Le Projet | By : Katoru87 Category: French > Anime Views: 1681 -:- Recommendations : 0 -:- Currently Reading : 0 |
Disclaimer: I do not own the anime/manga that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story. |
Auteur:
Katoru87
Rating:
M
Disclaimers:
Je n'ai possédé tout au long de cette fic aucun des
personnages de la série originale et, à la fin de ce
chapitre, je les rendrai à leurs propriétaires
légitimes. Les autres personnages sont ma propriété
et sans demande écrite, je ne les prête pas.
Le projet
NC-17
Épilogue
POV
Wufei:
La
guerre est finie.
La
bataille finale s'est passée dans l'espace. Elle a marqué
la fin du conflit, la fin de Treize et la fin de ma vie. Je m'étais
juré de ne pas continuer à vivre sans Quatre et je suis
quelqu'un de parole.
J'ai
détruit Shenlong, enterrant à jamais mon passé
de guerrier, cette part de moi dont je suis le moins fier et qui
pourtant, m'a permis de vivre certains des plus beaux moments de ma
vie.
Je
n'ai plus de famille, je n'ai plus d'amant. Je ne suis ni totalement
soldat, ni vraiment un intellectuel. On m'a appris à ne jamais
faire de demi-mesure et je m'accroche à cette éducation
stricte qu'on m'a donné il y a longtemps, car au final, c'est
tout ce qu'il me reste. Et c'est la raison pour laquelle je suis
rentré chez moi, en Chine. Le berceau du clan du dragon.
Il
y a trois mille ans, mon clan est né à l'ouest de
l'ancien empire de Chine, dans un petit village près du Tibet,
et mon ancêtre est venu à Pékin pour se faire
connaître et gagner grâce à sa bravoure ses titres
de noblesse. Aujourd'hui, je boucle la boucle.
Je
suis le dernier de ma famille et mon clan mourra avec moi à
l'endroit même de sa naissance. Toute cette symbolique me
rassure quelque part. Elle me donne l'impression d'honorer une ultime
fois la mémoire de mes ancêtres, de me faire pardonner
de ne pas posséder leur force, même si, au bout du
compte, je ne fais que « magnifier » un
suicide.
Mon
suicide.
Je
fais une dernière prière et je quitte le temple où
je me trouve. Je ne sais même pas à quoi il ressemble,
je n'ai pas fait attention. De toute façon je m'en fous. La
gloire de la Chine est derrière elle et elle a beau
s'accrocher aux vestiges de son âge d'or, elle n'est plus que
l'ombre d'elle même. La Chine me fait l'effet d'être une
vieille courtisane aux vêtements mités, aux bijoux
ternis, aux yeux voilés par la fumée du charbon qui
brûle sans discontinuer dans les usines d'électricité.
En fait, nous nous ressemblons elle et moi. Sauf que moi, j'ai admis
ma défaite.
Je
suis arrivé hier soir à Pékin, laissant derrière
moi un passé douloureux et des souvenirs tristes que j'ai
décidé de ne pas emporter avec moi. Je conserve le
reste. J'ai passé la nuit dans un hôtel quelque part
dans le centre ville et je suis venu prier. Une voiture que j'ai loué
– et que je ne rendrai jamais, mais ça je suis le seul à
le savoir – m'attend dans la rue bondée de monde. Dans
le coffre, il n'y a qu'un petit sac dans lequel j'ai rangé le
peu que je possède et tout l'argent qu'il me reste.
Sur
le tableau de bord, une carte avec mon itinéraire. C'est un
long périple qui m'attend mais j'ai préparé mon
ultime voyage. Mes étapes sont prévues et j'ai trouvé
où me loger à peu près partout. Au pire, je
dormirai à la belle étoile. Je ne risque pas grand
chose dans les forêts de bambou.
Je
démarre et prend la direction de Taï-Yuan, ma première
étape; à une journée de voiture.
Le
moteur ronronne.
