saga, faussement outragé.
« Beu ! Ils m’ont fait
promettre de garder le secret. Et puis, je n’avais pas vraiment envie de me
mettre le Cancer ET le Capricorne à dos. Ils ne sont pas vraiment
commodes. » essaya de se justifier Kanon, en
imitant à la perfection un enfant craintif ayant fait une grosse bêtise.
Camus fut le premier à se lever
et venir féliciter les jeunes « fiancés ». Il fut rapidement imité
par les autres.
Kanon, attendri, observait la
scène de loin, toujours assis sur les gradins. Le Verseau
vint le rejoindre et s’installa à sa gauche. Il avait un étrange regard et lui
souriait.
Tout doucement, Camus se pencha
vers Kanon et ferma les yeux, en entrant en contact avec ces lèvres pulpeuses
au goût inimitable. Ils se goûtèrent un long moment avant que quelqu’un ne les
remarque.
« Nom de Zeus ! C’est
que c’est contagieux ! » s’exclama Mu en
voyant Dragon et Verseau enlacés.
Aphrodite s’adressa à Mu.
« hum,
hum, on sait pourquoi il a été le premier à être mis au courant ! »
Le seul à ne pas rire fut Milo.
Milo regagna son temple en rage.
Par correction pour les amoureux
annonçant leurs « fiançailles », il n’avait rien tenté. Mais s’il
avait été libre de ses mouvements, le Scorpion aurait écorché vif le traître
qui se disait son ami : Kanon.
Mais quel idiot !!!
Cela faisait des mois, voire des
années, qu’il laissait mariner Camus, sûr de lui et de son pouvoir sur le
Verseau. Ce dernier ne se tournerait vers aucun autre chevalier du sanctuaire.
Milo lui avait volé son cœur dès l’adolescence. Et ce cœur, il le veillait
jalousement, comme un trophée.
Quelques fois, Milo s’était dit
qu’il pourrait en profiter, et passer aux « choses sérieuses », les
caresses, les baisers et le sexe…
Mais d’une part, céder aux
avances de Camus lui ferait perdre l’avantage et d’autre part, il n’avait pas
encore tout à fait oublié leur combat fratricide pendant la bataille d’Hadès.
Une douce vengeance pour les
tourments qu’il avait enduré en voyant son ami passer au rang de l’ennemi… aux
côtés de Saga, Shura, Aphrodite et Masque de Mort !
Kanon ! quelques
jours passés au sanctuaire, et déjà, il s’interposait entre eux.
Ça ne se passerait pas comme ça. Le marina était là temporairement et Camus était à
LUI !
Une petite incartade, rien de
plus. Le Verseau n’était pas de bois après tout, qu’il se « défoule »
un peu avec le grec, pourquoi pas. Le Scorpion n’était pas sage lui non plus,
profitant de son charme auprès des servantes et des apprentis.
Mais qu’ils se montrent en
public ! grraaaa…….
Milo pulvérisa une colonne d’un
poing rageur. Le cœur de Camus lui appartenait !
Erreur tactique…
A force d’attendre, Camus en
avait eu assez. Kanon n’était pas vraiment responsable, mais tant pis, il
allait payer. Et cette fois-ci, dès que l’occasion se présenterait, Milo
montrerait à Camus qu’il était un amant hors normes.
Kanon…
Pourquoi pensait-il aussi souvent
à lui depuis qu’il était arrivé ? beaucoup plus
qu’il ne devrait… pourquoi est-ce que cela lui faisait si mal ?
Milo s’appuya sur une colonne,
haletant.
Ils étaient rares, ceux qui
avaient survécu à son courroux. Deux, seulement deux, Hyoga et Kanon. Hyoga
était très séduisant, avec ses grands yeux bleus et ses mèches blondes comme
les blés, mais encore un peu jeune pour ces jeux-là, quoi que...
Tandis que Kanon… il était…
terriblement excitant. Son corps musclé, ses cheveux en bataille, sa peau
douce. Ceux qui lui tenaient tête le rendaient fou de désir.