C'est
le début de ma fin.
o0O0o
Il
va me falloir une bonne semaine pour arriver, la fin du voyage je
devrai la faire à pieds. Mon ancêtre, lui, a traversé
la Chine à cheval, parcourant en plusieurs mois les deux mille
cinq cent kilomètres qui m'attendent.
Je
roule vite, le paysage défile, flou, tellement que j'ai
l'impression d'avancer dans un décors de dessin animé.
Je crois que je suis entouré par des arbres mais je m'en
fiche.
Je
roule toute la journée, sans pause. Je traverse des villages
et de petites villes, mais je ne m'intérésse qu'à
celles où je dois m'arrêter pour faire le plein. Les
voitures électriques ne sont peut-être pas polluantes,
mais des siècles de technologie n'ont pas amélioré
la qualité des batteries. Ces saletés de piles se
déchargent à une vitesse...
Il
est tard quand j'arrive enfin. Des embouteillages m'ont retardé.
Tant pis, j'ai tout mon temps désormais. À l'hôtel,
je prends ma clé à la réception et je monte
m'enfermer dans ma chambre. Je n'ai pas mangé de la journée
et je ne compte pas le faire. De toute façon, je n'ai pas
faim. Je n'ai pas sommeil non plus, mais je me force à
m'allonger sur le lit double. La couette est épaisse et je
m'enfonce dedans avec un soupir satisfait.. Taï-Yuan est une
petite ville industrielle sans grand intérêt. De toute
façon, je ne suis pas là pour jouer les touristes.
Allongé
dans ma chambre, je regarde le soleil se coucher. Les images de la
bataille finale me reviennent. Je ne me souviens pas de beaucoup de
chose, tout ce dont je me rappelle, c'est de Treize. Nous nous sommes
battu l'un contre l'autre, j'ai donné le meilleur de moi-même.
Je voulais le battre mais pas qu'il meure. Alors que nous étions
au corps à corps, je voyais son visage sur mon écran de
communication. Il ne parlait pas, moi non plus. Nous avions été
amants, nous étions de nouveau des ennemis. Mais dans ses
yeux, je voyais qu'il ne voulait pas me faire de mal et cela m'a mis
tellement en rage que j'ai redoublé de violence dans mes coups
et lui, il les évitait sans mal. Il était triste. Je
pense qu'il venait de comprendre que nous ne pourrions pas être
ensemble, en guerre ou pas.
Il
tentait de me maîtriser quand s'est arrivé. Un tir, dont
j'ignore la provenance, est arrivé sur moi et il s'est
interposé pour me protéger.
Il
est mort pour moi.
Il
est mort en me disant qu'il m'aimait.
Un
« je t'aime » ultime, crié dans la
chaleur infernal des flammes.
Et
j'ai pleuré, car l'espace d'un instant je l'avais vraiment
aimé et pour une petite partie de mon coeur ce n'est toujours
pas du passé, malgrés tous les efforts que j'ai fait
pour la détruire. J'ai arrêté de me battre contre
elle. De toute façon, ça ne change plus rien.
Treize
est mort.
Dans
les restes de son mobile, quand l'espace est redevenu silencieux et
que les armes ont été rangé, j'ai retrouvé
sa chevalière. Une bague épaisse en argent, orcée
d'une pierre de lune laiteuse.
Je
la porte autour du cou.
C'est
idiot, ce besoin que j'avais de garder avec moi un petit bout de lui,
mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Il m'a aimé. Il m'a
même vénéré pendant quelques jours. Et il
m'a sauvé.... pour rien. Son sacrifice était vain mais
je ne m'en rends compte que maintenant que je suis sur le point de le
rejoindre.
Et
alors que la nuit tombe sur la Chine, je sens ses mains courir sur
mon corps. Le goût de sa peau me revient, aussi clair que s'il
était avec moi et je me revois, les reins arqué sous le
plaisir de son corps dans le mien. Ses baisers et ses caresses, je me
souviens de tout.