Le Scorpion se caressa lentement
le ventre et se maudit intérieurement.
Son ami de toujours, Camus, qu’il
aimait… enfin, qu’il croyait aimer… était-ce vraiment
de l’amour ? oui, ça en était !
Combien de nuit avait-il passé à
faire l’amour à d’autres en s’imaginant avec lui ? beaucoup
trop ! alors, pourquoi ne l’avoir jamais mis dans
son lit, LUI ?
Trop de respect, Milo avait trop
de respect pour toucher à son idole. Pas comme ça… Il aimait se l’imaginait
vierge et pur comme la neige de son pays d’entraînement. Il n’en était rien.
Bon sang ! le Scorpion et ses appétits ! Soif de sang, soif de
meurtre, soif de pouvoir et de sexe…
Camus, Hyoga, Kanon, il les
désirait tous les trois. Il les voulait tous les trois. Cependant, il n’en
n’avait que deux à disposition. L’un, qu’il se refusait à toucher, l’autre…
Milo sourit sauvagement,
continuant sa lente caresse sur son bas ventre, puis plus bas encore. S’il ne
pouvait pas séduire l’un, il séduirait l’autre…
Shura posa son sac sur le grand
lit blanc en souriant. Il sentit des mains familières se poser de part et
d'autre de son ventre. En même temps, le souffle chaud dans son cou se fit plus
présent, à mesure que le visage d’Angelo se calait plus intimement au creux de
sa gorge.
L'italien le berça un moment dans
ses bras, savourant en cette douce intimité, qu'il savait quotidienne désormais.
D'un point de vue purement
stratégique, ils avaient décidé entre autres choses et d'un commun accord,
Athéna, Sion, Shura et lui, qu'il serait plus judicieux de partager le temple
du Cancer. En cas d'attaque - totalement hypothétique en ces temps de paix
- Shura aurait toujours le temps de rejoindre son temple pour le protéger.
« J'ai l'impression de rêver… »
murmura le Cancer.
« Tout s'est passé si vite
et pourtant tout s'est passé… si bien ! Je n'ai pas l'habitude d'être aussi
comblé. Cela en est presque… effrayant ! »
Shura se libéra de l'étreinte et
fit face à l'italien. Il planta son regard de braise dans les yeux de l'homme
qui partagerait désormais son quotidien, autant dans les batailles, que dans
les instants les plus simples de la vie de tous les jours.
« J'avoue moi aussi avoir du
mal à le croire, mais pourtant, tout cela est réel. Désormais, tu n'auras plus jamais
ce lit pour toi tout seul. J'ai espère que cela ne te dérange pas ? » répondit Shura sur un ton ambigu.
Angelo passa ses mains dans le
dos du Capricorne, elle le serra contre lui. L'espagnol fit de même. Ils
échangèrent de tendres et chastes baisers, en se berçant mutuellement. Enfin ils
n'avaient plus à se cacher.
« Bon, maintenant il va
falloir que tu m'indiques où ranger toutes ces affaires ! » plaisanta
l’espagnol en désignant le sac derrière lui.
« Je vais te faire de la
place dans mon armoire, entre autres ! » répliqua le Cancer, avec un air
entendu.
Effectivement, le italien se
retourna, ouvrit son armoire et commença à ranger la penderie. Shura s'assura qu’Angelo
ne le regardait pas et fouilla silencieusement dans son sac. Ils en sorti un
petit écrin bleu, en velours et le cacha rapidement dans son dos, lorsque le Cancer
lui fit de nouveau face. Ce dernier fronça les sourcils et lança un regard
interrogateur à l'espagnol.
Shura fit un signe de tête en en
désignant le lit.
"Assieds-toi une minute !
"
L’italien s'exécuta, piqué par la
curiosité. L'espagnol prit soin de dissimuler la boîte dans son dos et attendit
un instant avant de s'agenouiller devant à Angelo.
"Ferme les yeux et tend tes
mains !"
Là encore, la docilité du Cancer
fut surprenante. Il s'exécuta sans poser des questions.
Shura observa un moment le doux
visage de l'être aimé. L'assassin étaient définitivement mort, seul subsistait
un homme charmant et attentionné, qu'aurait pu être Angelo bien avant cela, si
la vie et les circonstances lui en avaient laissé l’occasion.
Shura posa délicatement l'écrin
sur la peau de bronze.
Surpris par ce contact duveteux,
Angelo ouvrit précipitamment les yeux. Il resta un instant interdit, avant de
sourire franchement. C'était à son tour de recevoir un cadeau. Il ouvrit de ses
doigts fébriles la petite boîte et y découvrit deux anneaux dorés, identiques l'un
à l'autre.
Des alliances…
"J’attendais le bon moment
pour te l’offrir, je crois que c’est maintenant ou jamais !"
Shura saisit un anneau, le passa
à l'annulaire de la main gauche du Cancer, ne quittant pas du regard les deux
saphirs qui l'observaient.
Angelo prit délicatement
l'alliance restante et imita l'espagnol. Ils restèrent un long moment à
s'observer, joignant leurs deux mains gauches, sans prononcer un seul mot, il
n'en avait pas besoin pour se comprendre. Plus rien ne se mettrait entre eux,
jamais…
Les jours suivants passèrent
comme dans un rêve. Kanon partageait son temps entre son frère, ses nouveaux
amis, Shura et Angelo et Camus. Le Dragon espérait que la présence des deux
amants au cosmos unique ferait du bien au français. Son intuition était juste.
Le Verseau s’était montré
réticent au départ, il ne souhaitait pas suivre les deux amants et tenta de
convaincre Kanon de les laisser en paix, préférant rester en tête à tête avec
le grec. Il était plutôt sauvage et ne voulait pas déranger le couple. Mais
devant l’insistance du Dragon et des deux latins, il avait cédé de bonne grâce.
Si au départ, Camus restait
silencieux ou avait l’air absent, son voisin de temple, aidé du Dragon, avait
finit par le dérider. De plus, il se découvrait des goûts communs avec le
Cancer, chose qu’il pensait impossible ! Le français fut grandement
surpris de la culture littéraire de l’italien, qui déclamait Shakespeare comme
personne.
« Qu’est ce que tu croyais
Camus ? Satan aussi sait apprécier les belles choses !!! » ironisa le Cancer devant
le regard ahuri du Verseau. Ce dernier ne pu réprimer un fou rire devant les
mimiques grotesques de l’italien, se parodiant lui-même, lors de sa grande
époque « Masque de Mort ».
Une solide amitié s’établit entre
les quatre hommes. Toutefois, Kanon semblait plus proche de Shura et Angelo se
rapprocha naturellement de Camus.
L’état mental de ce dernier
s’améliorait de manière significative. Saga, mis au courant par son frère,
scrutait régulièrement l’aura du français, à la manière d’une consultation
quotidienne chez un spécialiste, ou plutôt, chez plusieurs spécialistes.
En effet, un peu trop de monde
était au courant de ses problèmes, à son goût : Kanon, grâce à lui, Saga,
mis au courant par son frère, Angelo et Shura, car leur nouveau cosmos
élargissait le champ de leur conscience. Il se sentait parfois comme un animal
de laboratoire devant quelques savants fous, observant ses réactions, mais la
chaleur de leur amitié tempérait son malaise.
Camus songeait de moins en moins
à Milo. Jusqu’au jour où…
Kanon avait donné rendez-vous à
Camus sur la plage, en fin d’après midi. Ils aimaient se retrouver au calme et
discuter des heures de choses et d’autres devant les vagues venant mourir à
leurs pieds. Ils se quittaient tard dans la nuit et s’étaient même endormis
quelques fois, dans les bras l’un de l’autre.
Parfois, il faisait l’amour, mais
Kanon tempérait ses ardeurs, ne voulant pas brusquer un Camus fragilisé. Faire
l’amour avec le Verseau était merveilleux, mais le français comptait plus que
tout pour lui. Alors, il faisait taire son désir, qui pourtant, lui torturait
les entrailles.