Il
aimait se promener nu dans la chambre, car je finissais toujours par
lui sauter dessus. Il était tellement beau, tellement bandant
que ma bonne éducation fichait le camp à chaque fois et
laissait le relais au cerveau que les hommes ont sous la ceinture. Il
m'a fait penser moins à Quatre l'espace de quelques jours.
Si
tout avait été différent, je ne l'aurais pas
quitté.
Du
moins, je pense.
On
ne le saura jamais.
Les
bruits de la ville se font de plus en plus faibles et distants.
Allongé sur mon lit dans une minuscule chambre impersonnelle,
je m'endors en pensant à mon trajet du lendemain.
o0O0o
Je
me réveille, le soleil est encore couché. Je me lève,
je réveille le mec de la réception et je pars. Je n'ai
pas envie de m'éterniser dans ce bled.
Je
vais encore passer quelques jours au volant de ma jeep, ensuite je
devrai continuer à moto et finir à pied. Les montagnes
chinoises ne sont pas praticables, en fait, elles sont très
préservées et sont la fierté du pays.
Au
vingt-et-unième siècle, pour sauver les pandas, le
gouvernement a grandement aidé les villages traditionels à
se maintenir. Du coup, dans les hauteurs, on ne trouve ni route, ni
électricité, ni rien de moderne. C'est un retour dans
le temps, un retour au source, ce qui est exactement le but de mon
voyage. Je reposerai à jamais à l'endroit où
l'histoire de ma famille a commencé.
La
circulation est fluide et je m'engage très vite sur
l'autoroute qui mène à Si-Ngar, ma prochaine étape.
Je n'ai pas trouvé d'hôtel là-bas, pour la simple
raison que la ville a été en grande partie détruite
pendant la guerre – je me souviens du combat qu'il y a eut
là-bas. Moi et mes anciens compagnons avons fait la majorité
des dégâts – et bien sûr, les hôtels
ne sont pas la première chose que l'on reconstruit. Je
dormirai dans ma voiture. De toute façon j'ai l'habitude.
La
journée se passe et au fur et à mesure que la ville
s'approche je croise de plus en plus de camions. Ils transportent des
poutres en acier, de la terre, des matières premières
ou encore de la nourriture.
Il
commence à faire nuit et j'aperçois la ville. Je me
gare sous le couvert des arbres et m'installe sur la banquette
arrière. Un objet tombe de mon sac: c'est la photo de groupe
que Sally a fait à la fin de la guerre. Duo enlace Heero comme
s'il avait peur de le perdre et Trowa sourit en essayant de calmer
les mains baladeuses d'un Shinigami hors-cadre. Quatre et moi sommes
de chaque côté des deux couples.
Quatre.
Je
n'ai jamais compris pourquoi je suis tombé amoureux de lui. Je
n'ai jamais compris pourquoi c'est lui que j'ai choisi alors que je
n'avais aucune chance de me faire aimer de lui.
Pourquoi
m'a -t-il fait croire que je comptais pour lui, je ne le sais pas non
plus. Il y a trois jours, il m'a fait l'amour comme un affamé
et nous nous sommes endormis. Je me voyais déjà vivre
avec lui mais j'avais oublié qu'il aimait quelqu'un et que ce
quelqu'un n'était pas moi. Nabil l'attendait sur Terre. Il m'a
accordé cette dernière nuit et m'a quitté, sans
un mot et je suppose, sans un regard. Quand je me suis réveillé,
la place à côté de moi était vide et il
n'était nulle part dans la maison où nous avions trouvé
refuge.
Il
était parti.
Tout
simplement.
Si
l'amour était une question de logique, j'aurais aimé
Treize et peut-être qu'il ne serait pas mort. Peut-être
que je ne serai pas en train de faire mon dernier voyage, mais de
m'envoyer en l'air comme un sauvage dans une immense chambre du
manoir Kushrénada.
J'aurais
aimé.