Kanon senti une présence dans son
dos et se retourna vivement.
« Et bien ! J’ai failli
att… »
Il ne termina pas sa phrase. Milo
se tenait devant lui, un sourire étrange plaqué aux lèvres.
Le Scorpion cherchait Kanon depuis
l’annonce de la liaison des deux latins, et pour le général, il n’y avait
qu’une explication possible. Le Dragon braconnait sur ses terres et malgré
l’amitié qui les avait liés par le passé, le torchon brûlait entre les deux combattants.
Camus était l’enjeu du combat.
« Désolé, je ne suis pas
celui que tu attendais, mon gentil Kanon ! » ricana le Scorpion, dont
le regard devenait de plus en plus bizarre.
« Qu’est ce que tu veux,
encore ? » répliqua le Dragon, contrarié.
« Que tu arrêtes de lui
tourner autour comme tu le fais. Ce n’est pas un jouet pour toi. Il n’a pas
besoin de toi, il m’a. »
« Lui, ce, il. Je te signale
qu’il a un nom : Camus. Ce n’est pas ta propriété que je
sache ! »
Milo se rapprocha encore, la voix
étrangement mielleuse.
« Justement si, Camus
est ma propriété. Il est mon ami et bientôt, il sera mon amant, dès que
tu auras regagné le sanctuaire marin. Mais en attendant, rien ne nous empêche
de faire… plus ample connaissance.»
Tout en parlant, Milo s’était
emparé d’une mèche de Kanon, et la faisait jouer dans ses doigts avec un
sourire séducteur. Le Scorpion lui faisait du rentre dedans ! Voilà bien
une chose à laquelle Kanon ne s’attendait pas !
Déstabilisé par cette découverte,
le Dragon n’anticipa en rien les actions de Milo. Ce dernier s’était jeté sur
lui, et l’embrassait fougueusement, cherchant à pénétrer son intimité buccale.
Il s’arrêta brusquement, lorsque
Kanon le mordit. Un petit filet de sang s’écoula de sa lèvre ouverte.
« Hum, sauvage avec
ça ! J’aime… » lui lança le Scorpion, ses
yeux virant dangereusement vers le rouge…
« Milo, mais tu es
complètement malade ! Qu’est ce qui te fait croire que j’ai envie… que
j’ai envie… de toi ! »
« Je ne vois pas pourquoi
Camus serait le seul chevalier à profiter de tes charmes, mon mignon !
Nous n’avons pas toujours été très proche, c’est vrai, mais il n’est jamais
trop tard pour bien faire… le Verseau et moi, on partage tant de chose,
pourquoi pas toi ?»
Le Scorpion tenta de caresser la
joue de Kanon, qui détourna le visage sèchement.
« Arrêtes ça tout de
suite ! »
« J’arrêterais quand je le
voudrai, Kanon ! Je suis le seul qui compte pour Camus, tu n’es, pour lui,
qu’un charmant passe temps… »
Milo détailla Kanon des pieds à
la tête.
« … un joli jouet, qu’il me
prêtera de bon cœur, j’en suis certain. Ne fait pas l’enfant, un moment de
plaisir ne t’as jamais rebuté par le passé. Alors, arrêtes de jouer les vierges
effarouchées, et vient ici, que je te montre combien je te désire… »
Une voix s’éleva dans le dos du Scorpion.
« Excuse-moi de
t’interrompre dans ta mythomanie, mais, je pense avoir mon mot à dire
là-dessus ? Tu ne crois pas Milo ? »
Le maître du 8eme temple blêmit
en reconnaissant la voix du Verseau. Ce dernier observait la scène de loin, et
n’avait rien perdu de la conversation. Réflexes d’espion…
Kanon tenta de s’interposer.
« Camus…. »
Le français lui coupa net la
parole.
« Kanon, reste en dehors de
tout ça, tu veux, c’est MON problème ».
Puis il se retourna vers le Scorpion.
« Alors, comme ça, on va
devenir amants ? » continua le français, en toisant Milo et croisant
les bras.
Le ton était neutre et Camus ne
lui fit même pas l’honneur de le mépriser du regard. Il le regardait comme on
regarde un étranger.
« Juste au cas ou tu ne
l’aurais pas remarquer, j’en ai déjà un, c’est Kanon. »
Le Scorpion eut un tressaillement
nerveux.
« Tu t’amuses avec qui tu
veux, mon chéri, mais c’est à moi que tu appartiens ! Tu m’aimes, tu le
sais ! ».
Milo fanfaronnait, mais se
sentait terriblement en position de faiblesse. Que Camus se donne à Kanon le
rendait malade. Et que Kanon se refuse à lui, encore plus…
« Je t’ai aimé et je t’aime
encore, c’est vrai, mais comme un ami. Et je suis peiné de voir ton attitude te
faire prendre un aussi mauvais chemin. Domine un peu tes hormones ! Tu
prétends être présent pour moi et être mon ami ? »
Milo abandonna son attitude
grossière.
« Je ne le prétends pas,
j’espère l’être… encore… »
« Tu le seras de nouveau,
lorsque tu admettras que j’ai quelqu’un d’autre dans ma vie. Et que tu
laisseras Kanon en paix. Sois heureux pour moi, pour nous, c’est tout… »
Etrange pouvoir qu’avait le Verseau
sur lui. Il ne pouvait rien lui refuser. Camus n’abusait pas de ce privilège.
Mais là, les choses étaient différentes.
Pourquoi mettre tant
d’acharnement à s’interposer au bien-être de Camus ? Après tout, le Verseau
aussi méritait sa part de bonheur. En repensant à toutes ces années passées côte
à côte, Milo avait eu cent fois, mille fois l’occasion de faire sien le Verseau.
Il n’était jamais passé à l’acte, savourant le pouvoir qu’il avait sur Camus,
étrange amour que cela !
Le Scorpion se sentit coupable,
toutes ces années passées à jouer ce jeu cruel, Milo devait se les faire
pardonner.
« C’est sérieux alors, vous
deux ? » questionna le Scorpion.
« … »
Les deux amants échangèrent un
regard. Milo l’interpréta comme un « oui » et secoua la tête.
« J’espère que vous me
pardonnerez un jour ma bêtise… »
Et sans demander son reste, le Scorpion
s’éloigna rapidement, la tête basse.
Lorsque Milo eut disparu à
l’horizon, Kanon essaya de prendre Camus dans ses bras. Ce dernier s’esquiva et
lui tourna le dos.
« Laisse-moi seul, va-t-en… ».
Kanon ravala ses larmes. Il
n’était pas intervenu, pour respecter le souhait du français. Il regrettait
amèrement sa passivité. Meurtri, il s’éloigna à son tour, sans un mot.
Camus resta un moment sur la
plage, à fixer l’horizon et lorsque le dernier rayon de soleil s’éteignit, il
regagna son temple.
Milo rejoignit rapidement son
temple, puis sa chambre, étrangement serein. Cette altercation avec le Dragon
et le Verseau lui avait ouvert les yeux. Il éprouvait une grande amitié pour
les deux, et se sentait exclu, abandonné, du fait de leur nouvelle relation.
Il était également jaloux de
Shura et d’Angelo. Ces deux là s’aimaient pour de bon, et rayonnaient de
félicité. Non content de lui cracher leur bonheur au visage, ils lui volaient
également ses amis. D’amour, il en était question, mais ce n’était pas celui
que l’on porte à une seule et unique personne, à celle qui hante vos nuits et
illumine vos jours.
Kanon avait raison, Milo était
vraiment malade ! Malade de jalousie. A cette idée, le Scorpion sourit, se
moquant de lui-même. Il porta les mains à son visage, et les fit glisser vers
ses cheveux, qu’il renvoya en arrière, dans un geste de contrariété. Un homme
possessif, tant en amour qu’en amitié, voilà ce qu’il était.
Idiot !