Au
lieu de ça, je rêve d'un homme qui ne veut pas de moi,
je rêve de seulement pouvoir dormir dans une chambre d'une
villa Winner, même seul. Tout pour l'avoir près de moi.
Il est beau, il est fier le dernier héritier d'un clan qui fut
autrefois l'un des plus puissant et respecté du pays. C'est à
pleurer.
Au-dessus
de ma tête, il y a une partie du toit qui est transparente et
me permet de regarder le ciel noir et constellé d'étoiles.
Machinalement je repère la grande ours mais mes yeux dérives
vers le nord, vers une étoiles peu brillante, presque
invisible, L4, où celui que j'aime est peut-être en
train de baiser avec un autre homme. Et au sud, dans un petit bout de
ciel noir, j'observe l'absence de mon étoile, L5 qui n'existe
plus. Il m'arrive de me demander ce qu'ont pensé les anciens
au moment de mourir, au moment d'appuyer sur le bouton rouge qui
allait faire tomber le rideau sur leur histoire. Ont-ils priés
les ancêtres? Ont-ils priés pour eux?
Ont-ils
eut peur?
Comment
peut-on accepter de mourir volontairement dans l'explosion de sa
propre « planète »? C'est parce-que je
ne le sais pas que je ne suis pas digne de prendre la tête d'un
clan qui n'existe plus pour tenter de le faire revivre. Mon
grand-père aurait répondu « pour
l'honneur », mon père m'aurait tiré les
oreilles en disant « pour l'honneur » et moi,
malgré toute ma fierté je suis incapable de dire une
chose pareil. Il faut croire que l'honneur est une qualité qui
se perd.
Le
ciel commence à se couvrir de lourds nuages que la nuit rend
noirs et menaçants, comme s'ils étaient sur le point de
tomber sur les habitants de cette région pour les étouffer
sous leur masse cotonneuse. Il ne manquerait plus qu'une inondation
de la rivière Veï-Ho et je pense que tous ces gens qui se
battent pour reconstruire leur ville laisseront tomber pour rallier
Pékin ou d'autres cités.
o0O0o
Il
m'a fallu deux jours au lieu d'un pour atteindre Tcheng-Tou, la
troisième étape de mon voyage. Comme je le pensais, les
nuages que j'avais observé ont amené des pluies
torrentielles qui ont tout nettoyé sur leur passage. Les
routes étaient bloqués et les lignes électriques
ne marchaient plus. Pendant quelques heures, ça a été
le chaos complet et j'ai eu du mal à ne pas en faire les
frais: un bon gros flingue dissuade la plupart des gens de vous voler
votre bagnole.
Mon
périple en voiture s'est terminé dans cette ville où
j'ai eu tant de mal à arriver et j'ai remplacé ma jeep
par une moto. Mes étapes sont plus rapprochés à
partir de maintenant, elles le seront particulièrement quand
je devrai crapahuter dans les montagnes à pieds.
Pour
l'instant, je suis en route pour Kang-Ting où un vieil ami
m'attend. Il ignore totalement la raison de ma visite et je ne compte
pas lui révéler, je profite juste de sa maison pour une
nuit. Le vieux Li et sa femme étaient deux serviteurs de ma
mère qui ont pris leur retraire à la mort de cette
dernière. Ils étaient là quand j'ai décidé
de venir au monde, ce sont eux qui ont conduit ma mère chez
une guérisseuse de village où elle a pu accoucher.
Meiran avait raison, j'étais déjà un emmerdeur à
cette époque.
Ceci
dit, c'est un domaine où je n'arrive pas à la cheville
de Duo. Quand je pense que Yuy, que je croyais sérieux et
imperturbable, est tombé amoureux de lui, j'en tombe des nus.
Et pourtant, quand on les regarde se papouiller et se tripoter, si on
y arrive sans détourner les yeux ni se sentir gêné
(faut dire qu'ils sont très peu discret) on se dit qu'ils sont
fait l'un pour l'autre.
Étrange.
Le
peu que j'ai vécu a été rempli de surprises.