Son attitude imbécile venait de
le séparer encore plus de ses amis. Mais d’un autre côté, au moins, son esprit
était plus clair. A part sur un point, ou plutôt un homme, car décemment, on ne
pouvait plus le traiter comme un enfant : Hyoga. Milo se sentait mal
depuis le départ des chevaliers divin et d’Athéna.
Ce qu’il avait pris pour de
l’amour pour Camus, n’était en fait qu’un désir inopportun, et mal géré,
ou était venu se greffer un orgueil démesuré, né des tendres sentiments du Verseau
envers lui. Qu’il était grisant de détenir le cœur du puissant Saint de Glace
entre ses mains, quel pouvoir enivrant ! Et quelle gloire ! Posséder
une chose aussi rare, qui était même sensée ne pas exister !
Pour Kanon, les choses étaient
nettement plus claires. Désir physique, brutal, point.
Mais Hyoga ? Qu’éprouvait
réellement Milo pour Hyoga ?
Dès le retour de ce dernier, il
s’empresserait de trouver la réponse, auprès du jeune russe, au regard si doux,
et pourtant si déterminé. Athéna, qu’il revienne vite !
En attendant, beaucoup de travail
l’attendait. Il devrait payer pour son attitude innommable envers Camus, et
celle particulièrement obscène envers Kanon. Envers ses amis… ses frères…
Cette nuit-là et celles qui
suivirent, le Verseau ne dormit pas beaucoup. Il s’isola dans son temple
pendant plusieurs jours, refusant la visite de quiconque, même du Cancer. Camus
avait besoin de calme pour faire le point.
Cette discussion sonnait le glas
d’une hypothétique relation amoureuse avec le Scorpion.
Ce n’était pas tant le fait de ne
jamais avoir Milo auprès de lui qui l’attristait, mais surtout l’attitude
mesquine de celui-ci.
« Camus est ma
propriété ».
« Alors, je ne suis
qu’une chose, qu’un objet, pour toi. Un bibelot, un jouet, qu’on prend et qu’on
jette au grès de ses humeurs » pensa t il, amer…
Cette dispute fit remonter à la
surface tout un tas de souvenirs, plus ou moins récents. Souvenirs qui mirent
en compétition le Scorpion et le Dragon. Kanon en sorti vainqueur.
En l’espace de quelques jours,
Kanon l’avait tellement entouré, qu’il ne s’imaginait plus vivre sans cette
présence tendre et fidèle à ses cotés. Il aimait encore Milo, mais son
comportement des jours derniers était si puéril et mesquin. Le jeune grec se
comportait comme un enfant gâté à qui l’on avait pris son jouet préféré.
Le français ne voulait être le
jouet préféré de personne, il voulait qu’on l’aime, lui ce qu’il était et pas
seulement qu’on apprécie sa plastique, ou ce qu’il représentait.
L’acharnement de Milo - désormais
jugulé - à vouloir le posséder était irrationnel. Leur amitié, sans faille
jusqu’à présent, s’était détériorée, car ce dernier se comportait de manière
ambiguë depuis que… juste après sa mort, lors de la bataille du sanctuaire,
juste après son combat contre Hyoga…
Camus se redressa sur son lit
sous l’effet de la surprise. Milo se trompait de saint de glace !!! Il cherchait à posséder le maître, alors que c’était le
disciple qu’il voulait réellement !
Le Scorpion s’interdisait de
penser à Hyoga, pour une raison qu’il ignorait encore et avait fait un
transfert sur lui, Camus, la personne qui lui ressemblait le plus dans son
entourage, son maître, son père spirituel…
Le français se moqua de lui-même.
Il lui avait fallut tout ce temps pour comprendre ce cher Milo !!! et le plaindre…
Camus regarda par la fenêtre de
sa chambre et ses pensées s’envolèrent vers… Kanon…
Milo ne serait désormais plus que
son ami.
Kanon, gémissant, se cambrait violemment
sous les caresses de Camus. Ce dernier l’avait entraîné directement dans sa
chambre après leur petite soirée en ville avec son frère et les amants du quatrième
temple.