Je
ne sais pas où ils sont les deux-là. À mon avis
personne ne le sait. Après la mort de J – ce vieux
malade s'est taillé les veines dans sa cellule – Yuy est
allé chercher Oscar chez Sally. Ce gosse est un amour, il nous
a tous sauté au cou, même moi j'ai eu droit à un
énorme bisou baveux. Avec ses petites oreilles il est
tellement trognon que c'est impossible de lui en vouloir. C'est mon
image qui en a pris un coup!
Tant
pis.
Duo
et lui l'ont adopté officiellement et sont partis vivre en
famille quelque part. Comme je l'ai déjà dit, j'ignore
où. Je pense qu'ils veulent tracer un trait sur leur passé
et vivre leur éternité loin des hommes et de la guerre.
Je pense qu'ils veulent offrir à Oscar l'enfance qu'ils n'ont
pas eu et que le gamin a failli ne pas vivre. Je ne m'en fais pas
pour lui, il sera heureux avec ses deux papas et son « tonton
Asi ».
Et
oui, Asahi est parti avec eux. Nous pensions tous qu'il mettrait le
grapin sur Zechs Merquise, nous espérions qu'il réussirait,
mais personne n'avait prévu que le blond mourrait dans
l'explosion de son vaisseau. Il n'a montré aucun chagrin mais
nous savons tous qu'il est brisé. Merquise a été
la perte en trop, la goutte d'eau. Il s'est refermé sur
lui-même, reprenant le rôle et le masque de joker de Duo.
Il est doué dans ce rôle, mais j'espère qu'il
n'aura pas à le garder trop longtemps. C'est un jeu
douloureux.
Peut-être
que la bouille et la chaleur d'Oscar aideront à le guérir.
C'est
peut-être un peu en partie à cause de lui que Duo et
Heero sont partis vivre loin de nous, loin de tout. Sans doute
voulaient-ils lui offrir à lui aussi un nouveau cadre de vie,
éloigné de la violence et de la souffrance dans
lesquelles ont l'a élevé. J a vraiment fait des dégâts.
La
petite ville de province où j'arrive est plutôt
agréable. Les maisons sont construites dans un style
traditionnel qui fait du bien à voir, c'est la preuve que
j'approche de la zone protégée du pays. Ici, les gens
n'utilise l'electricité que pour les aider à leur
travail, leur seul véritable luxe est l'eau courante et c'est
un luxe dont ils n'abusent pas. L'eau est un trésor pour eux.
D'ailleurs, au fil des rues, je remarque quelques autels consacrés
aux dragons des points d'eau environnants.
C'est
la première fois depuis mon retour que je me sens vraiment
chez moi.
Le
vieux Li m'accueille devant une jolie maisonnette à un étage.
J'apprends que sa femme est morte l'année précédente
et je commence mon séjour en priant pour la paix de son âme.
C'est elle qui m'a apprit à lire, elle qui soignait mes bobos
quand j'étais enfant, ma mère étant trop occupée
par ses obligations familiales pour s'intéresser à moi,
ou qui chassait mes cauchemars. Quand mon chien est mort, elle m'a
patiemment consolé jusqu'à ce qu'il ne me reste plus
une larme à verser.
J'aimais
cette vieille servante à la fidélité sans
faille. J'espère qu'elle est en paix.
J'espère
qu'elle m'accueillera dans le royaume de l'après avec un
sourire et pas avec un taloche sur le crâne. C'était son
grand truc pour me punir ça, les taloches!
À
chaque étape jusque là, j'ai laissé un poids
derrière moi. Je me sens de plus en plus léger. Revoir
Li me fait du bien. Il me rappelle de vieux souvenirs du temps où
j'apprenais à manier le sabre. Il aime me répéter
combien j'étais maladroit. Il était chargé de
soigner mes courbatures et mes blessures, mon entraîneur
n'était pas un tendre – c'est un bel euphémisme.
S'il y a bien quelqu'un pour qui ne prierais pas, c'est lui! - et il
m'en a fait baver.
Quand
je m'allonge dans une petite chambre dont la fenêtre donne sur
la cour arrière, à l'étage de la maison, je
m'endors immédiatement. Aucune pensée ne vient
m'assaillir et je m'endors dans un soupir soulagé.
o0O0o
J'ai
quitté Li le coeur léger. Je me sentais apaisé
et c'est toujours le cas. Après m'être arrêté
quelques heures à Batang, je suis parti pour Khang-Tou où
j'ai laissé ma moto. À partir de maintenant, j'avance
avec mes petits pieds et mes étapes se feront suivant mon
état. J'ai quitté la modernité en même
temps que mon moyen de locomotion. Si jamais j'arrive dans un village
quelconque il sera totalement traditionnel, j'espère juste que
les gens me comprendront parce-que c'est pas l'anglais qui risque de
m'aider ici.
Carte
et boussole en main, j'avance dans un paysage très vert et qui
ne cesse de monter et de descendre, c'est très physique mais
j'ai l'habitude. Il faut bien respirer à cause de l'altitude,
mais on est pas vraiment en pleine montagne ici, donc la température
est agréable.
Le
calme et le vert des lieux me rappellent Trowa, le pilote français
que j'apprécie tant. J'aurais dû tomber amoureux de lui,
mais je ne sais pas si j'aurais été capable de l'aider
à surmonter ses démons. Shinigami, lui, a réussit
à force de patience.
Trowa
m'a toujours donné l'impression de me comprendre sans avoir
besoin de mots, juste un regard et il était capable de
communiquer. Sans doute parle-il plus avec ses yeux qu'avec sa
langue. J'aurais aimé que Duo s'essaye à la technique,
ça m'aurait fait des vacances.
En
tout cas, il est partit avec Shinigami, ils ont rejoint Karim en
Roumanie. Je sais que notre cher vampire d'ami ne rêve que de
garder Trowa avec lui et je sais que ce rêve passe par une
transformation de son brun: je me demande si Trowa acceptera. Si ce
n'est pas le cas alors Shini le comprendra et ils resteront ensemble
jusqu'à la fin, j'ignore comment je le sais mais c'est une des
rares certitudes qu'il me reste.
J'avance
lentement dans la végétation dense. Mes pauses sont
assez courtes et je ne dors pas beaucoup. On pourrait penser que je
suis pressé de mourir mais c'est faux. On m'a toujours dit
d'aller à fond et de ne pas me retourner, car faire demi-tour
n'est pas honorable. Je vais vite parce-que j'ai peur de ne pas avoir
le courage d'aller jusqu'au bout si je me retourne. Même si je
sais qu'il n'y a rien derrière moi, personne pour tenter de me
retenir, je risque de faire un pas en arrière, puis un autre
et encore un autre jusqu'à me retrouver à Pékin,
au point de départ.
Si
je me laissais aller à ne pas tenir cette promesse que je me
suis faite, qu'est-ce que je deviendrai? Je n'ai plus personne et je
n'ai pas de diplôme, pas de quoi m'inscrire à l'école
et pas de compétence pour trouver un boulot. Tout ce qu'il me
resterait ce serait un job dans l'armée mais la guerre merci
bien, je l'ai assez vu comme ça. J'en ai marre des armes et
des combats. Marre de tuer. Avec tout le sang que j'ai déjà
fait couler je pourrais remplir une piscine, je n'ai pas envie que le
bassin déborde.
Le
bambou pousse bien ici. Les pousses sont tellement serrées que
j'ai du mal à passer mais je n'ose pas utiliser ma machette
pour dégager le passage: il a fallut beaucoup de travail pour
faire revivre les forêts de bambou pratiquement détruites
par l'homme et réintroduire les pandas dans cette nouvelle
nature n'a pas été une mince affaire. Je ne veux pas
être le premier à saccager cet endroit, car d'autres me
suivront et il faudra tout recommencer.