Le Dragon se sentait coupable depuis
la dispute entre Milo et Camus. Coupable d’avoir éloigné le Scorpion du Verseau
à jamais. Le français devait en souffrir énormément. Coupable de ne pas avoir
su repousser le séduisant Milo.
Kanon souffrait, car la situation
lui rappelait cruellement que Camus ne lui appartenait pas, ni son corps, ni
son cœur, ni son âme. Le Dragon était le seul à blâmer, s’étant mis tout seul dans
cette situation. Dieux, qu’aimer était douloureux.
Comme pour le punir, Camus
l’avait fuit pendant plusieurs jours. Jusqu’à aujourd’hui, où le français avait
organisé cette soirée. Une première. Et une formidable réussite. Le Verseau
était transfiguré, comme si les évènements récents n’avaient jamais eu lieu.
Kanon gronda de plaisir lorsque
Camus vint en lui. Son prince des neiges était particulièrement torride ce
soir, encore plus que lors de leur première nuit. Il avait l’impression que son
âme elle-même allait lui échapper, qu’il allait mourir de plaisir d’un instant
à l’autre, sous les coups de reins puissants du Verseau. Ce dernier semblait
lui aussi en proie à des sensations intenses, sa gorge laissant échapper de
longues plaintes rauques.
Un sourd bourdonnement envahi ses
oreilles, comme le bruits des vagues au loin. Kanon ouvrit les yeux, la chambre
était totalement illuminée, comme en plein jour.
Camus le regardait, aussi étonné
que lui, mais il n’arrêta pas ses mouvements, cela lui était désormais
impossible.
Le plaisir les faucha au même
instant. La chambre sembla s’embraser et les vagues calmes qu’il semblait
entendre tout à l’heure se muèrent en puissantes déferlantes.
A cet instant, Kanon eut une
vision confuse, comme un série d’images passant devant ses yeux à une vitesse
incroyable. La sensation était terriblement grisante…
La neige frôlant sa peau, le vent
dans ses cheveux, la glace mordant sa chair…
Des combats… des bruits sourds…
des mots… Hyoga ensanglanté… Milo… son propre visage…
Toutes ces images furent
accompagnées de sensations diverses, physiques et émotionnelles, comme si Kanon
s’était trouvé à tout ces endroits l’instant d’avant, comme s’il vivait chacun
de ces moments, le tout à une vitesse vertigineuse. Camus… il revivait la vie
de Camus…
La tête lui tourna pendant
quelques secondes. Camus vivait la même chose, il le savait, comment, il
l’ignorait encore. Ce dernier parti d’un grand éclat de rire et répondit à la
muette interrogation de son amant.
« L’harmonie, l’équilibre,
l’accord parfait des cosmos, rayonnant d’une seule énergie, pleine et
unique… »
Le rire de Camus résonna dans la
pièce quelques instants, avant que Kanon ne prenne la parole à son tour.
« Nous l’avons fait, nous
aussi… nous ne faisons plus qu’un dans les étoiles… » constata
le Dragon, soudain en proie à une sérénité intense. Shura et Angelo savaient ce
qui allait se passer. Ils le savaient depuis le départ…
Les deux amants sentirent
furtivement la présence du Capricorne et du Cancer à leur coté, alertés par ce
nouveau rayonnement, similaire au leur. Leurs auras communièrent un instant,
avant de repartir, laissant le Dragon et le Verseau à leur nouvelle intimité.
« Dois-je te le dire
Kanon ? Puisque désormais tu es moi et je suis toi…»
Camus pencha la tête sur le coté,
d’une manière totalement irrésistible aux yeux du Dragon.
« Je le sais déjà, mais
j’aimerais l’entendre de ta propre bouche… »
Kanon passa lentement sa main
dans les cheveux de son amour, puis sur son visage, que Camus plaça au creux de
sa main, en arborant un délicieux sourire.
« Kanon, je t’aime… » murmura le Verseau, avant de l’embrasser.
FIN, Février 2004.
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