J'entends
un pas lourd à quelques mètres de moi. J'écarte
des branches et me retrouve dans une petite clairière où
deux jeunes pandas s'amusent. C'est un spectacle rare. Je m'assieds
par terre et je les regarde sans bouger, je ne veux pas les alerter
ou les effrayer. Ils se roulent dans les feuilles craquantes qui
jonchent le sol en couinant et piaulant et ils sont trognons. Je me
sens serein à les regarder, comme si j'étais moi-même
une pierre, immobile, qui veillerait sur eux.
Le
vent joue dans les feuilles composant une musique douce.
Je
sens un souffle derrière moi et je ne bouge pas: leur mère
vient d'arriver. Elle me renifle, cherche à connaître
mes intentions et en la voyant faire, ses deux petits viennent vers
moi et l'imitent. C'est un moment unique, indescriptible. Ils
m'acceptent parmis eux sans condition, je ne leur ferai pas de mal et
c'est tout ce qu'ils demandent: qu'on les laisse en paix. Je joue un
peu avec eux, roulant avec eux par terre comme le ferai un enfant
avec deux grosses peluches, fragiles et belles, je les caresse sous
le regard bienveillant de l'adulte. Elle me fait confiance.
Quand
la nuit commence à tomber on se sépare et je les
regarde s'éloigner, disparaître dans les profondeurs de
leur territoire. Je me sens bien, allongé dans l'herbe écrasée
sous le poids de nos jeux, je regarde à nouveau le ciel en me
demandant où sont mes camarades en ce moment.
Quatre.
Es-tu
en train de bosser comme un dingue pour prendre la suite de ton père
ou es-tu trop occupé avec ton amant? Est-ce qu'il t'arrive de
penser un peu à moi parfois, entre deux tasses de thé
ou deux coups de fil? Te demandes-tu ce que je deviens en revenant
d'un rendez-vous pour te pencher sur un dossier urgent?
Dans
le ciel nocturne, je revois ton visage d'ange, ils sont gravés
à jamais sur mes pupilles tes cheveux doux et tes yeux bleus.
Je t'aimais, je t'aime et, où que j'aille, je t'aimerai
encore. Toi qui est plus grand, plus fort et plus riche que moi.
Toi
qui ne m'aime pas.
Peut-être
que dans une autre vie on sera ensemble. Je ne serai plus vraiment
moi, tu ne seras plus vraiment toi, mais nous serons ensemble, tous
les deux. C'est beau d'y croire mais ce côté raisonnable
qui fait partie intégrante de moi-même rigole doucement
dans son coin. D'ici peu de temps, je ne rêverai plus.
Quand
je ferme les yeux, ton corps ne me quitte pas et une de nos nuits
repasse sur l'écran de mes paupières. Si passionnée
et si fausse....
Je
t'aime.
Tu
me tues.
o0O0o
J'arrive
à destination au bout de deux semaines de voyage.
Mon
clan est né dans une vallée encaissée, prise
entre deux blocs de montagne. Cet endroit fait un peu l'effet d'un
paradis perdu, d'un lieu préservé de toute présence
humaine mais des ruines démentent cette impression. Ces ruines
sont celles du village où vivait le fondateur du clan du
dragon et il ne reste qu'une seule maison en parfait état –
régulièrement, les moines d'un temple tout proche
viennent la remettre en état et quand un héritier est
en route, elle est entièrement vérifiée de fond
en comble – la maison où j'aurais dû naître,
celle où tous les anciens chefs sont nés.
La
maison du fondateur.
Sans
doute avais-je pressentit que je ne serai pas un chef comme les
autres, que je serai le dernier. Ça doit être pour ça
que je n'ai pas autorisé ma mère à arriver
jusqu'ici.
La
nature a reprit ses droits. Le vieux village abandonné
disparaît sous les buissons et les arbustes qui ont poussé
sur ses restes et la piste a disparu. Les rizières n'existent
plus.
Je
ne m'attarde pas, je ne suis pas venu pour ça.
Au
fond de la vallée je sais qu'il y a une cascade et c'est
là-bas que je vais. La légende raconte que mon ancêtre
pêchait au pied de la chute d'eau quand le gardien dragon du
lieu lui est apparut, majestueux et ruisselants de gouttes d'argent
liquide, pour lui confier la tête d'une nouvelle famille de
seigneurs chinois. C'est sur les ordres de ce gardien qu'il serait
parti à Pékin gagner ses titres de noblesses et offrir
un blason à sa famille.
Assistera-t-il
à ma fin?
Existe-t-il
seulement ce dragon?
J'arrive
au bord d'un petit lac dans lequel se jette l'eau de la cascade. Le
liquide rugissant qui tombe des rochers brille sous la clarté
du soleil de cette fin d'aprés-midi, j'ai l'impression de voir
de l'or s'écouler d'un robinet géant. La rive est très
verte, couverte de roseaux, d'arbres, de buissons. Toutes les nuances
de vert possibles sont réunies ici, entrecoupées du
rouge, du rose ou du mauve des fleurs qui poussent un peu partout.
J'écarte les hautes herbes et arrive sous les branches souples
et tombantes d'un saule pleureur, à l'abris de ce rideau
naturel se cache un petit autel de pierre où est inscrite la
légende de ma famille.
Je
m'agenouille et prie une dernière fois: je demande la
protection et le pardon à mes ancêtres, je leur demande
de protéger Quatre et les autres et j'espère qu'ils
seront là pour m'accueillir.
De
mon sac, je sors l'épée de mon ancêtre que
Shinigami m'a rendu avant que je parte. La lame est recouverte de
caractères anciens rappelant au guerrier les qualités
qu'il se doit de posséder, le manche finement ciselé
représente un dragon aux yeux de saphir. Chaque écaille
apparaît avec la même netteté qu'il y a des
siècles. Cette arme est si légère qu'on
l'oublierait presque. Je la pose en offrande sur l'autel, prie une
dernière fois et me relève.
Le
regard perdu dans le paysage qui m'entoure, je profite des quelques
minutes qu'il me reste, respirant à pleins poumons l'air de la
montagne et le parfum des végétaux qui m'entourent.
Puis je vais m'asseoir contre le tronc du saule, loin des regards,
loin des hommes, loin de mon amour, je vais mourir.
Je
me sens en paix.
Je
sors l'arme que j'ai gardé tout ce temps dans mon sac. C'est
un beretta que j'ai volé à Yuy avant de partir, le
chargeur est plein. J'ai pris quelque chose à chacun de mes
compagnons. Ce sont des souvenirs que j'emporterai avec moi.
Je
serre dans ma main gauche la chevalière de Treize, je l'ai
enfilé sur une chaîne en argent prise à Quatre.
J'espère qu'il ne m'en veux pas de cette cohabitation forcée
avec le souvenir de celui pour qui je l'ai quitté.
Je
pose le canon sur ma tempe, mais alors que mon doigts s'apprête
à presser la détente, j'entends des pas précipités
dans l'herbe à quelques mètres de moi. Les pas se
rapprochent.
Je
n'ai pas baissé l'arme, mais je n'ai plus envie de tirer.
Quatre Raberba Winner vient d'apparaître entre les branches
vertes qui m'abritent.
Il
est échevelé, essouflé, ses joues sont rouges et
ses yeux sont terrifiés et brillants.
Wufei....
Je
ne bouge pas. Je n'arrive pas à croire à ce que je
vois.
Alors
qu'il se jette sur moi pour m'embrasser comme jamais il ne l'a fait
auparavent, sa main gauche me prend mon arme et la jette au fond du
lac qui a vu la naissance – et aujourd'hui la renaissance –
de ma famille.
Je
t'aime.
FIN
(Quelques
explications viendront dans le one-shot sur Asahi et Zechs et je
pense faire un autre épilogue du point de vue de Quatre. Je ne
promets rien mais je verrai bien.)
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